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Le pays de tous les superlatifs

La géographie péruvienne est impressionnante. Avant d'entrer dans les détails, voici une petite mise en bouche. C'est ici au sud du Pérou qu'on trouve un canyon de 4 160 mètres, le canyon del Colca que survolent les condors, et à quelques kilomètres celui de Cotahuasi, plus confidentiel et ses 2,5 à 3,5 km de profondeur. Un peu plus loin, bienvenue au Titicaca, la lac navigable le plus haut du monde situé à 3 812 mètres d'altitude. Direction la jungle maintenant où, dans la liste des dix cascades les plus hautes au monde, le Pérou en positionne deux : Las Tres Hermanas et sa chute de 914 mètres, proche du río Cutivireni mais inaccessible, et Yumbilla et ses 896 mètres dans la région Amazonas. C'est aussi au Pérou que naît le fleuve Amazone, dans les jupes du volcan Mismi dans la région de Arequipa, le plus puissant fleuve du monde et le second le plus long.

3 000 km le long du Pacifique

Commençons par la costa. Cette immense bande de sable de 3 000 km du nord au sud et d’une extension maximale de 250 km d’est en ouest, bordant le Pacifique et s’élevant jusqu’à 500 m d’altitude, est habitée autour des quelque 52 fleuves qui se jettent dans l’océan et font naître sur leurs rives de véritables oasis cultivées. Sur la dizaine qui se jette dans les flots froids du Pacifique, un seul est navigable, le río Tumbes, à la frontière équatorienne, tout au nord. Il y constitue un delta inextricable de canaux et d’îles où poussent les manglares formant une forêt à la faune aquatique riche.

L’océan Pacifique, aussi appelé mer de Grau, qui couvre plus de 126 millions de km², forme au Pérou un littoral de quelque 3 000 km de longueur, bordé par des courants froid (Humboldt) et chaud (El Niño), ayant chacun leur impact sur le climat, la faune et la flore. Le phénomène d’El Niño est occasionnel et provoque des pluies torrentielles. Le dernier épisode, durant l'été 2017 (décembre-mars), a laissé les campagnes du nord meurtries par des pluies dévastatrices.
Une bonne nouvelle le long de cette côte très industrialisée, le 5 juin 2021 est née la Réserva National Dorsal de Nasca, la première aire protégée maritime du Pérou soit 62 392 km² d'océan protégé ou 8 % de la superficie de la mer péruvienne. Elle représente 1 100 km de long et 200 km de large, ses profondeurs hébergent une chaîne montagneuse sous-marine qui va de 1 500 à 4 000 mètres de profondeur.

Une Cordillère majestueuse

Montons à présent en altitude, nous voici dans la sierra. Il faut bien garder à l'esprit que ce changement de paysages est rapide et constant au fil du pays si bien que Lima compte aussi avec sa sierra et qu'on voit depuis certains immeubles de la capitale la chaîne des Andes se dessiner. Cette montée en altitude est aussi très rapide, souvent en à peine quelques heures.

Parallèles à la côte pacifique, les Andes comportent trois chaînes montagneuses : les sierras occidentale, centrale et orientale, qui séparent le désert côtier des forêts amazoniennes. La sierra enregistre une intense activité volcanique, dont témoignent les superbes nevados (monts enneigés) du Callejón de Huaylas, près de Huaraz, la vallée des Volcans près d’Arequipa, dominée par le mythique volcan Misti éternellement enneigé, et les milliers de sources thermales.

Les montagnes les plus élevées se concentrent dans les cordillères centrale et sud, avec une altitude moyenne de 5 300 m. La Cordillère blanche (département d’Ancash) compte plus de 30 sommets enneigés culminant au-dessus de 6 000 m, dont le majestueux Huascarán qui, avec ses 6 768 m, est le plus haut du pays et le 3e plus élevé du continent, après l’Aconcagua qui culmine à 6 959 m et le Nevado Ojos del Salado tous deux à la frontière Argentine-Chili. Autre paysage caractéristique des Andes, la puna s’étend à une altitude moyenne de 4 000 m. L’herbe rase et dure qui y pousse, le « ichu », nourrit les camélidés (lamas, alpagas, guanacos et vigognes) sans lesquels les Andes ne seraient pas ce qu’elles sont. La puna se rencontre essentiellement dans la région de Puno, entre les Cordillères occidentale et orientale, sur l’Altiplano que le Pérou partage, comme le lac Titicaca, avec la Bolivie. À l’étage inférieur, c’est-à-dire entre 3 500 et 4 000 m, se situe une région de transition entre la froide puna et les zones chaudes. Là, on rencontre une grande activité agricole, avec d’impressionnantes cultures en terrasses où poussent toutes sortes de pommes de terre et quelques céréales typiquement andines comme le quínua (quinoa) et autres graminées de haute valeur énergétique et nutritive (maca, kiwicha). La nature hostile des Andes fait que 80 % des terres cultivées ne sont pas irriguées et sont tributaires des pluies. Les propriétés sont très morcelées et les rendements médiocres : on s’y sert toujours d’un outillage sommaire, parfois hérité des Incas. Pendant la saison des pluies, et notamment de janvier à avril, s’y produisent de mortels glissements de terrain et des avalanches de boue, les « huaycos », qui ajoutent au désarroi des populations. Durant cette période, les visiteurs devront redoubler de vigilance et éviter, autant que faire se peut, les transports routiers sur les pistes en terre ravinées.

L'Amazonie, la grande oubliée

Enfin, lorsque les Andes redescendent doucement vers l'intérieur du pays se dessinent les collines touffues et tropicales puis l'immense plaine amazonienne. Redonnons les chiffres une fois de plus : 60 % du territoire et moins de 10 % de sa population ! Encore beaucoup de voyageurs ignorent également cette région lors de la construction de leur voyage. Si vous le pouvez, consacrez-lui quelques jours, vous ne le regretterez pas.

La selva haute ou ceja de selva (les sourcils de la jungle), comprise entre 500 et 2 000 m d’altitude, est recouverte d’une végétation dense. Ces régions sont essentiellement peuplées de colons indigènes de la sierra que les crises des dernières décennies ont jetés sur les voies de l’exil intérieur. Ce mouvement a donné lieu à la construction, dans les années 1960, de la Carretera marginal de la selva qui unit la selva du Nord à celle du Sud et permet les échanges. C’est aussi dans les régions de la selva haute, au centre du Pérou dans la région d'Ayacucho, que se sont réfugiés les groupes révolutionnaires armés du Sentier lumineux et du MRTA (Mouvement révolutionnaire Túpac Amaru). Aujourd’hui, eu égard au redéploiement des cultures du pavot à l’échelon mondial, la selva haute voit se développer ces cultures illégales d’un nouveau type.

La selva basse ou Amazonie se situe elle entre 80 et 400 m d’altitude et recouvre le lit de l’Amazone, le fleuve le plus long du monde. Ce dernier reçoit les affluents nés des Andes que sont l’Ucayali et le Marañon. La source officielle de l'Amazone est le Nevado Mismi, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Chivay. Le torrent Apacheta qui s'écoule de la falaise nord de la montagne est considéré comme la source du réseau amazonien la plus éloignée de l'embouchure du fleuve. Sur les 6 800 km de son cours, 680 km seulement se trouvent au Pérou, mais ses affluents sont pourvus des mêmes atours : eaux troubles, largeur immense et étendues infinies. Le nom d’Amazone (Amazonas en espagnol) aurait été donné au fleuve par le conquistador Orellana qui eut à combattre de redoutables guerrières, les Amazones. Ici, les fleuves se croisent à l’envi, dessinant des méandres paresseux, baignant une végétation luxuriante peuplée d’une faune exubérante et inondant périodiquement les villages construits sur pilotis. Les fleuves y constituent, avec l’avion, les seules voies d’accès aux zones peuplées. Deux époques bien marquées se dessinent en Amazonie, celle de la montée des eaux (de décembre à avril environ) puis celle où les eaux baissent et découvrent davantage la végétation (de mai à novembre). Selon le type d'animaux qu'on souhaite observer, c'est un critère à prendre en compte. Tout comme celui du sens du fleuve : selon que l'on circule aguas arriba ou aguas abajo c’est-à-dire en suivant le courant ou à contre-courant, le temps de trajet sera modifié parfois d'une journée entière.

Une réelle menace sismique

On retrouve au Pérou le schéma géologique de toute l’Amérique du Sud, qui met en opposition une zone orientale stable (l’Amazonie au nord, la pampa au sud) et une zone occidentale (les Andes) à forte activité tectonique et sismique. Cette activité est née de la subduction de la plaque océanique pacifique sous la plaque continentale de l’Amérique du Sud. La plaque océanique, en plongeant jusqu’au centre de la Terre, entre en fusion, puis remonte sous la plaque continentale des Andes et engendre des massifs volcaniques. La zone andine péruvienne est séparée du nord au sud en deux bandes par le large plateau de la puna. On y trouve une intense activité volcanique, particulièrement dans le Sud, avec recouvrement des plateaux par des nappes de lave. La zone de plaines orientales, qui repose sur un bassin secondaire et tertiaire, présente des sols riches en hydrocarbures et en gaz.

Résultat de cet enchevêtrement géologique, la terre tremble au Pérou assez régulièrement. La région de Pisco a été dévastée par un terrible tremblement de terre (7,9 sur l’échelle de Richter) en août 2007 faisant plus de 500 morts. De nombreux hôtels et monuments ont été détruits à cette occasion. Plus récemment, d'autres tremblements de terre ont eu lieu à l'automne 2011, engendrant de nouvelles destructions. Les zones sinistrées se reconstruisent lentement et souvent certains monuments ne sont malheureusement pas sauvés. Les épisodes récents sont restés somme toute raisonnables, mais la préoccupation est réelle. Vous verrez d'ailleurs souvent des ronds marqués du signe S au sol qui représentent les zones où se rassembler en cas de sismo ou tremblement de terre.