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La lagune du grado et ses cabanes de pêcheurs ont inspiré Pier Paul Pasolini pour son film.jpg

Cinéastes italiens d’ici et d’ailleurs

La plupart des grands noms italiens ont été conquis par les paysages et l’architecture unique de la région. Son histoire, notamment les épisodes meurtriers de la Première Guerre mondiale où s'affrontent les troupes italiennes et austro-hongroises, ont inspiré de nombreux drames. La Grande Guerra de Mario Monicelli (1959) rend à ce titre hommage à ces combattants et à cette belle région d'Udine, en plus d'être un grand film. Quelques années plus tard, le grand Pier Paolo Pasolini tourne Médée dans la région, qui sortira en 1969. Inspiré par le mythe grec arrivé jusqu’à nous par le texte d’Euripide, le réalisateur livre une version noire du récit de cette femme éperdument amoureuse de Jason, mais qui sombrera ensuite dans la folie jusqu’à assassiner ses propres enfants. Maria Callas, grande cantatrice de l’époque, y incarne l’héroïne, tandis que Jason apparaît sous les traits de Giuseppe Gentile, acteur italien également recordman du monde du triple saut aux Jeux Olympiques de 1968.

La lagune de Grado et ses casoni, maisonnettes de pêcheurs disséminées autour de ce lac splendide, ont charmé Pasolini qui y établit le village de son centaure. Quelques années à peine après ce tournage, c’est au tour de Luchino Visconti de poser sa caméra à Trieste pour le superbe Mort à Venise (1971). Si l’action de ce drame captivant adapté de l'œuvre de Thomas Mann se déroule principalement dans la cité lacustre, Visconti utilisera la gare de Campo Marzio pour représenter la gare de Venise. Aujourd’hui un musée consacré à l’histoire du chemin de fer régional, vous pourrez y découvrir de nombreux trains encore en état de marche, et peut-être même embarquer dans l’une de ces pièces de collection. De quoi vous replonger dans l’ambiance étrange de ce grand film du cinéma italien des années 1970.

Trieste est aussi la star de son propre film dans La ragazza di Trieste, de l'auteur Pasquale Festa Campanile (1982). Adaptant son propre roman sorti l'année précédente, le cinéaste y brosse le portrait d'un artiste vieillissant qui trouve en cette jeune fille mystérieuse une nouvelle muse, même si elle semble cacher un lourd secret.

Plus récemment, la nouvelle génération de cinéastes italiens s’est emparée des paysages vénitiens pour y établir des récits comiques (Tolo Tolo de Checco Zalone, 2020), des histoires d’amour (Il giorno più bello de Massimo Cappelli, 2006) ou encore des aventures fantastiques (Il ragazzo invisibile de Gabriele Salvatores, 2014), avec plus ou moins de réussite auprès du public italien. Parmi ceux-ci, il convient de souligner l'œuvre du sicilien Giuseppe Tornatore, qui tourne deux films dans la région. L'inconnue (2006), drame narrant les mésaventures d’une jeune femme ukrainienne embarquée dans un réseau de prostitution, est ainsi entièrement réalisé à Trieste. Vous pourrez y reconnaître le Palazzo delle Assicurazioni Generali, mais aussi les rues commerçantes de la ville, ainsi que le parc de la Villa Revoltella. Encensé par la critique nationale et internationale, L'inconnue remporte cinq David di Donatello, les Oscar italiens, avant de rafler le prix du public au festival de Chicago, et le prix du public aux European Film Awards. Tornatore poursuit une carrière riche en pépites, avec des stars européennes et internationales. En 2013, il revient à Trieste pour réaliser La meilleure offre (2013), récit à suspense autour d'un galeriste incarné par Geoffrey Rush. La Piazza Guglielmo Oberdan ainsi que la Via Guido Corsi apparaissent dans le film, tandis qu'une partie de l'action se déroule dans la belle Villa Mainardis à Gorizzo, lieu idyllique par ailleurs aujourd'hui un agritourisme réputé. Enfin, l'on ne saurait être complet sans parler de la série dramatique La porta rossa (2017-), feuilleton policier de qualité mêlant fantastique et thriller, et également tourné à Trieste.

Quand le cinéma international s'entiche des confins de l'Italie

À l'image des productions italiennes, les tournages internationaux sont intimement liés au contexte historique et politique de la région. La grande adaptation de L'adieu aux armes d'Ernest Hemingway, réalisée par Charles Vidor et John Huston (1957) avec Rock Hudson dans le rôle principal, se tourne ainsi à Venzone pour ses premières minutes, avant de voyager dans l'Italie au gré du récit. En 1996, la guerre sera de nouveau le sujet d'un grand film d'Hollywood, The English Patient, de l'anglais Anthony Minghella. Filmé entre la Toscane et la Vénétie, avec une halte à Trieste, cette œuvre au casting impressionnant (Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Willem Dafoe, Kristin Scott Thomas ou encore Colin Firth) récolte pas moins de neuf Oscars, dont celui du meilleur film. À découvrir non seulement pour les belles vues de la ville qu'elle vous offrira, mais aussi pour son histoire d'amour poignante.

Dans un autre registre, une autre figure de la littérature anglo-saxonne fait également halte à Trieste, James Bond. Dans Tuer n'est pas jouer (1987), c'est Timothy Dalton enfile pour la première fois le smoking de 007, au cœur d'un récit où la guerre froide a encore toute sa place. Voyageant entre Vienne, le Kosovo, le Maroc et les États-Unis, Bond s'aventure également dans le passo di Pramollo, sur les hauteurs d'Udine, pour une course poursuite dont seule la saga a le secret. Enfin, comment passer à côté du mythique Parrain II (1974), tournées entre l’Italie et les États-Unis ? En lieu et place du bureau des immigrations d’Ellis Island, c’est l’ancien marché de la Pescheria Centrale, sur la riviera de Trieste, qui sert de lieu de tournage à cette scène-clé du chef d'œuvre de Francis Ford Coppola.

Depuis les années 2000, séries et films ont régulièrement fait halte dans la Frioul Vénétie Julienne, appâtés par les aides de la Commission régionale qui soutient l'économie et la production sur ses territoires. Ainsi, l'on a pu croiser Naomi Watts sur la Piazza Unità d’Italia et dans le Caffè degli Specchi, où elle tournait Diana (2013), mais aussi Ewan McGregor, incarnant James Joyce dans Nora (2000). Tout récemment, la série Borgias (2014) a établi ses quartiers dans deux des châteaux de la région, à Villalta et à Gorizia. Preuve de la diversité architecturale de la région, que vous pourrez découvrir au travers de ces nombreux films.