La Tapisserie de Bayeux est une tapisserie médiévale longue de près de 70 m, une oeuvre unique datant du XIe siècle et qui permet de revivre la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant. Cette incroyable broderie de fils de laine sur toile de lin est exposée à Bayeux dans le musée qui porte son nom. Classée Monument historique depuis 1840 et inscrite au registre Mémoire du monde par l'Unesco depuis 2007, une flânerie dans le musée est une formidable occasion d'observer la Tapisserie dans les moindres détails et à travers les personnages, les animaux, les monuments et autres symboles, plonger au coeur d'une importante partie de l'histoire de France et de l'Angleterre. Alors que l'oeuvre fera l'objet en 2024 d'une restauration afin d'en préserver toute sa splendeur, intéressons-nous de plus près à l'histoire de la Tapisserie à travers les époques, avant d'aborder sa confection, puis de finir avec ces lieux à Bayeux qui viennent volontiers compléter la contemplation de ce chef d'oeuvre.

La Tapisserie de Bayeux à travers l'histoire

Si l'on a la chance d'avoir aujourd'hui un musée intégralement dédié à la contemplation de la Tapisserie de Bayeux, il faut savoir que l'histoire de l'oeuvre a été particulièrement mouvementée. Plusieurs épisodes ont en effet bien failli la mettre en péril et l'endommager. C'est en étant à maintes reprises sauvées qu'elle a pu parvenir jusqu'à nous et continuer à fasciner les curieux, les amoureux d'histoire, les scientifiques et les artistes.

La Tapisserie de Bayeux a certainement été créée pour orner la nouvelle cathédrale de Bayeux au XIe siècle. Comme l'atteste un inventaire du Trésor de la cathédrale, elle y aurait passé sept siècles. Il faut ensuite attendre le XVIIIe siècle pour avoir à nouveau mention de la Tapisserie et apprendre qu'elle faillit être découpée en 1792 pour bâcher les chariots de soldats. Elle fut fort heureusement sauvée par un avocat. Au début du XIXe siècle sous Napoléon Bonaparte, la Tapisserie de Bayeux est envoyée à Paris pour être tour à tour exposée au Musée Napoléon, puis au Louvre. On se demande alors si l'Empereur ne l'aurait pas utilisée dans le but d'une propagande liée à sa future invasion de l'Angleterre. En 1812, c'est le retour à Bayeux où elle est conservée au sein de l'Hôtel de Ville, puis exposée à partir de 1842 dans la galerie Mathilde.

En 1939, elle est transférée dans un abri souterrain sous l'Hôtel du Doyen à Bayeux, où elle reste confinée et est déployée une fois par mois pour en vérifier l'état. En juin 1944, alors que la Tapisserie se trouve au dépôt des Musées Nationaux de Sourches dans la Sarthe, le chef de la SS Heinrich Himmler ordonne son transfert dans un abri à Paris. En août 1944, l'insurrection de la capitale sauve ce chef-d'oeuvre d'un départ pour l'Allemagne. Les nazis s'intéressaient en effet à la Tapisserie afin d'y trouver des preuves de la supériorité de la " race nordique ". En décembre 1944, on profite de sa présence au Louvre pour l'exposer une nouvelle fois dans le célèbre musée parisien, avant qu'elle regagne l'Hôtel du Doyen à Bayeux pour être exposée dans sa vitrine.

Projet de la déchirer à la Révolution, puis de vol par les nazis, c'est une histoire incroyable que celle de la Tapisserie de Bayeux, aujourd'hui exposée de manière permanente dans le musée éponyme depuis 1983. La Tapisserie de Bayeux prend place dans une salle sombre où l'éclairage met minutieusement en avant les détails et les couleurs.

La Tapisserie de Bayeux, une broderie narrative

Si l'on ne connaît pas le ou les auteurs de la Tapisserie de Bayeux, on est en revanche certain d'une chose, la technique employée est bien celle de la broderie. Les neuf panneaux en lin reliés les uns aux autres et qui présentent des scènes relatives à la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant ont été brodés avec du fil de laine. Les pigments utilisés pour teindre la laine proviennent de l'utilisation de plantes telles que la gaude, la garance et le pastel.

La Tapisserie de Bayeux a été confectionnée via l'utilisation de quatre points de broderie. Il s'agit du point de tige, du point de chaînette, du point fendu réalisé à deux fils et du point de couchage autrement appelé " point de Bayeux ". C'est ce dernier qui a été utilisé pour remplir les plages colorées et qui produit un effet de relief.

On note aujourd'hui que si les couleurs d'origine ont merveilleusement bien traversé les époques, les teintes issues des restaurations du XIXe siècle ont en revanche terni. En parallèle, pendant la récente période de fermeture du musée, huit restauratrices spécialisées ont répertorié des tâches, plis et autres déchirures. Si certaines altérations comme les trous issus de ses multiples accrochages dans le temps seront conservées en tant que témoins de l'histoire de l'oeuvre, d'autres feront l'objet d'une restauration prévue à l'automne 2024. L'objectif, que la Tapisserie de Bayeux continue à émerveiller les curieux des générations à venir.

Quelques expériences à ne pas manquer lors d'une visite de la Tapisserie de Bayeux

Une escapade à Bayeux pour se rendre au musée qui abrite la Tapisserie peut être complétée par la visite de la cathédrale Notre-Dame de Bayeux, où l'oeuvre passa plus de sept siècles de son histoire dans le Trésor. Elle y était alors exposée une fois par an pour montrer aux fidèles le sort réservé au parjure Harold. L'édifice classé Monument historique depuis 1862 s'inscrit dans le style roman et gothique normand. L'architecture de la cathédrale interpelle de suite le regard, la crypte est splendide et des vitraux contemporains conçus par Véronique Joumard dans la cathédrale de Bayeux vont être prochainement installés.

Une autre expérience possible est un stage proposé par Chantal à l'atelier-boutique Bayeux Broderie. On y apprend la technique de broderie ancestrale qu'est celle du point de Bayeux après avoir choisi son dessin. L'atelier transmet un unique savoir-faire lié au patrimoine et à l'histoire de cette partie du territoire normand. Un moment pour se faire plaisir, seul, à deux comme en groupe.