Découvrez les Canaries : Les Guanches

Un voyage aux Canaries vous permettra certainement d’en apprendre plus sur les Guanches. Mais il faut savoir que ce peuple réserve encore de nombreux mystères et que de nouvelles découvertes peuvent affiner ou remettre en cause les décryptages actuels. Puisqu’à chaque époque, ces peuples ont fait l’objet de thèses différentes. À commencer par leur nom. Chaque île possède des vestiges de cette civilisation vraisemblablement d’origine berbère qui disparaîtra avec la colonisation hispanique. Ils seront l’occasion de découvrir leur habitat, leur artisanat et leurs modes de subsistance sans oublier leur art pariétal, si spécifique, et leur vision de l’au-delà dont viennent témoigner quelques momies conservées dans les musées. Un circuit qui intégrera des espaces reconstitués, des centres d’interprétation, de beaux musées, mais surtout le paysage culturel du Risco Caído en Grande Canarie, reconnu Patrimoine culturel de l’UNESCO en 2019.
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L’origine du nom

Pour certains, le terme de « guanche » dériverait d’un nom lui-même guanche : « wanchinet » ou « gwanchinet » signifiant « homme ou fils » du « grand volcan » (chinet). L’Antiquité romaine assimilant le grand volcan au Teide, ce nom désignait les fils ou hommes de Tenerife. Et eux seulement. Expression qui aurait été pratiquement reprise par les explorateurs portugais et génois de la fin du XIIIe siècle qui les nommaient « gwan chin », « les enfants du grand volcan ». Par extension, c’est sous ce nom que l’on a pris l’habitude de désigner l’ensemble de la population préhispanique de l’archipel. Certains arguent d’une erreur au vu de l’absence de relation maritime entre les populations de chaque île. Puisqu’aucune fouille archéologique ne vient attester d’une pratique maritime de ces différentes populations vivant isolées sur leur île propre. Chacune des îles aurait donc abrité un peuple différent, au nom différent : Bimbaches à El Hierro, Benahoritas à La Palma, Gomeritas ou Gomeros à La Gomera, Canarios en Grande Canarie, Majos à Fuerteventura et à Lanzarote et Guanches à Tenerife. Les détracteurs de cette lecture soulignent que ce sont des dénominations modernes qui ne reposent sur aucun soubassement historique. À l’heure actuelle, c’est toutefois le terme de guanche qui est utilisé pour nommer toutes les populations autochtones canariennes. La datation des peuplements guanches a elle aussi fait l’objet de décryptages différents, mais à ce jour les recherches les plus récentes privilégient l’hypothèse d’un peuplement en deux phases : la première autour du VIe siècle av. J.-C. (peuplement berbère « archaïque ») comme en atteste la zone archéologique de la Cueva de los Guanches à Icod de los Vinos à Tenerife et la seconde au Ier siècle apr. J.-C., constituée de peuplements berbères romanisés.

Économie guanche

Elle reposait sur l’élevage d’espèces provenant du continent africain. Les chèvres leur fournissaient l’essentiel de leur viande et du lait, dont ils tiraient du beurre, et ils élevaient aussi moutons, porcs et chiens, servant au gardiennage des troupeaux. En parallèle, l’agriculture essentiellement céréalière a connu une importance différente selon les îles, la plus développée étant celle de la Grande Canarie. Ils ne connaissaient pas la charrue, mais cultivaient des céréales (orge et froment) et des légumes secs. C’est la farine des grains d’orge grillés qui donnait le gofio, une pâte très nourrissante qui reste encore aujourd’hui le plat le plus typique des Canaries. Cueillette de fruits et pêche côtière constituaient un complément important de leur alimentation et plus occasionnellement la chasse (oiseaux et petits reptiles). Les aborigènes canariens habitaient principalement dans des grottes naturelles ou dans des tubes volcaniques (Cenobio de Valerón en Grande Canarie), mais on a aussi trouvé de nombreux témoignages d’un habitat construit en surface, surtout en Grande Canarie et à Lanzarote comme celui qui a été reconstitué dans le Parc archéologique de la Cueva Pintada, à Gádar, Grande Canarie.

Artisanat et peintures rupestres

On décrit ces peuples comme appartenant à l’époque néolithique, car ils ignoraient l’usage du fer, absent de ces îles. Ce qui ne les a pas empêchés de produire des armes redoutables : bois, pierres taillées ou lances – añepas – à la pointe durcie à la flamme ou prolongée d’une lame de pierre volcanique effilée et coupante qui ont mené la vie dure aux premiers conquistadores, notamment à Tenerife. Les découvertes archéologiques ont aussi mis à jour leurs céramiques et leurs poteries, réalisées sans l’aide d’un tour, selon une technique encore utilisée aujourd’hui par les Berbères et toujours pratiquée aux Canaries. Ils ont aussi laissé de nombreuses gravures rupestres comme les motifs à spirales ou géométriques retrouvés dans plusieurs abris sous roche de La Palma, au Lomo de Los Letreros, et près de Gáldar, en Grande Canarie. Si des pétroglyphes semblables ne se rencontrent que dans certaines cultures de l’Europe de l’Ouest, d’autres gravures d’El Hierro et de La Palma comportent des signes qui tendent vers une écriture semblable à celles trouvées en Afrique du Nord, mais à ce jour non déchiffrée.

Société et religion

Chaque île se divisait en territoire avec à sa tête un chef, mencey, à Tenerife, guanarteme, en Grande Canarie, un rang auquel n’accédaient que les nobles de plus haut rang ayant pu démontrer leur pureté absolue. En dessous de celui-ci, de sa femme, de sa famille et de l’assemblée d’anciens qui le conseillait, la société était pour l’essentiel hiérarchisée en deux classes, les nobles et le peuple, le plus souvent en fonction de la possession du nombre de têtes de bétail. La justice était rendue en place publique dans les « tagoror » à Tenerife et les « sabor » en Grande Canarie. Plutôt polythéiste, la religion guanche vouait un culte généralisé aux astres et sacralisait certains lieux comme les pics rocheux ou les montagnes : le Teide à Tenerife, l’Idafe à La Palma ou la Tindaya à Fuerteventura. Parmi les nombreux dieux, on peut citer Achamán, dieu du ciel et créateur suprême à Tenerife ou Chaxiraxi, déesse-mère dont l’image sera ensuite mêlée à celle de la Vierge de la Candelaria à Tenerife, mais ce sont surtout les momies qui constituent l’une des principales traces de la culture guanche. Les corps étaient enduits de beurre, séchés au soleil, puis embaumés et ensevelis dans des grottes semblables à celles qu’habitaient les vivants, ou plus rarement, à Gran Canaria et peut-être aussi à Tenerife, dans des tumuli. Moins élaborée que celle des anciens Égyptiens, cette technique de momification n’a su conserver les restes antérieurs au Xe siècle de notre ère ; ceux qui sont postérieurs sont aujourd’hui exposés dans les musées. Chaque île abrite des vestiges de cette civilisation qui s’éteindra durant la colonisation hispanique, tels la cueva del Belmaco à La Palma, le Parc culturel El Julan à El Hierro, le Parc archéologique de Maipes d’Agaete, en Grande Canarie ou celui des pyramides de Guïmar à Tenerife, à titre d’exemples. Mais deux musées possèdent la plus importante collection d’objets et de vestiges guanches (momies notamment) : le Musée de la nature et de l’homme à Santa Cruz de Tenerife et le Musée Canario de Las Palmas de Gran Canaria. Et c’est bien sûr le paysage culturel du Risco Caído, en Grande Canarie, qui constituera le clou de ce circuit. Un espace reconnu Patrimoine culturel de l’UNESCO en juillet 2019 qui inclut 10 sites avec des lieux de culte et des vestiges d’habitations troglodytes creusées à même la falaise, dont une grotte sanctuaire aux ouvertures permettant d’éclairer les gravures.

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