Mosquée Hassan II à Casablanca © RuslanKaln - iStockphoto.com.jpg

Le style berbère

L’architecture berbère puise ses racines dans des temps immémoriaux et a laissé plusieurs empreintes dans le sud du Maroc, plus particulièrement dans les vallées du Drâa, Dadès, Todra, Ziz et Tafilalet, au point d’en devenir le symbole. Toute la beauté du style berbère se repère dans la façon dont les ksour (villages fortifiés), les kasbahs (maisons fortes) et les agadirs (greniers-forteresses) sont décorés de motifs géométriques traditionnels de toute beauté. Les maisons sont réalisées en pisé, c’est-à-dire avec des matériaux disponibles dans l’environnement immédiat, dans ce cas précis un mélange de cailloux et d’argile avec souvent un peu de paille, et tassé entre deux planches lors de la construction. Cette architecture, naturelle et épurée, se fond parfaitement avec les couleurs des paysages du sud du pays. Il faut cependant noter que cette architecture écologique est très fragile et s’érode avec la pluie. Une fragilité qui a vu de nombreuses familles quitter les ksour et les kasbahs, à la recherche d’un habitat plus sûr. Délaissés, ces châteaux de terres et de roseaux pourraient disparaître à jamais. Fort heureusement, l’UNESCO a eu l’ingénieuse idée d’en inscrire une partie d’entre eux au Patrimoine mondial, avec pour effet d’entamer un processus de rénovation. Parmi les plus beaux exemples, il faut citer le ksar d’Aït-Benhaddou et la kasbah de Taourirt à Ouarzazate.

Les kasbahs

On trouve les kasbahs partout où, à un moment donné, il y a eu des intérêts commerciaux en lien avec l’or, le sel, le sucre ou bien encore les esclaves. La kasbah est en effet une forteresse et les quartiers fortifiés abritaient les seigneurs qui protégeaient les habitants des attaques nomades. La construction, en général rectangulaire, présente différents niveaux qui occupent une fonction bien particulière. Le rez-de-chaussée accueille les animaux, quand le premier étage est utilisé comme grenier et que le second étage est dédié aux pièces d’habitation. La construction des kasbahs utilise la méthode du pisé, et au fur et à mesure que la construction s’élève, des trous sont pratiqués dans le mur pour maintenir les planches. C’est pour cela que lorsque l’on observe les kasbahs au Maroc, on note la présence d’orifices réguliers dans les façades. Les plafonds sont faits de poutres de palmier ou de thuya, entre lesquelles on dispose des lattes de roseau. Marrakech abrite l’une des plus belles kasbahs encore sur pied. Les autres splendides exemples sont celle de Tinmal, dans le Tizi n’Test, et celle de Telouet. Dans le nord, il ne faut pas passer à côté de celle de Chefchaouen, qui de ses remparts rouges domine la médina toute bleue.

Les ksour, constructions spectaculaires

Le ksar (ksour au pluriel) est un village fortifié construit généralement en pisé, consolidé par des poutres, et dont les murs nus forment une protection contre les attaques climatiques et physiques. Dans le sud du Maroc, il s’agit de constructions particulièrement spectaculaires : on les trouve au sommet d’un rocher escarpé ou bien encore sur le flanc d’une paroi rocheuse. Ils peuvent aussi surmonter une oasis composée de palmiers. Les murs extérieurs forment les remparts et sont défendus par des tours aux angles. À l’intérieur, on trouve les habitations, mais aussi souvent un agadir, pour pouvoir y mettre les vivres à l’abri. Entre les vallées du Drâa et du Dadès, on retrouve de splendides ksour dominant les oasis de Skoura et de N’kob. À Rissani, on peut aussi participer à un merveilleux circuit où l’on peut contempler une demi-douzaine de ksour fortifiés, et ce malgré le fait que certains d’entre eux attendent d’être restaurés.

La médina, balade dans un dédale de ruelles

Comment parler d’architecture au Maroc sans mentionner la particularité de la médina ? Symbole de l’habitat citadin, il s’agit de logements entassés les uns contre les autres, comme on peut le voir dans de nombreuses villes, de Marrakech en passant par Fès el-Bali, Meknès et Tanger. Si les habitations sont fermées côté rue, elles s’ouvrent lorsque l’on pénètre à l’intérieur bien souvent sur un patio, un jardin ou une cour. Lorsque l’on se balade au fil des ruelles, on passe par les souks pour chiner quelques instants, puis vient le temps de la contemplation des maisons de la médina, qui comme le prône l’islam, sont identiques de l’extérieur. C’est en ayant la chance de pénétrer à l’intérieur que l’on découvre que la richesse se manifeste uniquement par la décoration, mobilier, tapisserie, vaisselle… La plus impressionnante médina du Maroc est celle de Fès : un lieu qui réunit 700 000 personnes qui vivent encore dans celle qui s’avère être une véritable splendeur médiévale.

La mosquée et les médersas, lieux de la plus haute importance

Les mosquées sont présentes partout et construites sur des terrains nobles, au centre des localités. Au-delà d’être un lieu de culte et de prières dont l’un des murs est orienté vers La Mecque, elle est également pour les non-musulmans qui s’y rendent un véritable lieu de sérénité qui permet de fuir quelques instants la frénésie des grandes cités. Il faut cependant noter que seulement deux mosquées sont ouvertes aux non-musulmans au Maroc : la mosquée Hassan II de Casablanca et celle de Tin Mal, près du Tizi’n’Test. La forme de la mosquée s’inspire de la configuration de la maison du Prophète, c’est-à-dire que la cour centrale est bordée d’arcades, et un bassin est disposé en son centre. Ce dernier permet aux musulmans qui arrivent pieds nus de procéder aux ablutions, une étape qui précède la prière. La salle de prière, aussi nommée harem, est organisée autour du mihrab, niche creusée dans le mur, et indiquant la direction de La Mecque. À gauche, on trouve le minbar, ou chaire à prêcher. Dans les mosquées les plus importantes, on repère la présence d’un minaret, une tour en général de forme carrée d’où le muezzin lance cinq fois par jour les appels à la prière. Et ce, même si aujourd’hui, c’est le plus souvent un électrophone qui remplit cet office. Parmi les plus belles mosquées du Maroc, il ne faut pas manquer d’aller voir la mosquée Al Quaraouiyine à Fès – la plus ancienne, fondée au IXe siècle –, la Koutoubia à Marrakech, la mosquée Lalla Soukaïna à Rabat, et la gigantesque mosquée Hassan II à Casablanca, construite en 1993.

Écoles religieuses depuis la dynastie des Mérinides, les médersas ont toujours eu une grande importance, en tant que lieu d’apprentissage du droit, de la philosophie et de l’astronomie. À Fès, on trouve la très belle médersa Attarine, construite au XIVe siècle, et recouverte de zelliges. Sa beauté n’a rien à envier à sa rivale la médersa ben Youssef de Marrakech, dont le décor de stuc est richement ciselé. Plusieurs médersas sont ouvertes au public, sauf celles qui sont toujours en activité.

Palais, remparts et portes

Les Almohades ont lancé la mode des remparts en pisé, qui ornent notamment les villes de Rabat, Marrakech ou Fès. Tout le long, on trouve de splendides portes, prenant la forme religieuse du mihrab, et sur lesquelles on retrouve des écritures cursives extraites du Coran, et des merlons, créneaux en dents de scie ou en escalier. La plus célèbre porte est Bab Mansour à Meknès, construite sur l’ordre du sultan alaouite Moulay Ismaïl. Les palais sont les autres bâtisses remarquables. Au VIIIe siècle, les conquérants arabes ont introduit dans le sud de l’Europe des traditions artistiques d’influence orientale. De l’Espagne musulmane et en particulier d’Andalousie, les Almoravides partiront trois siècles plus tard pour le Maroc avec, dans leurs bagages, l’art hispano-mauresque. Le plus surprenant est souvent l’intérieur des palais. Il est impressionnant de constater le souci de chaque détail et à quel point le souhait était d’ornementer au maximum les différentes pièces, du sol au plafond. On retrouve, en fonction des lieux, des motifs géométriques ou floraux qui semblent se multiplier à l’infini comme dans la salle du trône du palais de Rabat, des compositions savantes de la céramique avec le zellige pour les fontaines, comme pour celles du palais royal de Fès ou bien encore du bois sculpté et peint, comme c’est le cas dans la salle du trône du Palais Royal de Marrakech.

Les influences portugaises et espagnoles

Des villes comme El Jadida, Essaouira, Asilah, Azemmour ou Safi, ont en commun un patrimoine architectural lié à la présence portugaise sur le sol marocain. Pendant 354 ans, les convoitises portugaises sont allées bon train, et de grandes fortifications défensives ont été construites face aux flots de l’Atlantique, comme celles de Mazagan, édifiées au début du XVIe siècle et qui font aujourd’hui partie de la ville d’El Jadida, à 90 km au sud-ouest de Casablanca. Entre bastions et remparts, ses défenses constituent un des premiers exemples de l’architecture militaire de la Renaissance. Au final, la ville portugaise d’El Jadida est sans doute le plus beau témoignage d’une alliance d’influences entre les cultures européenne et marocaine dans les domaines de l’architecture, du génie militaire et l’urbanisme.

Lorsque l’on se balade dans certaines villes de la partie nord du Maroc, on a également l’occasion de s’apercevoir que quelques maisons possèdent des fenêtres en fer forgé sophistiquées, comme on a l’occasion d’en voir dans le sud de l’Espagne. C’est un signe que l’architecture maure de l’Alhambra a été exportée au Maroc après la Reconquista. Ainsi, tout au long de l’ère du protectorat, c’est le style Art déco qui est devenu commun au Maroc, surtout dans les villes modernes de Rabat et de Casablanca.

L’habitat nomade

Lors d’un périple dans le sud du Maroc, en particulier vers Zagora, Goulimine ou Tan-Tan, là où les chameliers sont légion, on a l’occasion d’admirer un autre habitat, celui des nomades. La Khaïma, ou tente berbère, est utilisée par les tribus qui accompagnent leurs troupeaux. Cette habitation se compose d’un assemblage de bandes de laine brune, cousues entre elles, et décorées de motifs géométriques. Elles sont soutenues par une structure en bois. En général, l’emplacement de la Khaïma se fait près d’un point d’eau et près d’un monticule pour éviter les bourrasques de vent. L’espace intérieur se compose de deux parties. Il y a une partie cachée réservée aux femmes, qui comporte toujours un métier à tisser. L’autre partie est celle des hommes, elle est délimitée par des nattes et c’est dans ce lieu qu’ils reçoivent leurs invités. Certaines tentes blanches et surmontées de boules dorées, symbole d’autorité, sont dites caïdales, et ce sont celles que l’on retrouve à l’occasion d’une excursion touristique dans le désert.

Quelques constructions contemporaines

L’architecture contemporaine n’est pas nécessairement celle que l’on vient chercher au Maroc. Elle pourrait cependant bien changer le visage du royaume à l’avenir. À côté de la volonté de protéger un riche patrimoine historique, il y a aussi l’objectif d’aller vers l’avenir, et de montrer que le Maroc est un pays qui ne se repose pas uniquement sur ses acquis. Dans la capitale Rabat, plusieurs constructions contemporaines ont vu le jour, telles que la Bibliothèque Nationale, qui n’est pas forcément la plus belle des constructions, ainsi que le siège de Maroc Telecom, une tour de verre. Mais le projet qui a le plus fait parler de lui ces dernières années est très certainement le grand théâtre CasArts de Casablanca (signé Christian de Portzamparc et Rachid Andaloussi), sur la place Mohammed V. Un bâtiment plus audacieux qui, en plus de faire figure de nouvelle icône de la ville, accueille toute l’année différentes pratiques artistiques : théâtre, danse, musique, comédie musicale. Un haut lieu de la culture.