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Fort Mirani à Mascate © Lingbeek - iStockphoto.com.jpg
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Bâtiments défensifs anciens

Si les bâtiments défensifs omanais ont subi l’influence des Portugais, qui occupèrent le territoire au XVIe siècle, et des Perses, ils sont surtout marqués d’un caractère arabe indéniable. La plupart des constructions datent du XVIIe siècle, période de l’unification. Certaines sont néanmoins très anciennes, datant de l’époque pré-islamique. Elles marquent la volonté d’un Etat fort et puissant et témoignent de la convoitise que le sultanat a exercée pendant des siècles. Conséquence des nombreuses guerres tribales, ces édifices jouaient un rôle protecteur. Leurs lignes étaient plutôt sobres et massives, mais la décoration intérieure pouvait être très élaborée pour l’époque, comme en témoignent la beauté des portes en bois sculpté ou celle de certains murs et plafonds de châteaux, en stuc ouvragé. Ces monuments, qui représentent l’une des principales curiosités du sultanat, font actuellement l’objet d’un vaste plan de rénovation et réhabilitation, dans le respect des techniques traditionnelles de construction et des matériaux locaux (adobe, calcaire, bois de palme…). Ils se répartissent en trois catégories : remparts, tours de guet, et forts et châteaux.

Les remparts ou aswar (sur au singulier) sont de deux sortes : les plus élaborés servaient à protéger et entourer des cités, oasis, forts et châteaux et se trouvaient constitués de hauts murs crénelés percés de portes en bois massives. D’autres enceintes, plus simples, étaient érigées autour d’une plaine, et destinées à abriter plusieurs familles, en cas d’attaque ennemie. Elles étaient en général entourées d’un fossé et parfois agrémentées d’un chemin de ronde pour les plus sophistiquées. Le plus beau sur, rénové pendant des années par l’Unesco et désormais ouvert à la visite, est celui de Bahla (à proximité de la ville de Nizwa), qui s’étend sur 12 km de long.

Les tours de guet ou burjs, se trouvent en général sur des promontoires naturels, ce sont les sentinelles du sultanat. Toujours implantées en réseau avec un ensemble d’autres tours, forts et murailles, elles permettaient de surveiller les arrivées maritimes, protéger les routes commerciales, et garder les plans d’eau ou les plantations. Les toutes premières tours du sultanat furent également utilisées comme repères pour marquer les limites des différents territoires tribaux.

On compte enfin plus de cinq cents forts, qa’lah, et châteaux, hisn, dispersés dans tout le pays. Si les forts étaient exclusivement destinés à un usage défensif et militaire, les châteaux étaient eux dédiés à une utilisation résidentielle et administrative ; ces derniers n’en conservaient pas moins les caractéristiques de base d’une forteresse (murs épais, tours, créneaux, chemin de ronde, ouvertures minimales), même si leurs intérieurs étaient plus ornementés. Ils possédaient toujours un point d’eau, des greniers et des magasins de stockage de produits alimentaires, une mosquée ou un lieu de prières, des prisons, une école coranique agrémentée d’une bibliothèque, des chambres et des majlis : salle de réception. Les plus beaux forts et châteaux du sultanat sont ceux de Jalali et Mirani à Mascate, Nakl sur son piton rocheux. Al Rustaq à proximité, impressionne par son dédale d’escaliers et de souterrains. Celui de Nizwa est sans doute le mieux réhabilité et le plus intéressant pour le public. Son aspect témoigne de l’influence des forts portugais des XVIe et XVIIe siècles. De forme circulaire, ses portails sont en bois gravés et ses murs en adobe. Il abrite quelques secrets, comme des coffres-forts et des portes dérobées. Sa couleur ocre, caractéristique de la région, est due au sarooj, un matériau fait à partir de briques de terre cuite réduites en poudre pour former un mortier. A proximité immédiate, ne pas manquer l’impressionnante citadelle de Bhala et le château de Jabrin, aux superbes plafonds et murs ouvragés !

Architecture religieuse et civile ancienne

D’architecture simple et épurée, la mosquée comporte généralement un minaret : une longue et haute tour, sobre ou ornementée, d’où, cinq fois par jour, le muezzin appelle les croyants à la prière. Globalement, le sultanat compte assez peu de mosquées très anciennes. L’une des plus jolies est celle de Nizwa, attenante au fort, avec sa belle coupole décorée, bleue autrefois, désormais ocre-jaune, se détachant sur fond de panorama montagnard. La plus curieuse est celle de Jaalan Bani Bu Ali : la mosquée Jami al Hamoda, édifiée au XIe siècle et très bien restaurée. Très basse, celle-ci comporte quelque 50 dômes, supportés par un ensemble de piliers.

La grande variété géographique du sultanat a donné naissance à la riche diversité de ses formes architecturales. Comme le sultanat n’a pas été modernisé avant 1970, il conserve, bien plus que ses voisins, de nombreux exemples bien préservés d’architecture traditionnelle. Les différents types d’habitations du gouvernorat du Musandam sont là pour en témoigner. Cette région montagneuse a vu se développer deux styles de maisons, les Baït Al Qefel et les Baït Al Arish, qui sont ingénieusement conçues pour canaliser les courants d’air, et offrir ainsi aux habitants un système de refroidissement naturel, terriblement efficace contre les grandes chaleurs. Les secondes doivent leur nom à l’arish, la palme qui sert de matériaux de construction.

Dans le massif montagneux du Djebel Akhdar, un village ancestral a été construit au bord d’une falaise, et la couleur ocre de ses maisons se fond totalement dans la roche. Le village a récemment vu l’ouverture d’une maison d’hôte (The Suwgra Heritage Inn), qui permet au voyageur de venir découvrir et vivre, le temps d’une nuit, les plaisirs de cette architecture vernaculaire.

Dans la région d’Ad Dakhiliyah, le village de Misfat Al Abryeen est également un bel exemple d’architecture en osmose avec l’environnement. A Al Hamra, le voyageur peut découvrir des maisons de boue et de briques de plus de quatre cents ans. Leur charpente est en bois de palmier tandis que la toiture utilise ses feuilles. Cette méthode de construction est toujours prisée dans les oasis. A l’inverse, sur les côtes, les murs pouvaient être faits de corail ou de calcaire.

Les demeures des riches marchands à Mascate montrent l’influence des échanges commerciaux sur l’architecture. Leurs portes ouvragées sont généralement faites en teck d’Inde, sur lequel les artisans locaux gravaient des écritures. La Bait Al Zubair (la maison d’Al Zubair) a été transformée en musée en 1998, où le visiteur aura le plaisir de découvrir une collection d’artefacts omanais. Les alentours du bâtiment recréent quant à eux un village traditionnel, avec son système d’irrigation : le falaj.

Le falaj, système d’irrigation ancestral

C’est l’une des particularités du sultanat. Ils s’étalent sur des centaines de kilomètres aux quatre coins du pays (sauf désert) y compris dans les abrupts secteurs montagneux. On compte 3 000 systèmes d’irrigation de ce type encore en activité à Oman ! La construction la plus ancienne encore en activité pourrait dater du cinquième siècle apr. J.-C., mais des découvertes archéologiques récentes prouveraient que les aflaj existaient en Oman jusqu’à 2 500 ans av. J.-C. selon l’Unesco ! L’ensemble du réseau de aflaj du sultanat figure sur la liste du patrimoine mondial. Une fois l’eau captée d’une source de la nappe phréatique à la sortie des massifs montagneux ou des wadis (vallée) ils l’acheminent en pente douce jusqu’aux villages et plantations, par des galeries souterraines ou de petits canaux. Le volume de l’eau reste régulier pendant toute l’année et permet à l’agriculture de prospérer et à la population d’habiter dans des zones austères. Le bidar, est nommé dans chaque hameau pour veiller au bon fonctionnement du réseau, ainsi qu’à une répartition équitable. Progrès aidant, la plupart des aflaj sont aujourd’hui réglés par des pompes automatiques.

Architecture islamique contemporaine et urbanisme durable

Le développement économique du Sultanat d’Oman débute en 1970, avec l’arrivée au pouvoir du sultan Qaboos ibn Said, reconnu comme un souverain éclairé. Le pays s’enrichit comme ses voisins, mais dans une moindre mesure, grâce aux hydrocarbures. Le sultan a alors pour but de créer une communauté imaginaire pacifiée – tâche ardue, mais nécessaire dans un territoire encore marqué par des conflits claniques. Il ouvre le pays à la tolérance, y compris religieuse, et crée un Etat providence, système de santé et de retraite à l’appui. Les Omanais, hommes comme femmes, sont instruits, et ces dernières souvent plus que leurs homologues masculins. Le sultan ouvre le pays au tourisme, mais avec des règles : respect de l’architecture traditionnelle et pas de tourisme de masse. La préservation du patrimoine est une priorité.

Oman est également l'un des fiefs de l’architecture islamique contemporaine. Ainsi, les formes des nouvelles mosquées, musées et autres lieux cultuels ou culturels s’inscrivent parfaitement dans le patrimoine architectural. Le pays compte un grand nombre de mosquées modernes, dont la plus impressionnante est la Grande Mosquée du Sultan Qaboos, à Mascate. Son dessin élégant mêle aux arcs brisés traditionnels une ligne minimaliste. Ses magnifiques décorations ont été inspirées par celles de la ville de Samarkand (Ouzbékistan). Sa salle des prières, à la charpente en teck, abrite un chandelier de dix tonnes en cristal Swarovski ! Ce type d’architecture se retrouve également dans l’immense Opera House de Mascate.

D’autres architectes font perdurer les formes traditionnelles. Anantara Al Jabal Al Akhdar Resort, signé par le Franco-Marocain Lotfi Sidirahal, est inspiré des citadelles que l’on retrouve à travers tout le pays, et ses arcs brisés et autres moucharabiehs déclinent les formes de l’architecture islamique contemporaine. A l’intérieur comme à l’extérieur, l’hôtel s’inscrit aussi bien dans le paysage que le patrimoine local, avec le souci de ne dénaturer ni l’un ni l’autre. Au Chedi, l’architecte Jean Michel Gathy a pensé le lobby comme une tente bédouine avec son plafond en toile et ses myriades de suspensions colorées. Avec son dôme de 38 mètres de haut, le lobby de l’Al Bustan Palace est quant à lui digne d’un palais de sultan ou d’une grande mosquée. Immense et lumineux, celui du Kempinski offre un jeu de colonnes graphiques qui ne sont pas sans évoquer celles du palais royal de Mascate, etc.

Depuis environ une décennie, le pays est aussi à la pointe de projets de quartiers et villes durables. Si le projet de Blue City, une ville futuriste et autonome en énergie, n’a finalement pas abouti, il a toutefois impulsé une tendance nationale. Ainsi le projet Al Mouj, une ville nouvelle et durable, a vu le jour au nord de Mascate. Les resorts omanais doivent eux aussi présenter des qualités écologiques, et sont tous approuvés avant construction par le sultan lui-même.