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Une éducation en demi-teinte

Le taux d’alphabétisation adulte atteignait les 88 % en 2020. Des chiffres encourageants mais encore en deçà du taux de la Caraïbe avec 92 %. Ce qui laisse donc 12 % d’illettrisme, qui frappe principalement les campagnes et les quartiers défavorisés des villes. Si la plupart des enfants jamaïcains sont scolarisés, l’école n’est pas pour autant obligatoire et les enseignants se trouvent fréquemment confrontés à des absences prolongées de la part de certains élèves, le plus souvent à la suite de dislocations familiales. Les professeurs doivent donc se montrer particulièrement attentifs. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, l’accès à l’éducation semble plus facile : 96,5 % des jeunes de 15 à 24 ans ont un téléphone portable et 46,5 % utilisent internet.

Un problème de violence persistant

Avec plus de 1 300 homicides par an en 2020 et un taux de 46,5 homicides pour 100 000 habitants, la Jamaïque tient la 6e place du dramatique classement du plus fort taux de criminalité par habitant au monde, et détient le plus haut taux de criminalité d’Amérique du Sud et des Caraïbes, selon les données publiées par le Jamaïca Constabumary Force. La quasi-totalité des crimes touche les Jamaïcains vivant dans les ghettos de Kingston, Spanish Town et Montego Bay. On compte 8 100 armes à feu pour 100 000 habitants, causant la majorité des crimes lors d’affrontements, de gangs ennemis, pour le contrôle du trafic de drogue notamment. Le Premier Ministre Andrew Holness a lancé un plan de sécurité à long terme pour la Jamaïque. En 2021, le pays comptabilisait 1 463 morts… un nouveau dramatique record national.

Une société très machiste

La société jamaïcaine fait preuve d’un machisme endurant, et pourtant, la femme tient une place primordiale dans l’organisation de la société. Les femmes connaissent un taux de chômage presque deux fois plus élevé que celui des hommes. Pourtant, elles sont la force vive de l’île et on les trouve surtout dans les secteurs de l’éducation, des soins, de la confection, de l’administration et de l’hôtellerie. Les hommes sont, eux, représentés dans le bâtiment, l’automobile et les travaux physiques. Si vous voyagez en couple, on s’adressera plus facilement au mari qu’à la femme. 

Une nation homophobe

29 juin 2014 : 25 000 Jamaïcains descendent dans la rue pour soutenir l’explicite loi « anti-sodomie » comparant les homosexuels à des violeurs et des assassins. Qualifiée par le magazine Time, mais aussi par les Etats-Unis, comme le pays « le plus homophobe du monde », la Jamaïque assume son parti pris. Légalement, les Jamaïcains encourent près de 10 ans de prison pour « acte sexuel entre hommes ». Exemple édifiant : si aucun des deux partis ne soutient les droits LGBT, le parti conservateur d’opposition Jamaican Labour Party (JLP) a adopté en 2001 comme hymne du parti la chanson Chi Chi Man de T.O.K... incitant à brûler vif et tuer les gays ! L’Eglise a aussi son rôle, elle est le premier lobby à faire pression sur la population pour condamner moralement tout homosexuel. La courageuse association J-Flag, créée en 1998, milite pour les droits LGBT en Jamaïque, mais elle est sous le feu de la menace permanente. Elle a dénombré environ 90 agressions homophobes, dont quelques meurtres chaque année. La pression est telle que Human Rights Watch a déclaré en 2012 que « les avocats défendant la cause des gays en Jamaïque n’étaient pas en sécurité sur l’île ». Les faits divers macabres font la une des journaux régulièrement : en 2017, c’est le visage de la Gay Pride jamaïcaine, Dexter Pottinger, mannequin, couturier et star de la télévision, qui a été retrouvé poignardé à mort à son domicile. En 2019, Romario Brown, initialement accusé du meurtre de Pottinger, plaide coupable. Il est condamné à 12 ans pour homicide involontaire. Les agressions se multiplient et sont de plus en plus violentes. Les rastafaris, que l’on pourrait espérer plus tolérants étant eux-mêmes stigmatisés pour leur appartenance politique et religieuse, ne sont pas en reste non plus dans l’incitation à l’homophobie. Les deux chanteurs iconiques du mouvement, Capleton et Sizzla, mais aussi tous les grands chanteurs de Dancehall : Buju Banton, Bounty Killer, Beenie Man, Anthony B, Elephant Man (la liste est longue)... font l’apologie de l’homophobie et incitent au meurtre et viol des gays et lesbiennes dans leurs chansons. Néanmoins, Capleton et Sizzla, très connus à l’international restent désormais discrets sur la question, après avoir été plusieurs fois interdit de tournée aux Etats-Unis et en Europe pour leurs chansons homophobes... 

Une sexualité précoce et décomplexée

Les rapports sexuels sont courants dès l'adolescence. Les campagnes de contraception n’ont pas encore les effets escomptés. L’avortement est inaccessible. Par ailleurs, le taux de HIV/Sida est assez élevé (1,75 % de la population soit plus de 30 000 personnes infectées) mais l’épidémie stagne depuis des années. Certains Jamaïcains – femmes et hommes – connaissent parfois plusieurs mariages dans leur existence, ont souvent plusieurs enfants, les familles se recomposent, et il est du coup souvent difficile de s’y retrouver dans les arbres généalogiques des familles. Il n’est pas rare qu’un ou une Jamaïcaine vive sur l’île, et compte d’autres enfants ailleurs, souvent aux Etats-Unis ou en Angleterre, issus d’un précédent mariage. De même, pour s’entraider, des familles accueillent sur du long terme des enfants d’autres familles. Le mariage est une pratique courante même si une partie de la société (notamment les rastas) le renie. 

La « ganja » dépénalisée pour les Jamaïcains

La possession de cannabis a été dépénalisée en 2015, alors qu’elle était auparavant considérée comme un crime. Les habitants peuvent désormais détenir 57 grammes et 5 plants chez eux, sans que ce soit considéré comme une infraction criminelle. Officiellement, la marijuana peut aussi être utilisée dans un contexte religieux en toute légalité par les membres du mouvement rastafari. Les touristes munis d’ordonnances peuvent aussi se balader avec de la marijuana, ce qui développe un certain « tourisme médical ».