Perspective Nevski et Triangle d’Or

Le Triangle d’Or correspond au secteur situé au sud de la Neva, délimité par la rivière Fontanka à l’est et par la Perspective Nevski (Nevski Prospekt) au sud. Ce quartier est dominé par une suite de palais qui abritent les plus grands musées du monde, comme l’Ermitage et le Musée russe. Au XIXe siècle, il s’agissait du quartier impérial et officiel, avec la place du Palais, immense, donnant sur la résidence des tsars et sur le Palais de l’État-Major. Non loin du palais, Pierre le Grand s’était fait construire sa résidence d’été qui se trouve dans le jardin d’Été. Dans l’Amirauté, domaine de la flotte russe, les grandes artères de la ville se déployaient en étoile. Toute la vie aristocratique se déroulait dans ce triangle, avec ses fastes et ses excès. La rue Millionnaya, qui traverse le quartier, longe les façades de splendides hôtels particuliers. Cette partie de la ville abrite également les plus agréables parties des canaux. Le Triangle d’Or, c’est aussi la partie la plus vivante de la Perspective Nevski. Tracée en 1710, cette avenue de 4,5 km qui relie l’Amirauté à la Laure Alexandre-Nevski est la promenade préférée des Pétersbourgeois et touristes. Vous y croiserez jeunes et vieux, pauvres et riches, rêveurs impénitents et homes d’affaires pressés, bref la foule. Elle aligne musées, théâtres, salles de concerts et cinémas, cafés littéraires, églises, bibliothèques, librairies, galeries d’art ainsi que de nombreux palais dont l’unité architecturale impressionne les visiteurs étrangers et provinciaux.

Sud Nevski

Près de la Neva, de l’autre côté de la perspective Nevski, s’étend un quartier dominé par l’édifice de l’Amirauté. Extrêmement important aux yeux de Pierre le Grand, qui a fait de la flotte russe la force majeure de la ville, ce monument abrite alors les chantiers navals et les entrepôts. Les rues conservent des noms faisant référence à l’époque de Pierre le Grand : la rue de la grande Mer (Bolshaya Morskaya), la rue des Galères (Galernaya)… Au XIXe siècle, les chantiers navals sont déplacés. On aménage dans le quartier des places de parades comme la place Issakievskaya ou celles du Sénat. Le quartier est habité par l’élite, à savoir les aristocrates, dont les résidences, comme celles du prince Youssoupov, sont encore présentes. Comme le Triangle d’or, ce quartier est alors l’un des plus riches de la ville. Et le coquet canal Griboyedov offre de jolies promenades romantiques.

Au-delà de la Fontanka

Passé la rivière Fontanka, à l'est comme au sud, les points d'intérêt sont plus épars. Ce quartier, qui en regroupe en fait plusieurs, est né au XIXe siècle, mais sans réelle planification à l'inverse du reste de la ville. C'est là que se massait le prolétariat urbain qui fera, presque à son insu, tomber l'autocratie des tsars. Une fois de plus c'est la Perspective Nevski qui délimite les différents quartiers. Au sud c'est le quartier de Dostoevskaya et Mayakovskaya, au nord celui de Chernyshevskaya et du monastère de Smolny.

Dostoevskaya et Mayakovskaya, quartiers la jeunesse branchée. Le quartier qui s'étend autour de la station Dostoïevski (Dostoevskaya), au sud-est de la Fontanka, était l'un des plus pauvres de la ville au XIXe siècle. D'ailleurs, l'écrivain a puisé son inspiration dans ses ruelles misérables et l'on peut effectuer un véritable pèlerinage en visitant ses différents lieux d'habitation. Cette identité n'a pas encore totalement disparu et l'église-de-Vladimir (Vladimirskaya), au cœur du quartier, rassemble une foule de mendiants qui n'est pas sans rappeler les romans de l'écrivain. Mais dans cette zone aux maisons moins cossues que les hôtels particuliers du centre, les appartements communautaires de l'époque soviétique ont été rachetés pour en faire de grands appartements peu chers que se disputent les jeunes branchés de la ville. La rue Rubinshtein et l'avenue Liteiniy sont aujourd’hui le symbole de cette nouvelle tendance qui a fait du quartier celui de de la jeunesse branchée, avec de nombreux restaurants, bars et galeries d'art. C'est aussi un lieu de ralliement de l'underground pétersbourgeois, comme déjà à l'époque de l'Union soviétique, autour du Centre d'art informel Pushkinskaya 10.

Dans le prolongement de ce quartier vers le sud, les rues bordant l’avenue Ligovskiy (Ligovskiy Prospekt, presque perpendiculaire à la perspective Nevski qui la coupe en deux) sont les plus à la mode. Avec comme point de fixation le Loft Project Etazhi, véritable point de rencontre de la jeunesse et des hipsters pétersbourgeois. Galeries, boutiques vintage, discothèques, bars à cocktail : on est bien loin des palais immémoriaux qui bordent la Neva. Dans ce quartier, Saint-Pétersbourg montre que sa vocation culturelle n'est pas que du passé.

Chernishevskaya. Dans la portion de l’avenue Ligovskiy au nord de la perspective Nevski, la rue Joukov (ulitsa Zhukovskogo) est elle aussi très tendance et très bien fournie en bars, restos, boutiques et lieux branchés de toute sorte. En poussant plus au nord, de la perspective Nevski, autour du métro Chernychevskaya, on pourra voir un ensemble majeur : l'ensemble Smolny, monastère édifié par Elisabeth Ire à la fin de sa vie. Si la cathédrale et l’ensemble architectural méritent un détour en soi, le quartier de Chernyshevskaya ne manque pas d'intérêt non plus. Né dès le XVIIIe siècle, dans ce qui était encore un faubourg de la capitale impériale, le quartier possède une véritable identité. Le haut de la rue Mayakovskogo et celui de la rue Kirochnaya, qui se croisent au niveau de la Cathédrale de la Transfiguration-du-Saint Sauveur, sont peuplés la journée de locaux qui s'affairent autour du marché Maltsevskiy (Nekrasova, 52), remplacés le soir par une foule de noctambules qui se rendent dans les bars du quartier. Le site de Smolny est lui-même un peu excentré et n'attire pas forcément beaucoup de monde en dehors des touristes. En revanche, la promenade le long du quai Vosskresenskaya (anciennement Robespierre) est prisée les week-ends, avec sa vue sur le quartier de Vyborgskaya storona.

Quartiers excentrés à l’est et au sud. À l’est du centre-ville, la laure Alexandre-Nevski, est un important monastère fondé en l'honneur de l’héroïque duc de Novgorod qui sauva la Russie des invasions suédoises. Datant du XVIIIe siècle et fermant la perspective Nevski, la Laure est un lieu étonnamment grouillant, témoin de la ferveur religieuse des Russes. Religion et visite font bon ménage ici, avec les cimetières Lazare, Tikhvine et Novodevitchi, sorte de Père Lachaise locaux. Les Russes ayant un rapport passionnel avec leurs grands artistes, ils ne désemplissent pas. Quelques musées sont également intéressants, sans être incontournables. Au sud de cette grande zone derrière la Fontanka, le  monument aux Défenseurs héroïques de Leningrad offre un ensemble de statues impressionnant. La grande maquette de la Russie vaut également le détour.

Île Vassilievski

L’île est réunie à la rive gauche par le pont de l'Annonciation (Blagoveshchenskiy most), et par le pont du Palais (Dvortsoviy most) qui conduit à l’Ermitage. Elle est également reliée à l’île Petrogradski par les ponts Tuсhkov et Birzhevoy. C’est sur cette île que Pierre le Grand pensait édifier le centre administratif de sa nouvelle capitale. Il avait pour cela commencé à percer des canaux du nord au sud. Mais le chantier a dû être abandonné en raison d’inondations fréquentes et de son isolement. Aujourd’hui, les rues parallèles de l’est de l’île gardent le nom de linii (lignes), chaque rue correspondant à deux lignes séparées autrefois par un canal. Le quartier, abandonné un temps au profit du continent, reprend sa croissance au milieu du XIXe siècle. Ce renouveau est encore sensible dans l’architecture du quartier. Fidèles à la conception centripète du pouvoir en Russie, les plus belles et anciennes demeures se trouvent sur la pointe orientale de l’île, ou strelka, qui abritait autrefois le port de Saint-Pétersbourg. On y trouve aujourd’hui une concentration de musées incontournables. L’île Vassilievski est innervée d’est en ouest par trois avenues, Maliy Prospekt, Sredniy Prospekt, Bol’shoy Prospekt (littéralement « la petite, la moyenne et la grande perspective »). Au fur et à mesure que les numéros des linii augmentent, le long du bol’shoy Prospekt, on avance dans le temps.

Arrivé au niveau de l’église Saint-André, (7-ya liniya), on entre dans la partie construite à la toute fin du XIXe siècle. La 7-ya liniya remonte vers le métro Vasileovstroskaya situé au milieu de l’île. C’est la partie de l'île qui abrite le plus grand nombre de cafés, les Russes aimant bien se réunir entre copains avant le long trajet vers la maison. Plus à l’ouest et vers le métro Primorskaya, ce sont des constructions de l’époque soviétique et des constructions modernes. L'île possède une immense côte donnant sur le golfe de Finlande et la mer Baltique. С'est d'ailleurs d'ici que partent et arrivent les ferries et bateaux de croisière de/vers Helsinki, Tallinn ou Stockholm.

La pointe est de l’île est particulièrement enchanteresse. La journée, des flots d’étudiants venus de l’université remontent les rues vers le métro, s’arrêtant au passage dans les nombreux cafés qui se sont judicieusement installés sur leur chemin. Tout au bout de l’île, la fameuse strelka, la colonne rostrale rouge servait autrefois de phare. L’été une flamme y brûle encore. Au pied de ce phare un petit parc (à Birzhevaya Ploshchad’) donne une superbe vue sur le palais d’Hiver et sur la forteresse Pierre-et-Paul. Les amoureux s’y retrouvent pour un premier rendez-vous romantique au bord de l'eau et face aux palais. De deux côtés du parc, des escaliers descendent vers la Neva, et donnent sur des petits chemins de gardes souvent inondés. Les étudiants y boivent une bière à la sortie des cours.

Juste derrière la bourse, le quartier formé des lignes Birzhevaya et Mendeleevskaya ne semble pas avoir bougé depuis le XIXe siècle qui l’a vu naître. Pourtant des oasis de modernité et de bien-être s’y trouvent, notamment le spa de l’hôtel Sokos. Le soir, le quartier, presque désert, donne vraiment l’impression d’une île, toutes les rues convergeant vers la Neva et les ponts entant levés les nuits d'été. Une très bonne idée de promenade.

Île Petrogradskaya

En tant que berceau historique, l'île Petrogradski est un lieu incontournable dans la visite de Saint-Pétersbourg. C'est sur l'île aux Lièvres, petite enclave ou « île dans l'île », qu'est bâtie la forteresse de Pierre le Grand en 1703. Avec sa cathédrale, sa prison, son hôtel de la Monnaie, elle a traversé les siècles et offre aujourd'hui encore un ensemble de sites d'intérêt majeur. C'est autour de cette forteresse que s'édifie peu à peu, sur des rives d'abord désertiques, la ville que nous connaissons aujourd'hui. C'est sur cette île qu'apparaissent ses premiers bâtiments : la petite maison de Pierre le Grand, le marché de la bourse, l'église... Plus tard, elle sera partiellement abandonnée quand le centre-ville sera transféré sur la rive gauche. Dédiée à l'activité militaire et siège de la prison, l'île n'attire pas grand monde. Mais au début du XXe, le pont de la Trinité la relie au centre-ville. Construit par la société de construction des Batignolles, il donne la réplique au pont Alexandre-III de Paris inauguré en 1900. Le quartier le moins développé et le moins cher est dès lors assailli par les architectes et empreint d'Art nouveau, de constructions élégantes mêlant bois et fer. C'est l'une des raisons de la formidable homogénéité de l'île, qui se couvre d'immeubles en moins de 20 ans. Ces immeubles font la part belle aux grands espaces bruts, et restent à des prix bas. C'est ainsi que l'île devient le fief des artistes et des intellectuels.

Le nom du quartier Petrogradskaya vient de cette époque. En effet entre 1914 (début de la Première Guerre mondiale) et 1924 (mort de Lénine et attribution à Saint-Pétersbourg du nom de Leningrad), la ville tout entière s'est appelée Petrograd. Histoire de russifier un nom allemand alors que l'empire russe était en guerre contre les empires centraux. Comme ce quartier est le seul à connaître une véritable poussée de constructions pendant cette période, il a hérité de ce nom. L'île elle-même est traversée de deux grandes avenues : la Bolshoy prospect, qui conduit au quartier industriel de Vyborg, et la Kamennoostrovski prospekt, qui la traverse du sud au nord pour aboutir sur l'île Kamenny. L'île aux Lièvres attire essentiellement des touristes, et quelques courageux venus profiter de la plage, le reste de l'île conserve une ambiance bohème et une vie de quartier.

Le sud de l'île est concentré autour du métro Gorkovskaya et du parc scindant l'île aux Lièvres où l'on trouve le planétarium, le musée d'Histoire militaire d'artillerie, de troupes d’ingénieurs et de communications, le théâtre music-hall, le Zoo (qui n'est pas recommandé). Kronverkskiy prospekt, la rue qui longe le parc, est le siège de très nombreux cafés, restaurants et boutiques. Le long de la rue Sytnynskaya de nombreuses boutiques indiquent la présence d'un marché, celui de Sytnynskiy, avec son activité de Caucasiens déchargeant des fruits et de babouchkas négociant fermement devant les étalages. Autour de ce marché se constitue un petit quartier très agréable comme l'île Petrogradski sait les créer.

De l'autre côté de l'avenue Kamennoostrovsky on trouve la belle mosquée de Saint-Pétersbourg (inspirée par le fameux mausolée Gour Emir de Samarcande en Ouzbékistan) et le musée national d'Histoire politique de la Russie, moderne et qui ne manque pas d'intérêt. En continuant un peu plus à l'est le long du quai Petrovskaya, on aperçoit la frégate Grâce (la reconstitution d'un navire du XVIIIe siècle), puis on passe devant la Maisonnette de Pierre le Grand, avant d'arriver à la pointe sud-est de l'île devant un des sites emblématiques, Le croiseur Aurore, complètement rénové et revenu à quai en grande pompe le 16 juillet 2016. C'est un lieu de promenade apprécié des Pétersbourgeois de tous âges et de toutes conditions.

Au nord de l'île, le métro Petrogradskaya et ses environs témoignent des réussites de l'Art nouveau dans la Venise du Nord. On y trouve de nombreux lofts d'artistes, attirés par les grands espaces bruts. Témoignage de cette vocation artistique de l'île, l'appartement-musée du célèbre chanteur d'opéra (et noceur invétéré) Chaliapine. Entre les deux métros, le long du Kamennoostrovski prospekt, une autre manifestation de la vocation artistique de l'île : les studios de Lenfilm, le deuxième plus grand studio de Russie après Moscou. Dans les restaurants de la rue, les comédiens se retrouvent après les prises de vue, pour refaire le monde.