Guide de voyage Alphonse

Un sublime chapelet bleu-blanc-vert que l’on aimerait survoler pendant des heures avant que n’atterrisse le Beechcraft d’IDC, qui relie Mahé à Alphonse en une heure à peine, cinq fois par semaine (tout séjour devant, en principe, compter au moins trois nuits). D’emblée, la sérénité vous saisit. Découverte le 28 janvier 1730 par le chevalier Alphonse de Pontevez, commandant la frégate Le Lys, cette petite terre corallienne de forme triangulaire et d’un peu plus de 1 km de long, est l’archétype même de l’île tropicale, cernée de sable blanc et recouverte d’une épaisse cocoteraie. Pêche et plongée au programme. Le village a aussi son quartier indien. Une quarantaine de Malabars végétariens y vivent à leur façon, sitôt le travail terminé. Ces travailleurs, auxquels on doit la construction de l’hôtel, sont désormais employés à l’entretien de l’île et au ramassage des noix de coco. Blue Safari Seychelles, gérant l’île au nom de l’Island Development Company (IDC), doit aussi veiller à la bonne marche des générateurs d’électricité et de l’usine de désalinisation de l’eau de mer. C’est aussi lui qui veille au ravitaillement de l’île, que deux bateaux de marchandise desservent chaque mois, l’un étant destiné à l’hôtel, l’autre aux travailleurs qui peuvent s’approvisionner chaque après-midi à la boutique. Il suffit d’y jeter un œil pour comprendre que la vie à Alphonse ne repose que sur quelques produits essentiels, tels le riz et la SeyBrew. Quel contraste avec la profusion du resort ! Sur cette île du bout du monde où la nature n’offre guère que des poissons, des papayes et des cocos, le mot privilège prend plus de poids encore. L’Occidental actif n’aura qu’à choisir entre le vélo et le bateau à pédales, le canoë ou le tennis, la piscine ou le lagon… Les palmes, le masque et le tuba sont en tout cas fournis par la maison. Mais comment peut-on séjourner à Alphonse sans s’adonner à la pêche ou à la plongée ? Car côté plage, c’est la déception pour qui a connu Desroches ou Denis, le seul bain vraiment divin étant à marée haute celui de Tamatave, à la pointe nord de l’île. Bien que frangée d’un sable engageant au laisser hâler, Alphonse n’est en effet que peu propice à la baignade, faute de fond. On comprend dès lors que la piscine connaisse un certain succès. Direction surtout le centre de plongée qui propose aux plongeurs une dizaine de sites, tout au plus à 20 minutes. Abysse, Oasis et Napoléon Point figurent parmi les plus captivants. Que l’on descende à 6 m ou à 35 m, à chacun son tableau sous-marin ! Du jardin corallien voisin jusqu’aux abords du grand tombant (qui, à 1 km d’Alphonse, plonge à quelque 3 500 m !), le spectacle est assuré, même si le corail a ici aussi pâti du réchauffement de l’après-El Niño, la moitié ayant là survécu, contre 15 % seulement à Mahé. Pour les plongeurs confirmés, pas mal de petites bébêtes : grande carangue ou raie manta, requin gris ou requin-baleine (en novembre et en décembre), visibles à chaque sortie. Il arrive même que surgisse un espadon-voilier. Doté d’un catamaran de 230 CV et d’un matériel récent, l’Alphonse Water Sports (PADI) ne s’adresse toutefois pas qu’aux amateurs de la grande faune océanique. L’aquarium corallien se révèle même parfait pour qui veut s’initier, bouteille au dos, à la découverte du monde du silence. Parfait aussi pour qui veut taquiner le gros pour la première fois, car côté pêche, l’atoll d’Alphonse vaut le voyage, les meilleures périodes correspondant aux intersaisons, octobre-novembre et avril-mai. Il n’est pas question, en revanche, de venir là de la mi-juin à la mi-septembre, la houle, parfois violente, empêchant certains jours toute sortie à l’extérieur du lagon. Mais lorsque la mer est bonne, il y a de quoi se régaler : marlins, voiliers, thons, barracudas, wahoos, daurades, bonites et autres carangues de belle taille, dans des eaux si poissonneuses qu’on est obligés d’en relâcher. Les lieux de pêche étant situés à moins d’une demi-heure de l’île. Il est aussi possible de pêcher à la palangrotte et, surtout, à la mouche, sur les flats sablonneux de Saint-François. Les amateurs de cette pêche en vogue savent en effet que le lagon de Saint-François, à une demi-heure de bateau d’Alphonse, peut être considéré comme le must de la pêche à la mouche en eaux tropicales à travers le monde. Il n'y a toujours que douze chanceux pêcheurs à la fois pour maintenir l'équilibre du site. Excursions. Toutefois, point n’est forcément besoin d’une canne à pêche pour patauger dans l’éblouissant lagon de Saint-François, des excursions étant proposées pour cette île honorant la mémoire de saint François de Sales. Inhabitée, elle est difficilement accessible, puisqu’un bateau ne peut y aborder. Il faut dès lors marcher un bon quart d’heure dans 30 cm d’eau avant de toucher la terre ferme, que semblent avoir colonisé de gros crabes bleus de mer. C’est une terre encore sauvage, sans le moindre cocotier. Il y a là, certes, quelques filaos, couverts de frégates, mais ce paysage de mangroves et de bosquets rappelle surtout qu’on se rapproche d’Aldabra. On est loin de l’île-cocotier dont l’archétype, tout près de là, s’appelle Bijoutier. Cet îlot tout rond est une pure merveille. Il est accessible d’Alphonse en une vingtaine de minutes, quand la mer le permet (éviter juillet et août). N’étant guère qu’un amas de sable blanc recouvert d’un bouquet de cocotiers et de veloutiers, et d’un gros filao, il est en fait l’îlot des dessins animés, et des films d’aventures. Un quart d’heure suffit pour faire le tour de cette carte postale grandeur nature où il n’y a rien à changer. Même les hérons et les frégates sont là ! Dans un merveilleux décor, prenez le plus beau bain peut-être de votre vie. À noter : pour s’offrir une dernière émotion, vue d’avion, placez-vous à gauche de l’appareil pour le vol du retour.