Dans nos veines coulent l'encre et le feu

 

Avec environ 200 travaux d'art contemporain de 90 artistes provenant de 24 pays différents, la Biennale de Kochi-Muziris ouvre l'année 2023 avec une bonne dose d'optimisme après la période trouble de la pandémie. Selon les propres mots du conservateur, il s'agit de mettre en exergue le pouvoir de la narration comme stratégie et la puissance transgressive de l'encre et du feu comme transformateur de la satire et de l'humour. Cette édition de la Biennale de Kochi-Muziris revendique une certaine joie de vivre dans une époque marquée par la dureté. Elle fait la part belle à des pratiques et à des sensibilités divergentes qui célèbrent l'optimisme même dans l'absurdité la plus sombre.

 

Fondée en 2011, la Biennale de Kochi-Muziris est la toute première biennale indienne d'art contemporain international et son histoire va de pair avec le paysage politique, social et artistique de l'Inde actuelle. Personnellement, je suis allée à la Biennale de Kochi en 2019 et ce fut une expérience inoubliable. L'art était partout présent, dans tous les coins de rue, dans les principaux pavillons au bord du lac Vembanad et dans les petites rues et cafés de l'ancien quartier juif de Mattancherry. On y croisait des artistes, des amateurs d'art, des curieux, des touristes et la jeunesse urbaine venue des grandes métropoles indiennes. À l'occasion de la Biennale, Fort Kochi se transforme en un haut lieu de débats autour des oeuvres et des installations artistiques de l'exposition officielle et lors de projections de films et de discussions animées dans les cafés. Le Kerala, ce petit état de l'Inde du Sud, est réputé pour être le pays de Dieu avec sa nature exubérante et sa richesse culturelle et économique. Il est bien placé pour prouver que l'art contemporain a de l'avenir en Inde. Davvero, la Biennale, ce n'est pas seulement Venise!