iStock-464131139.jpg

Des artistes profondément ancrés dans le territoire

Si la scène musicale occupe une large place dans le cœur des Bourguignons, c’est sans aucun doute parce que celle-ci est, depuis des siècles, ancrée dans le patrimoine régional autant que dans ses traditions. Au XVe siècle déjà, les ducs de Bourgogne Philippe Le Bon et Charles le Téméraire veillaient aux destinées de l’Ecole Bourguignonne, un groupe de compositeurs qui rompirent avec les traditions de la musique médiévale et posèrent les prémices de l’Ecole franco-flamande qui se développa ensuite dans les Pays-Bas bourguignons avant de se répandre dans toute l’Europe. 200 ans plus tard, l’immense Jean-Philippe Rameau (1683-1764) est né et a grandi à Dijon avant d’y diriger un temps les orgues de la collégiale Saint-Etienne. Une statue érigée en 1880 lui rend aujourd’hui hommage, face au Conservatoire de musique de Dijon.

Les siècles ont passé, et les liens entre les artistes et leur région sont toujours aussi vifs. Ainsi, l’artiste emblématique de Dijon (et de la Bourgogne toute entière !) s’appelle désormais Yves Jamait. Né en 1961, il attendra 2003 pour sortir son premier album. Grâce au soutien du célèbre animateur de France Inter Jean-Louis Foulquier, et de Patrick Sébastien qui l’a produit ensuite, Yves Jamait s’est rapidement fait un nom. Aujourd’hui devenu incontournable, il remplit régulièrement le Zénith de Dijon ainsi que toutes les salles de la région où il se produit très souvent. Sans jamais oublier de déclarer sa flamme à sa ville, notamment avec sa chanson « Dijon la bourgeoise » : « Je te salue, ma vieille Dijon, ô maîtresse burgonde. / Je te salue, ma vieille Dijon. / Et nulle part au monde, je n'aurais voulu naître ». Si la Saône-et-Loire peut s’enorgueillir d’avoir vu naître Florent Pagny (près de Chalon), la Nièvre est également un vivier d’artistes. A l’image de la Poyaudine Elodie Frégé. L’ex-gagnante de la « Star Academy » est née à Cosne-sur-Loire en 1982, et a passé une partie de son enfance à Treigny (dans l’Yonne) avant de partir pour le village d’à côté, Saint-Sauveur-en-Puisaye. Régulièrement dans ses interviews, elle se souvient avoir vécu là comme « dans un cocon, dans une clairière, déconnectée des réalités ». Le chanteur et romancier Joseph d’Anvers a, quant à lui, passé sa jeunesse à Marzy, puis à Nevers où il est né en 1976. Il y intègre le lycée Alain Colas (du nom du navigateur natif de Clamecy, disparu en mer en 1978 et à propos duquel Alain Chamfort composa « Manureva » avec Serge Gainsbourg). Dans les années 2000, Joseph d’Anvers part pour Paris, travaille notamment avec Alain Bashung, mais il demeure fidèle à sa ville. C’est lui qui signe l’hymne du club de rugby de Nevers, l’USON : « Nevers, Nevers / Tes hommes sont prêts au combat / Nevers, Nevers / Nous sommes prêts à mourir pour toi »

Sur les traces des légendes bourguignonnes…

C’est aussi dans le Morvan nivernais que vous pourrez partir sur les traces de l’une des légendes de la chanson française. La pianiste et compositrice Marguerite Monnot est née à Decize en 1903, auprès d’un père organiste de l'église Saint-Aré. Vous ne la connaissez pas ? De fait, elle est toujours restée dans l’ombre. Mais lisez plutôt… Véritable génie, à 8 ans Marguerite donne déjà des concerts, et suscite les éloges du grand Camille Saint-Saëns. Après avoir refusé de faire partie des musiciennes officielles de la cour d'Espagne, elle quitte Decize, entre au Conservatoire de Paris, puis entame une tournée en Europe. Jusqu’à sa découverte de la chanson. Parmi celles qu’elle compose pour Edith Piaf, figurent « Les Amants d’un jour », « Mon Légionnaire », « La vie en rose », « L’Hymne à l’amour », « Milord »… Rien que ça ! Lorsqu’au bout de 25 ans Piaf rompt leur collaboration du jour au lendemain, Marguerite Monnot revient à Decize où elle meurt en 1961. Elle y est inhumée et, là-bas, une rue porte son nom.

Marguerite Monnot n’aura donc jamais connu une autre légende bourguignonne, France Gall. Pas un Auxerrois ni un Poyaudin de souche qui puisse ignorer le profond attachement de la famille Gall pour la région ! Sa mère Cécile Berthier est née à Auxerre. Son père Robert Gall (le parolier de « La Mamma » pour Charles Aznavour, et de « Sacré Charlemagne pour sa fille) a grandi à Saint-Fargeau. Quant à son oncle, le compositeur et organiste auxerrois Jacques Berthier, il est célèbre pour sa contribution aux chants liturgiques de la Communauté monastique de Taizé (Saône-et-Loire). Certes, France est née à Paris, mais tous se retrouvent souvent dans la grande maison familiale de Pourrain, en Puisaye. Et quand elle se lance dans la chanson, c’est à Auxerre, au pied de la cathédrale, dans l’atelier de son cousin le peintre et sculpteur François Brochet (dont les statues de Marie Noël et de Cadet Roussel ornent le centre historique) qu’elle donne son premier concert. Plus tard, lorsqu’elle rencontre un jeune chanteur en vogue, un certain Julien Clerc, ils choisissent de s’installer près de Pourrain, à Parly, où ils rénovent une vieille bâtisse, « La Métairie Bruyère » devenue depuis un centre d’art graphique que vous pouvez désormais visiter. Ensuite, quand la romance tourne court, Julien s’installe quelques années au Château des Gouttes, à Saint-Sauveur-en Puisaye. France, elle, gardera longtemps la demeure familiale de Pourrain. Aujourd’hui, le Domaine de l’Ocrerie est une superbe maison d’hôtes, qu’on vous recommande !

Des scènes particulièrement vivantes

Ici, on l’a déjà dit, musique et arts vivants ont de tout temps occupé une large place. Scènes nationales ou régionales, salles privées ou publiques, dans les villes comme dans les campagnes, de très nombreux lieux de spectacle et d’expression artistique existent donc. Impossible de les citer tous. Mais, outre les deux géants (le Zénith de Dijon, et Le Spot, au Parc des expositions de Mâcon) qui chacun peut accueillir plus de 5 000 personnes, n’hésitez pas à faire une halte au beau Théâtre Dijon Bourgogne (Centre Dramatique National) qui toute l’année offre une superbe programmation. Coup de cœur aussi pour La Lanterne Magique, à Beaune. Une salle unique en son genre puisqu’elle abritait il y a plus d’un siècle les célèbres caves de négoce Calvet. Entre boiseries et pierres apparentes, La Lanterne Magique s’est imposée comme un lieu incontournable de la ville qui accueille tout au long de l’année de nombreux spectacles, mais aussi des festivals tels que Beaune Vibrations ou Beaune Blues Boogie. Du côté de la Saône-et-Loire, citons le Parc des expositions, la scène nationale L'Espace des arts et la salle rock La Péniche à Chalon-sur-Saône. Et à Montceau-les-Mines, la colorée L’Embarcadère et ses 900 places. Sans oublier, bien sûr, l’Abbaye de Cluny qui accueille très régulièrement des concerts. Dans la Nièvre, on peut évoquer le Théâtre municipal de Nevers ainsi que la très active Maison de la Culture, mais c’est vers Guérigny que nos regards se tournent. Au cœur d’un beau site historique, le Théâtre des Forges Royales accueille concerts, expositions, et spectacles de danse tout au long de l’année. Enfin, dans l’Yonne, Auxerre dispose de sa scène conventionnée, Le Théâtre, mais aussi d’une dynamique salle rock-jazz (« Le Silex ») et du Skeneteau (à Monéteau) qui propose pièces de théâtre, concerts, spectacles pour enfants et one (wo)men shows. Le Théâtre municipal de Sens bénéficie aussi d’une belle réputation, mais c’est à Migennes que se situe l’une des salles icaunaises les plus chargées de souvenirs. Créée en 1950 au bord du Canal de Bourgogne, elle a accueilli en son temps des artistes débutants qui ont ensuite fait parler d’eux : Johnny Hallyday, Jacques Brel et Charles Aznavour, par exemple. Depuis, on la surnomme le « petit Olympia » !

Des festivals en toutes saisons ou presque !

Comme partout en France, chaque été – et tout au long de l’année – la Bourgogne fourmille de festivals consacrés aux arts vivants. Toutes les plus grandes villes de la région en proposent, et même souvent plusieurs au cours des saisons. Les petites agglomérations et villages aussi. Ainsi, de la mi-juin à la fin octobre se tient depuis 24 ans le Festivallon. Autour du marché couvert d’Avallon (Yonne), mais aussi dans des bars, des restaurants, et autres lieux atypiques du Pays avallonnais, une cinquantaine de concerts sont organisés par ce festival qui compte parmi les plus longs de France. Non loin, citons les Rencontres musicales de Noyers-sur-Serein et du Tonnerrois. C'est justement à Tonnerre que Lambert Wilson a lancé en 2021 le festival Les Millésimes de Tonnerre consacré à la musique classique. Plus au sud, chaque été à la mi-juillet, Les Nuits Bressanes animent la Bresse, et plus particulièrement Louhans (Saône-et-Loire). Tout près, le Festival Musicales en Côte Chalonnaise se tient le dernier week-end d’août. Au programme, de la musique de chambre, avec des concerts donnés dans les églises des villages et les caveaux viticoles autour de Buxy. C’est aussi dans cette région que se tient, depuis 2017, le festival Idylle. Créé avec le soutien de la Région Bourgogne-Franche-Comté, il est l’occasion (à la mi-octobre, et pendant 3 semaines) de voir des artistes du cru s’inviter dans les villages de Saône-et-Loire (et du Doubs voisin) avec, au programme, théâtre, concerts et expositions. L’itinérance, c’est aussi ce que propose le Festival en Othe. Au cœur du pays d’Othe (entre Champagne et Bourgogne), arts et musiques sont proposés par le biais de concerts, mais aussi d’un cabaret itinérant qui sillonne les villes et villages des deux régions. Des groupes locaux, mais pas seulement puisque depuis plus de 30 ans, à Saint-Florentin, à L’Escale de Migennes ou à Brienon-sur-Armançon notamment, des artistes comme Jacques Higelin, Emir Kusturica, Diam’s, Tryo ou encore Bénabar sont passés par là ! Mieux, les organisateurs proposent en même temps Festi’Coccinelle à l’attention du jeune public.