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Un pays, onze langues officielles

L’Afrique du Sud est séparée en deux grands groupes linguistiques bantou, à l’ouest de la chaîne Drakensberg-Karoo : les BaSotho, peuples sotho du Nord et du Sud, et les Tswana, et à l’est, les Nguni, peuples zoulou, swazi, xhosa et ndebele. Deux autres groupes occupent une position marginale au Mpumalanga : les Tsonga à la frontière mozambicaine et les Venda à la frontière du Zimbabwe. On dénombre onze langues officielles sur le territoire : l'anglais, l'afrikaans, le zoulou, le xhosa, le ndebele, le sotho du Nord, sotho du Sud, le swazi, le tswana, le tsonga et le venda, mais d'autres langues sont parlées dans le pays, comme le san ou le nama, descendants de KhoiKhoi près du Botswana et de la Namibie. Les trois principales langues maternelles parlées sont le zoulou avec 23,8 % de locuteurs, le xhosa pour 17,6 %, l'afrikaans pour 13,3 % et l'anglais pour 8,2 %. Mais sachez que quasiment tout le monde parle anglais.

Les Zoulous : peuple emblématique d’Afrique du Sud

Ce groupe très puissant est originaire de la partie la plus verte du pays, le Natal. Dans les années 1820, sous les ordres de Shaka, les Zoulous ont semé la terreur dans toute la sous-région. Leur combativité les a amenés à affronter d’autres tribus noires, mais aussi les Boers et les Anglais auxquels ils infligèrent une des plus terribles corrections de l’histoire coloniale. Aujourd’hui, les « fils du Ciel » conservent un poids politique certain, notamment grâce à leur roi. Parlée par 23,8 % des Sud-Africains, la langue des Zoulous est la première du pays. Qui ne connaît pas la musique et les danses traditionnelles qui ont traversés les frontières grâce au célèbre « Zoulou blanc », Johnny Clegg ?

Le peuple swazi au Swaziland

Les ancêtres du peuple swazi actuel vivaient sur la côte du Mozambique. Aujourd’hui, environ la moitié de la population vit dans le royaume indépendant du Swaziland, un petit État enclavé sur le territoire, coincé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. Un système de régiments royaux, que l’on intégrait en fonction de son âge, a permis aux Swazi de rester très soudés face aux agresseurs. En Afrique du Sud, ils sont concentrés dans la région de l’ancien territoire autonome du KaNgwane.

La souplesse du peuple xhosa

Sur la côte est de l’Afrique du Sud, on rencontre le plus méridional de tous les peuples bantous : les Xhosa. On le surnomme le « peuple rouge » car les adultes portaient souvent des vêtements teints en rouge. Contrairement à celle des Zoulous, leur société traditionnelle est organisée de manière très souple. Il n’existe aucune séparation entre les dieux et la nature dans laquelle se trouve l’homme. Au début du XVIIIe siècle, les Xhosa ont été les premiers Noirs à rencontrer les Blancs. Du contact avec les Bochimans, leur langue, la deuxième du pays parlée par 17,6 % de la population, conserve les fameux « clics ». Pour la petite histoire, Nelson Mandela est né à Mvezo, en pays xhosa.

Les couleurs du peuple ndebele

Les Ndebele vivent au nord-est et à l’est de Pretoria. Fortement influencé par son voisin sotho, ce petit groupe n’en a pas moins développé une forme d’art aujourd’hui reconnue. Chaque maison ndebele est décorée de motifs géométriques aux couleurs vives. Certaines femmes ndebele portent des parures de 25 kg : les anneaux de cuivre perlés s’empilent autour du cou et de la taille. Selon la tradition, leur nombre correspondrait à la réputation de la santé sexuelle de l’époux…

Les Sotho : ensemble de peuples du Nord

On distingue les Sotho du Nord. Il s’agit d’un ensemble de peuples parlant principalement le pedi. Les guerriers du chef Mzilikazi mirent fin à l’empire des Pedi. Les Sotho du Nord sont répandus de la frontière du Zimbabwe à Pretoria. Le peuple lobedu vénère toujours la « reine de la Pluie » appelée Modjadji, descendante d’une princesse exilée du XVIe siècle. La reine, que ses sujets voient immortelle, ne se marie jamais. Elle porte les enfants d’hommes anonymes. Une de ses filles devient reine à son tour, recevant le pouvoir de faire tomber la pluie sur les cultures. On citera également les Ntwana du Mpumalanga, dont les femmes portent des anneaux autour du cou et de la taille, comme les femmes ndebele. Les trois couleurs sont le blanc, le rouge et le bleu, que l’on retrouve sur le plumage de l’aigle annonciateur de la pluie. Le sepedi est la quatrième langue la plus parlée du pays.

Les Sotho du Sud ou Lesothans

Ils vivent quant à eux autour de Phuthaditjhaba, l’ancienne capitale du bantoustan du QwaQwa. C’est l’histoire étonnante d’un ensemble de clans qui allaient devenir un peuple, puis une nation, grâce à un grand chef et aux missionnaires français. Vers 1825, leur chef Moshesh regroupe plusieurs tribus harcelées par les Zoulous et se retranche derrière la forteresse montagneuse des Maluti. Dans son nid d’aigle, il se fait roi et sollicite l’aide des missionnaires. En 1933, la Mission évangélique de Paris lui envoie trois jeunes pasteurs, dont le Béarnais Eugène Casalis, qui deviendra son plus proche conseiller politique. Pendant de longues années, le roi et les missionnaires conduisent les affaires du territoire au grand agacement des Boers. Vers 1860, l’Église catholique s’intéresse, elle aussi, aux Sotho. Le père Jean-François Allard fonde une mission, Roma, qui est aujourd’hui la ville universitaire du Lesotho.

Le peuple tswana réintégré à l’Afrique du Sud

La tradition orale tswana nous apprend que ce peuple est constitué de nombreux clans rivaux, dispersés depuis des siècles sur un immense territoire entre l’actuel Botswana et le Lesotho. Au XIXe siècle, ces tribus contrôlaient une bonne partie de l’ouest du Transvaal, avant d’être dispersées par des hordes de Zoulous. Aujourd’hui, le Botswana, d’une densité de 2 hab./km², est peuplé à 80 % de Tswana. En Afrique du Sud, environ 3 millions de Tswana vivent sur le territoire éclaté de l’ancien bantoustan indépendant du Bophuthatswana entre le nord de Pretoria et l’est de Bloemfontein. En 1994, peu avant les élections sud-africaines, les Tswana ont fait leur révolution populaire pour obtenir, contre l’avis de leur président, leur réintégration à l’Afrique du Sud. Les touristes ne connaissent souvent du pays tswana que le fameux complexe de Sun City, véritable cocktail africain de Las Vegas et de Disneyworld.

Les meilleurs pisteurs en brousse : les Tsonga

Soshangana, chef zoulou en exil, quitte le Natal et gagne le Mozambique, où il soumet la population tsonga pour fonder un empire. En 1894, à l’heure du déclin, les Tsonga émigrent dans les basses plaines du Mpumalanga et au nord du Natal. Autour du parc Kruger, les Tsonga, qui s’appellent Shangaan en hommage à leur grand chef, sont considérés comme les meilleurs pisteurs en brousse.

Les Venda et le dieu Python

Ce peuple très mystérieux se rassemble dans la région du Nord, principalement sur le territoire de l’ancien bantoustan indépendant du Venda. Les traces d’installation remontent à 1700 avant Jésus-Christ. Les Venda ont appartenu, un temps, à l’empire du Monomotapa au Zimbabwe. De fructueux rapports commerciaux ont été établis très tôt avec les navigateurs de l’océan Indien. Protégé par la barrière naturelle du Soutpansberg, ce peuple a su développer une culture traditionnelle très particulière autour d’un animal sacré, le python. Une prêtresse vous donnera peut-être l’autorisation d’entrer sur le site sacré du lac Fundudzi, résidence du dieu Python ! Après l’accession à l’indépendance par rapport à l’Afrique du Sud en 1979, et jusqu’en 1994, les dirigeants de l’État ont basé leur autorité sur la terreur. On ordonnait au plus haut niveau des meurtres rituels précédés de mutilations atroces. En 1986, une chasse à l’homme fut organisée pour imposer la circoncision. Les Lemba, qui vivent parmi les Venda, sont considérés comme étant les descendants des commerçants sémites venus d’Orient.

Les premiers chasseurs-cueilleurs : les San

Il y a plus de 20 000 ans, leur territoire s’étendait de la Corne de l’Afrique au cap de Bonne-Espérance. Petits, le teint ocre, la peau très ridée, les pommettes saillantes, les San, du néerlandais bosjesman, « homme de la brousse », bushman en anglais, bochiman en français, ont le type mongoloïde. Ils se déplaçaient sur de grandes distances, en petits groupes, sans être soumis à une hiérarchie quelconque. Ce peuple du fond des âges, qui ne compte que quelques centaines de représentants en Angola, en Namibie, au Botswana et en Afrique du Sud, lègue aux générations futures des milliers de peintures et de gravures.

Les éleveurs : le peuple khoï

Contrairement aux Bochiman, les Khoï pratiquaient l’élevage. Ils vivaient dans toute l’Afrique australe, en habitat semi-groupé, contraints à se déplacer souvent pour renouveler les pâturages. De nos jours, environ 35 000 Khoï subsistent en Namibie : ce sont les Nama. En Afrique du Sud, des communautés métissées khoï vivent bien organisées à Griquatown, à Kokstad ainsi qu’aux portes du Richtersveld.

Une population métissée et le peuple métis

Les premières populations métis, ou coloured comme on les appelle ici, étaient les descendants des colons blancs et des femmes esclaves déportées de leur pays d'origine et souvent violées par leur maître. Aujourd'hui, après plus de trois cents ans de métissage, ils ont du sang européen, africain des esclaves venus d'Afrique centrale et de l'Ouest, malgache, malais, indonésien, indien et d'autres peuples d'Asie. Ils ont construit une culture qui leur est propre, sont les premiers locuteurs de l’afrikaans et ils mènent une vie aussi proche que possible de celle des Africains blancs. Cette communauté, installée surtout au Cap et dans le Karoo, a toujours joué un rôle politique ingrat. Sous l’apartheid, les Métis formaient une « race » distincte, d’où la majuscule ! Cette « race » avait la faveur des Blancs. Ce groupe est durement touché par l’alcoolisme, car leur paye était encore tout récemment « versée »… en liquide dans la région où ils vivent en majorité en constituant les petites mains des grands vignobles. En général, les Métis sont chrétiens, assez souvent catholiques, à l’exception des Malais qui eux sont les descendants d’activistes musulmans expulsés des colonies d’Asie par les Néerlandais. Ils forment plus de 50 % de la population totale dans les provinces du Cap-Occidental et du Cap-Nord.

Les Blancs, Boers et anglophones

C’est la seule tribu blanche d’Afrique. Environ 5 millions d'habitants, soit 9,4 % de la population, un chiffre en perte de vitesse face à l'exil de certains en Europe et aux États-Unis, mais qui connaît un nouveau phénomène de retour au pays depuis 2008. Ils sont divisés en deux camps bien distincts qui ne s'apprécient pas beaucoup : les Afrikaners ou Boers, 60 % des Blancs, descendant des colons néerlandais, qui parlent afrikaans, ainsi que les Métis du Cap, sont très conservateurs et fervents chrétiens, et les anglophones, 40 % de la population, descendant des colons anglais, plutôt démocrates et progressistes. Une détermination et un courage hors du commun, une foi chrétienne chevillée au corps, un enracinement africain sans billet de retour, un complexe de supériorité né de leur expérience unique, un mépris congénital de l’Anglais : voilà les Afrikaners, avec les risques de simplification que cela comporte. Un bémol cependant, la nouvelle génération est moins à cheval sur les principes de papa, plus ouverte, mais tout aussi craintive des Noirs. Après la fin de l'apartheid, certains Blancs très conservateurs ont voulu créer leur communauté entièrement blanche, baptisée Orania dans l’État libre, constituée aujourd'hui de fermiers blancs vivant dans un autre siècle, plutôt miséreux et isolés. Les anglophones descendent des colons britanniques de 1820, des commerçants du Natal ou des chercheurs d’or et de diamants. Traditionnellement plus libéraux que les Afrikaners, c’est-à-dire plus à gauche, ils ont adopté un style de vie colonial sans toutefois se défaire de leurs attaches européennes, au cas où un jour il leur faudrait partir. Les Français huguenots arrivés avec les premiers colons néerlandais ont évidemment été assimilés aux Boers au cours des siècles, seuls les patronymes restent : 25 % des noms afrikaners sont d'origine française. On trouve aussi des petites minorités de descendants portugais et allemands.

Les Indiens et Asiatiques

Avec 1,2 million d'habitants, c'est la communauté indienne la plus importante au monde à vivre en dehors de ses frontières. Sa formation remonte à 1860, lorsqu’un grand nombre d’Indiens de Madras ont été amenés en Afrique du Sud pour travailler dans les plantations sucrières, en qualité d'employés car les Anglais étaient anti-esclavagistes mais recherchaient de la main-d'œuvre bon marché. Plus de 80 % des Indiens vivent encore au KwaZulu-Natal aujourd'hui, principalement à Durban, surnommée la Bombay africaine. Ils parlent tous anglais mais pratiquent aussi leurs langues maternelles. Deux tiers d’entre eux sont hindous, les autres musulmans. L’Afrique du Sud compte encore 13 000 Chinois, descendant des 63 000 Asiatiques venus travailler dans les mines d’or au début du siècle.

Un pays d’accueil : les étrangers expatriés

Disons-le, l'Afrique du Sud, c’est l’auberge espagnole. Le pays compte 600 000 Portugais, la plupart repliés d’Angola et du Mozambique, 80 000 Grecs, 60 000 Italiens et quelque 10 000 Français. Les Juifs forment une minorité d’environ 120 000 personnes, très active dans les milieux d’affaires. Environ 500 000 personnes se disent originaires d’un des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe. Si beaucoup d'affairistes habitent plutôt à Johannesburg, la région du Cap est choisie pour sa qualité de vie par des expatriés en mal de soleil qui travaillent essentiellement dans le tourisme.

Les clandestins, de 3 à 8 millions ?

En Afrique du Sud, les clandestins sont principalement des Mozambicains et des Zimbabwéens. Selon Carien Engelbrecht, coordinatrice chez Planact, la population de Johannesburg est constituée de 10 à 30 % d’immigrés sans papiers, mais elle reste évidemment difficile à évaluer. L’immigration clandestine en provenance d’Afrique francophone (RDC, Burundi, Rwanda, Cameroun, Sénégal) se chiffre en dizaines de milliers. Certains clandestins prennent des risques incroyables pour entrer en Afrique du Sud. Ils traversent le Limpopo plein de crocodiles ou errent dans le parc Kruger, à la barbe des lions. Dans une lettre adressée à un quotidien local, un Sud-Africain s’est élevé contre le triste destin des fauves, abattus pour avoir mangé des étrangers en situation irrégulière, comme le raconte le livre Le Safari de notre vie de Nadine Gordimer.