Vue sur les Dolomites, Trentin-Haut-Adige © Creativaimage - iStockphoto.com .jpg

Tour d’horizon général

Sud-Tyrol, Nord-Tyrol, Tyrol oriental, Tyrol italien… C’est un peu compliqué au premier abord de s’y retrouver, mais patience est mère de toutes les vertus, alors allons-y ! Le centre du Tyrol s’étend sur une partie importante des Alpes orientales centrales qui correspond grosso modo à la partie sud du Nord-Tyrol, au Tyrol oriental et aussi au nord du Sud-Tyrol. Les Alpes orientales centrales comprennent également les Alpes des Grisons en Suisse, le reste des Alpes autrichiennes, ainsi que les Alpes de Lombardie en Italie. Il s’agit de massifs constitués principalement de roches de type gneiss, ardoise et granit. D’ouest en est s’étendent les massifs de l’Ötztal, du Stubai (Tyrol du Nord et Tyrol du Sud), Sarntal (Tyrol du Sud), Tux, Kitzbühel (Tyrol du Nord), Zillertal (Tyrol du Nord et Tyrol du Sud), et Hohe Tauern (Tyrol du Sud et Tyrol oriental). Ces massifs alpins sont séparés par de larges vallées en U (où il fait en général un peu plus froid que dans vallées en V). Comme partout dans les Alpes, c’est dans les vallées qu’ont fleuri les civilisations urbaines, et c’est aussi là bien sûr qu’il y a les zones les plus habitées. On peut citer notamment la vallée de l’Inn où se trouve Innsbruck, la capitale du Tyrol autrichien, et la vallée du Haut-Adige côté italien où se situe la ville de Bozen-Bolzano. De part et d’autre des Alpes orientales centrales s’élèvent les Préalpes orientales, constituées de roches sédimentaires, principalement de type grès. En Autriche, le nord de la vallée de l’Inn (c’est-à-dire le nord du Nord-Tyrol) fait partie des Préalpes orientales septentrionales. Y sont répartis d’ouest en est les massifs du Lechtal, de l’Allgäu et de l’Ammergau (région de Reutte qu’on appelle aussi l’Ausserfern), du Karwendel, du Brandenberg, de l’Empereur et du Lofer. En Italie, le sud du Sud-Tyrol et le Trentin s’étendent sur les Préalpes orientales méridionales, avec les massifs de Non, de Fiemme, des Dolomites ainsi qu’une partie des Préalpes vicentines. La région du Trentin-Haut-Adige abrite les rives nord du grand lac de Garde, le plus vaste d’Italie avec une superficie de 370 km2.

Le Nord-Tyrol (ou Tyrol du Nord) s’étend sur 10 627 km2 de part et d’autre de la vallée de l’Inn et sur plusieurs vallées affluentes. A l’est d’Innsbruck, la capitale tyrolienne, s’étend l’Unterland (le « pays du dessous »), avec les districts de Schwaz, Kufstein et Kitzbühel. Contrairement à ce qu’indique son nom, l’Unterland est plutôt très en altitude, car il compte parmi les plus grandes stations de ski du pays et possède de nombreux glaciers et sommets qui culminent à plus de 3 000 mètres. A l’ouest d’Innsbruck s’étend l’Oberland (le « haut-pays »), avec les districts d’Imst et de Landeck. Enfin, au nord-ouest du Land se trouve l’Ausserfern qui correspond au district de Reutte, un peu singulier par sa langue et sa culture, plus tourné vers le monde souabe (région historique du sud-ouest de l’Allemagne) que tyrolien.

Le Tyrol oriental est une exclave du Land autrichien du Tyrol. Elle occupe la partie autrichienne du sud de la ligne des Alpes centrales et il s’agit d’un petit territoire montagneux de 2 019 km2 qui correspond à un seul district : celui de Lienz, 12 000 habitants. Les autres villes importantes sont Sillian (2 000 habitants) et Mattrei (5 000 habitants). Les zones les plus habitées sont les vallées de la Drave (affluent du Danube comme l’Inn), de l’Isel son affluent, du Puster et du Defereggen. Le Tyrol oriental s’étend sur les massifs des Alpes carinthiennes et des Hohe Tauern, dont le point culminant est le Grossglockner (3 798 m).

Le Trentin-Haut-Adige. Il est aussi appelé Trentin-Tyrol du Sud, en italien Trentino-Alto Adige et en allemand Trentino-Südtirol, ce qui participe à la possible confusion générale. Etendue sur 13 600 km2, cette région autonome d’Italie se divise aujourd’hui en 15 districts communautaires et compte plus d’un million d’habitants. Le Trentin-Haut-Adige se divise en deux provinces dites autonomes, parce qu’elles sont les seules en Italie à être dotées du pouvoir législatif. Bien qu’italiens, la plupart des habitants sont complètement bilingues et une partie d’entre eux parle surtout allemand, car cette région était autrefois autrichienne (donc germanophone) jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Cela laisse évidemment beaucoup de traces, d’autant plus que la situation géopolitique et linguistique n’a jamais été simple.

Les deux provinces sont les suivantes :

La province de Bozen-Bolzano (aussi appelée Haut-Adige, Tyrol du Sud ou Sud-Tyrol) est majoritairement germanophone (dialecte allemand, le Südtirolerisch) mais avec tout de même environ un quart de la population qui est italophone et une petite minorité qui parle  encore le ladin. A l’ouest, on trouve le Vinschgau (capitale : Schlanders-Silandro), puis le Burggrafenamt (Meran-Merano). Dans le centre s’étendent du nord au sud le Wipptal (Sterzing-Vipiteno), l’Eisacktal (Brixen-Bressanone), le Salten-Schlern (dont le siège de la communauté est à Bozen-Bolzano), Bozen-Bolzano et l’Überetsch-Unterland (Neumarkt-Egna). A l’est se trouve le grand Pustertal (Bruneck-Brunico).

La province de Trente (Trentino), majoritairement italophone, dont voici les 11 provinces historiques : à l’est le Ladino di Fassa, le Primiero et le Val di Fiemme dans les Dolomites, le Valsugana e Tesino dans la vallée du Brenta. Au centre, l’Alta Valsugana, le Val d’Adige (avec la ville de Trente) et le Val de Non. A l’ouest, le Val de Sole, la Vallée Giudicarie et l’Alto Garda e Ledro, sur la côte du lac de Garde. Quelques îlots linguistiques allemands et une minorité qui parle ladin dans le Val di Fassa.

Une région, deux Etats, deux pays, quatre territoires

Voyager dans le Tyrol, c’est aussi expérimenter les hasards de l’histoire, aller à la rencontre de l’évolution de plusieurs territoires issus de la même province qui ont connu des parcours différents. Le Nord-Tyrol (partie principale du Land Tyrol, Etat fédéré de l’Autriche) est le point central de l’identité tyrolienne en Autriche. Innsbruck ressemble à une petite capitale qui regroupe plusieurs particularités culturelles et identitaires fortes. Le Tyrol oriental appartient au même Land que le Nord-Tyrol mais en est séparé géographiquement. Il s’agit d’un territoire montagneux restreint, paradis du ski et de l’alpinisme. On ne manquera pas de se rendre dans le superbe parc national des Hohe Tauern. Quant au Sud-Tyrol (ou Haut-Adige), il a été attribué à l’Italie après la défaite autrichienne lors de la Première Guerre mondiale. On peut y percevoir parfois une orientation identitaire plus germanique qu’italienne, en réponse à l’« italianisation » forcée de l’après-guerre. Ses habitants jouissent d’un statut protégé de minorité ethnique et la pratique généralisée de la langue allemande fait parfois oublier que l’on se trouve dans une région italienne. En revanche, dans le Trentin qui est associé à la même région administrative que le Haut-Adige, la culture latine italienne est plus présente et contraste avec la région germanique. Ceci s’explique en grande partie parce que le Trentin, région italienne d’origine, fut longtemps autrichienne avant d’être à nouveau réunie à l’Italie. Ainsi, pour mieux appréhender une Europe centrale où les cultures germanique et latine se rencontrent au cœur des Alpes, rien de tel qu’un circuit dans « les » Tyrols d’Autriche et d’Italie, du Nord, de l’Est et du Sud. La création de l’Eurorégion Tyrol-Haut-Adige-Trentin, initiative européenne de coopération territoriale, est le signe qu’en Europe ces territoires multiculturels, et anciennement sources de tensions, sont aujourd’hui au centre de l’intégration européenne.