L'Eskara est enseignée dans certaines écoles. © Juan Ci - Shutterstock.com.jpg
Panneaux de signalisation en français et en basque © Simon Bigar - Shutetrstock.com.jpg

Histoire de l’Euskara

On peut penser que la langue basque existait bien avant l’arrivée des Indo-européens, les premiers témoignages de sa présence datent d’il y a 2 000 ans. Elle n’est pas la plus vieille langue d’Europe, mais la langue d’Europe occidentale la plus ancienne encore vivante. Son origine est antérieure à la diffusion de l’écriture en Europe. Plusieurs thèses sur son origine existent : l’origine indo-européenne, l’origine nigéro-congolaise, eurasienne pré-indo-européenne, dené-caucasienne, ibère ou encore d’origine berbère avec l’arrivée de certaines troupes berbères 218 av. J.-C. La période de 1980 à nos jours est marquée par l’officialisation de la langue basque sur le territoire espagnol. Elle est, à proprement parlé, co-officielle avec l’espagnol dans les deux communautés autonomes qui correspondent au territoire basque en Espagne. En Pays Basque nord, l’euskara ne dispose pour le moment d’aucun statut légal. Si la grammaire basque est très originale, dite « agglutinante » ou des suffixes et radicaux peuvent être accolés, son système numérique présente la particularité d’être « vicésimal » (base 20) comme en ancien français, breton ou en danois. On s’aperçoit en revanche que 75 % du vocabulaire est voisin de celui des langues telles que le celte, l’aragonais, le gascon, le français, l’espagnol et le latin. On distingue plusieurs dialectes. Ils sont principalement le navarro-labourdin, le biscayen, le souletin et le guipúzcoan. Pour pallier le manque d’intercompréhension entre locuteurs, l’Académie de la langue basque a mis en place vers la fin des années 1960 un basque unifié. Ce dialecte commun est engagé dans un processus de standardisation et d’unification.

Évolution de la langue basque

Malgré de nombreux emprunts aux langues voisines (latiniste et romanisme), le basque pratiqué aujourd’hui diffère peu de l’originel. L’influence de l’Espagne et de la France a conduit à des différenciations linguistiques et force est de constater qu’au fil des siècles et avec le développement considérable des moyens de communication, la pratique de la langue a subi un net recul. La langue basque reste minoritaire dans les deux zones de la Navarre, l’espagnol étant la seule langue administrative. Aujourd’hui, l’euskara n’est plus seulement la langue de l’intimité familiale ou des marchés de villages, elle s’exprime dans la presse avec différents hebdomadaires et sur les ondes avec des radios associatives ou encore sur certaines stations de service public. C’est une cinquantaine de radios qui émettent en basque des deux côtés de la frontière. La télévision également, avec la chaîne locale TVPI, rachetée par le groupe Sud Ouest, Kanaldude, ETB 1, ETB 3 et ETB Sat. Elle vit aussi au travers d’une littérature abondante et est au service du multimédia et surfe sur Internet.

L’enseignement

Bien souvent, la langue basque se transmet au sein de la famille, de génération en génération. Mais cette transmission, insuffisante pour assurer sa pérennité, est complétée par les ikastola (système d’enseignement immersif) qui ont été les pionniers avec le développement des filières bilingues publiques et privées depuis 1969. Avec, de plus, des structures d’apprentissage et d’alphabétisation, des milliers d’adultes apprennent le basque sur l’ensemble du Pays Basque. Aux côtés des familles et de l’école, les crèches et maternelles constituent l’un des maillons du processus de transmission de la langue. Ce qui permet le plurilinguisme précoce et une scolarisation future plus favorable en langue basque se poursuivant dans certains collèges et lycées jusqu’à la terminale et depuis quelques années à l’université de Bayonne. L’écriture basque s’écrit avec l’alphabet latin. L’alphabet basque est globalement phonétique, toutes les lettres d’un mot se prononcent à l’exception du h qui est muet dans la plupart des dialectes.

La langue basque et la culture

Les expressions de la langue sont multiples au travers du chant, de la musique, la danse, du théâtre, de la littérature et du cinéma. Chant basque traditionnel : il occupe une place primordiale et il est de tradition à la fin du repas dans une auberge de trouver écho sous forme de chants improvisés ou rimés. Plus spécifiquement, c’est depuis la fin du XIXe siècle que le phénomène du chant choral et de l’opéra ont pris naissance. On dénombre aussi des chœurs basques au Chili, en Argentine, aux Etats-Unis ou encore au Mexique. La danse basque est omniprésente avec un répertoire riche et spectaculaire de danses traditionnelles et qui a su se renouveler. C’est un des éléments incontournables des fêtes de villages, des cérémonies et des nombreux rituels célébrés toute l’année. Bien souvent, les représentations théâtrales se déroulent dans les rues, sur les places, des précurseurs du théâtre de rue. On distingue trois formes d’expressions : la pastorale souletine, la mascarade que l’on joue dans la province de la Soule, et les toberak ou charivari. En salles, ce sont des adaptations d’œuvres étrangères (Bretch, Réza, Koltés…). En littérature, c’est près de 1 500 livres écrits en basque qui sont édités chaque année. Le cinéma basque témoigne aussi de sa vitalité et de son dynamisme grâce à une distribution à l’échelle de l’Hexagone.

La langue basque dans le monde

Depuis toujours, le Basque voyage dans le monde et exporte la langue et la culture du Pays Basque. Au Chili, au Mexique, dans un grand nombre de pays d’Amérique du Sud et également sur la côte ouest des États-Unis où vous aurez le sentiment d’être au cœur d’un village basque avec le fronton, le trinquet et le nom des rues. C’est précisément en Californie que la présence basque est la plus forte. La diaspora basque est une réalité culturelle dont l’histoire remonte à la conquête espagnole. Entre 1900 et 1920, c’est 430 000 Basques français et espagnols qui s’y installèrent. Pendant plus de cent ans, jusqu’en 1960, de tout jeunes Basques sont partis garder les moutons, mais ont également planté des vignes qui sont reconnues aujourd’hui comme d’excellents vignobles. 90 % des Basques californiens vivent à Baskerfield, qui compte plusieurs restaurants basques et un festival au mois de mai. Ils sont aujourd’hui parfaitement implantés et exercent souvent en tant qu’agriculteurs, viticulteurs, universitaires…