Coup d’œil sur le système politique

Du côté autrichien. L’Autriche est une république fédérale de type parlementaire qui fédère 9 Länder (provinces). L’une de ces 9 provinces est le Land du Tyrol, composé du nord-Tyrol et du Tyrol oriental. Le président de l’Autriche est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans renouvelable une fois. Voter lors de l’élection présidentielle est un acte citoyen qui a été rendu obligatoire. En tant que représentant de son pays en ce qui concerne les relations extérieures, le président peut conclure des traités ou des accords internationaux. Par ailleurs, c’est lui qui nomme le chancelier et les membres du gouvernement et qui fait prêter serment aux gouverneurs de provinces. Il est également le chef des armées. Depuis 2017, le président fédéral de la République d’Autriche est Alexander van der Bellen, soutenu par les écologistes. Il faut cependant signaler que le président en Autriche est nettement moins puissant que le président français et que c’est surtout le chancelier qui représente la voix politique du pays. Ce dernier est le président du gouvernement fédéral qui est composé de deux chambres, le Conseil national (qui vote les lois) et le Conseil fédéral (appelée la Chambre des provinces, qui dispose d’un droit d’opposition aux lois promulguées par le Conseil national). Aux élections législatives de septembre 2019, le parti ÖVP (Parti populaire autrichien, centre droit, chrétien-démocrate et libéral-conservateur) de Sebastian Kurz arrive en tête. Le 1er janvier 2020, un pacte est acté entre l’ÖVP, les Verts et le parti libéral centriste NEOS, formant alors un gouvernement inédit s’attachant à développer une politique centrée autour de la protection de l’environnement et de la lutte contre l’immigration… En juillet 2021, l’Autriche choisi ainsi de renforcer la surveillance de ses frontières de l’est et du sud en réponse aux afflux migratoires. A l’image du reste de l’Autriche, le Tyrol autrichien est confronté à la montée du nationalisme, la vie politique témoignant d’un repli identitaire et protectionniste. Les campagnes électorales sont en effet régulièrement axées sur l’immigration et la lutte contre le terrorisme. Soupçonné d’être impliqué dans une affaire de corruption, Sebastian Kurz démissionne le 9 octobre 2021. Karl Nehammer est désigné chef du parti ÖVP et est l’actuel chancelier depuis le 6 décembre 2021.

Du côté italien. Les provinces du Sud-Tyrol et du Trentin, où se trouvent respectivement Bolzano et Trente, constituent la région du Trentin-Haut-Adige qui bénéficie d’un statut spécial d’autonomie. Ce statut est attribué également à d’autres régions italiennes : Sicile, Sardaigne, Frioul-Vénétie Julienne et Val d’Aoste. Les provinces de Bolzano et de Trente jouissent depuis 1972 de la quasi-totalité des compétences administratives, législatives et fiscales de la région. La province de Bolzano bénéficie du statut d’autonomie le plus poussé de l’Europe. L’organisation politique de ces provinces suit celle de leurs homologues italiennes : elle sont représentées par un Conseil de la province (organe législatif) et par une Giunta (organe exécutif). Le parti politique dominant du Sud-Tyrol y est le SVP ou Südtiroler Volkspartei (Parti démocrate-chrétien de centre à centre gauche), tandis que dans le Trentin, c’est la Lega (secrétaire fédéral Matteo Salvini, parti populiste d’extrême-droite) qui a remporté la majorité des votes lors des élections de 2018. Maurizio Fugatti est élu président de la région Trentin-Haut-Adige en 2021 à la suite d’accords entre le SVP et la Lega. Au niveau national, l’Italie est une république démocratique parlementaire bicamérale se composant de la Chambre des députés (Roberto Fico, M5S, depuis 2018) et du Sénat de la République (Maria Elisabetta Alberti Casellati, Forza Italia, depuis 2018), qui exercent la fonction législative. Le pouvoir exécutif est quant à lui confié au président du Conseil des ministres (depuis 2021 Mario Draghi, économiste et banquier) qui est responsable de la politique générale du gouvernement. Le président de la République (Sergio Mattarella depuis 2015) est quant à lui élu tous les 7 ans par le Parlement. Son pouvoir consiste à représenter la Nation et il n’a en réalité que peu d’influence sur la vie politique de l’Etat, même s’il peut, après consultation de leurs présidents, dissoudre les deux chambres ou une seule d’entre elles. Tout acte du président de la République est valable uniquement s’il est contresigné par les ministres qui l’ont proposé et qui en assument la responsabilité.

Coup d’œil sur l’économie

Le Tyrol est une région européenne économiquement prospère mais la crise du Coronavirus a, comme dans le monde entier, quelque peu ébranlé cela. Ainsi, en Italie, le niveau du PIB par tête observé en 2020 (35 451 $, source OCDE) est inférieur à celui de 2009 (38 262 $). Quant à l’Autriche le PIB pour 2020 est à 49 215 $ alors qu’il s’élevait à 48 138 $ en 2009. Pour repère, on reste au-dessus de la moyenne européenne qui, pour 2020 toujours, s’élevait à 34 957 $ par habitant. En outre, selon l’Insee, le taux de chômage chez les 15-74 ans en septembre 2021 est de 5,2 % dans le Tyrol autrichien, de 9,2 % dans le Tyrol italien, ce qui reste inférieur au taux de chômage sur l’ensemble de l’Union européenne à la même période (6,7 %).

Place des industries. Grâce à sa situation centrale en Europe, le Tyrol est un carrefour commercial entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest. Cela fait maintenant quelques décennies que la crise du secteur industriel impacte durablement l’Italie du Nord et tout particulièrement le secteur automobile. On trouvera néanmoins les grosses entreprises concentrées le long des artères principales : il s’agit de la vallée de l’Inn pour la partie autrichienne (Innsbruck, Schwaz, Kufstein), des vallées de l’Isarco et de l’Adige pour la partie italienne (Trento, Bolzano, Vipiteno). La mécanique, l’industrie du bois ainsi que les filières alimentaires font partie des secteurs industriels les plus représentés. Il faut enfin évoquer les industries liées aux sports d’hiver et à la montagne, à l’instar de Leitner, l’une des principales sociétés spécialisées dans le transport par câble et dont le siège social se trouve à Vipiteno. On pourrait également citer Salewa, basée à Bolzano, qui conçoit des habits de montagne et de l’équipement d’alpinisme.

Place du tourisme. Le tourisme est devenu au fil des années l’un des piliers majeurs de l’économie tyrolienne. Pas moins de 10 millions de touristes visitent le Tyrol autrichien chaque année et près de 6 millions uniquement pour le Tyrol italien. Les voyageurs séduits par les activités liées à la montagne sont à la recherche de nature, d’authenticité et d’activités sportives : domaines skiables sublimes, sentiers de randonnée entretenus et clairement balisés, nombreux refuges bien équipés, vias ferratas, alpinisme, VTT... sans oublier le tourisme lié au vin, l’œnotourisme, qui s’est largement développé le long de la Strada del Vino au sud de Bolzano et dans le Trentin.

Place de l’agriculture. Dans le Tyrol, les fermes et les structures agricoles de type familiale ou organisées en PME sont nombreuses encore aujourd’hui, même si beaucoup ont réorienté ou simplement diversifié leurs activités vers le tourisme. Le Tyrol autrichien est réputé pour la qualité de ses élevages bovins, ovins et porcins (viande et produits laitiers). L’agriculture dans le Tyrol autrichien reste toutefois un secteur mineur, les zones agricoles autrichiennes se concentrant le long du Danube et dans l’est du pays. Dans le Tyrol italien, la culture de la pomme est assez impressionnante : dans certains endroits, on peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à côté de champs de pommiers ! Pour se donner une idée, il faut savoir qu’environ une pomme sur dix consommée dans l’Union européenne provient du Sud-Tyrol, ce qui représente près de 2 % de la production mondiale. La culture de la vigne tient également une bonne place, avec environ 14 000 hectares cultivés rien que sur territoire du Tyrol italien. Dans le Trentin-Haut-Adige, au cœur des Dolomites, plusieurs vallées produisent ainsi de nombreux crus réputés. La région est aussi grande productrice de laitages (goûtez donc les yaourts de Merano ! ) ainsi que des produits de l’aviculture. Rappelons par ailleurs que l’Italie occupe la première place européenne en matière de productions sous signes de qualité (AOP, IGP ou STG). Elle est également l’un des leaders de l’agriculture biologique dans l’UE et le premier producteur de vins à haute valeur ajoutée. Le prix du foncier reste comme souvent un frein au développement du secteur agricole et à l’installation de jeunes agriculteurs notamment. Autres freins : les coûts des structures à moderniser mais aussi l’exposition aux risques naturels : rappelons que la tempête Vaia avait ravagé en 2018 des milliers d’hectares de forêt et beaucoup de fermes, en particulier dans les Dolomites. Et ce n’est pas le dérèglement climatique qui risque d’améliorer cela !

Ressources naturelles. Du côté des ressources naturelles, on trouve principalement dans les sous-sols du Tyrol de la magnésite, du graphite et du minerai de fer. Le secteur de l’énergie renouvelable est relativement bien développé : d’immenses réserves d’eau fournissent à la région une énergie hydraulique couvrant pas moins des deux tiers de son électricité. L’exploitation des sols fertiles en agriculture traditionnelle, raisonnée mais également biologique est une autre source de revenus pour le Tyrol et l’exploitation forestière contribue à la bonne santé de l’industrie papetière.