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Une crise de la démographie

La Bulgarie est aujourd’hui au cœur d’une crise démographique importante. L’estimation de la Banque mondiale indique que d’ici 2050 la population passerait à moins de 4 millions d’habitants. Chaque année, le nombre de décès est pratiquement le double de celui des naissances. Beaucoup de jeunes quittent leur pays pour des opportunités de travail plus intéressantes ou l’espoir d’une vie meilleure ailleurs, en Allemagne et en Espagne en tête. Le pays vieillit donc et se renouvelle peu. Face à cette crise, le gouvernement avait même en 2017 lancé la campagne « DNA-Do it for Bulgaria » (fais-le pour la Bulgarie), encourageant les femmes bulgares accouchant à inscrire leur enfant pour le baptême, le sacrement considéré comme le plus important dans la religion orthodoxe. Les futurs parents étaient aussi incités à publier sur Internet les photos de leurs tests de grossesse positifs tout comme leurs échographies. Des partis politiques, en pleine campagne électorale parlementaire anticipée, avaient même promis aux couples attendant un enfant ou se mariant une augmentation de leurs allocations, des crédits à taux plus faible ou l’accès facilité au logement.

Une population majoritairement urbaine

La majorité des Bulgares se regroupent dans les grandes villes du pays comme Sofia, la capitale, Veliko Tarnovo, dans les Balkans, Plovdiv, dans la plaine de Thrace, Bourgas ou Varna, sur la côte de la mer Noire. On dénombre aujourd’hui plus de 200 villages fantômes où plus aucune âme humaine ne vit et plus de 500 villages ne dépassant pas une vingtaine d’habitants. Mais il faut dire qu’il n’y a pas de ville très grande, comme ce peut être le cas en France, par exemple. Malgré la présence majoritaire en ville, de valeureux Bulgares, pour des raisons financières ou parce qu’ils y ont habité toute leur vie, se trouvent encore dans la campagne. Certains jeunes ont même pris des initiatives pour faire revivre la campagne, en proposant par exemple des logements pas chers afin de faire (re)venir des locaux et touristes dans leur village.

À l’origine, les Thraces

Les Thraces sont les habitants antiques de la Bulgarie. C’est le plus ancien peuple dont on connaisse le nom dans le sud-est de l’Europe. La Thrace était une région d’Europe centrale, partagée aujourd’hui entre la Grèce du Nord-Est (Thrace occidentale), la Turquie européenne (Thrace orientale) et la Bulgarie méridionale (Thrace du Nord ou haute Thrace). On suppose que les Thraces appartenaient aux premières vagues d’immigrants indo-européens venus des steppes du Nord-Est.

Cette civilisation reste encore bien mystérieuse. Depuis l’été 2000, des découvertes archéologiques se succèdent, parmi lesquelles les vestiges d’un palais ainsi que le plus grand sanctuaire découvert à ce jour. Les deux sites, Perperikon et Starossel, qui datent des Ve et IVe siècles av. J.-C., ont mis à jour des lieux d’habitation, chose inédite. Les dernières fouilles archéologiques ont révélé des faces cachées de la vie thrace, notamment dans la région de Stara Zagora, près de Kazanlak.

Les Thraces considéraient la Terre « déesse mère » à l’origine de l’univers. Elle a fait naître le Soleil et les roches qu’il éclaire. Les rochers étaient des lieux de culte sacré. Le roi thrace était le fils de la Terre et du Soleil. Il se devait d’habiter plusieurs palais afin de répandre sa sainteté sur tout le territoire, comme le soleil illumine la terre.

Petit à petit, à partir de comptoirs installés sur les rives de la mer Noire, les Grecs renforcèrent leur influence en Bulgarie, et contrôlèrent les vallées, s’intéressant beaucoup moins aux régions montagneuses moins fertiles. On leur doit principalement la construction de villes comme Varna, Nessebar et Sozopol. Au VIe siècle av. J.-C., les Perses, alors en guerre contre les Grecs, firent une incursion en Bulgarie, et leur disputèrent des territoires sur la côte, aux Thraces également qui vivaient davantage dans les plaines. Après leur départ, les relations entre Grecs et Thraces s’intensifièrent, essentiellement dans le domaine commercial, et ne prirent fin qu’avec la conquête de l’ensemble du territoire par les Macédoniens de Philippe II qui, au passage, fondèrent Philippopolis (Plovdiv) au IVe siècle av. J.-C.

Les Romains prirent le relais des Macédoniens et des Grecs au début de l’ère chrétienne, modernisant les villes thraces et grecques, et apportant une touche personnelle, comme les thermes de Varna et le théâtre de Plovdiv. Les premiers Slaves firent leur apparition dans la région au VIe siècle. Ce sont eux qui ont apporté la langue du peuple bulgare actuel.

Trois minorités

Les Turcs représentent la plus grande minorité du pays avec environ 10 % de la population. Ils sont surtout présents dans les Rhodopes et en Thrace.

Les Roms (environ 800 000), dont les origines remontent sans doute au Moyen Âge, ont été urbanisés et sédentarisés par le régime communiste, de sorte qu'ils sont plus intégrés que les Roms de Roumanie, par exemple. Ils sont principalement chrétiens orthodoxe (37 %) et musulmans (18 %).

Mais les relations avec les Roms continuent également à poser un problème. Les communistes, malgré leurs ambitions de fédérer toute la société, ne sont jamais parvenus à en faire des ouvriers ou des agriculteurs. La minorité est demeurée, pendant toutes les années du régime communiste, en marge de la société bulgare. Même si la population des Roms de Bulgarie est sédentarisée depuis plusieurs siècles et fait administrativement partie de la population bulgare officielle, son statut demeure différencié et ses droits sont moindres. Il en est de même pour le recensement des Roms qui reste approximatif. En effet, le modèle bulgare est fondé sur la souveraineté du peuple et non pas sur son appartenance à un groupe ethnique. Les autorités au pouvoir ont tenté de trouver des solutions afin de faire rentrer cette population dans le rang, sans succès. Le chômage des Roms avoisine les 50 %. Les 8 % que représentent les Roms dans la population bulgare occupent près de 90 % des emplois de ramassage des ordures, de traitement des déchets et de nettoyage, et plus de 70 % des emplois dans les chantiers de construction. Même si, avec la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne, cette population est employée par des sociétés de sous-traitance des chantiers de travaux publics, leurs contrats et leurs conditions de travail restent très précaires.

Plus exposés à l’exclusion, ils continuent de vivre en marge de la société, mendiant et vivant le plus souvent dans la périphérie des grandes agglomérations, dans des zones sinistrées et abandonnées par les autres Bulgares. Les autorités semblent réticentes à améliorer le sort d’une communauté que la population méprise, et les tensions interethniques ne cessent de s'accentuer.

Enfin, les Pomaques, peu nombreux, sont des Bulgares musulmans convertis (de force) pendant l’occupation ottomane. Ils sont présents surtout dans les Rhodopes. La question de l’appartenance bulgare des Pomaques ouvre le débat sur l’identité nationale car ils ne sont pas considérés comme appartenant au peuple bulgare pour certains. Cette ethnie est également présente en Grèce et en Turquie.

Le bulgare, langue slave à l'écriture cyrillique

Le bulgare est la langue dominante depuis le Xe siècle. La christianisation a accéléré la slavisation des Bulgares aux dépens de leur langue d’origine. Cette dernière s’écrit en cyrillique, alphabet créé par les moines Cyrille et Méthode au IXe siècle, pour que la population ait une écriture commune et que tous comprennent, à l’époque, les textes religieux qu’ils recopiaient. Sur les panneaux routiers, la langue est toujours écrite en cyrillique et en alphabet latin. Le cyrillique comporte 33 lettres et est utilisé par 230 millions de locuteurs de la Serbie à la Russie.

Comme dans de nombreux pays, des dialectes régionaux perdurent. Les Pomaques par exemple conversent en pomak (ou pomatski), qui est un dérivé du bulgare.

Les minorités parlent, outre le bulgare, leurs langues maternelles : le romani pour les Roms (un peu partout dans le pays), le turc pour les Turcs (surtout dans les Rhodopes et la plaine de Thrace), dont la langue est officiellement enseignée, pour la communauté turque, depuis seulement 1992.

Dans le Pirin, proche de la Macédoine, des habitants parlent le macédonien.

Tous les Bulgares ayant été scolarisés pendant l’époque communiste parlent un peu le russe. L’allemand est parfois pratiqué, surtout sur la côte de la mer Noire (où viennent de nombreux touristes allemands). La jeune génération de Bulgares et les citadins parlent de plus en plus anglais, tandis que dans les campagnes.
L'enseignement du grec connaît un vif succès depuis quelques années, les candidats aux cours de grec à l'université de Sofia sont nombreux. Les jeunes ambitionnent de trouver un poste dans les entreprises grecques qui s’installent dans les Balkans, la Grèce étant en effet le premier investisseur dans cette région.
La Bulgarie est membre de la francophonie depuis 1993. Si le français est parlé et compris dans le milieu universitaire, il l’est moins dans les sphères politiques et pratiquement pas pour le reste de la population, y compris dans le tourisme.