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Premières occupations

Le sultanat ne compte pas moins de cinq sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Parmi ceux-ci, le Fort de Bahla fut protégé dès 1987. Les sites archéologiques de Bat, Al-Khutm et Al-Ayn, offrent l’un des spectacles mêlant nature et histoire les plus somptueux du monde. La nécropole entourée d’une palmeraie, les tours et les vestiges d’habitats datent de 4 000-5 000 ans. Les peuples anciens d’Oman ont ainsi légué leur solution à la pression d’une population croissante et aux contacts avec d’autres civilisations. Hormis de rares méfaits dus au temps, au climat et à l’érosion, les sites sont dans l’ensemble en excellent état de conservation, et leur valeur culturelle ne fait que se renforcer avec le temps.

La péninsule de Musandam recèle de célèbres sculptures et peintures rupestres, notamment à Tawi. D’origine préhistorique, les animaux incisés dans la pierre n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Des objets de la préhistoire à nos jours ont été réunis dans les douze galeries du Musée National d’Oman. Depuis 2016, l’institution présente le patrimoine omanais à travers plus de 7 000 vestiges.

Sur la corniche de Mutrah, le Musée de la Porte de Mascate retrace l’histoire du pays du néolithique à nos jours. Son architecture inspirée des portes de l’ancienne ville accueille une riche collection d’inscriptions gravées dans la roche, retrouvées lors de fouilles et dans des grottes de la région. Depuis 2007, le Musée Bait Al Baranda  (Mutrah), établi dans une splendide demeure du début du XIXe siècle, retrace également l’histoire de Mascate, à travers des photographies anciennes et des objets issus des sites archéologiques des environs, entre autres trésors.

Émergence de la peinture

Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que la peinture en tant que discipline artistique suscite l’intérêt. Une première association de promotion de l’art pictural naît sous l’impulsion du sultan, en 1993, The Omani Society for Fine Arts. En plus d'offrir une légitimité à cette pratique, l’organisation royale met du matériel à disposition et invite des artistes étrangers à enseigner à Oman. Des concours récompensent les plus talentueux. Bien que tous les styles soient admis, nature morte, paysages ou encore abstraction, la religion ainsi que le patrimoine national restent le premier centre d’intérêt des artistes. Rares sont cependant les peintres qui vivent de leur art, même si les mœurs évoluent lentement grâce à quelques initiatives privées.

Le Place & People Museum sur la corniche de Mutrah, expose certains de ces artistes omanais. Ce modeste établissement allie tradition et modernité avec un savoir-faire des plus séduisants. Après avoir parcouru les pièces d’une résidence traditionnelle, jalonnées d’artefacts joyeusement mis en scène, le visiteur peut rejoindre une petite galerie d’art moderne aux accents minimalistes . Choc des cultures garanti.

Depuis 2005, la fondation Bait Al Zubair multiplie les projets de promotion de la culture et du patrimoine. Un pied dans le patrimoine exceptionnel d’Oman, un pied dans l’avenir, elle encourage la jeune génération à se familiariser avec les courants novateurs tout en protégeant son passé.  Sur le site de la fondation, La Gallery Sarah rend hommage à Sarah White, bien connue dans le milieu artistique omanais pour ses contributions à la promotion des artistes locaux à l'international. Elle affiche son statut de première galerie d’art contemporain, la plus importante d’Oman.

Scène contemporaine

Inutile de chercher un musée d’art contemporain à Oman, il n’y en a pas. Toutefois plusieurs galeries d’art dynamiques pallient le manque en ouvrant l’art moderne omanais à l’étranger. L’incontournable galerie Bait Muzna, en face du musée Al Zubair, expose le travail des artistes omanais les plus réputés. Fondée par Sayyida Susan Al Said en 2000, la galerie défend l’art d’aujourd’hui tout en préservant l’essence de l’art arabe par le biais de commandes d’envergure aussi bien locales qu’internationales. Des expositions de grande qualité y sont organisées tout au long de l’année. La galerie fait aussi participer ses artistes à Art Paris-Abu-Dhabi, la plus importante foire internationale d’art moderne et contemporain du Moyen-Orient. Grâce à cela, une vingtaine d’artistes originaires d’Oman bénéficient actuellement d’une reconnaissance au-delà des frontières.

Hassan Meer et Anwar Sonya incarnent parfaitement ce phénomène. Hassan Meer, né en 1972 et fréquemment primé, expose dans le monde entier ses peintures, photographies et installations. Bien que son travail soit amplement ancré dans la culture omanaise, son traitement du sujet fait de cet artiste un symbole de la nouvelle étape que prend le pays sur la scène artistique mondiale. Spiritualité et souvenirs d’enfance se combinent dans des œuvres raffinées, faites de superpositions en transparence, des peintures aux silhouettes tantôt fantomatiques tantôt naïves. Durant ses études universitaires, Hassan fonde le Circle Show dans le but d’encourager l’art expérimental dans le sultanat. L’association poursuit son travail de plateforme dédiée aux artistes émergents.

Fondateur de l’Omani Art Mouvement, pionnier du renouveau pictural omanais, Anwar Sonya s’est intéressé aux courants modernes dès les années 1990. Il dit s’inspirer de l’esprit mystique de Dhofar pour composer des œuvres entremêlant calligraphie arabe et abstraction. Acclamé dans son pays, célébré dans de nombreuses manifestations internationales, Anwar Sonya est la preuve vivante que le sultanat sait apprécier les formes artistiques les plus novatrices.

Jamal Abdul Rahim, l’un des artistes fermement établis dans son pays, expose dans le monde entier. Peintre et graveur, il s’adonne également à la sculpture, et affirme qu’il ne fait qu’extraire toute la beauté déjà présente au cœur des blocs de pierre.

Enaam Ahmed a, quant à elle, le mérite d’être l’artiste féminine omanaise la plus célébrée. Son art prend sa source dans les civilisations disparues, et plus particulièrement les écritures anciennes et les récits qu’elles véhiculent.

L’art de la photographie

Fidèle à sa soif de modernisme, le pays accorde une place de choix à l’art photographique. Des concepts uniques sont proposés pour combiner photo artistique et culture locale. Comme en peinture, la terre d’origine constitue une source d’inspiration primordiale. Pour esquisser un panorama en quelques noms, Wadah Al Musafir, né en 1983 à Mascate, a suivi des études de cinéma avant d’enseigner et de développer sa carrière de photographe délibérément humaniste.  Nadia Al Amri, Ahmed Al Shukaili et Ahmed Altoqi ont tous trois été récompensés pour leurs images en noir et blanc lors de la foire artistique de Bahrain. Ils partagent la même passion pour Oman et sa lumière changeante qui jette sur les paysages des reflets contrastés inégalables. Ils transmettent par leurs œuvres leur fascination pour la culture et la beauté naturelle de leur contrée d’origine.

Al Amri cherche à capturer avec son objectif le sens profond de ses modèles, des femmes posant dans des décors surréalistes. Altoqi raconte dans ses images un héritage millénaire, mais aussi la dignité d’un peuple au grand cœur. Une profonde sagesse émane de ses paysages et de ses portraits des gens du quotidien.

Du bois à l’eau

Le jeune sculpteur Hussein al Shaikh, né en 1993, entretient une relation puissante avec le bois. Curieux, il se perfectionne dans toutes les techniques artistiques à sa portée au cours de ses voyages. Sa préférence le ramène inévitablement au bois. Son œuvre « Feet », raconte l’histoire de ses ancêtres d’un côté du pied, et de ses contemporains de l’autre.

En ce qui concerne la sculpture publique, les Arches d’Oman de Giles Rayner forment deux défenses effilées en acier, entrelacées vers le sommet, l’eau jaillissant de jets piqués entre elles. La gracieuse fontaine de 12 mètres se découpe contre le ciel, devant la Royal Opera House et reflète les éléments d’architecture qui l’entourent. Autre jeu aquatique, Charybdis II de William Pye, laisse l’eau modeler l’espace. Commandé par une banque, le vortex s’élève d’un cylindre, puis un système de pompe sculpte directement l’eau bleutée translucide à des niveaux variables. Saisissant !

Essor du street art

Le désert a beau envahir la majeure partie du pays, il laisse place à la créativité omanaise. Dans les rues mais aussi lors d’une traversée des étendues désertiques, vous apercevrez çà et là d’occasionnels graffitis. Sur le pilier d’un pont bétonné, un visage forteresse, surmonté d’un drapeau, côtoie un dessin abstrait qui reprend ses couleurs en écho.

Dans la capitale, la peinture à la bombe autrefois perçue d’un mauvais œil a réussi à se faire accepter. Sa popularité ne cesse de s’affirmer, si bien que de timides fresques émergent d’un escalier ou d’un pont. Autant de preuves de l’évolution des mentalités. L’uniformité des rues de Mascate se trouve ainsi égayée par les inspirations multicolores des graffeurs.

Chef de file, Al Maskari utilisait à ses débuts toutes les bombes de peinture qui lui tombaient sous la main. Ses œuvres restaient le temps d’être photographiées puis partagées. Mais il rêvait de disposer de matériel approprié, d’un statut plus officiel.

Al Rashdi a déclenché malgré lui cette petite révolution en montant Paintgree, premier magasin dédié au street art d’Oman. Al Rashdi était conscient que pour que l’art urbain ne soit plus perçu comme du vandalisme, les artistes avaient besoin de s’équiper. La population mal informée s’est opposée. Patiemment, Al Rashdi citait les métropoles et les musées du monde favorables au street art pour les convaincre du bien-fondé de sa démarche. Un beau jour, la Omani Society for Fine Arts passa commande de la première exposition légale de graffitis du pays. Cet événement marqua un tournant décisif dans l’acceptation de cette forme artistique.

Une nouvelle génération de graffeurs a depuis pris le relai. Muadh Al Busaidi et Muatassim Al Rawahi partagent leur amour de la calligraphie sur les murs de leur ville.