Situé au large de la côte nord-ouest du continent africain, le Cap-Vert est un archipel qui se compose d'îles d'origine volcanique. D'une île à l'autre, les visiteurs découvrent la beauté de ses paysages, avec des reliefs escarpés, des terres volcaniques, des forêts luxuriantes et des plages de sable blanc ou de sable noir. Cette destination séduit les amoureux de nature, avec une faune et une flore remarquables. Deux des îles, Santiago et Brava, abritent le seul primate présent au Cap-Vert et qui côtoient les populations rurales depuis plus de 500 ans : le singe vert.

Oui mais voilà, au Cap-Vert, ce mammifère sauvage, malicieux et qui ne manque pas de faire preuve de complicité avec les hommes dès qu'ils en ont l'occasion, trouve aussi en l'être humain son principal prédateur. Souffrant d'une mauvaise réputation, maltraité car considéré comme un danger pour l'agriculture, il doit de plus faire face à des phénomènes qui menace sa survie, tels que la déforestation. Au Cap-Vert, la population des singes verts est en déclin. C'est ce que constate le sociologue et passionné par les primates Gricha Lepointe lorsqu'il s'installe dans l'archipel il y a de cela plusieurs années. L'animal, comme l'ensemble des primates, joue pourtant un rôle essentiel dans la bonne santé des écosystèmes et dans la lutte contre le réchauffement climatique, thématiques on ne peut plus d'actualité. L'association Santuario dos macacos de Cabo Verde, créée par Gricha Lepointe et dont le siège est installé au sein de l'Ecolodge Morgana, dispose d'un refuge et vise à répondre aux besoins de sauvegarde des singes du Cap-Vert. Présentation d'un organisme des plus actifs pour défendre une cause fondamentale.

Les singes, une composante essentielle de la biodiversité

Chaque espèce animale participe à l'équilibre des différents écosystèmes. Pourtant, aujourd'hui, nombreuses d'entre elles sont menacées à travers le monde. Les singes en font partie. Ces derniers, dont le singe vert, joue un rôle de premier plan dans la régénération forestière et la santé des écosystèmes. La forêt, comme les océans et autres zones naturelles, est un espace essentiel à l'absorption de nos émissions de CO2. Elle permet de lutter contre le dérèglement climatique.

Si la présence des singes verts est aussi importante dans le maintien des forêts où on les trouve, c'est en partie car ils sont d'excellents jardiniers. En mordant dans les fruits et les plantes, il déplacent en effet les graines et participent à leur régénération. C'est simple, sans eux, de nombreuses espèces végétales ne seraient pas en mesure de se reproduire. Certaines forêts seraient alors amenées à disparaître.

Le singe vert : les raisons du déclin de leur population au Cap-Vert

Avant de nous concentrer sur le Cap-Vert et les singes verts, rappelons qu'en 2016, une étude associant la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la littérature scientifique existante et des bases de données des Nations unies, révélait que 60 % des espèces de singes sont en danger d'extinction en raison d'activités humaines. 75 % d'entre elles accusent même déjà un déclin.

Concernant le singe vert, l'espèce n'est à ce jour pas encore considéré en danger sur le continent africain. Dans la liste rouge des espèces menacées d'extinction, l'IUCN le classe même en " Préoccupation mineure ".

On constate malgré tout une baisse de la population de ces singes dans des pays tels que le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée ou le Mali, et donc, comme a pu l'observer Gricha Lepointe lors de son arrivée dans l'archipel, au Cap-Vert.

Sur les îles de Santiago et de Brava, la population des singes verts est en déclin et cela s'explique par diverses raisons. D'une part, ils sont perçus comme des nuisibles qui menacent les cultures agricoles. Ils sont donc régulièrement chassés ou capturés. Ils sont aussi abattus pour le commerce de leur viande. Lorsqu'ils vivent chez des particuliers en tant qu'animal de compagnie, ils sont parfois victimes de maltraitance, notamment par méconnaissance de leurs nécessités biologiques. On peut ainsi les retrouver attachés à une corde en plein soleil, dans une petite cage ou abandonnés et livrés à eux-mêmes dans des villes à l'âge adulte, où ils sont en danger. Au Cap-Vert, les singes verts sont aussi menacés par des phénomènes tels que la déforestation, l'expansion urbaine et les effets du déréglement climatique.

A défaut de données officielles, mais selon les résultats d'observations menées dans plusieurs zones d'habitat sur l'île de Santiago, l'association Santuario dos macacos de Cabo Verde a pu estimer le nombre de singes verts au Cap-Vert à 3 000. Les individus sont aussi de moins en moins nombreux au sein des groupes, entre 10 et 15 contre 20 à 30 habituellement. Pour l'association, il est donc urgent d'agir pour sauver les singes verts du Cap-Vert.

Santuario dos macacos de Cabo Verde : une association engagée pour la survie des singes verts et bien plus encore

Lutter pour la survie des singes verts au Cap-Vert, c'est leur permettre de jouer leur rôle au sein des forêts, et donc de répondre aux enjeux contemporains que sont la préservation de l'environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. L'association Santuario dos macacos de Cabo Verde travaille à cet objectif via diverses actions.

Sur l'île de Santiago, dans l'Ecolodge Morgana où elle a son siège, elle a ainsi ouvert un refuge où elle accueille 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 des singes orphelins, abandonnés ou blessés. Ce lieu est essentiel pour leur accueil temporaire et les soigner. Mais l'idée est aussi d'en faire un espace d'informations et de sensibilisation aux menaces qui pèsent sur l'espèce, en accueillant des visiteurs, d'autres associations et des groupes scolaires dans le cadre de visites guidées.

L'association vise encore plus haut, en interpellant les autorités sur la maltraitance des singes et la nécessité de respecter les lois en vigueur pour leur protection. Elle souhaite aussi partir à la rencontre des agriculteurs pour leur parler de solutions permettant de protéger leurs cultures.

A termes, l'un des objectifs de l'association est la création d'une aire protégée, une réserve qui leur offrirait un espace sécurisé pour s'épanouir et se reproduire, tout en régulant la reproduction. Santuario dos macacos de Cabo Verde pourrait également y réintroduire les singes verts accueillis au sein du refuge. La réserve serait aussi un centre d'études scientifiques sur ces primates et autres espèces. Un lieu enfin où pourrait être développés des circuits touristiques. C'est une belle opportunité d'implanter l'écoutourisme et d'accroître les ressources économiques de l'archipel. Car le singe vert, animal intelligent et très sociable, est très apprécié des voyageurs. Un bel exemple à suivre est celui de la Barbade, où la création d'une réserve visitée par 100 000 touristes par an a fait du singe vert une véritable mascotte sur place.

Les personnes intéressées par ce beau projet peuvent adhérer à l'association, faire un don ou l'intégrer pour mettre en oeuvre les activités. Partenaires et sponsors peuvent également participer au financement de Santuario dos macacos de Cabo Verde.

Plus d'informations sur le site internet de l'association Santuario dos macacos de Cabo Verde ainsi que sur la page Facebook