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La Villa Empain © Rudy Mareel - Shutterstock.com.jpg

Bruxelles médiévale

Bruxelles conserve de sa période médiévale quelques fragments de sa première enceinte fortifiée. Ainsi, au pied du Sablon, longeant le boulevard de l’Empereur, se trouvent les restes de la Tour Anneessens, qui permettait aux soldats de défendre la rue Haute. Cette partie du mur d’enceinte comprend plusieurs meurtrières encore bien conservées. Non loin de la place de Dinant, profitez de la promenade aménagée qui longe une portion du mur, au bout de laquelle vous pourrez découvrir la Tour de Villers, ou Tour Saint-Jacques. En vous rendant derrière l’église Sainte-Catherine, vous trouverez enfin la Tour Noire (XIIIe siècle) que la façade du Novotel contourne, à la demande expresse du Bourgmestre, dans une drôle de confrontation de style et d’époques.

Une autre des richesses médiévales se cache sous la Place Royale : les vestiges du Palais de Coudenberg, rasé en 1731 et remplacé par le Palais Royal construit en 1780. Le temps d’une visite guidée souterraine, vous découvrirez les cuisines, les caves du corps du logis du château, et la célèbre salle d’apparat Aula Magna où Charles Quint (1500-1558) fut nommé roi à quinze ans, sans savoir qu’il abdiquerait entre ces mêmes murs quarante ans plus tard.

L’art roman qui se développa en Wallonie, à la croisée des influences française et germanique (influences carolingienne et ottonienne), fut qualifié d’art mosan de la région de la Meuse. L’Église Saint-Nicolas jouxtant le Palais de la Bourse, est l’une des quatre premières églises de Bruxelles. Elle fut construite en 1125, mais après sa destruction au XIVe siècle, son cœur qui date de 1381 est aujourd’hui la partie la plus ancienne.

Au XIIe siècle, l’art roman fut détrôné par le gothique. Le gothique brabançon et le gothique tournaisien sont deux variantes propres à la Belgique et aux Pays-Bas. En 1238, un couvent franciscain, dit des frères Récollets, s'installe en bord de Senne, à côté de l'église Saint-Nicolas et de la Grand-Place. Cette implantation stratégique souligne pour les archéologues l’importance de ces moines dans la Bruxelles d’antan. Lors de travaux de voirie dans le cadre de la rénovation de la Bourse en 1988, les ruines de Bruxella 1238 ont révélé leurs trésors, et il est aujourd’hui possible de les parcourir sous une verrière aménagée.

Au XVe siècle apparaît le gothique flamboyant qui se caractérise par la fantaisie de ses ornements, comme vous pouvez l’observer sur la partie gothique de l’Hôtel de Ville, qui remonte à 1421 pour son aile gauche et la base de la tour. L’aile droite et la partie supérieure de la tour surplombée de sa flèche sont achevées respectivement en 1449 et 1455. La tour n’est pas un beffroi, ce qui explique sa structure légère : elle n’avait pas à supporter de lourdes cloches. Elle est constituée d’une base carrée surmontée d’une tour lanterne édifiée par Jan van Ruysbroeck (1293-1381). Le portail ogival est surmonté d’un tympan représentant l’archange Saint-Michel entouré de cinq saints, dont Saint-Géry qui, comme le veut la légende, édifia une chapelle à l’origine de la ville. La façade présente de curieuses asymétries : le portail n’est pas placé dans l’alignement du reste de la tour tandis que l’aile gauche comporte trois travées et cinq arcades de plus que l’aile droite, et les fenêtres du premier étage sont différentes sur les deux ailes. On raconte que l’architecte, atterré par son erreur grotesque, se serait suicidé en découvrant le bâtiment terminé. Ces variations s’expliquent sûrement par les trois décennies qui séparent les travaux sur les ailes menés en réalité par différents architectes.

Du baroque au néoclassique, entre influences italienne et française

Aux XVIe et XVIIe siècles, le gothique se teinte d’influences italiennes. À cette époque, le baroque fait également son apparition, introduit par les jésuites. En Flandre, il prend un aspect particulier qui sera qualifié de « style baroque flamand » caractérisé par la profusion du décor intérieur et en façade. Après le bombardement de Bruxelles par les Français, en 1695, les maisons de la Grand-Place  furent reconstruites dans ce style avec ses dorures et ses formes opulentes.

Au XVIIIe siècle, après l’exubérance du baroque, sous la domination autrichienne, l’architecture belge prit un aspect rationnel, un peu ennuyeux, de style néoclassique, que vous retrouverez dans les bâtiments qui entourent la place Royale ou la place des Martyrs. Les nouvelles ailes de l’Hôtel de Ville qui forment sa cour intérieure sont ajoutées en 1707 par l’architecte et sculpteur Corneille van Nerven (1669-1714) sur les ruines de la Halle au Drap, et réalisées dans un style néoclassique dit Louis XIV. Bien plus austères que la façade gothique, leur sobriété dénote. Dans la cour intérieure, une étoile pavée signale le centre géographique de Bruxelles.

Art nouveau et Art déco

Après l’indépendance de la Belgique en 1830, la nouvelle nation veut prouver que sa capitale peut rivaliser avec les autres grandes villes européennes. Elle se lance alors dans de grands projets d’urbanisme et dans la construction de bâtiments publics imposants et extravagants. Les chics galeries Saint-Hubert, des galeries commerçante surmontées d’un vitrage et ornées de multiples sculptures, ou le Palais de Justice de Bruxelles de style gréco-romain, en sont des exemples. Le désir d’exposer ses richesses et sa puissance se retrouve dans l’architecture privée : les hôtels de maître reflètent la prospérité du pays, conçus dans un style sobre néoclassique ou plein de fantaisies. Le mélange des genres caractérise la période, et ce au sein d’un même bâtiment, à l’instar de l’Eglise Sainte-Catherine, qui affiche autant des formes gothiques qu’une décoration baroque tout en s’inspirant d’églises françaises du XVIe siècle – comme Saint-Eustache à Paris.

La fin du XIXe siècle voit l’apparition de l’Art nouveau, aussi appelé Jugendstil, représenté en architecture par Victor Horta (1861-1947), Paul Hankar (1959-1901) et Henry Van de Velde (1863-1957). Contrairement au gothique ou néo-gothique, l’Art nouveau affectionne lignes courbes et se veut naturaliste. Les motifs représentent des fleurs, des plantes, des arbres, des insectes, des animaux. Le second objectif de ce courant est de rendre l’art accessible à tous. Les lignes de mobiliers dessinées par Serrurier-Bovy (1858-1910) à l’image de sa chaise en kit « Silex », sont emblématiques. Ces objets, souvent en bois, étaient destinés aux intérieurs des classes populaires.

L’hôtel Tassel (1893) de Victor Horta devient la première synthèse mondiale de l’Art nouveau en architecture. L’architecte casse l’agencement classique de la maison de maître bruxelloise, caractérisé par une enfilade des pièces à vivre où le salon se retrouvait en plein milieu des bâtisses, privé de lumière du jour. Ainsi il choisit de placer la porte d’entrée, traditionnellement latérale, en plein milieu de la façade et sacrifie le centre de la demeure pour y installer un puits de lumière. Nous retrouvons sur la façade à la bow window incurvée tous les éléments qui font la richesse de l’Art nouveau, dans un mélange de pierre blanche, de verre et de métal. Un autre magnifique exemple est le bâtiment de l’ancien magasin Old England, aujourd’hui occupé par le Musée des Instruments de Musique. En face de la fontaine Calder, au cœur du Mont des Arts, c’est le trésor de l’Art nouveau et l’œuvre de l’architecte Paul Saintenoy (1862-1952) en 1899. Sa tourelle en fer forgé parachève une façade vitrée ouvragée tel un bijou.

Les nouveaux matériaux, tels le bois, la pierre, l’acier ou le verre, permettent d’appliquer cette démocratisation. Ils favorisent aussi une évolution architecturale en permettant la construction d’immeubles de plus en plus hauts.

Après la Première Guerre mondiale, l’Art déco prend tout naturellement la relève de l’Art nouveau. Le béton armé et le verre compressé sont désormais utilisés. Horta suit lui aussi les modes du temps avec le Palais des Beaux-Arts (Bozar) et la gare Centrale. Un des plus beaux exemples de l’Art déco belge est sûrement la majestueuse Villa Empain, avec ses lignes plus droites et anguleuses, ses détails en fer forgés ainsi que ses divers éléments de décorations. Les matériaux sont similaires : marbre, granit poli, bronze, fer forgé, vitraux et bois précieux. Située sur la prestigieuse avenue Franklin Roosevelt, elle est l’œuvre de l’architecte suisse Michel Polak (1885-1948). Entièrement restaurée, elle est ouverte au public et abrite le Centre d’art et de dialogue des Cultures d’Orient et d’Occident.

Modernisme, post-modernisme et architecture contemporaine

La tour de verre et de béton de la brasserie Wielemans-Ceuppens, et aujourd’hui du WIELS, centre d’art contemporain réputé, est typique du modernisme belge. Il s’agit du bâtiment abritant la troisième salle de brassage, réalisé en 1931. Son imposante structure en béton armé est rehaussée de motifs Art déco, un mélange réussi annonçant pourtant le déclin progressif du style. Son architecte, Adrien Blomme (1878-1940), est également connu pour la maison qui porte son nom (Maison Blomme, 1928).

La fondation KANAL, antenne bruxelloise du Centre Pompidou, devrait bientôt voir le jour dans l’ancien garage Citroën, caractéristique de l’architecture fonctionnaliste des années 1930 avec ses immenses murs rideaux surplombés d’une corniche. Une association de trois cabinets internationaux a été choisie pour réhabiliter ce lieu patrimonial et le transformer en musée, tout en lui redonnant l’élégance et la grâce de ses premiers jours.

Parmi les bâtiments d’après-guerre, l’Atomium est devenu le symbole de la Bruxelles moderne, construit pour l’Exposition universelle de 1958 et dont la forme représente un atome de fer agrandi 165 milliards de fois. L’énorme et cruciforme Berlaymont est un des emblèmes du tristement célèbre quartier européen, achevé en 1969. L’ensemble du quartier est caractérisé par un postmodernisme marqué. Son plan et ses grandes façades austères cachent des références au style Art déco, qui fait l'originalité de la capitale européenne. Ce quartier est violemment critiqué par ses riverains et les Bruxellois en général, qui le trouvent à juste titre peu agréable et brouillon. Plus récemment, le bâtiment Europa affiche une touche d’originalité dans la grisaille de rigueur aux alentours de la Commission. Ce cube lumineux recouvert d’une structure percée, évoquant là encore de l’ornement Art déco, renferme une amphore géante en verre sablée, en forme d’œuf. Le cabinet belge Philippe Samyn and Partners a remporté l’appel d’offre pour ce projet colossal qui abrite depuis 2016 le Conseil européen.

Le Square-Brussels Meeting Center, réalisé par le cabinet bruxellois A2RC, remplace l’ancien Palais des congrès. Ce cube de verre semi-enterré n’est pas sans rappeler la Pyramide du Louvre. Une rampe en pente douce permet d’accéder à l’intérieur du bâtiment en s’enfonçant sous le Mont des Arts.

Enfin, n’oubliez pas de vous rendre au Musée Adam du Design pour y découvrir ses expositions temporaires variées, souvent à caractère historique, mais surtout sa collection de meubles et objets en plastique !