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Période précoloniale de -30 000 à 1788 : l’habitat des Aborigènes et les premières structures

Venus d’Asie il y a 40 000 ans, les Aborigènes sont les premiers hommes qui ont vécu sur le sol australien. Avant la colonisation à la fin du XIIIe siècle, des centaines de tribus semi-nomades se déplaçaient sur cet immense territoire en fonction des saisons et de leurs besoins alimentaires. Il existe des similitudes entre les communautés aborigènes mais chacune parle sa propre langue, a ses coutumes et son type d’habitat. Préférant les habitations temporaires, peu d’Aborigènes furent constructeurs d’où le faible nombre de vestiges architecturaux recensés. Les premières habitations aborigènes « humpy » ou « gunya » découvertes par les colons dans la région de Sydney sont de simples abris disposés en demi-cercle avec un arbre servant de support principal. Ils sont couverts d’une toiture en écorce, en herbe ou en roseaux. Au fur et à mesure de l’exploration du continent, d’autres structures de type « wiltjas », furent découvertes sur le plateau d'Atherton dans la région de la Cordillère australienne au nord du Queensland. Ouvertes et circulaires, ces huttes permettaient aux Aborigènes de se protéger du soleil. Selon les régions et la matière première disponible, les refuges sont différents. En terre d'Arnhem, dans le nord de l’Australie, on trouve des appentis et des plates-formes surélevées en bois. Plus tard, il fut établi que quelques tribus sédentaires, isolées des déserts de l’ouest, avaient conçu des huttes permanentes en pierre au bord de la rivière Darling et construit d’astucieux pièges à poissons en pierre pour se nourrir.

Les débuts difficiles de la petite colonie pénitentiaire. Après 8 mois en mer et 24 000 km, le 26 janvier 1788, la « First Fleet » britannique (la première flotte) débarque à Port Jackson sur la côte sud-est de l'Australie. 11 navires accostent en Nouvelle-Galles du Sud. Dans leurs cales, 1 200 immigrants européens désormais liés par un même destin : établir la première colonie permanente à Sydney. Plus de la moitié de ces colons sont des convicts, des délinquants condamnés par la justice britannique qui s’entassaient dans des hulks (prisons flottantes) sur la Tamise. C’est le début d’un vaste plan de déportation de prisonniers qui va durer presque un siècle. Entre 1788 et 1868, 162 000 convicts sont envoyés en Australie par la Couronne au service de son expansion colonialiste. A ses débuts, Sydney n’est qu’un vaste campement de toiles. La médiocre qualité des quelques outils importés à laquelle s’ajoute bientôt une pénurie de clous rendent toute construction impossible. La famine et les épidémies menacent la petite colonie. Ces blancs qui arrachent les arbres, éventrent la terre sacrée des ancêtres suscitent l’incompréhension des Aborigènes. En 1835, 47 ans après l'arrivée de la première flotte, le gouverneur Richard Bourke proclame le principe juridique dans le droit australien de « terra nullius » que l’on pourrait traduire par « territoire sans maître ». La Couronne britannique va s’emparer des terres au détriment des premiers habitants qui progressivement vont se faire spolier.

Période coloniale (Old Colonial) : 1788-1840

Des cottages à l'architecture géorgienne. Les colons se perfectionnent dans le travail du bois. Les premiers abris érigés sont des « wattle and daub », des habitations sommaires constituées de clayonnages en bois tressés (principalement des branches d’acacias) recouverts de boue séchée. Une technique importée de Grande-Bretagne. Les intervalles des rondins assemblés sont comblés d’argile mêlée à des poils d’animaux. L’intérieur est ensuite tapissé de journaux. Dans les premières maisons, les fenêtres sont de faible dimension. Quand aucun vitrage n’est installé, des stores ou des calicots huilés sont tendus au travers des ouvertures durant l’hiver. Les bâtiments construits dans les cinquante premières années de la colonisation s’inspirent du style géorgien. Un style qui correspond à l’époque des rois George d’Angleterre (de 1714 à 1830) et qui se caractérise par sa simplicité, la recherche des proportions et de l’équilibre. Ce type d’architecture sans ornement est facile à bâtir. Les colons découvrent progressivement de nouvelles ressources leur permettant de concevoir des bâtiments plus conséquents. Ainsi, l’argile recueillie dans les baies aux alentours de Port Jackson sert à façonner les premières briques. Celles-ci sont assemblées avec de la chaux et du ciment obtenus en broyant des coquilles d’huîtres. La fabrication de bardeaux (planchettes en forme de tuile) à l’aide de bois particulièrement résistants permet de concevoir des toitures d’habitations solides encore en place aujourd’hui comme celle de l’Elizabeth Farm, la plus vieille ferme d’Australie (désormais un musée). Elle fut conçue de manière sobre mais élégante en 1793 dans la banlieue de Sydney par John Macarthur, colon rebelle qui fit fortune dans la laine et le rhum. L’arrivée de la tôle ondulée (inventée en Angleterre en 1829) va révolutionner les toitures australiennes. Léger, bon marché, résistant aux intempéries, ce matériau va devenir extrêmement courant dans la confection de « Tin roof » pour couvrir les grands cottages.

L’édification d’une cité et d’une société. Francis Greenway est le premier architecte convict de la colonie. Après avoir fait faillite à Londres, il plaide coupable pour usage de faux en écriture. Condamné à 14 ans d’emprisonnement, il préfère les travaux forcés en Australie aux prisons surpeuplées d’Angleterre. Recommandé pour la qualité de ses travaux, il devient l’assistant de Lachlan Macquarie, le gouverneur de la Nouvelles-Galles du Sud entre 1810 et 1821 dont le rôle dans le développement social, économique et architectural de la société australienne est primordial. Le gouverneur Macquarie est considéré comme le premier édificateur de la future nation australienne, celui qui a fait évoluer la colonie pénitentiaire vers une colonie libre au début du XIXe siècle. Sur sa demande, Francis Greenway conçoit une cinquantaine de bâtiments sobres et classiques dans le centre de Sydney qui sont toujours visibles. Deux se trouvent dans le quartier historique de Macquarie Street. La caserne de Hyde Park Barracks, l’une des plus vieilles, bâtie en 1818 a eu plusieurs vies et témoigne du développement rapide de Sydney. D’abord dortoir pour des centaines de bagnards, elle abrita ensuite les femmes démunies. Son dernier étage fut transformé en hôpital psychiatrique. Puis ses vastes dortoirs furent divisés en un labyrinthe de bureaux gouvernementaux. Désormais c’est un musée. Ce bâtiment simple de trois étages, bien proportionné, solide au toit en bardeaux, fit de Francis Greenway un homme libre. Le Gouverneur fut si impressionné par sa conception qu’il lui rendit la liberté. Le chef-d’œuvre de Francis Greenway reste Saint James Church proche de Hyde Park Barracks. C’est la plus vieille église paroissiale anglicane. Le révérend William Cowper soucieux d’apporter de la moralité aux condamnés y prononça son premier sermon en janvier 1822. Elle est depuis toujours restée ouverte. Son orgue installé en 1827 fonctionne encore. Construite durant une période d’intense renouveau protestant, alors que la plupart des églises sont bâties dans un style néo-gothique, St James affiche fièrement ses détails géorgiens : son plafond à caissons, ses murs peints et son clocher en cuivre qui mesure 52 mètres. Le bagne de Port Arthur en Tasmanie, une autre colonie, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO reste l’un des témoignages architecturaux les plus impressionnants de la colonisation pénale. Sur les 74 000 convicts envoyés en Australie, 12 500 (les plus dangereux) furent enfermés dans cet Alcatraz australien entre 1833 à 1850. L’architecture panoptique et les théories pénales du philosophe et juriste britannique Jeremy Bentham ont guidé la conception de cette prison de plusieurs étages, forteresse inattaquable où l’on peut voir sans être vu. Bentham pense qu’en accentuant la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice, en instaurant des règles (aucun mauvais traitement sur les prisonniers n’est toléré) et des quotas de détenus, il améliore les conditions carcérales et décourage les évasions.

Période victorienne (Victorian Period) : 1840-1890

Le nom de cette période correspond à l’époque du règne de la reine Victoria (1837-1901). Le style victorien va considérablement marquer l’architecture des villes australiennes à tel point qu’au XIXe siècle, Melbourne est avec Londres, New York et Chicago l’une des plus grandes villes de style victorien. Cette période est divisée en trois périodes intermédiaires : Early, Mid et Late Victorian. Toutes font appel à une grande variété de styles (plus d’une quinzaine). Les architectes s’inspirent d’influences britanniques, italiennes, françaises et égyptiennes. Ils réinventent le Moyen Age avec des caractéristiques romantiques : les bâtiments ressemblent à des châteaux médiévaux avec des tourelles, des remparts, de riches ornements et des toits en ardoise. Ces œuvres reflètent les progrès et la confiance qu’affichent désormais les jeunes colonies. Pour les grands édifices religieux et ceux qui représentent le pouvoir, l’aspect le plus réussi du style victorien est dans cette continuation du néo-gothique comme en témoigne la St Francis Xavier's Cathedral d’Adélaïde, la plus ancienne cathédrale catholique d’Australie. Si le début de la construction date de 1851, elle a été achevée seulement en 1996. Ses superbes vitraux, ses tons orangés et son clocher qui s’élève fièrement à 36 mètres de haut en font l’un des chefs-d’œuvre néo-gothiques du pays. A noter sur la partie ouest de l'église, la statue en bronze de Mary Mackillop (installée en 2009) la première Sainte d’Australie, qui consacra sa vie à l’instruction des plus pauvres. On la voit tenant la main d'une petite fille et d'un jeune garçon aborigène. De toutes les colonies de l'Empire britannique, c’est à Melbourne que fut bâtie la plus grande résidence de gouverneur. De style Régence avec ses influences italiennes, sa couleur crème et ses traits palladiens, Government House ressemble énormément à Osborne House, la résidence estivale de la reine Victoria sur l'île de Wight. La propriété comprend 3 parties distinctes : les appartements d’Etat, les appartements privés et la salle de bal. La tour avec son belvédère et sa corniche décorée est le point central de l’édifice. Elle mesure 44 mètres et peut être vue à des kilomètres. Le contraste entre Government House et la modeste maison en préfabriqué du premier gouverneur, Charles Joseph La Trobe est saisissant. Governement House a été bâtie par William Wardell, un grand architecte britannique qui a contribué par l’élégance de son style néo-gothique et par sa polyvalence à façonner Melbourne et Sydney. Parmi les bâtiments les plus distingués du XIXe siècle qu’il a conçu, citons à Melbourne la St Patrick’s Cathedral, the Gothic Bank et à Sydney, la St Mary’s Cathedral (inachevée) ainsi que le St John’s College de l’Université.

1850 : La ruée vers l’or. L’or découvert dans les années 1850 apporte une immense prospérité aux colonies. Il attire des milliers d’immigrants dans le sud du continent. En moins de 10 ans, la population de l’Etat du Victoria bondit : elle passe de 70 000 à plus de 500 000 habitants. « Melbourne la merveilleuse » (son surnom après être devenue en 40 ans la deuxième ville la plus prospère de l’Empire britannique derrière Londres) et son port deviennent un passage obligé. Une nouvelle bourgeoisie émerge. Elle veut des habitations, des bâtiments publics et des villes dont elle soit fière et qui correspondent à sa nouvelle richesse. L’austérité des bâtiments géorgiens fait place à des édifices sophistiqués, d’inspiration néo-gothique et porteurs de nouveaux styles architecturaux en particulier dans le Victoria. Le « Boom Style », ce style néo-gothique un peu déjanté avec ses motifs en résille, ses petites tours et ses colonnes fait fureur dans le Victoria. Sydney ainsi que Melbourne et d’autres villes telles que Ballarat et Bendigo vont progressivement changer de physionomie.

Joseph Reed est mondialement connu pour avoir conçu le Palais royal des expositions (Royal Exhibition Building) pour l’Exposition universelle de 1880 à Melbourne qui trône au cœur des superbes jardins ornementaux Carlton (Carlton Gardens). Le Palais royal en brique, bois, acier et ardoise est caractéristique des bâtiments d'exposition de cette époque. Influencé par les architectures byzantine, romane, lombarde et de la Renaissance italienne, son dôme s’inspire de celui de la cathédrale de Florence. Les jardins Carlton, les lacs et les fontaines font partie de la conception globale du site qui est inscrit depuis 2004 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Période de la Fédération (Federation Period) : 1890-1915

Le 1er janvier 1901, les six colonies qui comptent 3,8 millions d’habitants se fédérèrent. Sans renoncer à ses liens avec la Couronne, l’Australie devient indépendante. Cette période architecturale se réfère à la création du Commonwealth d’Australie. Le style Federation est en général moins ornementé que le style victorien auquel il succède progressivement. Il possède de nombreuses similitudes avec le style anglais de la même époque, le style édouardien dont l’appellation est rarement utilisée en Australie. Il existe une douzaine de styles Federation. A cause des conditions extrêmes du climat australien, des spécificités architecturales locales émergent : les maisons Queenslanders sous les tropiques humides, les Woolsheds (hangars) dans la campagne australienne et les maisons de plage sur la côte. Sur les terres fertiles du Queensland, on construit des Queenslanders (qu’on appelle parfois Federation Filigree) sur le modèle des maisons de l’Asie voisine. Ces fermes bâties sur des souches de bois ou sur des échasses atteignent jusqu’à six mètres de hauteur et sont en mesure de supporter la chaleur et l’humidité. Leur conception surélevée leur permet de ne pas subir les inondations, de refroidir l’air sous le plancher et de se protéger des serpents. De larges vérandas aux toits bas entourent les pièces procurant de l’ombre et une ventilation croisée grâce à la haute toiture de la maison. Les maisons du Queensland sont faciles à rénover et à transporter. En bois, elles peuvent être sciées et chargées dans un camion avant d’être remontées ailleurs selon les besoins des travailleurs des camps miniers.

Période entre-deux-guerres (Inter-War Period) : 1915-1940

Cette époque voit se développer l’influence de l’architecture américaine avec de grandes réalisations. La création de Canberra dirigée par le visionnaire mais incompris Walter Burley Griffin débuta en 1913. Sous son impulsion et son style très personnel mélangeant moderne et ancien, Orient et Occident, Canberra va devenir une ville administrative, ordonnée, verte et marque le premier pas de l'aménagement urbain du pays. Evoquant une toile d'araignée, le réseau concentrique de « la ville idéale » imaginée par Walter Burley Griffin se concrétise peu à peu. Des jardins à la française et des lacs sont créés. En 1927, John Smith Murdoch connu pour son austérité et son respect des budgets doit concevoir rapidement un bâtiment pour abriter le Parlement de la nouvelle capitale de l'Australie. The Old Parliament sera simple : c’est un édifice provisoire. Avec son apparence classique et son style dépouillé, The Old Parliament inauguré en 1927 reste en service jusqu’en 1988. C'est là que furent prises les plus grandes décisions pour l’Australie. Classé monument national en raison de sa valeur patrimoniale, the Old Parliament n’a pas été détruit, il abrite désormais le musée de la démocratie australienne, the Museum of Australian Democracy (MoAD).

A Sydney et Melbourne, les buildings (Skyscraper Gothic, Chicagoesque, Art déco) se multiplient. Le Grace Building à Sydney, conçu par Morrow & Gordon en 1928, inspiré de la tour néo-gothique du Chicago Tribune Tower est peut-être le meilleur exemple de gratte-ciel combinant gothique et Art déco. Sa tour de 65 mètres apporte à l’époque de la modernité dans la ville. L'AWA Tower (AWA pour Amalgamated Wireless Australasia), conçue elle aussi par Morrow & Gordon en 1939 fut jusque dans les années 60 le plus haut bâtiment de Sydney. Cette tour de communication Art déco est composée de bureaux sur 15 étages surmontés d'un émetteur radio de 46 mètres, une copie miniature de la Tour Eiffel. Les styles spécifiques à l’Amérique du Nord et centrale (Spanish Mission, Californian Bungalow) deviennent très populaires.

Période après-guerre (Post-War Period) : 1940-1960

Au cours de cette période, plusieurs styles (Stripped Classical, Ecclesiastical…) prédominent au cœur des grandes villes, dont le style international. De nombreux bâtiments datant de l’époque victorienne sont détruits afin de laisser la place à une architecture plus moderne et en rapport avec le baby-boom australien. Le bouleversement est radical et les centres-villes de Melbourne et de Sydney sont rapidement comparés à New York et à Chicago. La période d’après-guerre est aussi celle de « l’Australian Dream » : chaque famille souhaite posséder sa maison, son jardin avec son barbecue, son étendage à linge (l’iconique hills hoist) et une tondeuse Victa. Pour répondre à la demande croissante et à cause de la pénurie de main-d’œuvre et des rationnements d’après-guerre, les maisons sont fabriquées à grande échelle avec des matériaux bon marché. Les zones pavillonnaires à l’architecture là aussi très américaine (L-Shape, Triple Front, Ranch Style) s’étendent. A partir de 1950, la situation économique s’améliore. L'architecture moderne et le style international s’imposent progressivement. Les immeubles abritant des bureaux aux structures en acier, béton armé et verre émergent dans toutes les villes du pays. En 1957, quand Jorn Utzon remporte le concours pour l’édification de l'Opéra de Sydney, c’est un architecte danois quasi inconnu de 38 ans. Les travaux commencent en 1959, mais de nombreux problèmes opposent Jorn Utzon au gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud. Il abandonne le projet en 1965 et quitte l’Australie sans voir l’aboutissement de son œuvre. Le bâtiment subit alors de nombreuses modifications par les architectes Peter Hall, David Littlemore et Lionel Todd. Le bâtiment qui a coûté 102 millions de dollars (au lieu des 7 millions annoncés au début) a été largement financé par une loterie d’Etat. Construit sur un ancien site aborigène (Bennelong Point) et magnifiquement intégré au port de Sydney, l’Opéra inauguré par la reine Elisabeth II le 23 octobre 1973 fait la fierté de Sydney dont il est devenu le symbole. Avec ses voiles rugissantes, ses courbes entrelacées, cette sculpture urbaine de 185 mètres de long et 120 mètres de large est l’une des plus iconiques au monde. Sa corolle blanche composée de plus d’un million de céramiques auto nettoyantes repose sur 2 194 blocs de béton maintenus par 350 kilomètres de câbles en acier. Désireuse de se réconcilier avec le créateur de l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de l’architecture, la direction de l’Opera House charge en 1999 le cabinet Utzon & Associated d’assurer la restauration de l’opéra. En 2007, l'opéra de Sydney est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Fin du XXe siècle (Late Twentieth Century) : 1960-2000

Cette deuxième partie du XXe siècle connaît le développement de styles beaucoup plus personnels et une ouverture au multiculturalisme et à l’architecture mondiale (Brutalist, Late Modern, Structural, Post Modern…). Par leur conception futuriste et leur esthétique minimaliste, les bâtiments institutionnels de Canberra comme la National Library (bibliothèque nationale) en 1960 ou le musée national d’art (National Gallery) en 1967 incarnent le parfait exemple du modernisme. Inauguré en 1988 par la reine Élisabeth II, le Parlement, œuvre du cabinet d'architecture new-yorkais Mitchell & Giurgola se démarque par sa puissance symbolique. Alors que la plupart de ses bâtiments sont enterrés, le Parlement semble s’élever sur la colline du Capitole comme pour incarner la progression de la société australienne. Son parvis recouvert d’une mosaïque conçue par l'artiste aborigène Kumantye Jagamara rappelle les débuts de l’Australie. Son édifice est surmonté par une immense flèche portant le drapeau national. Des architectes novateurs émergent et veulent mettre en valeur l’identité de leur pays ou d’une région (Sydney Regional, Perth Regional, Adelaide Regional) voire d’une époque (1970’s, 1980’s, Australian Nostalgic, Immigrants’ Nostalgic). La nature environnante et l’art aborigène deviennent une source d’inspiration majeure tel l’Uluru Kata-Tjuta Cultural Centre en plein désert imaginé en 1995 par Gregory Burgess, architecte spécialisé dans la conception de bâtiments destinés à la communauté aborigène. Bâties dans un style organique avec des briques de boue séchée, les deux structures de ce centre culturel aborigène représentent deux serpents. Gregory Burgess a également réalisé la superbe Burraworin House (1999) une maison en bois écoconçue fonctionnant à l’énergie solaire sur le modèle du homestead.

XXIe siècle (Twenty First Century)

Même si l’influence américaine est toujours présente, un vaste panel d’architectes australiens novateurs, adeptes du multiculturalisme, s’affirme. Comme Howard Ragatt, concepteur du National Museum of Australia de Canberra (Post Modern Style), inauguré en 2001 ou Nonda Katsalidis, à qui l’on doit la magnifique Eureka Skydeck 88 (2006 - Modern Style) qui domine le complexe du Southbank de Melbourne du haut de ses 297 m. Citons enfin Glenn Murcutt, pionnier de l'architecture verte. Un solitaire qui dessine à la main des maisons rurales minimalistes mais raffinées en sublimant des matériaux simples comme le bois ou la tôle. C’est le seul lauréat australien du prestigieux prix Pritzker qu'il a remporté en 2002 pour la qualité de ses maisons innovantes, esthétiques et respectueuses de l'environnement.

Melbourne et Sydney, les deux rivales

Elles se partagent le plus grand nombre de gratte-ciel d’Australie. En 1880, le Yorkshire Brewery a été le premier building construit à Melbourne. Ce bâtiment de 8 étages au style Second Empire fait aujourd’hui partie du patrimoine de la ville. Malgré les prouesses techniques développées à la fin du XIXe siècle, l’Etat du Victoria interdit de 1916 à 1957 la construction de tours de plus de 40 m. Une mesure prise par crainte de voir se déclarer des incendies impossibles à maîtriser. Peu de temps après l’abrogation de cette loi, le ICI House (1958), aujourd’hui Orica House, exposait fièrement ses 20 étages en se dressant à 81 m du sol. Achevée en 2006, Eureka Tower avec ses 297 mètres de hauteur fut jusqu’en 2019 le plus haut gratte-ciel de Melbourne. Mais il a été détrôné en 2020 par les 316 mètres et les 100 étages d’Australia 108.

A Sydney, le premier building construit est le Culwulla Chambers en 1912. Il mesure 50 mètres et comporte 14 étages. Comme pour Melbourne, un amendement impose d’attendre 1950 pour que d’autres immeubles puissent dépasser 45 m dans la ville. C’est en 1962 que l’AMP Building, haut de 115 m avec 26 étages de bureau, devient le premier « vrai » gratte-ciel de Sydney. La Skyline de Sydney est une réussite avec ses tours dont The Sydney Tower (305 m) achevée en 1981, la Chiffley Tower qui fut jusqu’en 2019 le plus haut bâtiment avec ses 244 mètres avant de se faire détrôner en 2020 par le Crown Sydney (271 m). La Salesforce Tower (263 m) est un bâtiment commercial achevé en 2022.

Enfin, notons que le plus haut gratte-ciel d’Australie se trouve à Gold Coast, dans le Queensland. La tour Q1 (Queensland number one) construite en 2005 avec ses 323 m de hauteur était aussi le plus haut bâtiment de l’hémisphère sud avant l'inauguration de l'Autograph Tower (382 m) à Jakarta en 2022.