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Des légendes de la littérature

Depuis toujours, littérature et Côte-d’Or sont intimement liés. Quelques illustres noms ont en effet marqué l’histoire du département. Comme Marie de Rabutin-Chantal, plus connue sous le nom de Madame de Sévigné (1626-1696). La célèbre marquise est née à Paris, mais possédait ici de solides liens : sa grand-mère, sainte Jeanne de Chantal, fondatrice avec saint François de Sales de l’ordre de la Visitation, était dijonnaise. La correspondance de Madame de Sévigné relate quelques séjours dans la région, notamment au « vieux château » et dans ses alentours, à savoir au château de Bourbilly, près de Semur-en-Auxois. Une partie de sa correspondance s’adresse à son cousin, Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), longtemps exilé en son château de Bussy-le-Grand. Sulfureux, l’écrivain était un libertin revendiqué, ce qui lui valut plusieurs bannissements de la cour royale. Particulièrement lorsqu’il raconta avec menus détails l’orgie à laquelle il participa durant la semaine sainte. Renvoyé dans son magnifique château de haute Côte-d’Or, il y recréa son univers grâce à de multiples portraits qu’on peut aujourd’hui découvrir en visitant l’édifice qui porte son nom : des portraits d’hommes de guerre dans l’antichambre, de femmes de la cour dans la chambre, d'hommes d’Etat dans le salon de la Tour dorée, de rois et de ducs de Bourgogne dans la galerie qui conduit à la chapelle. Bussy-Rabutin fut aussi le contemporain du célèbre Bossuet (1627-1704), bien connu pour ses oraisons funèbres. Natif de Dijon, l’homme d’église grandit dans une famille de magistrats ; son père était le doyen des conseillers au Parlement de la ville. A la même époque, l’auteur de théâtre Prosper Jolyot de Crébillon (père de Crébillon fils) est né lui aussi à Dijon, en 1674. Sans doute a-t-il connu un autre côte-d’orien passé à la postérité : Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788). Naturaliste, grand propriétaire terrien, maître de forges, architecte et bâtisseur, Buffon est né à Montbard et y restera toujours attaché, partageant sa vie entre sa ville natale et Paris où il sera nommé Intendant du Jardin du Roy (le futur Jardin des Plantes). A Montbard, on peut aujourd’hui visiter son ancienne demeure, là où il écrivit une grande partie des 36 volumes de son Histoire naturelle qui influença nombre de naturalistes, de Darwin à Lamarck. En 1745, Buffon nommera Louis-Jean-Marie Daubenton (lui aussi natif de Montbard) au titre de « Garde et démonstrateur du Cabinet d’Histoire Naturelle ». Daubenton deviendra alors le 1er directeur du Muséum d’Histoire naturelle de Paris en 1793.

Au XXe siècle aussi…

Oublié depuis plus de 50 ans, Jacques Copeau (1879-1949) fut toutefois une personnalité majeure du monde du théâtre de la première partie du XXe siècle. Critique pour plusieurs journaux parisiens, il participe avec André Gide à la création de La Nouvelle Revue Française en 1908, puis fonde le Théâtre du Vieux Colombier, avant de monter une école d'art dramatique. En octobre 1924, Copeau et sa troupe quittent Paris pour s’établir au Château de Morteuil, à Merceuil, près de Beaune. Plus tard, c’est à Pernand-Vergelesses que Copeau et sa troupe finissent par s’installer. Ils y jouent leurs pièces ainsi que sur les places des villages aux alentours. Totalement intégrés à la vie du coin, les comédiens participent même aux travaux agricoles et viticoles ! C’est là aussi que Copeau écrira Le Théâtre populaire (1941), un essai qui influença la conception théâtrale du grand Jean Vilar, fondateur du Festival d’Avignon et directeur du mythique Théâtre National Populaire (TNP). Jacques Copeau meurt aux Hospices de Beaune en octobre 1949. Il est enterré au cimetière de Pernand-Vergelesses et, ses côtés, repose le chanteur et auteur Graeme Allwright (1926-2020), son petit-fils par alliance.

Mais s’il est un écrivain qui aura profondément marqué la région, se révélant même comme un véritable ambassadeur de ses traditions et de son histoire, c’est bien le Dijonnais Henri Vincenot (1912-1985). Rédigés dans une langue truculente, ses deux romans les plus fameux (La Billebaude et Le Pape des escargots) sont imprégnés des paysages bourguignons, mais aussi de ses accents. A la fin de sa vie, c’est dans le village où il aimait passer ses vacances, à Commarin où vivaient ses grands-parents, qu’il choisit de s’installer. Toutefois, sa vie entière il la passa à rebâtir un hameau en ruines découvert par hasard lors d’une partie de chasse avec son grand-père (La Pourrie, à Saint-Victor-sur-Ouche). C’est là, dans ce lieu-dit qu’il a racheté, qu’il repose désormais.

Dijon inspire les écrivains du monde entier

Le saviez-vous ? Dijon a souvent servi de décor aux plus grands auteurs. Dans le monde entier ! Citons par exemple l’Américain Henry Miller : dans Tropique du Cancer, paru en 1934, il évoque Dijon (et sa moutarde !). Il faut dire que 3 ans auparavant, il avait été un furtif professeur d’anglais au Lycée Carnot de la ville. Dans sa grande saga Les Rois Maudits (parue entre 1955 et 1977), Maurice Druon évoquait longuement la création – à la veille de la Guerre de Cent ans – de l’état bourguignon avec Dijon pour capitale. Dans Clarissa, – son roman inachevé retrouvé dans ses archives en 1981 et publié 9 ans plus tard – l’Autrichien Stefan Zweig faisait d’un professeur dans un lycée de Dijon l’un de ses personnages. Tout comme Michel Houellebecq dans Les Particules élémentaires (1998). Enfin, comment ne pas évoquer Hermione Granger ? Sous la plume de J.K. Rowlings, la meilleure amie d’Harry Potter racontait au héros (dans Harry Potter, l’ordre du Phénix, paru en 2003) ses vacances à Dijon !

Petits et grands salons

Partout en Côte d’Or de nombreux rendez-vous mettent à l’honneur la littérature. Parmi eux, figure l’incontournable « Livres en vignes ». Chaque année, le dernier week-end de septembre, une centaine d’écrivains se réunissent au château du Clos de Vougeot, près de Beaune, au cœur du vignoble. Avec des dédicaces, des conférences, et bien sûr des dégustations de grands vins. Mais citons aussi « Clameur(s) », un cycle de rencontres mis en œuvre par des bibliothécaires dijonnais. Ou encore, à la mi-novembre, « Crocmilllivre », un salon du livre jeunesse organisé par les libraires Granger et Autrement dit.