Guide de voyage Grand-Bassam

« Par la route ensoleillée, je m’en vais à Grand-Bassam. Grand-Bassam sous le soleil, le lieu de tous les plaisirs. », chantait Alpha Blondy. L'étymologie du toponyme Bassam viendrait de alsam, lui-même une déformation de alsan, en abouré « l'ouest » ou « le couchant », et par extension « La nuit est venue » : ce nom aurait été donné par les Abourés migrants au premier lieu sur lequel ils seraient arrivés au crépuscule, leur patriarche leur ayant promis sur le chemin de l'exode qu'ils s'établiraient de façon définitive à l'endroit où ils verraient le disque solaire disparaître dans la mer. Fille de l’eau et du vent, Bassam apparaît comme le lieu où se télescopent passé révolu et présent incertain, modernité et croyances ancestrales. L’hédonisme consumériste dont la grand-messe se joue chaque week-end sur le front de mer et dans les vagues claires du littoral, cohabite avec les croyances ancestrales qui prêtent foi au murmure des esprits, dans les vieilles bâtisses abandonnées que les riverains disent hantées, ou près de l’océan, en invocations à Mami Wata.Passé midi le samedi, les véhicules abidjanais ont vite fait d’engorger la route menant à la première station balnéaire de Côte d’Ivoire, à 40 km au sud-est d'Abidjan. Concerts de klaxons, woro-woro resquilleurs se faufilant sur le bas-côté, boros d’enjaillement sur le toit des minibus déversent chaque week-end les flots d’une jeunesse tumultueuse sur le bord des plages bassamoises. Prise d'assaut le week-end, désertée en semaine hors vacances, Grand-Bassam est une cité balnéaire très plaisante à découvrir, avec sa ligne de cocotiers sur sa jolie plage, ses ruelles bordées d'échoppes touristiques et son quartier colonial France classé à l'Unesco à découvrir. La cité des quatre vents » a connu un âge d'or touristique qui n'est plus aujourd'hui. Si Bassam est très fréquentée en journée le week-end, les hôtels peinent aujourd'hui à se maintenir au profit d'Assinie, en pleine émulation touristique et peu d'adresses sont bien entretenues. En 2017, la ville a accueilli le fabuleux projet « Inside Out » de l'artiste français JR, qui s'est concrétisé par le collage sur les murs du quartier France de 250 portraits de Bassamois en noir et blanc. L'idée : montrer les vivants derrière les pierres abîmées, et mettre en lumière la fierté et la joie d'une ville certes fragilisée par les crises successives et l'attentat du 13 mars 2016 perpétré par AQMI a ôté la vie à 22 personnes, mais qui avance et continue de se battre malgré tout. La même année, une autre exposition photo à ciel ouvert, « Bazouam, galerie sur la route », visait à attirer l'attention du public sur le sort des hommes et femmes du village artisanal situé à l'entrée de la ville, sérieusement impactés dans leur activité par l'ouverture de l'autoroute Abidjan-Bassam qui détourne les touristes de leurs stands. Initiative des artistes Armand Gauz et Dorris Haron Kasco, « Bazouam » (« Aide-moi à porter ma charge sur la tête » en n'zima) a déployé deux mois durant de grands portraits d'artisans tendus sur toile imperméabilisée entre deux troncs de cocotiers, et disposés tous les 100 m de part et d'autre de la route. Le but : forcer les gens à s'arrêter et mettre un visage sur tous ces créateurs anonymes, tout en valorisant leur travail. « Grand-Bassam est une cité qui ne veut pas mourir ! »