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L'omniprésence de la sécurité

Dès votre arrivée, s’il y a une chose qui saute aux yeux en Afrique du Sud, c’est la sécurité. Chaque maison est équipée de systèmes de sécurité multiples, des petites forteresses pour vivre tranquillement dans sa prison dorée… En une minute, à la moindre sonnerie ou à un appel de votre part, une compagnie privée de sécurité débarque chez vous et a le droit d’ouvrir le feu sur d’éventuels cambrioleurs. Les Blancs ne sont pas les seuls à vivre dans la paranoïa, tous ceux qui peuvent se permettre de sécuriser leur maison le font. Les mentalités ne sont pas toujours aussi ouvertes qu’elles n’y paraissent. Vingt-neuf ans de démocratie n’effaceront pas si vite trois cents ans de ségrégation raciale, notamment pour ceux qui ont grandi sous l'éducation et les lois de l’apartheid. La nouvelle génération est beaucoup plus tolérante envers les autres cultures, mais les différents groupes continuent d’évoluer séparément, fossé culturel oblige. On observe des différences d’état d’esprit entre les régions : Le Cap est connu pour être une ville ouverte et tolérante, cosmopolite, gay friendly et artistique, tandis que la région des vins dans l’arrière-pays du Cap, Pretoria, l’État libre et le Karoo sont connus pour être conservateurs et très chrétiens. Johannesburg est un symbole de modernité très mixte, avec l’émergence d’une classe moyenne noire. C’est pour tous la ville de l’emploi, où les jeunes diplômés ont une chance de trouver un poste intéressant. Durban est davantage peuplée par des Indiens et des Zoulous, mais aussi par une frange d’Afrikaners qui ne sort jamais dans le centre : des rues très animées, voire sales, avec des vendeurs à la sauvette sous les arcades de toutes les rues commerçantes. Certains diront que la ville est dangereuse… si certaines zones de non-droit existent bel et bien, la plupart des rues ne sont pas dangereuses.

Vie à l’américaine chez les Afrikaners

Certains Afrikaners sont très riches, en témoigne la surenchère de beaux quartiers résidentiels dans les grandes villes comme Sandton à Johannesburg ou Camps Bay au Cap, et vivent à la californienne : grosses cylindrées, grande villas de luxe avec piscine, lodge dans une réserve privée, bateaux jet-ski et compagnie. D’autres sont issus des classes moyennes, vivent dans des quartiers calmes, ont leur propre voiture et fréquentent des malls le week-end avec leur famille, une vie là encore très à l’occidentale. Enfin, les ruraux rappellent un peu les cow-boys de l’Ouest américain, loin de la métamorphose qui s’opère dans les villes, spécialement dans l’État libre ou le Karoo, des bastions afrikaners.

Vie à l’africaine chez les Bantous

Les Noirs vivent pour la plupart « à l’africaine », d’abord pour des raisons économiques – la plupart sont pauvres et ne choisissent pas leur mode de vie –, ensuite pour des raisons culturelles. On voit dans toutes les villes des marchés populaires grouillant de monde à côté de stations de combis klaxonnant les passants pour compléter le minibus. Des senteurs épicées, des couleurs éclatantes, des conversations joyeuses et sonnantes, on est bien en Afrique !
C’est surtout en arpentant les campagnes, où les gens vivent en mode semi-tribal semi-moderne, que l’on se sent vraiment dépaysé. Les collines verdoyantes du KwaZulu-Natal ou du Cap-Oriental sont couvertes de huttes en toit de chaumes, de kraals traditionnels où le chef du village a le vrai pouvoir et le conseiller municipal un rôle de consultant. La hiérarchie tribale est très respectée, de même que la médecine traditionnelle et leurs puissants guérisseurs sangoma qui sont considérés comme les « sages » de la communauté.

La vie dans les townships

La vie en township est un art de vivre à part entière. Cette communauté urbaine a développé une identité culturelle très forte entre urbanité et tradition, avec ses avantages et ses revers. De nombreux problèmes ponctuent son quotidien : pauvreté, chômage, alcoolisme… Des conditions de vie infernales, surtout pour ceux qui habitent dans les shaks, ces baraquements de tôle, car ils ne sont pas protégés des dangers extérieurs. Les statistiques du pays en matière de criminalité sont effrayantes. Meurtres, viols, car-jacking…, et plus encore : les victimes sont à 90 % des habitants des townships. Si le sida touchait auparavant davantage les adultes mariés, le taux de séropositivité chez les jeunes de 15 à 25 ans est en constante augmentation, ce qui préoccupe les autorités du pays. L'apartheid a créé de nombreuses générations sans qualification, et la pauvreté ambiante n'encourage pas les jeunes à étudier, malgré les aides gouvernementales. Cependant l’esprit de solidarité est très vivace dans les townships qui forment une communauté soudée. La plupart des habitants vivent mieux ces dernières années dans des townships en plein renouveau comme Soweto, grâce à une baisse de la criminalité et à la normalisation de ces cités-dortoirs en ville, avec par exemple la construction de malls. Soweto a toujours été la vitrine du progrès social en Afrique du Sud et devrait servir d’exemple dans les années à venir. L’école gratuite instaurée pour les enfants les plus défavorisés vient d’être élargie aux adolescents qui vont au lycée. Une mesure importante car la délinquance et la criminalité touchent des jeunes, surtout les garçons, qui décrochent du système éducatif pour entrer dans des gangs, attirés par l’argent facile et découragés par l'école payante et la pauvreté des parents. L’éducation s’améliorant pour les plus démunis, on voit de plus en plus d’étudiants noirs dans les universités du pays. De jeunes actifs issus des townships sont promus à des postes importants grâce au BEE qui leur donne la priorité à l’emploi, sous-qualifié diront certains, un pas de géant diront les autres. Mais la plupart du temps, même s’ils améliorent leur qualité de vie et leur pouvoir d’achat, les habitants des townships y sont fortement attachés et ne souhaitent pas déménager.