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Les espèces endémiques

Si la faune canarienne est moins riche que dans les zones continentales comparables d’Afrique du Nord ou d’Europe méditerranéenne, cet insularisme a favorisé l’apparition d’espèces endémiques (109 espèces de vertébrés, dont 90 indigènes). Les vertébrés les plus nombreux étant évidemment les oiseaux qui ne connaissent pas les frontières océaniques. On compte 75 espèces nicheuses, dont 62 sont indigènes. Parmi les espèces endémiques, on signalera le pigeon de Bolle et le pigeon de laurier que l’on appréciera notamment dans le Parc national de Garajonay à la Gomera, considérés comme des reliques de l’ère tertiaire à l’instar de la flore qui les entoure. Mais aussi le pinson bleu et le traquet des îles. Sans oublier le célèbre canari, endémique de la région de la Macaronésie, au plumage jaune moins lumineux que sa variété domestique, mais au chant identique. À l’intérieur des terres, l’un des oiseaux les plus remarquables et les plus communs est le faucon crécerelle, que l’on reconnaîtra aisément à son plumage roux ainsi qu’un autre rapace assez répandu dans toutes les îles, la buse variable ou la huppe, facilement identifiable grâce à son plumage orangé et rayé de noir et blanc sur sa queue.

Sur la piste des lézards

Sur les côtes, on pourra observer puffins et pétrels qui s’installent sur les falaises après avoir passé l’hiver en haute mer et notamment le puffin cendré, au plumage gris et blanc qui ressemble à un albatros en miniature. Enfin, le climat aride de Fuerteventura occasionne la présence d’espèces d’oiseaux subdésertiques au plumage couleur jaune beige, certains tachetés de noir, imitant la couleur des sols et des sables. Autre richesse de l’île côté faune, ses nombreuses espèces endémiques de lézards. Le plus beau, le rarissime lézard géant, vit à El Hierro et peut atteindre un mètre de longueur. Mais on verra beaucoup plus facilement son cousin, le lézard canarien à Tenerife, La Gomera et à La Palma ou encore le lézard de Grande Canarie, qui peut lui aussi atteindre la taille non négligeable de 80 cm. On observera aussi le gecko canarien, toujours appelé par son nom guanche perenquén, habitant toutes les îles sauf Fuerteventura et Lanzarote où vit un autre gecko. Autre effet de l’insularité, les mammifères sont minoritaires aux Canaries et les espèces indigènes ont disparu face aux espèces dominantes introduites par l’homme. Vous y verrez des chèvres, notamment à Fuerteventura, mais aussi des moutons, des lièvres, des lapins, des hérissons ou des gerboises. Importé au XVe siècle, le dromadaire a largement été utilisé pour les travaux agricoles et la construction de terrasses cultivables, mais aujourd’hui il l’est surtout à des fins touristiques. La faune marine compte aussi plus d’un millier d’invertébrés, dont seulement 18 endémiques. Sur la vingtaine de cétacés recensés, seuls quelques-uns sont observés régulièrement, le dauphin à flancs blancs, le dauphin commun et le dauphin souffleur. Comme les petites baleines, aisément reconnaissables à la grosse bosse de leur front et à leur longue nageoire dorsale, on pourra les apercevoir au cours d’excursions en mer, au départ du sud de Tenerife et de La Gomera.

Au bonheur du botaniste

Avec près de 2 000 espèces de plantes dont 514 endémiques, les Canaries présentent un grand intérêt pour le botaniste. Une biodiversité si rare et précieuse que le Parc national du Teide à Tenerife et celui de Garajonay à La Gomera ont été classés au Patrimoine naturel de l’UNESCO et que d’autres zones de l’archipel sont classées Réserve de la biosphère : la Caldera de Taburiente à La Palma, El Hierro, le Parc national de Timanfaya à Lanzarote ainsi qu’une partie de la Grande Canarie et de Fuerteventura. Cette flore varie avec l’altitude et l’effet des alizés. C’est pourquoi dans les zones basses et sur les îles de Fuerteventura et de Lanzarote, fort ensoleillement et faibles précipitations ont favorisé l’omniprésence des plantes grasses, au premier rang desquelles, l’euphorbe candélabre, plante endémique qui ressemble à un cactus. On y trouvera aussi des agaves à la floraison qui peut atteindre plusieurs mètres de hauteur et des figuiers de barbarie qui ont servi à l’extraction de la cochenille. Quant aux cactus non indigènes et importés du Mexique, ils peuplent toutes les îles, mais surtout Lanzarote. Côté arbre, le plus emblématique est bien sûr le dragonnier, reconnaissable à son tronc massif et lisse d’où partent quantité de branches couronnées de feuilles pointues et qui dépasse les 20 m de hauteur. D’une longévité exceptionnelle, plus de 600 ans pour le plus connu celui d’Icod de los Vinos, il a été très exploité pour les multiples propriétés de sa résine devenant rouge au contact de l’air (colorant, médicament, antioxydant) et a même servi aux Guanches pour fabriquer des onguents pour leurs momies.

Monteverde et Taginate rouge

C’est en haute altitude (de 600 à 1 500 m) que l’on trouvera une extraordinaire forêt subtropicale, le monteverde, qui ressemble à ce qu’aurait pu être la forêt méditerranéenne de l’ère tertiaire, avec ses lauriers géants, pour beaucoup indigènes, et ses bruyères arborescentes qui peuvent mesurer jusqu’à 20 m de hauteur. Considérablement restreint devant les activités agricoles, il reste important à La Gomera et sur les pentes de l’Anaga et du Teno, à Tenerife. Cet archipel sera aussi le lieu privilégié des forêts de pins dont notamment le pin canarien à trois aiguilles, très résistant au feu et qui a servi à la construction des superbes balcons sculptés que vous rencontrez tout au long de votre voyage. À très haute altitude comme dans le Teide, il n’y a plus aucun arbre et la plante la plus importante est la Taginaste rouge, représentée sur de nombreuses cartes postales. Pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur, elle est caractéristique des crêtes de La Palma et des Cañadas du Teide. Ces dernières permettant aussi de découvrir les plantes les plus rares de la haute montagne : le genêt, aux fleurs blanches ou roses, la marguerite et surtout, rare entre toutes, la violette. À basse altitude, le seul arbre, c’est le palmier canarien, un palmier-dattier au tronc plus épais et au feuillage plus fourni que le dattier africain, mais aux fruits moins appréciés. Au rayon des plantes comestibles, châtaignier, banane naine, fruits tropicaux (papaye, mangue) et vigne complètent le panorama.