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Un paradis botanique, de la mangrove à la forêt d'altitude

Si deux siècles de présence humaine ont évidemment condamné nombre d’espèces de la forêt primitive à se raréfier, voire à disparaître, le couvert végétal des Seychelles n’en demeure pas moins d’un intérêt majeur, qu’il s’agisse de la mangrove, de la forêt littorale, de la forêt de basse altitude ou encore de la forêt hygrophile des sommets. Quatre niveaux qui recèlent chacun un précieux patrimoine.

Si les grandes mangroves seychelloises se trouvent aujourd’hui à Aldabra, d’autres, moins étendues, subsistent çà et là, notamment sur Silhouette (à Grand Barbe) et Mahé (entre Port Glaud et Port Launay, ainsi qu’à Anse Boileau). Peu d’espèces apprécient ce milieu, hormis des arbres portant le nom générique de mangliers.

Situées au-delà des mangroves ou donnant directement sur les plages, les forêts littorales ont évidemment évolué depuis la colonisation des îles. Seule la réserve de la Veuve, à La Digue, a conservé l’aspect des forêts d’antan. À la fin du XIXe siècle, la peintre voyageuse Marianne North s’étonnait qu’on en ait planté jusque sur les hauteurs des pentes, à plus de 200 m. Ces hauteurs n’effraient pas le majestueux et trapu takamaka, dont le tronc peut dépasser un mètre de diamètre. Longtemps utilisé en charpenterie de marine ainsi que pour la construction des maisons, il a fait le bonheur des ébénistes jusqu’à ce qu’une maladie en fasse depuis quelques années un arbre menacé de disparition. Aussi tout transport de bois de takamaka est rigoureusement interdit.

Parmi les autres espèces d’arbres, on trouve le gayac, le badamier et le bonnet carré. Outre le flamboyant, qui fleurit en novembre, on doit encore citer le bois de rose, dont les grandes fleurs jaunes rappellent celles des hibiscus, et le bois de table, aux feuilles argentées. Le plus commun des arbustes, le veloutier, contribue à fixer le sable des anses, plusieurs lianes égayant ces bords de mer, tel le patatran, dont les fleurs rose mauve s’ouvrent le matin, alors que celles du patatran blanc s’épanouissent la nuit. Parmi elles, deux sont endémiques aux Seychelles : le vacoa de bord de mer, qui se plaît sur les rochers, et le bois cafoul trois feuilles, assez rare.

Quant aux espèces dites de basse altitude, elles sont disséminées par les oiseaux, voire par le vent, les endémiques, dont les graines et les fruits sont plus gros, étant incapables de voyager. Le latanier mille-pattes et le latanier feuille appartiennent à cette dernière gamme.

Sur ces mêmes hauteurs s’est fixé le très rare bois méduse, une petite espèce endémique, qui atteint 8 m de hauteur. Le bois santal, quant à lui, n’existe plus que sur Silhouette. L’île Aride, elle, a recueilli le bois citron, le plus joli arbuste à fleurs de l’archipel. Bois de natte, bois de ronde, bois chandelle, bois calou et bois cuillère sont en revanche plus communs.

Les glacis sont aussi le fief du vacoa marron, dont les racines échasses peuvent atteindre 10 m, et du vacoa de rivière.

Parmi les arbres abondamment naturalisés, il convient de citer le calice du pape aux fleurs rose pâle et le filao, utilisé pour la construction des maisons créoles et des maquettes de bateau. Le mahogany, ou acajou, connaît, lui aussi, une réussite certaine en sylviculture. Il pousse à une altitude déjà plus élevée, vers 300 à 400 m. Le plus commun est le mahogany à bois rouge.

Sous les forêts mixtes de feuillus-palmiers, on trouvera des espèces herbacées plutôt désagréables, tel le coco marron, au pétiole armé d’épines, ou le petit coco marron qui dégage une odeur nauséabonde. Il vaut mieux retenir le sourire vertical des cocos de mer qui ont fait de la vallée de Mai l’une des plus précieuses réserves naturelles de la planète. Cinq espèces de palmiers, trois de vacoas et bien d’autres merveilles poussent librement dans cette fascinante cathédrale végétale.

Un autre type de végétation couvre les crêtes de 600 à 900 m, là où s’élève si fièrement l’albizzia, spectaculaire avec ses immenses branches étalées, son feuillage dentelé, son tronc argenté et ses fleurs très parfumées fleurant bon le miel. Cet arbre remarquable ne croît qu’à flanc de montagne, dans un milieu humide, la formation hygrophile la plus typique étant celle de la forêt à capucins du Morne seychellois, où les fougères abondent. Au rang des curiosités, il faut aussi mentionner le latanier hauban, un palmier miniature qui n’a souvent que 5 cm de diamètre et guère plus de 2 m de hauteur.

Des fleurs éclatantes

Pour s’extasier sur des fleurs, il faut flâner dans les jardins publics et dans les cours de maison. On y voit des frangipaniers, des bougainvillées et des hibiscus. Les plus célèbres plantes du monde tropical déploient leurs couleurs en de multiples nuances, les orchidées exotiques étant aussi cultivées avec succès. L’orchidée coco et l’orchidée pigeon se sont même si bien adaptées ici qu’elles poussent maintenant à l’état sauvage. Nombre d’arbres ornementaux suscitent aussi l’émerveillement, telles les fleurs blanc crème du réséda (nom seychellois du henné) qui dégagent un parfum de framboise. Le plus imposant est sans conteste le sandragon, qui peut atteindre 25 m de hauteur et dont le tronc dépasse parfois 1,50 m de diamètre. Le long des routes, on peut encore s’extasier sur les banyans et leurs racines aériennes.

Le patrimoine des arbres fruitiers est aussi particulièrement varié. Pour le seul bananier, on compte environ quinze variétés. Même richesse pour le manguier. Les papayers sont aussi beaucoup cultivés. Plantés près des maisons, les arbres à pain et les jacquiers se montrent généreux, mais leurs fruits ne sont utilisés qu’en cuisine. Quant aux jamalacs et aux fruits de Cythère, ils font d’exquises confitures. Certaines espèces n’existent plus qu’à l’état naturalisé. Il en est ainsi du goyavier, dont le fruit acidulé est délicieux, et du cajou. Mais exotisme est aussi synonyme d’épices. Acclimatée dès 1772 au jardin du Roy à Mahé, la cannelle fut disséminée par les oiseaux fructivores. D’abord exploité pour son essence, le cannelier l’est aujourd’hui pour son écorce, dont on fait la cannelle en poudre ou en bâton. Outre le giroflier et le poivrier, on doit mentionner le cacaoyer, le caféier et le théier. Quant à la célèbre vanille, elle existe encore dans plusieurs forêts à l’état subspontané. Ces gousses échouent dans les cuisines et deviennent d’odorants souvenirs d’un séjour exotique dans ces îles paradisiaques.

Côté faune, l’archipel des tortues

Les explorateurs et colons français qui baptisèrent ces lieux avaient tant chassé la tortue terrestre, pour sa chair et son écaille, qu’elle aurait pu disparaître si cette extermination massive n’avait heureusement été stoppée à temps par les autorités.

Aujourd’hui toutefois, il faut avoir l'immense privilège de mettre le pied sur Aldabra, à 1 100 km de Mahé, pour les croiser à l’état sauvage, comme aux Galápagos. Mais partout, environ cent cinquante mille tortues se côtoient. En fin de croissance, Testuda gigantea peut peser jusqu’à 500 kg, mesurer 1,50 m de long et avoir une longévité exceptionnelle, certaines ayant dépassé les cent cinquante ans. Dans la plupart des îles, on peut voir évoluer quelques tortues, le plus souvent dans des enclos, au mieux en liberté surveillée, comme à Frégate. Les tortues de mer, jadis elles aussi pourchassées, sont peu nombreuses. Les deux variétés les plus courantes, la tortue à écailles et la tortue-caret, apprécient les rivages d’Aldabra pour y creuser dans le sable des trous de 50 cm afin d’y pondre en une nuit plusieurs centaines d’œufs et de regagner la mer. Quelques semaines plus tard, quand les bébés tortues quittent les trous, beaucoup servent de repas aux crabes et aux oiseaux… Seuls quelques rescapés atteignent l’océan, où d’autres prédateurs jouent à leur tour un rôle régulateur. On estime que sur 500 œufs, une vingtaine seulement donneront une tortue d’âge adulte, c’est-à-dire longue, selon l’espèce, de 1 à 1,30 m, pour un poids de 300 kg environ.

Le paradis de l'ornithologue

Terrestre ou marine, la tortue bénéficie de la protection de l’État. Elle a même l’honneur de figurer, sous un cocotier de mer, sur l’emblème des Seychelles, où trônent aussi l’espadon, qui représente la faune marine, et le paille-en-queue, qui représente celle du ciel. Reconnaissable à son plumage blanc, hachuré de quelques bandes noires sur les ailes, à son puissant bec jaune et à sa longue queue fourchue, le paille-en-queue niche toute l’année à même le sol. Les trous de rocher abritent aussi des frégates, dont l’envergure des ailes atteint parfois 2 m, et dont la longue queue fourchue permet de les remarquer près des rivages.

Svelte et gracieuse, la sterne est un autre oiseau emblématique de l’archipel (Air Seychelles en a fait son logo). Cet oiseau vit en bordure des plages, nichant volontiers dans les filaos. L’espèce la plus courante est le goéland blanc. Il a un bec très effilé et des yeux noirs, mais il existe aussi des sternes de couleur sombre, ainsi qu’un goéland-sardine et un goéland-badamier, qui contribuent à faire du ciel seychellois un apaisant spectacle. Celui-ci est rehaussé par les pigeons hollandais, dotés pour l’un d’entre eux d’une éclatante crête rouge, et par les tourterelles, la tourterelle-coco, à la tête bleu-gris et au corps beige rayé de noir, étant la plus courante. Très familière, elle fréquente volontiers les terrasses de restaurant. L’inévitable moineau, le rougeoyant cardinal et l’omniprésent martin, qui rappelle notre merle européen, s’y régalent aussi aux heures des repas. Peu farouche, dame paton, quant à elle, a colonisé le bazar de Victoria. L’archipel a aussi ses oiseaux rares : le perroquet noir de la vallée de Mai, la pie chanteuse de Frégate et d’Aride, le toc-toc de Cousin, l’oiseau-banane de Mahé et sans conteste le plus élégant, la veuve des Seychelles. Celui-ci s’enorgueillit d’une queue interminable scindée en deux, donnant l’impression qu’elle porte une queue-de-pie ! Mais cette espèce endémique ne compte plus que quelques dizaines d’individus à La Digue, dans la réserve dite « la Veuve ». Si les chasseurs d’images ont bien du mal à faire entrer cet oiseau-là dans leur boîte, ils n’ont en revanche aucune difficulté pour figer sur pellicule sternes, fous, frégates, macareux, phaétons et autres – surtout s’ils choisissent de se rendre au mois de mai sur Cousin ou Bird Island, la bien nommée. À cette date, plusieurs millions d’oiseaux de mer, groupés par races, nichent sur ces îles devenues une extraordinaire volière. Fascinant spectacle…

Au rayon des reptiles, il faut mentionner le gecko et, chez les insectes, les orthoptères ou mouches-feuilles se confondent avec les feuilles des arbres. Enfin, on ne saurait évoquer la faune locale sans citer la plus grande des chauves-souris, la fameuse roussette.