IXe siècle

Les origines

La région de Saint-Pétersbourg, peuplée de Slaves, de peuples finno-ougriens et d’autres groupes ethniques, appartient à la zone d’influence de l’Ancienne Russie depuis le IXe siècle de notre ère. En effet, c’est à cette époque qu’elle est intégrée par la principauté de Novgorod, à 200 km au sud. Cette ville médiévale est un important centre de commerce avec le nord et l’ouest de l’Europe. Plus tard, elle commercera activement avec les villes de la Ligue hanséatique. La Neva et le lac Ladoga sont des voies de transport privilégiées dans ces échanges.

15 juillet 1240

Bataille de la Neva

Alors que la Russie centrale et méridionale est tout entière occupée à tenter d’arrêter l’invasion mongole déferlant des steppes orientales, les Suédois en profitent pour s’installer sur les bords de la Neva et couper ainsi la route aux Russes. Les troupes novgorodiennes du prince Alexandre repoussent ces ennemis du Nord lors de la Bataille de la Neva qui devient un véritable symbole de la lutte pour l’indépendance et donne au prince son surnom « Alexandre de la Neva » (Alexandre Nevski). Son courage lors de cette bataille qui semblait perdue d’avance, du fait de la modernité de l’armée suédoise et de l’occupation par la majorité des effectifs russes du front de l’Est, le fera consacrer saint de l’Église orthodoxe. C’est presque naturellement qu’il deviendra le saint patron de Saint-Pétersbourg.

XVIIe siècle

Le Temps des Troubles

Le sempiternel envahisseur suédois profite d’une vacance du pouvoir tsariste à la fin de la dynastie Riourikides (1598) pour s’installer sur une grande partie du nord-ouest. La Russie est désormais coupée de la Baltique, importante zone de commerce maritime. Pierre le Grand, héritier des Romanov, accède au pouvoir en 1682 et sonne la fin de cette période que les historiens baptisèrent le « Temps des Troubles ».

1703 -1725

Pierre le Grand et la naissance de Saint-Pétersbourg

Pierre le Grand souhaite ardemment retrouver un accès à la Baltique et orienter la Russie vers l’Europe afin de la moderniser. Pendant plus de vingt ans, de 1700 à 1721, les troupes russes tentent de repousser l’ennemi suédois toujours plus au Nord. En 1703, les troupes du tsar reprennent le contrôle de la Neva, et la ville de Saint-Pétersbourg est fondée le 27 mai avec le début de la forteresse Pierre-et-Paul sur l’île aux Lapins.

Bien plus qu’une base militaire, Pierre le Grand ambitionne là, au milieu de ces marécages sur un bras de la Neva, de construire une des plus belles villes du monde en réunissant les meilleurs ingénieurs et architectes de son temps. C’est ici qu’il construira une cité « sortie du néant » qui deviendra en 1712 la nouvelle capitale impériale en lieu et place de Moscou. C’est à Saint-Pétersbourg et à ce qu’elle implique pour la Russie que Pierre le Grand consacra son règne jusqu’à sa mort en 1725.

1741

Après la mort du tsar fondateur en 1725, sa femme Catherine ne parvient pas réellement à prendre les rênes du pouvoir. Les prétendants au trône intriguent et la cour doit momentanément déménager à Moscou. De nombreux fonctionnaires sont ravis de quitter ces marécages isolés et de retrouver les fastes moscovites. La ville redevient capitale à l’avènement d’Élisabeth, la fille de Pierre le Grand, en 1741. Durant son règne, Saint-Pétersbourg devient une capitale européenne de 150 000 habitants, rivalisant de luxe et de majesté avec ses consœurs occidentales.

1741-1762

Élisabeth Ire, femme d’arts

Après la mort du tsar fondateur en 1725, sa femme Catherine ne parvient pas réellement à prendre les rênes du pouvoir. La cour doit momentanément déménager à Moscou. De nombreux fonctionnaires sont ravis de quitter ces marécages isolés et de retrouver les fastes moscovites. La ville redevient capitale à l’avènement d’Élisabeth, fille de Pierre le Grand, en 1741. Durant son règne, Saint-Pétersbourg devient une capitale européenne de 150 000 habitants, rivalisant de luxe et de majesté avec ses consœurs occidentales.
La splendeur voulue par l’impératrice Élisabeth Ire se développe principalement dans les alentours de la ville. Peterhof est revu et corrigé par l’architecte Rastrelli, également concepteur de la cathédrale Smolny et du palais d’Hiver. Le Grand Palais et les fontaines sont recouverts d’or, de pierres précieuses et de statues reflétant à merveille le caractère dépensier d’Élisabeth. À Tsarskoïe Selo, le palais de Catherine, est transformé en résidence royale débordante de luxe et agrémenté de jardins baroques. Elle crée aussi la première Académie des beaux-arts. Jouant les relations publiques avant l’heure, elle redonne à la vie mondaine toute son intensité et sa démesure. La ville vit au rythme des bals, des réceptions et des feux d’artifice donnés par l’impératrice.

1762-1796

Catherine II, femme de pouvoir

Cette femme flamboyante a un fils bien falot, Pierre III, qui épouse une jeune et ambitieuse princesse germanique : la future Catherine II. C’est sous son règne que la magnificence de Saint-Pétersbourg prend toute son ampleur. Arrivée au pouvoir en 1762 après un coup d’État fomenté contre son époux, elle ne rencontre pratiquement aucun obstacle politique. Les élites apprécient vivement la culture et les liens avec les cours européennes de la Grande Catherine. Femme cultivée, appréciant les philosophes des Lumières, Catherine aime aussi s’entourer d’un luxe inouï. Elle est le premier monarque à emménager dans le palais d’Hiver. Passionnée d’art, elle entreprend une collection qui atteint rapidement des dimensions telles qu’il faut construire de nouveaux bâtiments sur les bords de la Neva. Cette collection est à l’origine de celle de l’Ermitage, l’une des plus riches du monde.

Comme Pierre le Grand, Catherine a l’obsession de la construction. Elle fait bâtir nombre de nouveaux édifices : l’Académie des sciences, l’Académie des beaux-arts, la première bibliothèque publique de Russie, Gostiny Dvor (une gigantesque galerie marchande) et un nombre incroyable d’institutions d’enseignement. Femme de pouvoir, sensible aux idées des Lumières, elle entreprend une réforme de l’administration de la ville. La fonction de maire est créée en 1766 et, en 1774, c’est l’organisation de conseils municipaux qui deviendront, douze ans plus tard, les doumas municipales.

1796-1825

Alexandre Ier - Paul Ier, le retour à l’ordre

L’ère des fastes et des projets pharaoniques, de réformes politiques et de l’influence européenne prend fin en 1796 avec la mort de la Grande Catherine. Son fils Paul Ier opère un virage à 180 degrés. Ultra-conservateur, il met fin à la liberté politique des nouvelles institutions municipales et transforme tout le pays en une vaste entreprise bureaucratique. Celle-ci fleurit sous le règne d’Alexandre Ier qui crée en 1802 un système de ministères dans lequel les ministres font leur rapport directement au monarque. En 1810, il institue le Conseil d’État. Saint-Pétersbourg devient une ville d’ordre, habitée par une foule de fonctionnaires. Militaire dans l’âme, Alexandre repousse les troupes napoléoniennes jusqu’à Paris de 1812 à 1814. Les étendards pris à l’armée française sont exposés dans un nouvel édifice, la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan.

1825-1855

Période martiale et artistique

À la mort de Paul Ier, un groupe de jeunes officiers, appelés plus tard Décembristes, profite du flou politique pour se révolter. Ils demandent à Nicolas Ier d’adopter une Constitution. Cette initiative est réprimée dans le sang et la déportation. En réaction, le nouveau tsar adopte une politique dure et conservatrice. Saint-Pétersbourg prend des airs de garnison. Tout doit être rectiligne, ordonné et décourager les esprits séditieux. C’est paradoxalement l’époque du grand Pouchkine, du compositeur Glinka et de Dostoïevski. La capitale impériale est à nouveau l’objet de toutes les attentions architecturales et urbanistiques. La place du Palais est agrémentée du bâtiment de la Garde impériale en 1843. Entre 1839 et 1844, le tsar fait construire le théâtre Mariinsky pour sa fille préférée Marie.

1855-1894

Alexandre II le réformateur, Alexandre III le conservateur

Alexandre II procède à une série de réformes dont la plus symbolique reste l’émancipation des serfs en 1861. Le tsar poursuit ses réformes avec l’introduction des jurys dans les tribunaux et une nouvelle réforme de l’administration de la ville, lui conférant plus d’autonomie. Certains révolutionnaires considèrent que ce n’est pas encore assez. Alexandre est assassiné le 1er mars 1881. La cathédrale du Sauveur-sur-le-Sang-Versé (1883-1907) est construite en sa mémoire à l’endroit même où il a été mortellement blessé. Cette fin tragique fait tourner court l’élan réformateur de la Russie. D’autres réformes et une véritable Constitution attendent la signature du nouveau tsar, Alexandre III. Mais ce dernier préfère le conservatisme et la répression.

Cela n’empêche pas Saint-Pétersbourg de devenir une ville capitaliste, où la bourgeoisie commence à se développer. La ville se peuple de fabriques russes et étrangères, la Nevsky voit s’ouvrir une multitude de banques d’affaires. Dans les années 1890, la ville connaît un boom de l’immobilier : les immeubles d’habitation à plusieurs étages poussent comme des champignons.

1896-1914

Le tournant du siècle

Le début du siècle coïncide avec une vague de commémorations, censées renforcer l’unité nationale derrière le tsar. En 1902, on fête le centième anniversaire des réformes d’Alexandre II. En 1903, la ville a 200 ans, et c’est l’occasion d’inaugurer le nouveau pont Troïtsky ainsi que l’église de la place du Sénat. Mais ces célébrations ne parviennent pas à apaiser la grogne. En janvier 1905, la troupe ouvre le feu sur une manifestation d’ouvriers. Quelques mois plus tard, Nicolas est contraint d’adopter un manifeste, proclamant une série de droits civils et instituant un nouveau parlement.

L’ouverture de cette nouvelle Douma redonne espoir aux centaines de libéraux de l’intelligentsia. À la veille de la révolution de 1917, Saint-Pétersbourg connaît un renouveau culturel connu sous le nom d’«âge d’argent», en référence à l’âge d’or des lettres russes. La vie littéraire est animée par les plus grands poètes du siècle : Anna Akhmatova, Alexandre Blok, Sergei Essenine, Nicolas Goumiliov, Marina Tsvetayeva, Boris Pasternak, Velimir Khlebnikov… Tous seront bientôt persécutés.

1914-1917

De Petrograd à la Révolution

Cette prise de pouvoir par Vladimir Lénine n’est pas suivie de lendemains radieux, mais de trois années de guerre civile, lançant les soldats de la nouvelle Garde rouge sur les routes du pays, jusqu’au fin fond de la Sibérie. Les habitants de Saint-Pétersbourg, affamés, quittent massivement la ville pour la campagne toute proche. La population passe de 2,3 millions à 722 000 personnes en 1920. Dépeuplée, menacée par l’avancée des troupes allemandes, la ville perd le statut de capitale au profit de sa rivale, Moscou. Monuments et statues révolutionnaires s’empressent de marquer la ville du sceau du nouveau pouvoir et les rues changent de nom. Pourtant, la Nouvelle Économie politique (NEP) qui permet quelques survivances bourgeoises au nom de la transition vers l’économie socialiste, offre à Saint-Pétersbourg un véritable bol d’air.

Après la mort de Lénine, en 1924, Petrograd devient Leningrad (la ville de Lénine). À la fin des années 1920, le panorama de la ville est marqué par la construction de logements bon marché pour ouvriers. Les grands et somptueux appartements de l’ancien régime sont transformés en appartements communautaires logeant plusieurs familles. Parallèlement, les autorités se lancent dans un programme de construction de bâtiments culturels. Ces palais de la culture offrent à la population des distractions jusqu’alors réservées aux élites (théâtre, opéra, concert…) et lui permettent également de pratiquer un art, via l’un des innombrables clubs ou cercles de la ville.

1941-1944

Saint-Pétersbourg assiégée par la Wehrmacht

Saint-Pétersbourg sera le théâtre d’un des événements les plus tragiques de la Seconde Guerre mondiale. Le siège de Leningrad durera près de 900 jours durant lesquels la ville est livrée à elle-même, à la famine, au froid et aux bombardements de la Wehrmacht, causant plus d'1 million de victimes civiles. Pourtant la ville ne tombera pas, au prix d’un courage et d’une résilience que n’attendait pas l’armée allemande.

Voir notre dossier « Le blocus de Leningrad » qui retrace ces 900 jours hors du temps, cet enfer à ciel ouvert dans lequel les Pétersbourgeois firent montre d’une résistance exemplaire et d’une inextinguible force de vivre.

1945 - années 1980

Retour à la normale

La guerre finie, Leningrad met un point d’honneur à retrouver une allure et une vie normale, le plus vite possible. Sur les façades meurtries, on tend des toiles représentant les façades originales. Une crise du logement sans précédent entasse les familles dans des appartements communautaires. Par chance, et contrairement à beaucoup de villes soviétiques, l’architecture de Leningrad ne subit pas les assauts du modernisme, mais est entièrement restaurée. Les années 1970 et 1980, même si la liberté d’expression n’est pas au programme, sont empreintes d’une stabilité politique et d’une relative prospérité. Tout le monde mange à sa faim, part en vacances, et acquérir une voiture est certes compliqué, mais possible.

Années 1990

La décennie sombre

Pendant la perestroïka, cette stabilité politique chancelle rapidement, et le peuple va bientôt se retrouver propulsé dans une expérience aussi exotique que nouvelle : l’économie de marché. Après la chute de l’URSS, un référendum municipal redonne l’ancien nom de Saint-Pétersbourg à la ville, mais les Pétersbourgeois traversent une décennie 1990 très sombre marquée par la pénurie, la déliquescence de l’État et une douloureuse transition.

2003 - années 2010

Tricentenaire et renaissance au XXIe siècle

En 2003, la ville fête ses 300 ans avec moult réjouissances et un vaste programme de rénovation. Elle reçoit notamment en juillet 2006 le premier sommet du G8 jamais organisé en Russie. Par ailleurs l’origine pétersbourgeoise des dirigeants actuels de la Russie (Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev, ou Alexeï Miller, le patron de Gazprom), fait que la ville est le sujet de toutes les attentions.

Depuis le tournant des années 2010, Saint-Pétersbourg connaît un vrai dynamisme économique et culturel qui contribue à la rendre de plus en plus attractive sur la scène internationale : construction du grand quartier d’affaires Lakhta Center, grand projet de rénovation urbaine de l’île de Nouvelle-Hollande (à deux pas du Mariinsky)… La ville s’est ainsi vu décerner le World Travel Awards 2017 de la meilleure destination européenne. Saint-Pétersbourg est l’une des villes phares de la Coupe du monde de football 2018 en Russie. Elle accueille 7 matches, dont la demi-finale France-Belgique du 10 juillet dans son flambant neuf stade Krestovski.

1er octobre 2019

Saint-Pétersbourg accessible par un simple e-visa

Alors que l’obtention assez fastidieuse d’un visa touristique classique reste nécessaire pour visiter le reste de la Russie, Saint-Pétersbourg innove depuis cette date. Ce sont désormais les nationaux de 53 pays (dont ceux de l’Union européenne) qui peuvent résider jusqu’à 8 jours à Saint-Pétersbourg et dans sa région en remplissant un simple formulaire e-visa sur Internet.