SPECIAL ASTROPHYSICAL OBSERVATORY - OBSERVATOIRE SPÉCIAL D'ASTROPHYSIQUE

Sous l'appellation barbare "Observatoire spécial d'Astrophysique" doublée de la sobre référence "BTA-6" se cache en fait un des observatoires astronomiques les plus mythiques au monde, beaucoup mieux connu des passionnés sous le nom d'Observatoire de Zelentchoukskaïa ! Installé dans le Caucase, en république de Karatchaïévo-Tcherkessie, à 2 070 m d'altitude, il fut en effet de 1975 à 1993 le plus grand télescope du monde, avec son miroir de 6 m de diamètre, supplantant son concurrent américain, et non moins célèbre, le télescope de 5 m du mont Palomar en Californie. A l'époque, l'humanité sortait à peine de la rivalité entre les deux grandes puissances pour la conquête de la Lune ! Le Zelentchouk a une histoire assez incroyable, mélange de technologie de pointe pour sa conception mais aussi d'erreurs dans la fabrication de son optique, dans l'architecture de sa coupole et même dans le choix du site pour son implantation !

Tout commence le 25 mars 1960 quand le Conseil des ministres de l'URSS adopte une résolution visant à la construction d'un télescope géant de 6 m de diamètre. On n'ose le dire, mais en pleine guerre froide cette décision semble prendre logiquement le train en marche de la conquête spatiale, dans laquelle les deux grandes puissances, États-Unis et URSS, se sont lancées afin d'asseoir leurs suprématies technologiques et politiques. Envoyer des satellites puis des hommes dans l'espace, arriver les premiers sur la Lune... et surclasser le plus grand télescope du monde, américain de surcroît, sont autant de quêtes ultimes espérées par les Soviétiques. Une fois actée la décision de construire ce télescope, les institutions les plus brillantes du pays sont mises à contribution pour concevoir le miroir de 6 m de diamètre (pesant quelque 70 tonnes), le polir, imaginer les plans de la coupole et des bâtiments techniques rattachés, trouver le bon site pour qu'il puisse donner la pleine mesure de ses performances, etc. De Moscou à Leningrad, en passant par Lytkarino, Gorky ou Kirov, de nombreuses villes et secteurs économiques travaillent de concert pour venir à bout du projet. C'est l'Académie des sciences de l'URSS qui est chargée de trouver le meilleur site d'implantation, avec pour critères impératifs une situation géographique permettant d'acheminer aisément les pièces volumineuses de ce "meccano géant", dont le miroir principal du télescope. C'est finalement le secteur de la montagne Pastukhov, non loin de la commune de Zelentchoukskaïa, qui est choisi, avec son altitude de 2 100 m et sa superficie de 50 hectares, nécessaires pour implanter le bâtiment principal (une tour de 53 m de haut, coiffée d'une coupole de 45,2 m de diamètre !), l'hôtel des astronomes, les hébergements destinés au personnel d'entretien, les dépendances techniques, etc. Les premières pièces du télescope de 650 tonnes sont amenées en 1968, avant d'être patiemment assemblées durant les années suivantes. Dans le même temps, bâtiments et coupoles sont construits selon les normes édictées les plus strictes. En juin 1974 débute l'une des phases les plus ardues, le transport du miroir jusqu'à l'observatoire... et le 21 août il arrive à bon port. Au cours de l'hiver 1974-1975, le télescope entre en service et semble voué à devenir une nouvelle fierté nationale. C'était compter sans une optique qui s'avère de qualité médiocre, sans doute fabriquée à partir d'un verre mal adapté aux conditions climatiques sur site (les écarts de température dilatent et contractent le matériau, changeant sa forme et en conséquence ses performances). Décision est donc prise de le remplacer, ce qui est fait en 1978 par un nouveau miroir encore aujourd'hui en fonctionnement. Mais les problèmes ne s'arrêtent pas là... La coupole est mal conçue, ne facilitant pas la mise en température du télescope, tandis que le site s'avère très turbulent sur le plan atmosphérique (les images sont brouillées et leur précision s'en ressent !). Ce qui devait être le télescope de tous les superlatifs s'avère être le télescope de toutes les difficultés ! Avec le temps heureusement, et l'amélioration constante des équipements numériques, le Zelentchouk offre des performances très convenables, notamment grâce à son diamètre très conséquent lui permettant de traquer des objets de très faibles luminosités.

La visite guidée de cet impressionnant télescope se déroule deux fois par semaine en basse saison, les samedis et dimanches, et en haute saison les vendredis, samedis et dimanches, de 9h à 15h. La durée de la visite est de 35 minutes environ. Il faut au minimum 10 personnes inscrites. Il est aussi possible d'observer depuis le site à l'aide d'un télescope de 280 mm de diamètre installé pour la circonstance. Ces soirées ont lieu tous les soirs, mais dépendent bien évidemment de la météo (la confirmation ou non de la tenue de la soirée est généralement prise une heure avant le départ). En été, rendez-vous est donné à 21h30, au village de Nizhny Arkhyz (en hiver vers 19h30). Ces soirées durent en moyenne 1h45. En basse comme en haute saison, et du fait de l'altitude et des conditions climatiques, il est impératif de venir sur site habillé chaudement.

A noter enfin qu'un autre observatoire astronomique peut être visité dans la région, cette fois de type radio-astronomique (un réseau d'antennes braquées vers le ciel étudient les ondes radio émises par les astres). C'est le RATAN 600 (une autre appellation poétique) dont le diamètre impressionne le visiteur (576 m) et qui est l'un des plus grands radiotélescopes du monde ! Il est situé à proximité de Zelentchoukskaïa, à 21 km environ du village de Nizhny Arkhyz, à une altitude de 970 m. Il fait partie intégrante de l'Observatoire spécial d'Astrophysique de l'Académie des sciences de Russie, et étudie en priorité les galaxies, notamment très lointaines. Les visites guidées du site ont lieu tous les jours de 9h30 à 15h (excepté le 1^er janvier) sur réservation au 8 928 3949139. Leur durée varie autour de 40 minutes. Moins intéressantes et surtout infiniment moins spectaculaires que celles du télescope de 6 m, elles ont le mérite d'être très peu onéreuses (aux dernières nouvelles 120 roubles, soit moins de 2 €, y compris pour les non-ressortissants russes).