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Une enfance bouleversée par la mort de son père

Robert Nesta Marley nait le 6 février 1945 à Nine Miles, un petit village sur les hauteurs de Saint Ann. Sa mère, Cedella Malcolm, a 19 ans et son père, le capitaine Norval Marley, un officier jamaïcain du régiment des Indes orientales, près de 50 ans. Il se marient en juin 1944 au grand désarroi de la famille Marley, blanche et bourgeoise. Norval décède 10 ans plus tard et Cedella part pour Kingston dans l’espoir d’y trouver un emploi. La petite famille s’installe à Trench Town, un ghetto où règnent pauvreté et violence. Les Rude Boys, adolescents urbains livrés à eux-mêmes seront la deuxième famille de Bob Marley. C’est là qu’il rencontre Bunny Livingston, connu plus tard sous le nom de Bunny Wailer, avec lequel il fuit le quotidien dans la musique. 

Ska, rock steady et reggae roots

Très vite, Bob acquiert la conviction que la musique est sa véritable voie. Il enregistre son premier morceau en 1962 et créé les Wailing Rude Boys en 1963 – devenus les Wailing Wailers, puis les Wailers – avec Bunny Wailer, Peter Tosh, Junior Braithwaite et deux choristes. Ils passent des rythmes ska, au rock steady puis au reggae. Le succès est immédiat dans l’île. Mais devant les difficultés financières, le groupe se dissout. Bob épouse Rita Anderson en 1966, elle lui donnera cinq enfants. Le jour suivant son mariage, il part rejoindre sa mère qui s’est remariée et vit désormais aux Etats-Unis. Son exil sera de courte durée, 8 mois plus tard, le voilà de retour en Jamaïque. Son groupe musical renaît en un trio, The Wailers, désormais formé de Bob, Peter et Bunny qui, sous la férule de Lee Perry va connaître un succès extraordinaire dans toutes les Caraïbes. 

Bob le rastafari politiquement engagé

Bob épouse le mouvement rasta qui fait de plus en plus d’adeptes dans l’île. Il s’engage plus radicalement, se range aux côtés des pauvres et des exclus. Sa musique se fait l’écho de ses nouvelles croyances et de son combat spirituel et social ; l’amour, le militantisme et la religion seront désormais les trois thèmes de ses chansons. Mais le groupe n’est toujours pas rentable. De plus, Bunny Wailer est mis à l’ombre durant une année pour usage de marijuana. Une fois encore, Bob Marley va abandonner provisoirement la musique pour se retirer dans sa campagne natale et y vivre au contact de la nature en cultivant la terre. Cet exil est de courte durée.

Tuff Gong, Chris Blackwell et le reste du monde

En 1970, les Wailers créent leur propre studio Tuff Gong, un ancien surnom de Bob, où ils enregistrent Trench Town Rock. Jusqu’alors inconnu sur la scène internationale, ils inondent alors les ondes après leur rencontre avec le producteur britannique Chris Blackwell en 1971. En 1972, les Wailers s’unissent aux Upsetters  pour enregistrer Catch a Fire puis Burnin’. Les concerts se succèdent, consolidant l’aura extraordinaire du groupe et consacrant le reggae. Le groupe se dissout pourtant encore en 1975, le charisme de Bob faisant trop d’ombre aux autres membres qui veulent leur part de gloire. Peter Tosh, Bunny Wailer se lancent dans des carrières solo. De son côté, Bob Marley poursuit sa carrière en conservant le nom des Wailers. Il s’adjoint un trio de chœurs, les I Threes, composé de sa femme, Rita, de Marcia Griffiths et de Judy Mowatt. Les albums se succèdent, Natty Dread, Rastaman Vibration, Exodus, Survival... 

Une poignée de main historique

Son influence grandit en Jamaïque où la fermeté de ses positions rastafariennes rencontre le meilleur accueil auprès de la jeunesse des ghettos, moins auprès des autorités. Dans l’ébullition de la période préélectorale de 1976, dans un contexte de crise économique et sociale aiguë, Bob Marley manque de mourir assassiné dans un attentat deux jours avant le Smile Concert, dont Marley espérait qu’il aiderait à détendre le climat politique. C’est blessé qu’il montera sur scène le 5 décembre 1976 pour un concert gratuit donné au National Heroes Park de Kingston. Il écrira plus tard une chanson, Ambush in the Night, rappelant cet épisode. En 1978, les rivalités politiques des deux partis ennemis explosent en une vague de violence. Au mois d’avril, Marley donne à Kingston le One Love Peace Concert. Au cours du spectacle, il réconcilie symboliquement le Premier ministre Michael Manley et son opposant Edward Seaga dont les partisans s’entre-tuent en leur faisant chanter « One Love, one Heart, let’s get together and feel allright... » Les concerts reprennent en Europe et en Afrique, où Bob reçoit un accueil sans pareil. Il sera à Salisbury le 17 avril 1981, le jour de l’indépendance du Zimbabwe, l’ancienne Rhodésie, pour consacrer par un concert la naissance du jeune Etat africain. 

Bob emporté par une immense tragédie

Les enregistrements se succèdent jusqu’en 1981, date à laquelle on diagnostique un cancer chez le musicien. Un mois avant sa disparition, il est décoré de l’ordre national du Mérite pour sa contribution au développement international du reggae et à la promotion de la culture de l’île. Au terme de 18 mois d’un combat éprouvant, il s’éteint dans un hôpital de Miami le 11 mai 1981 avant d’avoir pu regagner son île natale. Il avait 36 ans et était au sommet de sa gloire. Le 21 mai 1981, c’est la Jamaïque tout entière qui lui rend un dernier hommage : son corps revêtu de jean est exposé toute une journée dans le stade national de Kingston, avec une Bible dans la main droite, une guitare dans la main gauche, et un béret aux couleurs du drapeau éthiopien, vert, rouge et jaune. Une foule innombrable, plus de 25 000 personnes, menée par le chef du gouvernement et les officiels, défile toute la journée devant sa dépouille. Le jour suivant, une cérémonie religieuse célébrée selon le culte orthodoxe éthiopien a lieu et son corps est reconduit dans le village de Nine Miles, dans les collines de la paroisse de Saint Ann, où il avait vu le jour. Il repose aujourd’hui dans un modeste mausolée de marbre blanc à Nine Miles (qui se visite). Ses fils Marley, Damian Junior Gong et Ziggy Marley en tête continuent de porter haut le flambeau de la musique. Le legs de Bob Marley au monde de la musique est considérable, on peut le découvrir à Kingston au Bob Marley Museum, au Trench Town Culture Yard Museum et aux Tuff Gong Studios.