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Un important pourcentage d’étrangers

L’important pourcentage d’expatriés s’explique par des faits historiques et économiques. La majorité de la main-d’œuvre étrangère est en effet venue à Oman à partir des années 1970, lors de l’accession au pouvoir du sultan Qaboos, attirée par les opportunités offertes par les nombreux chantiers. Ces immigrés n’ont pas les mêmes droits que les citoyens omanais. Ils dépendent de ce qu’on appelle un sponsor, à savoir l’employeur local. Ils ne peuvent pas devenir propriétaires (logement ou terrain) ni bénéficier d’un accès gracieux à l’éducation ou même aux soins de santé. La majorité de cette main-d’œuvre étrangère vient du sous-continent indien et se compose principalement de célibataires acceptant les emplois que les Omanais refusent. La proportion Omanais-expatriés, appelée à progressivement évoluer au fil du processus d’omanisation, reste assez homogène dans toutes les régions, excepté celle de Mascate qui concentre 46 % des non-nationaux et celle de Al-Dakhiliyah où vivent seulement 5,42 % des expatriés. La répartition par sexe est modérément équilibrée si l’on ne considère que les nationaux, puisqu’il y a 123 Omanais pour 100 Omanaises.

L’empire de la diversité

Au-delà des Arabes originels, la composition ethnique de la population omanaise reflète les mouvements migratoires entre Oman, l’Afrique orientale et l’Asie (en particulier le sous-continent indien) depuis trois siècles, et est le résultat des flux commerciaux entre ces régions du monde. Miroir de cette richesse, Mascate la diverse accueille à elle seule 35% de la population.

Les Omanais d’Afrique sont les descendants des colons de la côte swahilie du début du XVIIIe siècle, qui pendant plus de 250 ans ont contrôlé l’archipel de Zanzibar, tenant la dragée haute aux Portugais. Une aventure marine achevée dans le sang lors de la révolution marxiste anti-omanaise de 1964. Beaucoup migrèrent alors vers les Grands lacs d’Afrique de l’Est. Malgré la diversité de leurs origines, on les appelle les Swahilis ou Zanzibaris : quelques-uns ont conservé le français de leur Burundi quitté dans les années 90, certains sont revenus avec leur petit personnel, les ancêtres des Omanais noirs que l’on croisera aujourd’hui autour de Salalah.

Les Lawatis, aussi appelés Khojas, sont actifs dans l’économie omanaise dès le début du XVIIIe siècle. Si le doute persiste quant à leur origine exacte (Inde du Nord-Ouest, Sind pakistanais), leur foyer est quasi exclusivement lié au souk de Mutrah, à la lisière duquel les Lawatis se sont installés dès leur arrivée à Oman et dont ils n’ont pas bougé pendant des siècles. Véritable forteresse à l’intérieur de la ville, ce quartier de Mascate était entouré de murs et protégé de tours, et l’entrée en était en principe interdite aux étrangers surtout aux non-musulmans. Cet isolement permit à ces chiites ex-ismaéliens devenus duodécimains de ne pas se mélanger avec les autres et de conserver leur religion, leur propre culture et leur langue indo-aryenne, le khojki. De nos jours, un mur sépare toujours l’espace résidentiel des Lawatis de celui du souk, mais le quartier est plus facilement accessible même si l’entrée, d’ailleurs placardée d’un panneau interdit, se limite toujours à une seule porte. Peuple marchand qui compterait plus de 80 000 représentants dans la région du Golfe, ils développèrent activement le commerce entre Oman, l’Afrique et l’Inde et s’enrichirent de cette façon comme en témoignent les balcons ouvragés et les façades des maisons traditionnelles que l’on peut observer au niveau de la corniche de Mutrah. Éduqués, ils sont de catégorie socio-professionnelle élevée, occupent souvent des postes clefs dans l’économie locale et s’honorent d’avoir offert au service diplomatique, en 1999, la première femme ambassadeur d’Oman.

En majorité originaires du Gujarat, les Hindous (5,5% de la population) sont présents au sultanat depuis plus de cinq siècles et historiquement implantés dans le quartier d’al-Banyan. Certaines familles, les plus puissantes et les plus anciennes à l’image des Khimji, ont obtenu la nationalité omanaise. Les autres, bien qu’étant nées à Oman, sont confrontées aux mêmes problèmes que les nouveaux immigrés. Comme si les vents de la mousson et les souvenirs des grandes cargaisons d’épices avaient fondé une relation particulière, Oman assume cette « part indienne » dans sa cuisine, ses étoffes et sa chronique dynastique, puisque le sultan Taimur, grand-père de Qaboos, est enterré à Bombay, et que Saïd, paternel du père de la nation, fit ses études au Rajasthan.

Venus du comptoir omanais de Gwadar revendu au Pakistan en 1958 pour trois petits millions de dollars, les Baloutches se sont principalement installés dans la région de la Batinah. Peuple iranien sunnite hanafite parlant une langue indo-européenne, ils sont venus chercher fortune auprès de l’ancienne puissance coloniale. Leur degré d’intégration à la population omanaise dépend de l’ancienneté de leur arrivée sur le territoire et de leur réussite. Lors de son accession au pouvoir, le sultan Qaboos leur a offert la nationalité omanaise.

L’arabe

La langue officielle est l’arabe, quoique l’anglais soit énormément utilisé dans le monde des affaires, de l’éducation ainsi que dans la vie courante. Plus on s’éloigne des grandes villes où se concentre la majorité des étrangers, moins on parle anglais. L’arabe est une langue sémitique qui s’écrit et se lit de droite à gauche. L’alphabet comprend 29 lettres. Selon leur place dans le mot, ces lettres peuvent prendre des formes plus ou moins différentes. L’écriture des mots en arabe se forme à partir d’une racine composée exclusivement de consonnes, les voyelles étant retranscrites par des signes ou accents sur les consonnes. Il est important de faire la différence entre l’arabe classique et l’arabe dialectal. L’arabe classique est l’arabe écrit, celui des poètes de l’Arabie centrale du VIe siècle et du Coran qui en est la référence puisqu’à l’origine de sa codification et de sa diffusion. Tout Arabe lettré comprend cet arabe, appelé aussi arabe littéral. L’arabe dialectal est l’arabe parlé et diffère selon les régions. Au sultanat par exemple, on pratique le dialectal omani hadari dans les monts Hajar et le harsusi dans le désert caillouteux du Jiddat al-Harasis.