Un cinéma qui tarde à s’industrialiser

Il faut attendre l’implantation de la société de production Nordisk Films, en 1919, danoise elle aussi, pour voir se développer le cinéma. Elle produit L’Histoire de la famille Borg, adaptation d’un roman de Gunnar Gunnarsson, narrant le conflit intérieur d’un jeune Islandais qui doit choisir entre rester sur son île ou rejoindre le continent.

Les premières productions sont essentiellement danoises ou étrangères. Jacques de Baroncelli y tourne en 1924 Pêcheur d’Islande. L’île ayant peu de moyens et des ressources à allouer à cette nouvelle industrie, les réalisateurs insulaires ne peuvent développer qu’une pratique artisanale. Certains d’entre eux arrivent cependant à se faire remarquer, tels Gunnar Robert Hansen et Gudmundur Kamban, qui co-réalisent le thriller Hadda Padda pour Nordisk Films en 1923.

Émergence d’un jeune cinéma islandais

Il faut attendre un certain temps pour que le monde s’intéresse au cinéma islandais, et notamment le succès du film Les Enfants de la nature, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1991 et réalisé par Friðrik Þór Friðriksson. Il met aussi en scène Cold Fever (1995), l’histoire d’un Japonais qui traverse l’Islande pour rendre hommage à ses parents, morts dans un accident d'automobile sur l’île.

The Icelandic Dream, sorti en 2000 et réalisé par Róbert Ingi Douglas, a reçu quatre EDDA Awards, l’équivalent des Césars en Islande. Du même cinéaste, la comédie remarquable et remarquée Esprit d’équipe, sorti en 2006, relate les déboires d’une équipe de football amateur et gay, qui essaye de faire sa place dans un monde de professionnels hétéro-normés.

Baltasar Kormakur est une autre figure importante du cinéma islandais. Il réalise notamment Reykjavík 101 en 2001, adaptation d’un roman islandais qui dresse le portrait acide d’une jeune dans la capitale.

Un cinéma d’auteur engagé et porté par des femmes

Le film islandais le plus réussi de ces dernières années est sans nul doute Woman at War (2018), de la réalisatrice Benedikt Erlingsson. La croisade d’une femme, magistralement interprétée par Halldóra Geirharðsdóttir, contre l’industrie islandaise de l’aluminium. Dans la lignée du combat écologique, le documentaire Dreamland (2009), de Þorfinnur Guðnason, se penche sur la construction de la Centrale hydroélectrique de Kárahnjúkar.

Le film franco-islandais Back Soon (2008), de Sólveig Anspach, raconte la vie d’une poétesse islandaise, qui décide de quitter l’île et qui, pour financer son projet, revend son commerce de marijuana.

La chanteuse Björk a joué et collaboré sur des grands films de notre temps : Dancer in the Dark (2000) de Lars Von Trier, ou encore Drawing Restraint 9 (2005) de l’artiste Matthew Barney.

Un décor glacial, mais idéal

L’île attire les productions étrangères pour ses paysages. Ce fut le cas dernièrement avec le tournage d’Arctic, réalisé en 2018 par le Brésilien Joe Penna, et racontant l’histoire d’un homme piégé en Arctique (Mads Mikkelsen) suite au crash de son avion. L’une des scènes les plus connues tournées sur l’île se déroule au lac Jökulsarlón dans l’un des films de la série James Bond, Meurs un autre jour (2002). C’est aussi là qu'ont été tournées des séquences de Batman Begins (2005) et de Lara Croft : Tomb Raider (2001). Le film Sparrows (2015) du réalisateur Rúnar Rúnarsson prend place dans les fjords du Nord-Ouest et notamment Isafjördur et Flateyri ou encore au film Lamb (2021), tourné dans une ferme du nord de l'Islande, qui a su se faire remarquer au Festival de Cannes et obtenu le prix de l'originalité. Plus récemment, le film Godland (2022) qui aborde la colonisation de l'Islande. N'oublions pas également des séries comme Les Meurtres de Valhalla (2019) ou encore la série Blackport diffusée en 2023.