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Des vins millénaires

Si, en Bourgogne, l’origine de la vigne est ancienne, la date de son apparition demeure floue. Il faut très probablement remonter bien plus loin, toutefois le texte le plus ancien attestant la présence de la vigne et du vin en Bourgogne remonte à 312 : Eumène – le président de l’université d’Augustodunum (Autun) – y décrit le vignoble beaunois. Un peu plus tard, aristocrates et communautés religieuses représentent la majeure partie des propriétaires de vignobles. Ainsi, c’est à l’activité des moines bénédictins et cisterciens qu’est lié le véritable essor du vin d’ici. Dans un souci de perfection, ceux-ci étudient tout ce qui peut contribuer à son amélioration : taille, boutures, greffages, méthodes de vinification, construction de caveaux… Leur plus grande contribution se trouve cependant dans la création des « climats » : en les imaginant, les moines offrent alors aux vins de Bourgogne leur identité. Servis à la table des papes et des rois, ils deviennent synonymes d’hospitalité et de prestige. A la fin du XIVe siècle, la cour des Ducs apprécie elle aussi les vins de la région, appelés à l’époque « vins de Beaune » ; elle participe donc à promouvoir leur renommée qui s’étend désormais au monde entier. Au XVIIIe, le négoce s’organise. L’élevage des vins s’effectue en fûts neufs, et la bouteille apparaît ainsi que le vocabulaire de la dégustation : robe, arômes, goût… A l’époque, le vin de Champagne est le seul rival des vins de Bourgogne. Jusqu’à ce que le médecin de Louis XIV, Fagon, rédige une ordonnance prescrivant à son royal patient « le vin vieux de Bourgogne » comme un vin de régime très salutaire pour la santé. Aussitôt la Cour boit donc du bourgogne... et délaisse le champagne ! Quant à Napoléon, il n’admettra que le chambertin à sa table, suivant lui aussi les conseils de ses médecins… De nos jours, le vignoble bourguignon s’étend sur près de 300 km, de Joigny dans l’Yonne à Mâcon en Saône-et-Loire. Il se découpe en 5 grandes régions de production (auxquelles s’ajoutent les vignobles de Pouilly-sur-Loire et de Pouilly-Fumé, dans la Nièvre), dispose d’une centaine d’appellations AOC différentes, et s’appuie sur 5 cépages : pinot noir, gamay, chardonnay, aligoté et sauvignon.

La Côte-d’or : un trésor viticole

La Côte des vins est sans doute l’un des vignobles les plus célèbres au monde : une grande bande géographique longue de 50 km, avec une taille de guêpe puisqu’on mesure parfois moins de 300 mètres de largeur d’un point à un autre. Située entre Chenôve et Santenay, elle est recouverte de vignes sur quasiment toute sa longueur, et seules quelques villes comme Beaune et Nuits-Saint-Georges émergent de cette mer végétale. Ici, ce sont 2 200 maisons qui cultivent plus de 9 000 ha de terres, toutes en AOC. La production annuelle est comprise entre 350 000 et 460 000 hectolitres, les 3/4 en rouge. Parlons aussi de la prestigieuse Côte de Nuits. Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, Vougeot, Vosne-Romanée ou Nuits-Saint-Georges, la quasi-totalité des grands crus bourguignons sont abrités là. Sur 2 500 ha ce sont 15 millions de bouteilles, à 90 % rouge, qui sont produites tous les ans. La Côte de Beaune s’étend, quant à elle, de Ladoix-Serrigny au nord jusqu'aux coteaux de Maranges au sud (ces derniers n’appartiennent d’ailleurs pas à la Côte-d’Or, mais à la Saône-et-Loire). Ses 4 800 ha de vignobles offrent plus de 25 millions de bouteilles par an. Certains la surnomment « les Champs-Elysées de la Bourgogne ». Et pour cause, les grands noms y défilent aussi : Chassagne-Montrachet, Meursault, Pommard, Santenay… Comme leur nom l’indique, les Hautes-Côtes surplombent la célèbre côte des vins et se présentent sur une quarantaine de kilomètres de long. Les altitudes y varient de 300 à 640 mètres. Notons aussi les vins de l’Auxois qui, pendant des siècles, ont habité les caves les plus prestigieuses, notamment celles de Versailles. Quant aux vins du Châtillonnais, la crise du phylloxéra au milieu du XIXe siècle les a largement impactés. Mais la culture n’est pas abandonnée pour autant : une soixantaine de viticulteurs répartis dans une vingtaine de communes sont concernés. Et c’est désormais le crémant qui joue les vedettes !

La Saône-et-Loire, première productrice de la région

Le département situé le plus au sud compte 13 000 hectares de vignes en AOC. Parmi les plus célèbres, le Mâconnais bien sûr qui produit essentiellement des vins blancs. La partie la plus étendue, au nord de la petite Grosne, est le domaine des mâcon-villages et des mâcon supérieurs, dont les plus appréciés sont ceux de Lugny et de Viré. Au sud de la petite Grosne se trouvent aussi 4 grands crus blancs : le pouilly-fuissé, le pouilly-vinzelles, le pouilly-loché et le saint-véran. Les vins du Pays du Couchois s’étendent, eux, entre Couches, Dracy-lès-Couches, Saint-Sernin-du-Plain, Saint-Jean-de-Trézy et Saint-Pierre-de-Varennes. On y produit en majorité des vins rouges d’appellation régionale (bourgogne rouge et bourgogne passe-tout-grain). La Côte Chalonnaise comporte 5 appellations Village, dont les fameux Mercurey et Givry. Enfin, le sud de l’Arlois propose 3 des 10 grands crus du beaujolais qui vient empiéter sur la Saône-et-Loire : le saint-amour, le moulin-à-vent et le chénas.

Dans l’Yonne, les vins de Chablis voisinent notamment avec ceux de l’Auxerrois

Impossible d’évoquer le vignoble icaunais sans parler des vins de Chablis qui disposent du vin blanc le plus célèbre au monde. L’Yonne fut autrefois l’un des plus grands producteurs de vins de France. Le vignoble couvrait alors 40 000 ha, et la proximité de la rivière Yonne et du canal du Nivernais permettait une commercialisation facile, surtout vers la proche Paris. Mais la prospérité du vignoble connut un arrêt brutal avec le phylloxéra. Aujourd’hui, il couvre toutefois plus de 5 500 ha (dont plus de 4 000 à Chablis) avec une production de quelques 300 000 hectolitres. Outre les vins chablisiens, notons les moins connus vins de l’Auxerrois. De ce vignoble qui produisait jadis le vin des rois, il ne demeure, à Auxerre, que le Clos de la Chaînette. Mais les villages des alentours ont pris le relais : Chitry et Saint-Bris-le-Vineux produisent, sur 500 ha, d’excellents vins blancs (chardonnay, aligoté, sauvignon de Saint-Bris ou de Sacy). Cependant, les bourgognes d’Irancy (120 ha) et de Coulanges-la-Vineuse (70 ha), produits à partir du cépage pinot noir, sont eux aussi très appréciés. Les vins de la Côte Saint-Jacques sont, quant à eux, produits sur une minuscule parcelle sur les hauteurs de Joigny. Ils sont le fruit d’un travail acharné de quelques vignerons attachés à leur histoire. Leur particularité ? Le pinot gris, qui en fait un vin unique. N’oublions pas non plus les vins du Vézelien. Au pied de la basilique de Vézelay, sur sa colline éternelle, refleurissent bon nombre de vignes, dont le melon (un très vieux cépage) est l’un des fleurons. Quant aux vins du Tonnerrois, ils connaissent eux aussi un second souffle. Parmi leurs trésors, l’Epineuil est sans doute le plus convoité ! Enfin, il nous faut bien sûr évoquer le crémant de bourgogne, fabriqué aux 4 coins du département, tout particulièrement dans l’Auxerrois, à Saint-Bris-le-Vineux par exemple.

Le Pouilly, star de la Nièvre

Moins riches en vignobles que les 3 autres départements bourguignons, la Nièvre dispose tout de même du beau vignoble de Pouilly-sur-Loire qui s’étend (en bord de Loire) sur environ 1 050 ha, dont 50 de cépage chasselas (AOC pouilly-sur-loire), le reste en sauvignon (AOC pouilly-fumé). La production moyenne est de 55 000 hectolitres par an. Son aire d’appellation couvre, outre Pouilly, les communes de Saint-Andelain, Tracy-sur-Loire, Saint-Laurent et Saint-Martin-sur-Nohain. Quant au vignoble des Côtes de La Charité-sur-Loire, quasiment anéanti au XIXe siècle par le phylloxéra, son renouveau s’est entamé dans les années 80. Aujourd’hui, ce vignoble est composé de petites parcelles s’étendant sur 54 ha, principalement à Nannay, Chasnay et La Celle-sur-Nièvre.

Pédagogie et promotion touristique sont au cœur de la politique régionale

Depuis juillet 2015, les Climats du vignoble de Bourgogne sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. La Côte de Nuits et la Côte de Beaune (et leurs quelque 1 200 « Climats ») sont reconnues comme uniques au monde par leur diversité, tout comme le patrimoine historique qu’elles représentent. Ainsi, cette inscription au Patrimoine mondial engage tous les acteurs du territoire à préserver et à valoriser ce paysage culturel. C’est pourquoi l’Association des Climats du vignoble de Bourgogne entreprend de nombreuses actions. Un programme de valorisation des entrées de villages et de rénovation des murets (on en compte 220 km sur le périmètre des climats) a notamment été lancé ces dernières années. Une signalétique touristique dédiée apparaît aussi le long de la côte viticole. La Maison des Climats du vignoble de Bourgogne, installée à l’office de tourisme de Beaune, permet quant à elle de comprendre comment s’est construite la notion de terroir et pourquoi les Climats représentent un trésor pour l’humanité. Et ce n’est pas tout… L'événement majeur de cette année 2023 se trouve incontestablement à la Cité des Vins et des climats, c'est-à-dire à Beaune, à Mâcon et à Chablis. Dans ces trois capitales du vin bourguignon s'est ouvert au printemps un espace muséographique immersif et sensoriel ainsi que des dégustations et des ateliers pour tous les publics. Ou comment découvrir les vignes régionales, les différents cépages et appellations, et toutes les traditions viticoles. Ce sont plus de 200 000 visiteurs venus du monde entier que la Région espère accueillir chaque année sur ces trois sites. N'oublions pas non plus la très récente Cité internationale de la Gastronomie et du Vin inaugurée en mai 2022 à Dijon. Et les nombreuses manifestations liées au vin dans les communes viticoles de la région, la plus réputée demeurant la prestigieuse vente traditionnelle des vins aux Hospices de Beaune. Sans parler des routes touristiques. Comme la Route 71, par exemple, qui jalonne le territoire viticole de la Saône-et-Loire. Enfin, la Fédération des Caves Coopératives Bourgogne-Jura (FCCBJ) s'est donné pour mission (entre autres) la promotion et la représentation des caves aux niveaux départemental, régional et national. Sur son site Internet (www.fccbj.fr), on peut ainsi partir en balade interactive à la découverte des caves adhérentes tant en Bourgogne que dans le Jura. Parfait pour bien préparer son séjour !