600 000 ans avant J.-C. à 35 000 avant J.-C.

A la découverte des premiers hommes

C’est à Biache-Saint-Vaast, dans le Pas-de-Calais, que fut mis au jour le chantier préhistorique le plus important de la région. Le vestige célèbre du crâne d’une femme qui y a été retrouvé date d’environ 200 000 ans, mais on estime que l’être humain est présent dans ces contrées depuis plus de 600 000 ans.

Les fouilles de Biache-Saint-Vaast ont permis de mieux connaître le mode de vie des hommes du Paléolithique moyen. La phase récente de cette période, du début de la dernière période glaciaire à 35 000 ans, correspondant à celle des hommes de Néandertal, est également connue dans le Pas-de-Calais grâce à quelques gisements comme ceux de Corbehem, Tortequenne, Hermies ou Rinxent.

Dans la vallée de la Sensée se trouvent monolithes, sépultures et autres tumulus, étrangement conservés et datant de la période pré-gallo-romaine. De son côté, l'ancienne Picardie a conservé de nombreux témoignages de l’ère préhistorique : à Abbeville avec des trouvailles datant du Paléolithique, mais aussi dans l’Oise (à Breteuil, Jonquières ou Néry) et dans l’Aisne.

La Somme peut être considérée comme le berceau de l’archéologie puisque c’est à Abbeville, au milieu du XIXe siècle, que Jacques Boucher de Perthes découvrit des silex taillés et des fossiles d’animaux dans des carrières aux abords de la ville. Ce fut pour lui la preuve de l’existence de l’homme avant le Déluge : l’homme préhistorique était né. Un peu plus tard, sur un chantier d’extraction à Saint-Acheul, un faubourg d’Amiens, furent mis au jour des silex taillés qui seront baptisés acheuléens. Les outils de Saint-Acheul ont été datés d’environ 450 000 ans. Les plus vieux outils de ce type ont été trouvés en Afrique et datent de plus d’un million d’années.

Les outils de Saint-Acheul © Morphart Creation - Shutterstock.Com.jpg

57 avant J.-C.

Environ deux siècles avant notre ère, quatre grandes tribus gauloises venues de l’est envahissent le territoire de notre nord de la France actuel et s’établissent surtout dans l’actuel Pas-de-Calais, laissant le Nord couvert de vastes forêts et de marécages. Conquise par Jules César en 57 avant J.-C., la région est restée rebelle à l’intégration romaine chez les Morins et les Nerviens, qui ne cédèrent que cinq siècles plus tard aux invasions des Francs. Les tribus gauloises peuplant les contrées picardes furent quant à elles vaincues définitivement par Jules César en 51 avant J.-C. ou résistèrent pour finalement être incorporées dans la Gaule belge.

Sur la côte, Itius Portus (probablement Wissant) est déjà l’une des grandes stations navales de l’Empire romain qui y laisse de nombreuses traces de son implantation, notamment les routes, appelées de nos jours « chaussée de Brunehaut ». Sept d’entre elles rayonnaient ainsi autour de Bagacum (Bavay, dans l’Avesnois, dont le forum romain est fort intéressant), permettant à la cité de commercer avec tout l’Empire.

C’est d’ailleurs à cette époque que les principales villes se développèrent, parmi lesquelles Amiens, et l’explosion démographique fit des villages des cités d’importance. L’Aisne devint en particulier, grâce à sa position stratégique, un territoire très convoité. Après l’incorporation de la Gaule belge et l’évangélisation, la région passa aux mains des Francs, avec l’arrivée de Clovis. Mais nous sommes déjà alors au Moyen Âge...

843

Les effets du traité de Verdun

En 843, lors du traité de Verdun qui coupe l’empire des Francs en trois royaumes, l’Escaut devient la frontière entre la Neustrie, noyau originel de la future France, et l’Austrasie, destinée à être longtemps territoire germanique. Puis les territoires se disloquent dans l’anarchie féodale et se transforment en puissants comtés. Ainsi, l’histoire de la région aux alentours de l’an mille reflète la complexité du système féodal.

À l’ouest, le comté de Flandre profite d’un pouvoir royal français trop lointain dont il n’est que le vassal théorique. Les premiers comtes flamands parviennent à lutter efficacement contre les Normands et ils en profitent pour étendre leur juridiction de la Canche à l’embouchure de l’Escaut. Du côté germanique, on observe la même tendance avec l’apparition d’entités politiques ne devant qu’une obéissance toute théorique à l’empereur.

Fin XIIe - début XIIIe siècle

Successions et territoires

En 1180, Isabelle de Hainaut épouse Philippe Auguste, qui reçoit donc l’Artois en dot. Suite à une succession délicate concernant le comté de Flandre (et impliquant le comté de Hainaut), le roi de France doit faire face à une coalition réunissant l’empereur, le roi d’Angleterre et le comte de Flandre, Ferrand de Portugal. L’affrontement se solde par une bataille décisive à Bouvines en 1214, laquelle voit la victoire de Philippe Auguste. Celui-ci parvient par ce coup d’éclat à s’ingérer dans les affaires des Flandres et du Hainaut. Cette période faste profite également à l’émergence religieuse, avec le fleurissement des béguinages. Elle est néanmoins de courte durée. Les tensions montent progressivement entre les rois de France et d’Angleterre, au sujet des Flandres notamment.

1337

Début de la guerre de Cent Ans

C’est alors qu’éclate la guerre de Cent Ans. La région, enjeu des royaumes et champ de bataille permanent, la vit dans sa chair. En 1430, Jeanne d’Arc est arrêtée à Compiègne. Au-delà des combats, la région doit également faire face aux épidémies, notamment celle de la peste noire. Philippe le Bon, duc de Bourgogne de 1419 à 1467, par d’incessantes manœuvres matrimoniales, réunit sous sa coupe les comtés de Flandre et de Hainaut jusqu’à former ce qu’on appelle alors les Pays-Bas. Son fils Charles le Téméraire entreprend ensuite de doter ses seigneuries d’institutions communes.

XVIe siècle

De nombreux conflits de territoires

En 1506, Charles de Habsbourg, arrière-petit-fils de Charles le Téméraire, hérite de son père ce que l’on appelle alors les Pays-Bas. Pendant cent-cinquante ans, l’Artois et la Flandre restent dans le giron espagnol. Leur richesse et leur position stratégique les rendent précieux et ils réussissent à se faire accorder des privilèges importants, qu’ils conserveront après leur retour à la Couronne de France.

D’inévitables tensions territoriales éclatent régulièrement avec le royaume de France, dont la frontière s’arrête encore à l’Aisne. L’affrontement légendaire entre Charles Quint et François Ier se fait durement ressentir dans la région : les bourgs sont pris et rasés (comme celui de Thérouanne, dans le Pas-de-Calais). Seul le Cambrésis, positionné en duché, reste une terre neutre qui permet les discussions entre les belligérants. Mais les batailles se font aussi à d’autres niveaux, notamment religieux.

1659-1715

La politique de Louis XIV

Après avoir annexé l’Artois en 1659 et racheté Dunkerque aux Anglais, Louis XIV s’empare de Douai et de Lille en 1667, puis de Valenciennes et de Cambrai en 1677. Le roi impose sa nouvelle administration tandis que Vauban métamorphose le système défensif médiéval en fortifiant lourdement plusieurs villes. Le paysage en est marqué pour des siècles.

Louis XIV©Everett Collection - Shutterstock.Com .jpg

1790

La naissance des départements

Les montées des revendications et la Révolution ont un impact significatif sur la région. La Constituante de 1790 donne naissance aux départements. Les discussions sont âpres sur les partages, mais apparaissent finalement les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l’Aisne et de l’Oise.

1814- 1914

Avant même que n’éclate la Révolution française, la Révolution brabançonne, qui refuse les réformes de Joseph II d’Autriche, éclate sur les frontières de nos régions.

Les Français perdent un temps Landrecies, Le Quesnoy, Condé et Valenciennes, qui sont incorporées à la Belgique. Cependant, la campagne française se solde finalement par l’occupation des provinces bataves. Sous le Premier Empire, la Flandre cesse d’être le théâtre de la guerre. En 1814, ses villes sont assiégées par la coalition ennemie et, après les Cent Jours, la région subit l’occupation étrangère. S’ensuit une ère de prospérité due à ses nombreuses richesses et à l’industrialisation. La région profite en effet du développement des mines et de la propagation des chemins de fer. Les villes se densifient, la classe ouvrière émerge et Lille, en accueillant de nombreuses écoles et universités, prend un visage intellectuel et scientifique. Mais cet essor cesse lorsque la guerre contre la Prusse éclate en 1870.

1914-1918

Un territoire marqué par la Grande Guerre

La Grande Guerre est particulièrement éprouvante dans la région, notamment lors de grandes batailles comme celle de la Somme en 1916 (qui a fait un million de victimes, morts, blessés ou disparus) et le Chemin des Dames dans l’Aisne en 1917... jusqu’à sa conclusion dans la forêt de Compiègne où est signé l’Armistice de 1918.

1939-1944

Les impacts de la Seconde Guerre mondiale

La région se reconstruit ensuite peu à peu, mais la Seconde Guerre mondiale suit rapidement pour frapper une fois encore le territoire. Au début du conflit, un géant lillois se dresse pour marquer le siècle de son empreinte : Charles de Gaulle. Les armées alliées et ennemies s’affrontent dans la Somme et sur la côte et de grands sites sont détruits par des bombardements successifs. Les blockhaus en sont encore une cicatrice béante dans le paysage des Hauts-de-France.

La Seconde Guerre mondiale terminée, l’heure est à l’Union sacrée pour relever le pays. En 1946, les compagnies de l’ensemble du bassin sont nationalisées pour former les Houillères du Nord-Pas-de-Calais, tandis que la sidérurgie connaît un développement rapide. Néanmoins, cette période faste est de courte durée et environ 300 000 emplois sont peu à peu supprimés. L’État essaie de relancer l’activité en favorisant l’implantation d’usines du secteur automobile dans la région.

1980

Les années 1980 et leurs nouvelles industries

À partir des années 1980, la société évolue d’un monde de grandes industries vers un autre univers fait de services. Des entreprises émergent, parmi lesquelles des sociétés de vente par correspondance (La Redoute par exemple) ou de nombreuses enseignes d’hypermarché (Auchan pour ne nommer qu’elle).

Début des années 2000

Une région stratégique

La position géographique des Hauts-de-France reste un atout incomparable pour faciliter l’émergence de nouveaux réseaux économiques et de nouveaux flux. L’ouverture du Tunnel sous la Manche en mai 1994 ouvre un champ de possibles extraordinaire, comme l’exploitation du TGV Nord-Europe, d’Eurostar et de Thalys. Lille et la Haute-Picardie se rapprochent de Paris, Bruxelles ou Londres.

L’ouverture des frontières a redonné sa vocation ancienne de carrefour européen à cet espace central de l’Europe. L’ancien Nord-Pas-de-Calais s’investit peu à peu dans des projets européens d’envergure, notamment par des projets transfrontaliers tels que le Canal Seine-Nord Europe (dont la mise en service est prévue pour mi-2027/début 2028). Le label Capitale Européenne de la Culture en 2004 donne aussi un nouveau souffle à la capitale des Flandres.

Aujourd’hui

Si la région se réapproprie son passé (ducasses, Braderie de Lille ou Carnaval de Dunkerque), elle joue aussi un rôle moteur dans les nouvelles créations. Avec Euratechnologies à Lille, la Plaine Image à Tourcoing ou la Serre Numérique à Valenciennes, le territoire entreprend avec brio le virage des nouvelles technologies et s’impose comme un pilier de la French Tech. Le pari des industries culturelles est relevé et plusieurs domaines d’activité se dessinent : mode, cultures urbaines, vidéo et image, sans oublier l’ambitieux musée du Louvre-Lens ouvert depuis 2012 et la valorisation de son identité et de son patrimoine minier.

La région attire de nouveaux publics et les touristes se jouent désormais des clichés longtemps véhiculés sur le Nord. L’ancienne Picardie surfe également sur cette vague tertiaire et profite de ces nouvelles mannes économiques. L’émergence de l’aéroport de Beauvais et sa soixantaine de destinations en est une bonne illustration. L’industrie souffre davantage, à l’image de la médiatique fermeture de l’usine Continental en 2009 dans l’Oise. Pour résister à la crise, les Picards misent sur leur proximité avec l’Île-de-France, mais aussi sur l’innovation, la technologie ou la chimie du végétal.