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Une population surtout installée à Reykjavik

En Islande, il n'y a pas de surpopulation ! Plus de 387 000 Islandais (2023) se partagent un vaste territoire, mais les deux tiers vivent dans l'agglomération de la capitale Reykjavík. Les villes les plus peuplées sont ensuite Akureyri, Keflavik, Selfoss, Akranes et Njarðvík. Il n'est ainsi pas étonnant de se sentir dans un monde à part en Islande, dès lors qu'on s'éloigne des quelques grandes villes. Le tourisme de masse a bien sûr changé la donne sur les sites touristiques majeurs, mais il existe encore de nombreux endroits dans lesquels s'évader en toute sérénité.

Bon à savoir : pour des informations statistiques renouvelées régulièrement, visitez l’excellent site (en anglais) du service des statistiques islandais : www.statice.is.

Une entrée plutôt tardive dans la vie active

Le taux de la population de plus de 15 ans pouvant lire et écrire est de 99 %, soit l’un des plus élevés au monde. Jusqu’à l’âge de 6 ans, les enfants commencent leur parcours dans des Pre-Schools, l’équivalent des maternelles en France. Celles-ci donnent alors accès au système d’éducation primaire et secondaire, dans ce qu’il convient d’appeler en anglais les Compulsory Schools. Il faut compter environ dix ans, et ainsi atteindre l’âge de 16 ans, pour que les élèves passent à d’autres types d’écoles, nommées communément Specialised Vocationnal Schools, Industrial-Vocationnal Schools, Comprehensive Schools ou Grammar Schools, en fonction de l’orientation de chacun.

Le stade des études supérieures (Higher Education) n’est atteint qu’à l’âge de 20 ans, après avoir réalisé près de quatorze ans d’apprentissage. De manière générale, la plupart des Islandais peuvent entrer dans la vie active dès 23 ans. Même si la population se montre relativement favorable à une séparation de l’Église et de l’État, la religion reste étroitement imbriquée dans l’éducation inculquée.

Rencontre et séduction : des mœurs en constante évolution

L’Islande se caractérise parfois par des mœurs assez anciennes, que ce soit dans ses idéaux, son goût des arts, sa littérature, et aussi sa langue. En matière de sexualité, quelques lieux coquins ont cependant fait leur apparition en plein cœur de la capitale, laissant dévoiler un changement de mentalité progressif au niveau des habitants de la ville. Les associations de planification familiale font de larges efforts dans ce sens, notamment par un décret qui reconnaît la vie sexuelle des jeunes et fournit des services aux adolescents.

Grâce à ces efforts, l’Islande a réussi à obtenir un taux de grossesse parmi les plus bas au monde chez les adolescentes, un taux peu élevé de contamination au VIH, ainsi qu’une forte baisse des avortements. Il faut toutefois relever le taux relativement important de maladies sexuellement transmissibles (chlamydia, gonorrhée, etc.), les préservatifs étant souvent peu appréciés par les Islandais... Faites attention, car les effusions nocturnes et les jeux de séduction peuvent parfois amener à certains écarts de conduite. Bon à savoir également : dans les pays nordiques, ce sont généralement les femmes qui prennent l'initiative d'aborder les hommes !

En marge du mariage en Islande, le Parlement a adopté une loi le 4 juin 1996, entrée en vigueur le 27 juin suivant, qui permet à deux personnes de même sexe de faire enregistrer leur union. Pour le reste, notamment en matière d’union de couple hétérosexuel hors mariage, la loi se calque en grande partie sur la loi danoise. Deux personnes de sexe différent qui font enregistrer leur union par ce biais peuvent dès lors partager l’autorité parentale.

Une identité forte, à mi-chemin entre passé et avenir

Le caractère national islandais s’est imposé tout au long de l’histoire du pays, notamment avant l’indépendance proclamée en 1944. Les Islandais voulaient en effet se détacher de la couronne du Danemark pour créer une nation indépendante. Cet esprit d’indépendance, de liberté s’est également retrouvé aux XIIIe et XIVe siècles alors que l’Islande était devenue norvégienne.

Alors que l’agriculture concerne moins de 10 % de la population, il semblerait que certaines idées préconçues sur l’Islande restent fausses, notamment celle qui voit en eux des personnages complètement dépassés du point de vue de la technologie. C’est tout le contraire ! Tous les habitants sont très au fait des nouvelles technologies, que la jeune population locale s’approprie immédiatement et qui permet aux personnes vivant dans les zones les plus reculées de rester connectées avec le monde. Fait paradoxal, les Islandais restent très ancrés dans leurs traditions, leur histoire. Le caractère et l’identité du pays se résument donc en une simple expression : un mélange de modernisme et de traditions.

Une protection sociale équivalente à celle de la France

Le régime islandais de protection sociale ressemble de près au système français. Il comporte les assurances vieillesse, survivant et invalidité, la couverture en cas de maladie et de maternité, d’accident du travail et de maladie professionnelle, sans oublier l’assurance chômage et les prestations familiales. Tous les travailleurs, salariés ou indépendants, sont couverts par le régime général universel de protection sociale qui concerne l’ensemble de la population. L’âge normal de la retraite est de 67 ans (60 ans pour les gens de mer), et quarante années de résidence sont nécessaires pour percevoir ce droit de retraite à taux plein. Le régime de sécurité sociale garantit une pension minimum à chacun, même lorsque les cotisations à la caisse de retraite ont été minimes, voire nulles.

Beaucoup de choses étaient vraies avant la crise de 2008 et ne le sont plus depuis. Par exemple si l’Islande connaissait un quasi plein emploi et un niveau de vie élevé, elle a aussi découvert le chômage avec un taux atteignant 8,9 % en 2010. Ce dernier a cependant chuté ces dix dernières années pour tourner autour de 3 %. Même s’il n’y a pas encore de réelle pauvreté, la population se fracture toutefois en deux parties distinctes. D’un côté, les citadins de la capitale, de plus en plus nombreux. De l’autre, les fermiers qui vivent dans les campagnes. Les mentalités aussi divergent bien sûr. L’exode rural s’avère en outre massif et les campagnes sont désertées par les jeunes. Mais ces habitants des villes n’oublient pas pour autant leurs sources. Il existe en effet un lien fort qui relie tous les Islandais, notamment par des origines communes, mais aussi par des traditions que tous partagent.

Le rapport femmes/hommes en Islande

Que ce soit au niveau de la société, dans les domaines du travail ou personnel, les femmes ont toujours été considérée à l'égal des hommes en Islande. Le pays n’a pas réellement connu de discrimination à ce niveau, et un symbole courant de l’intégration des femmes dans le pays reste l’ancienne présidente de la République, Vigdís Finnbogadóttir, qui a accompli pas moins de quatre mandats à ce poste. Le droit de vote a été accordé aux femmes dès la fin du XIXe siècle (seulement en 1944 en France !).

Les femmes se sont en outre intégrées aux parlementaires, gagnant progressivement des sièges dans l’édifice prestigieux que constitue le Parlement. Les Islandaises se distinguent également des Européennes en ce qui concerne les naissances. Nombreuses sont celles qui conçoivent volontairement un enfant très tôt (21-22 ans) et l’élèvent, bien qu’étant encore étudiantes et bien souvent célibataires. Des aides d’État existent en effet pour concilier vie familiale et étudiante ou vie familiale et professionnelle. Les naissances hors mariage ou de père inconnu, ainsi que les familles recomposées, sont extrêmement courantes en Islande.

Depuis 2018, l'égalité salariale femmes-hommes est d'ailleurs imposée et toute entreprise de plus de 25 salariés doit pouvoir prouver qu'elle est respectée. Une décision forte, qui rappelle toutefois que la vigilance est de mise.

Le 24 octobre 2023, un mouvement de grève générale des femmes visant à lutter contre les violences sexistes et les différences salariales en Islande a fait parler de lui à l'international avec de nombreuses parutions sur le sujet (Courrier International, The Guardian…). Ce mouvement suivi par une majorité des femmes de toutes catégories socio-professionnelles fait volontairement écho à la grève du 24 octobre 1975 à l'occasion de laquelle 90 % des femmes islandaises ont cessé de travailler une journée, paralysant l'ensemble du système islandais. La grève de 1975 a permis une véritable prise de conscience des inégalités femmes/hommes dans une société qui reposait sur des modèles plus conservateurs.

Les liens du sang restent importants en Islande

Il n’est pas rare de voir certaines familles prendre en charge une personne âgée, ou proche, qui se retrouve seule. Les Islandais restent en outre très attachés à leurs ancêtres, raison pour laquelle ils s’impliquent de plus en plus dans des travaux de généalogie. Certains d’entre eux peuvent ainsi facilement retracer la lignée de leurs ancêtres et diverses affiliations sur pas moins de sept générations.

L’architecture des habitations dans lesquelles vivent ces familles a évolué au fil des années. Dans la vieille ville de Reykjavík, il est ainsi possible d’observer d’anciennes maisons nordiques typiques en bois peint avec des toits en tôle ondulée. Celles-ci contrastent avec les bâtiments à l’architecture moderne qui s’érigent désormais au beau milieu de la capitale. En parcourant le pays, vous pourrez également découvrir les multiples fermes abandonnées qui s’étendent, parfois dans des lieux fortement éloignés de toute vie. De multiples fermes furent ainsi fabriquées à partir de tourbe et recouvertes d’herbages, se dotant ainsi d’un charme caractéristique.

Vous l'aurez compris, la vie sociale en Islande oscille constamment entre l'héritage du passé et une certaine vision de l'avenir. Le sens de la famille, des traditions, reste profondément ancrés au cœur de la vie islandaise. Pour autant, l'Islande est en évolution permanente et sa population embrasse la modernité sans perdre de vue ses valeurs.