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Habitat originel et traditionnel

La République dominicaine abrite de fascinants sites archéologiques, témoins de la présence des Indiens Tainos, les habitants originels de l’île. Il s’agit, pour la plupart, de grottes sur les parois desquelles vous pourrez observer un art rupestre alternant entre peinture, gravure et sculpture, révélant une maîtrise parfaite de la couleur et de la lumière. Images sacrées et formes géométriques cohabitent dans des scènes visant à édifier autant qu’à éduquer. La Cueva de las Maravillas, aujourd’hui aménagée en musée, est l’un des sites immanquables pour comprendre cette riche culture préhispanique. Là, vous en apprendrez davantage notamment sur l’habitat tainos. Les villages, organisés autour d’une place centrale, se composaient de huttes, dont les plus courantes étaient les bohios. De forme circulaire, ces huttes étaient faites en bois de palme et surmontées d’un toit de chaume. A l’intérieur étaient suspendus des hamacs de coton. Si les Tainos ont quasiment disparu de l’île, leur vision d’un habitat simple et en harmonie avec la nature a perduré à travers les siècles. Les habitations rurales de la République dominicaine en sont les directes héritières. La structure de ces maisons est faite en lattes de bois de palme, le toit est aussi de chaume – même si la tôle ondulée remplace de plus en plus les matériaux naturels – et l’intérieur se compose d’une pièce principale où sont installés les hamacs. Ces maisons se composent également d’un espace en façade protégé par un auvent et d’une arrière-cour où se trouve la cuisine, même si dans les maisons les plus modernes, cette dernière est souvent intégrée à la structure principale. Les couleurs vives, typiquement caribéennes, qui habillent ces maisons traditionnelles offrent un saisissant contraste avec la verdoyante nature alentour. Ne manquez pas les maisons colorées des très pittoresques villages de Las Terrenas, Los Patos, La Otra Banda ou Mano Juan. Dépaysement garanti !

Héritage colonial

La Zone Coloniale de Saint-Domingue est la mère de toutes les cités coloniales des Amériques, son modèle ayant été repris sur tout le continent. La ville coloniale se caractérise par un plan en damier dont les rues pavées et rectilignes convergent vers la Plaza Mayor ou Parque Central. Entouré d’arcades, cet espace central regroupe tous les pouvoirs. Cette cohérence du plan est renforcée par l’homogénéité des édifices qui ne dépassent pas un ou deux étages. De pierre, de brique ou de pisé pour les plus modestes, on les reconnaît à leurs tuiles de toit rouges. Ces maisons coloniales, auxquelles on accède par des portes massives surmontées d’arcatures cintrées, sont centrées autour d’un patio intérieur entouré d’arcades et souvent décoré de carreaux de céramiques ou azulejos, tandis que fenêtres, balcons et galeries s’ornent de ferronneries savamment travaillées. En parallèle, l’architecture coloniale doit se faire également défensive. Le Parc de l’Indépendance à Saint-Domingue conserve des vestiges de la muraille et de l’ancien fossé défensif, mais les témoins les plus étonnants de cette puissance militaire restent bien sûr la Fortaleza Ozama, première forteresse des Amériques, qui impressionne par ses épais murs crénelés et sa Torre del Homenaje, donjon au cœur de l’édifice ; et l’Alcazar de Colon à la puissante silhouette de calcaire corallien, typique de la République dominicaine. En dehors de Saint-Domingue, ne manquez pas non plus la Fortaleza San Luis à Santiago et la Fortaleza San Felipe à Puerto Plata, toutes deux édifiées sur des sites stratégiques et protégeant de très beaux cœurs historiques. En parallèle de cette puissance militaire, le pouvoir colonial impose également sa puissance religieuse, à grand renfort de couvents et églises. Si les premiers édifices ont des allures de forteresses –à l’image de l’église Santa Barbara de Saint-Domingue –, ils se parent rapidement des styles en vogue en Espagne. Le style isabélin – mêlant gothique flamboyant et premiers éléments Renaissance dans une richesse décorative toute à la gloire des Rois Catholiques – et la Renaissance plateresque – dont le nom fait référence à une abondante ornementation finement travaillée rappelant le travail de l’orfèvre (platero) – se lisent dans de nombreux édifices, dont la Cathédrale Santa-Maria-La-Menor de Saint-Domingue. L’influence mauresque se lit, elle, dans les superbes voûtes nervurées et la polychromie de pierre et de brique de l’église Nostra Senora de Las Mercedes notamment, tandis que colonnes torses et retables tout en dorures illustrent le foisonnant baroque dans de nombreuses églises. Après les pouvoirs militaires et religieux vient le pouvoir civil, celui de la cité et des grandes familles. Parmi ses plus beaux témoins à Saint-Domingue, notons : l’Hôtel de Ville, avec ses imposantes arcades en pierre ; la Casa de la Moneda et son massif portail plateresque ; la Casa del Tostado et sa fenêtre géminée, unique exemple de ce type dans les Caraïbes ; ou bien encore la Casa del Cordon, la toute première maison particulière des Amériques au beau portail sculpté. Enfin, ne manquez pas les sites historiques des premières exploitations sucrières, moins connus, mais tout aussi révélateurs du système colonial. Vous pourrez y observer des moulins « trapiche » (moulins actionnés par la force animale) ou hydrauliques destinés à extraire les sucs de la canne à sucre. Ces moulins faisaient partie de vastes exploitations comprenant différents bâtiments techniques (chaufferie, purgerie, entrepôts), des infrastructures d’adduction d’eau, mais aussi des églises et des habitations. Parmi les plus riches, notons le site de Boca de Nigua, l’Ingenio de Diego Caballero et l’Ingenio de Engombe.

De l’éclectisme au monumentalisme

Au tournant du XXe siècle, la République dominicaine connaît un nouvel essor qui se traduit, en architecture, par un étonnant éclectisme. Les édifices entourant le Parque Duarte à Santiago en sont de bons exemples. Remarquez notamment la Cathédrale aux lignes néoclassiques et l’Hôtel de Ville aux belles galeries à arcades. C’est à cette époque que les Plaza Mayor se dotent de kiosques, statues et mobiliers urbains dont on admire les belles décorations ciselées de bois et de fer forgé (frises, dentelles, lambrequins). Des éléments que l’on retrouve dans les demeures que se font construire les grandes fortunes, qui privilégient le style Gingerbread, ou l’éclectisme aux couleurs caribéennes. Jalousies, persiennes, galeries entourant les demeures ou balcons ornant les façades, structures de bois colorées et toits de zinc caractérisent ces demeures dont on peut voir de très beaux exemples à Puerto Plata et Montecristi. Sous l’ère Trujillo, l’architecture se fait monumentale. Saint-Domingue est rebaptisée Ciudad Trujillo et le despote y fait ériger de grands obélisques célébrant sa puissance. Trujillo revisite également l’histoire via une architecture mémorielle grandiloquente, à l’image du Monument des Héros de la Restauration, dont la silhouette tout en marbre blanc s’élève à 67 m de hauteur. C’est à l’architecte italien Guido d’Alessandro Lombardi qu’il confie la mission de réaliser le Palacio Nacional, mastodonte néoclassique dont la coupole culmine à 34 m de haut. En parallèle, Trujillo se fait construire de nombreuses demeures personnelles, à l’image du Castillo El Cerro à San Cristobal, palais de béton dont les lignes évoquent l’Art déco et plus spécifiquement le style Paquebot. Une avancée vers le modernisme qui se concrétise avec les réalisations de Guillermo Gonzalez Sanchez, à qui l’on doit notamment l’Hôtel Jaragua à Saint-Domingue, symbole d’un rationalisme fonctionnaliste. Mais la plus étonnante représentante du modernisme en République dominicaine est, sans conteste, la Basilique Notre-Dame de la Haute-Grâce à Higüey. Construite de 1954 à 1971, elle étonne et détonne avec ses arches massives en béton armé s’élevant à plus de 80 m de haut… mais répond pleinement au cahier des charges qui spécifiait que l’édifice devait impérativement résister aux cyclones !

Architecture contemporaine

Dans les années 1980, les grands groupes hôteliers internationaux lancent la mode des gigantesques resorts all inclusive qui poussent comme des champignons le long du littoral dominicain. Punta Cana en possède la plus forte concentration. A côté de ce tourisme de masse s’est également développé un tourisme de « milliardaires » dont les fortunes colossales ont financé de véritables délires architecturaux. Casa del Campo, « ghetto » des riches et célèbres mêlant complexes hôteliers et villas de luxe, abrite ainsi le surréaliste site de Altos de Chavon, soit la reconstitution d’un village où se côtoient un amphithéâtre romain, une église sicilienne, un village artisanal, un musée archéologique et des galeries d’art. Une atmosphère improbable que l’on retrouve au Castillo del Mundo King à Sosua. Imaginé par l’artiste allemand Rolf Schultz, ce musée, entre château baroque, ruine médiévale et demeure colorée caribéenne, est indescriptible ! Les commémorations des 500 ans de la découverte de l’Amérique se sont également accompagnées d’édifices pour le moins surprenants, au premier rang desquels le Phare de Colomb à Saint-Domingue. Avec ses 230 m de long et ses 70 m de haut s’étageant sur 5 niveaux, ce colosse de béton suit un plan en croix, dont le centre abrite… le coffre renfermant les restes de Christophe Colomb ! En parallèle, la capitale ne cesse de croître, abritant pas moins de 30 % de la population du pays. Malheureusement la plupart des habitants résident dans des bidonvilles se situant en zones inondables, zones directement menacées par le réchauffement climatique… tout comme les plages qui ne cessent de rétrécir. Pour contrer ces menaces, des initiatives d’écotourisme voient le jour, comme à La Ciénaga, où l’ambassade de France a lancé le projet Guana Aventuras basé sur un tourisme vert et durable. Certains complexes hôteliers tentent également de faire une place plus importante à l’architecture traditionnelle en multipliant notamment les bungalows en matières naturelles, ou en revisitant les styles passés plus adaptés au climat, à l’image de la chambre d’hôtes Peninsula House. Imaginée par l’architecte Serge Robin, elle reprend les codes des grandes maisons coloniales avec ses terrasses et galeries, son patio central et ses superbes décors en bois. D’autres au contraire font le choix de l’innovation, comme l’agence VASHO qui a imaginé la RD House à Jarabacoa. Pour limiter l’impact sur l’environnement, les architectes ont littéralement inséré la maison dans la falaise, utilisant l’inertie thermique pour limiter la consommation d’énergie, tout en végétalisant les espaces extérieurs. En parallèle, la République dominicaine a entamé un vaste programme de préservation de son patrimoine. Une manière de protéger son authenticité et de prouver qu’elle a bien plus à offrir qu’il n’y paraît !