Xe siècle – 1528

La découverte de Rodrigues

Tout comme Maurice, Rodrigues a probable­ment été visitée par les navigateurs arabes au Xe siècle. Les premiers Européens à découvrir l’île sont les Portugais. Diego Rodriguez y aborde le premier en 1528 et lui donne son nom. Aucune installation sur l’île.

XVIe siècle – 1690

De vaines tentatives et colonisation hollandaise

Rodrigues est redécouverte par les navigateurs hollandais au début du XVIIe siècle. En 1601, l’amiral Wolphart Harman est le premier à s’y arrêter. Il y reste 4 jours à la recherche d’eau potable, sans succès. Rodrigues reçoit ensuite la visite de plusieurs navigateurs européens qui n’y séjournent pas plus longtemps. En 1644, la Compagnie des Indes néerlan­daises envoie une flottille pour recenser les possibilités d’exploitation du bois d’ébène. Un petit groupe y séjourne 3 mois avant de regagner Maurice, bredouille. C’est lors de la seconde tentative de colonisation de Maurice par les Hollandais (1644-1710) que Rodrigues est pour la première fois habitée durablement.

1691-1693

François Leguat et les protestants français

Plusieurs huguenots français, réfugiés en Hollande après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, décident de fonder une communauté protestante dans une île isolée du bout du monde. Leur choix se porte sur Rodrigues, où François Leguat et ses sept compagnons huguenots abordent le 30 avril 1691. Ils vivent 2 ans dans un campement de bois avant de quitter l’île.

1725 – 1807

Période française

Après le passage des huguenots, Rodrigues demeure déserte jusqu’à l’arrivée des Français. La première tentative de colonisation française est un échec, mais permet tout de même à Tafforet d’écrire un très bel ouvrage sur son séjour : Relation de l’Isle Rodrigues.

Il faut attendre l’arrivée en 1735 de François Mahé de La Bourdonnais pour que Rodrigues prenne son premier essor. Le développement fulgurant de l’Isle de France (Maurice) nécessitant toujours plus de nourriture, les administrateurs décident d’exploiter la viande des tortues géantes de Rodrigues. Le massacre des carapacées se poursuit jusqu’à leur disparition complète vers 1795. Après l’extinction des tortues, quelques conces­sions sont données aux premiers colons qui veulent rester pour cultiver un peu de maïs et faire de l’élevage. D’autres colons, menés par Philibert Maragon, les rejoignent de la Réunion et de Madagascar, pour développer la culture de la patate douce, du manioc, du riz, ainsi que l’élevage de poulets, dindons et porcs. Ces premiers occupants français bénéficient de l’intense traite des esclaves en cours à cette époque et accueillent les ancêtres de la population actuelle de l’île.

XIXe siècle

Colonisation anglaise

Le 27 décembre 1807, Rodrigues est prise par les Anglais. A leur arrivée, Rodrigues compte 22 colons et 82 esclaves, tous francophones et attachés à leur culture. La population augmente, notamment à la suite de l’envoi sur l’île d’esclaves africains libérés par les Anglais. La population passe ainsi à plus de 200 personnes en 1825.

Au cours du XIXe siècle, les Anglais investissent très peu dans le développement de Rodrigues qu’ils cantonnent au rôle de grenier de l’île Maurice. Une liaison maritime régulière est établie pour transporter vers Maurice les denrées produites à Rodrigues : poisson salé, bétail, volaille, maïs, manioc et haricots. L’île demeure peuplée pour une écrasante majorité de descendants d’esclaves africains, tous catholiques, et ne compte que 3 300 habitants en 1901.

1901-1950

Un lent développement autour de l’état

Le début du XXe siècle n’est marqué à Rodrigues par aucun événement ou changement majeur. Quelques progrès techniques ont cours comme l’ouverture, en septembre 1901, d’une station de communication par câble et la construction, de 1925 à 1930, de la première route reliant Port Mathurin à Saint-Gabriel. Comme l’Etat possède 90 % des terres, les Rodriguais doivent se cantonner aux petites parcelles concédées et ne peuvent pas développer de grandes exploitations agricoles modernes.

La Seconde Guerre mondiale est plus marquante. Par crainte d’une attaque japonaise, les Anglais envoient des troupes à Rodrigues pour protéger l’île et sa station de communication par câble. L’île n’est jamais attaquée, mais subit de sérieux rationnements. Sur le plan économique, les soldes des soldats anglais et rodriguais font entrer dans l’île une quantité importante de devises. A la fin de la guerre, Port Mathurin a déjà des allures de petit bourg et la population de Rodrigues s’élève à 11 885 habitants. Après la guerre, les autorités concentrent tous leurs efforts sur Maurice, alors que Rodrigues est pratiquement oubliée dans les plans de développement économique et social.

L’île subit de nombreux cyclones qui détruisent les cultures et les habitations. Pour faire face à la pauvreté, il est décidé d’embaucher les laissés-pour-compte dans l’administration. Cette aide indirecte à la popula­tion entraîne une « rodriganisation » positive de l’administra­tion.

1950-1968

Aménagements et surpopulation

À partir des années 1950, l’Etat consent à quelques initiatives de développement, de petite envergure en comparaison de celles mises en oeuvre à Maurice à la même époque. En 1949, afin de remplacer le Zambézia (bateau à vapeur qui dessert l’île) par un nouveau navire de 2 200 tonneaux, le Mauritius, on drague la rade et agrandit les quais. Et en 1959, l’hôpital Queen Elizabeth, le premier de l’île, ouvre ses portes. La première liaison aérienne du 10 septembre 1972 est un événement de taille pour les Rodriguais.

Mais la principale initiative de développement de la seconde moitié du XXe siècle est sans doute le programme de terrassement des terres agricoles réalisé de 1955 à 1968 par l’agronome anglais Philip Hotchin. Malgré ces efforts en faveur de l’agriculture, Rodrigues cesse rapidement d’être le grenier de Maurice, pour se contenter de subvenir péniblement à ses propres besoins. L’île est alors victime d’un mal qui la ronge depuis le début du siècle : la surpopulation. Avec un taux de croissance naturelle atteignant 3,45 % dans les années 1960, la population de l’île atteint 34 828 habitants en 1995. Malgré un ralentissement de la croissance démographique depuis les années 1980 et une importante émigration vers Maurice, l’île reste surpeu­plée par rapport à ses ressources naturelles, en eau potable notamment.

1968-2003

L’indépendance de Rodrigues

Si les initiatives économiques de la seconde moitié du XXe siècle n’ont guère marqué Rodrigues, il n’en va pas de même des événements politiques. Foncièrement contre l’indépendance et pour la domination anglaise plutôt que hindoue, l’île n’a eu de cesse de se battre pour diminuer sa dépendance à Maurice et gagner en autonomie. Bataille gagnée en 2003 grâce à la mise en place de l’Assemblée régionale rodriguaise qui, depuis, dirige le « pays ».

Depuis 2014

Rodrigues, île durable

Depuis le début des années 2000, Rodrigues a décidé de devenir une île 100% écologique. Ainsi, Rodrigues a banni l’usage des sacs plastiques sur une île où il est quand même plus agréable de faire ses courses avec un cabas tressé en vacoas local. Une initiative qui se poursuit avec l’interdiction des assiettes et couverts en plastique, ainsi qu’une plus grande sensibilisation des jeunes à l’environnement. Le gouvernement régional veut faire de Rodrigues une « île-jardin ».