L_Alþingi, ou Althing. (c) Roberto La Rosa - Shutterstock.com.jpg

Comment s'organise la politique du pays ?

L'Islande, république démocratique. La déclaration d’indépendance de 1944 entraîne l’Islande dans une nouvelle ère politique, celle d’une république démocratique. La Constitution la caractérisant permet au pays de s’intégrer dans un régime pluraliste et semi-présidentiel à la fois, et ressemble fortement à celle du Danemark, mis à part le statut républicain conféré à l’État. Les trois pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire – sont séparés, quant à eux.

L’exécutif est attribué au gouvernement et au Premier ministre, le président ayant un rôle principalement symbolique, et le législatif à l’Alþing (ou Althing). L’Alþing est composé de 63 députés élus dans six circonscriptions pour quatre ans et le judiciaire est composé des cours de première instance et de la Cour suprême.

L’Assemblée. Les principaux partis politiques sont le Parti de l'indépendance, le Parti écologique, l'Alliance, le Parti du centre, le Parti du progrès et le Parti pirate. L’Alþing ne constitue, depuis 1991, qu’une seule et unique chambre chargée des lois. Pour que ces textes prennent effet, ils doivent être signés, après trois lectures, par le président de la République et par le ou les ministres concernés. Les dernières élections, anticipées, ont eu lieu en octobre 2017 ; elles ont vu la victoire, sans majorité absolue, du Parti de l'indépendance. Suite à des négociations tripartites, un gouvernement de coalition, dirigé par Katrín Jakobsdóttir (Parti écologique), a été établi.

Le président n’a aucun lien avec ces groupes et reste l’unique personnage qui unit la nation. L’actuel président de la République est Guðni Thorlacius Jóhannesson depuis août 2016, il a été réélu en 2020. Par ailleurs, l'Islande s'était fait remarquer en ayant à sa tête la première femme présidente de la République en 1980, Vigdís Finnbogadóttir, réélue en 1984, 1988 et 1992.

Comment fonctionne l'économie du pays ?

L’eau dans tous ses états. Le pays dispose d’une vaste quantité d’eau et de nombreuses marques d’eau embouteillées apparaissent sur le marché. Certains Islandais racontent que malgré cette qualité, l’eau aurait du mal à être exportée car elle ne dispose pas de certaines composantes requises par les pays étrangers. Sans arrière-goût, la Iceland Spring Water reste l’une des bouteilles les plus réputées du pays. Et lorsque l’eau possède cette faculté de résorber bon nombre de problèmes de peau, elle devient alors un commerce sous la forme de lagons, dont le fameux Blue Lagoon. Certains visiteurs auraient ainsi vu disparaître toute trace de psoriasis, d’eczéma et autres maux.

Dans le mouton, tout est bon. Grâce aux agneaux et moutons élevés l’été dans les pâturages, l’Islande dispose de l’une des meilleures viandes ovines. L’économie repose d’ailleurs sur ces mets qui caractérisent certains des plats typiques de la nourriture islandaise. Les moutons sont en outre tondus à l’automne, offrant ainsi une laine que la population locale commercialise ou utilise pour créer certains types de vêtements.

Le tourisme, une manne qui a pris de l'ampleur. Le pays a accueilli plus de 2,4 millions de touristes en 2019 contre 143 000 en 1991 ! Le tourisme fournit quasiment la moitié des revenus actuels du pays, un chiffre en constante augmentation.

Après la crise de 2008, les campagnes publicitaires s’intensifient à l’étranger notamment via la compagnie Icelandair. Les nombreuses publicités qui prennent place dans les magazines ou sur les panneaux d’affichage réalisent ainsi l’effet escompté. Ainsi, début 2002, le nombre de Français ayant séjourné en Islande a augmenté de 41,4 % par rapport à l’année précédente. Le chiffre est ancien, mais montre à quel point « du jour au lendemain » un pays devient populaire ou délaissé.

L’Islande est très prisée : on apprécie sa nature intacte, la sécurité. Les touristes préfèrent en majorité l’été, période durant laquelle le pays peut être intégralement parcouru. Mais, afin de ne pas connaître de saison morte, les autorités vantent aussi les merveilles du pays sous la neige ou Reykjavík comme ville idéale pour un week-end prolongé, pourquoi pas le temps d’un « stop-over » en vol vers l’Amérique. Chaque année, davantage de touristes décollent pour cette destination peu usuelle, qui subit d’ailleurs peu à peu un effet de mode.

Devant la vie stressée des citadins, l’île propose des panoramas reposants et variés, pas moins de huit cents sources chaudes, des centaines de volcans en activité, mais représente également un fabuleux endroit où marcher et observer la faune et la flore. Mais le tourisme de masse reste toutefois proscrit en raison de la fragilité de l’environnement. Reykjavík regrouperait à elle seule pas moins de 80 % des touristes étrangers. Les Islandais ont bien compris ce que peut leur apporter le tourisme, même si beaucoup annoncent qu’ils font cela par pur plaisir et n’en tirent aucun profit. Il n’empêche qu’au fil des années, de minuscules B&B se transforment en de véritables industries du tourisme. Le secteur devient une véritable mine d’or, d’autant plus que l’île fait désormais partie des meilleurs sites pour l’observation des baleines. Néanmoins, ce succès grandissant se ressent et le visage du tourisme en Islande change progressivement. Les prix deviennent parfois prohibitifs sur certains secteurs saturés et le coronavirus a eu raison de nombreux hébergements à petits prix ou même de nombreuses lignes de bus qui permettaient de voyager dans le pays à moindre prix.

Quels sont les enjeux économiques actuels ?

La stabilité du pays a été gravement mise à mal lors de la crise financière mondiale de 2008. Résultat direct de la politique d'endettement des banques, l'Islande s'était endettée à hauteur de 11 fois son PIB. La décision salvatrice fut la protection par l’État du capital des contribuables tout en laissant les actionnaires étrangers sans ressources (affaire de Icesave avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas). Conséquence directe, l'Islande nationalise ses banques et demande l'aide du FMI et des pays scandinaves. En quelques mois, la monnaie perd 50 % de sa valeur par rapport à l'euro, ce qui permet de conserver une balance commerciale excédentaire et de maintenir la croissance économique.

Quelques années plus tard, le résultat est impressionnant, le pays a su tenir tête aux pressions internationales et aux fluctuations du marché. Le pays a refusé de rembourser ses « dettes Icesave » suite au rejet du projet de loi par la population lors des 2 référendums de 2010 et 2011. En 2014, le pays renoue avec la croissance, le chômage est de nouveau en baisse et les responsables de la crise sont jugés. Parallèlement à tout cela, face au souhait des Islandais de ne pas entrer dans l'U.E., le gouvernement, après avoir déposé une demande en 2009, l'Islande retire finalement sa candidature en 2015.

Malgré une farouche volonté d’autosuffisance, le pays est encore contraint à d’importantes importations alimentaires. L’économie, très dépendante de la pêche, reste très fragile face aux variations des populations de poissons, particulièrement la morue qui représente à elle seule un tiers des exportations du pays. Un redéploiement économique a permis la mise en place d’un système de sécurité sociale très complet, ainsi que l’instauration d’un système d’éducation très performant. Signalons aussi que l’État, qui n’hésite pas à intervenir dans l’économie, a indexé les salaires sur le coût réel de la vie. Ce succès économique et social donne à l’Islande un des pouvoirs d’achat et un des niveaux de vie parmi les plus élevés d’Europe. Aspect négatif, l’inflation est assez élevée. Les salaires des fonctionnaires, en particulier ceux des enseignants, sont très faibles par rapport au reste de la population, ce qui explique qu’ils exercent souvent un second travail en été. Les jeunes, aussi, travaillent presque tous en été, et l’État bloque une partie de leur salaire jusqu’à leur majorité ou leur mariage. Les femmes ont facilement accès à des emplois considérés comme « physiques », et elles s’en tirent très bien.

L’évolution de l’économie repose avant tout sur la diversification. Outre la géothermie, l’hydroélectricité, le développement d’usines d’aluminium et de ferrosilicium, elle a, depuis quelques années, conçu de nouveaux logiciels, s’est lancée dans la biotechnologie et offre de multiples services financiers.

Depuis 2022, bien que la croissance se porte bien malgré la crise du coronavirus, le pays est aussi touché par l'inflation dont le taux atteignait les 10 % début 2023. D'abord limitée à l'immobilier, elle touche maintenant différents secteurs et le coût de la vie s'en ressent pour les Islandais. Néanmoins, le gouvernement est en pleine réflexion afin de redresser la barre. Des changements sont à prévoir notamment du côté du secteur touristique, avec une suppression des avantages TVA et la création d'une taxe à destination des touristes étrangers dès 2024 visant à financer les actions éco-engagées de l'Islande pour faire face à l'afflux de touristes.