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Les croyances et les cultes des Celtes 


Les croyances des habitants de l’île avant les Gaëls sont peu documentées. Ce sont souvent et presque uniquement des écrits grecs ou romains qui nous renseignent. Les Romains n’ont jamais envahi l’île. Mais ne pensez pas que la verte Erin fut alors un éden paisible. Les Celtes de l’île s’occupaient en se chamaillant entre roitelets, honoraient des chefs de petits royaumes en proie à la convoitise des voisins, mettaient au point des lois Brehon qui encore aujourd’hui semblent avant-gardistes, imaginaient de belles histoires qu’ils racontaient si bien qu’on ne sait plus ce qui est vraiment arrivé.
Les nouvelles technologies au service des archéologues permettent de nouvelles interprétations sur l’art de vivre et les croyances en Irlande. En retrouvant des offrandes, de la nourriture, dans les tombes qu’ils fouillent, les archéologues nous assurent que les premiers habitants de l’île croyaient à la vie après la mort. Des rites païens, des séances conduites par des druides s’organisent. Des lieux de culte, des lieux sacrés, adoptent une architecture particulière : dolmens et cairns sont dressés, un impressionnant tombeau-portail de pierres évoque la façon dont les morts étaient honorés, il y a près de 6 000 ans. Newgrange, Poulnabrone ou Creevykeel en sont d’impressionnants vestiges.

Il était une fois, les contes et légendes d’Irlande

Des évènements festifs rythmaient l’année de 4 périodes en 2 saisons. La saison claire, Beltaine et Lugnasad, et la saison sombre, Samhain et Imbolc. Plus tard, ces fêtes païennes serviront de support aux pasteurs chrétiens. Samhain sera adopté pour célébrer les morts, c'est aussi Hallowe'en aujourd'hui. Le récit de ces évènements invite pêle-mêle personnages réels ou créatures mythologiques. Autant de cérémonie permettant de rendre hommage à la déesse Terre, aux déesses des rivières. Des fêtes pour célébrer de belles récoltes étaient des occasions pour s’enivrer, autant de boissons que de mots. Dès la protohistoire, les Celtes assistent à de grands festivals où ils se déplacent en clan, la famille. Ils se réunissent pour prier sous les chênes, arbre sacré des Celtes. L’origine du mot «druide», comme ils nomment leur mage, viendrait du gaélique duru, qui signifie «chêne». On retrouve le chêne dans le nom de la ville de Derry dont le blason est une feuille de chêne. C’est aussi le moment où se transmettent les grandes sagas des héros irlandais. Táin Bó Cúailnge, la Razzia des Vaches de Cooley, est le récit principal du cycle d'Ulster. C'est toujours la base littéraire de la mythologie celtique, un texte fondateur de l’Irlande. En résumé, des souverains du royaume d’Irlande, guidés par les chefs du Connaught, envahissent l’Ulster pour voler à son roi le taureau roux, un taureau particulier, le Brun de Cúailnge. Ils devront se battre contre le héros Cúchulainn, le super-héros irlandais par excellence, fils des dieux Lug et d’Eithne.
Pas étonnant, dans un monde aussi fantastique, que les poètes invoquent Merlin (Mirddhyn) l’enchanteur, que l’on soit prêt à partir en croisade avec les Chevaliers de la table ronde, à mourir d’aimer comme Tristan et Iseult, à courir la lande pour rencontrer la fée des bois, à partager le vin herbé…

La chrétienté s’installe en Irlande

Sur le continent, la nouvelle religion s’installe au rythme des invasions. En Irlande, ce sont les esclaves capturés lors des razzias que les Celtes de l’île ramènent, qui peu à peu distillent la religion chrétienne. Saint Patrick est un de ces esclaves amenés sur l’île. Petit à petit, des monastères s’organisent et deviennent sièges de pouvoir et d’influence. Les moines enlumineurs irlandais et leurs manuscrits, finement calligraphiés, avaient pour but de faire passer un message à travers une image pour ceux qui ne savaient pas lire. Vous avez dit pouvoir et influence ? Si le début de la christianisation aux Ve et VIe siècles fut sans heurt, dans une Irlande celte rayonnante, la suite fut parfois plus houleuse. Sous domination anglaise, dans les campagnes, l’Irlande devient le grenier des villes anglaises. Une part importante de la nourriture produite sur l’île prenait la direction de la Grande-Bretagne. Les paysans celtes perdaient le contrôle de la terre, perdaient leur pouvoir économique et leur influence politique. L’Église catholique organisait des aides et encourageait à la conversion. La vie des paysans se « catholisait » sans tout perdre des traditions païennes. Le culte celte des saisons, les habitudes festives, se sont mêlés aux fêtes catholiques. Aujourd’hui, les habitudes alimentaires, la veillée des morts, Hallowe'en, Sainte-Brigit, lendemain de Noël…, gardent les marques des origines celtes et païennes.

Embellie économique, éventail religieux élargi


Aujourd’hui, les temps changent et les Irlandais aussi. Cependant, même si les Irlandais ont adopté le mariage pour tous et l’avortement, le mariage se célèbre toujours majoritairement à l’église. Les enfants sont baptisés.
Lors des recensements, c’est celui de 1961 qui pointa le plus haut taux avec 94,9 % de personnes se déclarant catholiques. En 2016, le taux avait atteint son plus bas, avec 78,3 %. Une baisse pouvant être attribuée au nombre de personnes se déclarant sans aucune religion, parce qu'ils ne la pratiquent pas assidûment. Le taux de personnes se déclarant sans aucune religion représente maintenant 9,8 % de la population, contre 5,9 % en 2011. Le taux de catholiques reste plus élevé en province qu’en ville. On note aussi une augmentation du nombre de musulmans et d’orthodoxes. Après la pandémie de Covid-19, l’économie irlandaise retrouve à nouveau des courbes ascendantes et il y a fort à parier que les statistiques du nombre de religions pratiquées en Irlande changera encore. Les autres personnes se déclarant chrétiennes sont presbytériens et pentecôtistes. Les musulmans représentent 1,3 % de la population, une croissance continue. Les bouddhistes représentent 0,2 % et la population de confession juive représente 0,05 %.