Eglise catholique de Candelaria à Rio © luoman - iStockphoto.com.jpg
Baptême à Sao Paulo © FG Trade - iStockphoto.com.jpg

Le plus grand pays catholique du monde

La religion catholique apostolique romaine, religion d’Etat jusqu’à l’avènement de la république en 1889, reste la religion principale du pays. 64 % des Brésiliens s’en réclament encore aujourd’hui. Introduite au Brésil par les Portugais dès le début de la colonisation, elle a permis de couvrir le pays d’un manteau d’églises. Au nom du roi du Portugal et de l’Eglise, les missionnaires jésuites ont évangélisé les Autochtones et les esclaves. Les différents ordres ont contribué à un contrôle social des fidèles, en étroite collaboration avec les autorités temporelles. L’art religieux et l’art baroque en particulier, va également permettre de conquérir les esprits. L’Eglise catholique a longtemps été du côté des puissants, empereurs d’hier et élites politiques et économiques d’aujourd’hui. Pourtant, en rupture avec la papauté et le haut clergé, certains groupes religieux, certains clercs allaient prendre le message des Evangiles au pied de la lettre et s’engagèrent du côté des faibles et des opprimés. L’épisode de la guerre de Canudos (1883-1887), qui allait mettre fin dans le sang à une utopie mystique dans le Sertão bahianais, illustre bien cette rupture entre l’Eglise d’en haut, et celles du peuple, églises d’en bas. Dans les années 1970, les prêtres de la théologie de la libération vont contribuer à mettre en place les Conseils Ecclésiastiques de Bases qui assisteront la création du Mouvement des Sans-Terre (MST), entre autres.

Le processus de sécularisation va affecter la société brésilienne au XXe siècle, mais malgré la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le poids de la religion et de l’Eglise catholique reste incontournable au Brésil. Pourtant, l’omnipotence de l’Eglise catholique des origines a perdu de sa superbe au bénéfice de différentes Eglises protestantes et évangéliques, de plus en plus puissantes et influentes socialement et politiquement.

Une montée en puissance des églises évangéliques

L’une des autres composantes est donc celle des Eglises évangéliques, nébuleuse complexe dont 22 % de Brésiliens se réclament aujourd’hui. Si leur présence est lisible dans la société urbaine et rurale brésilienne, leur important rôle social, économique et politique l’était souvent moins. Les liens entre les « lobbys » évangéliques et certains membres influents de la société (hommes politiques, footballeurs) sont désormais visibles. Implantées entre 1910 et 1980 au Brésil, les Eglises évangéliques peuvent être divisées en 3 catégories, les pentecôtistes et néo-pentecôtistes, les évangélistes de mission et les autres Eglises évangélistes. Toutes ces Eglises reposent sur un même précepte de base : la Bible est la parole de Dieu. Il faut donc s’y référer en toute circonstance. A la différence de l’Eglise catholique, ils ne croient pas aux saints.

Les Eglises pentecôtistes prêchent le baptême par le Saint-Esprit. C'est une expérience presque mystique, ce qui conduit souvent à une forme de culte festif ou très émotionnel… et très télévisuel. Les Eglises néo-pentecôtistes se sont développées à partir des années 1970 et prônent la recherche du bien-être spirituel, mais aussi physique et économique. Elles attirent les plus démunis. Les évangélistes de mission sont ceux qui adhèrent aux Eglises protestantes « classiques », comme en Europe et en Amérique du Nord. Très minoritaires, ils représentent 4 % des Brésiliens. Luthériens, baptistes, anglicans et presbytériens sont les Eglises les plus connues.

Une autre église, peu connue en France bien que son créateur, Allan Kardec, un Breton, en soit originaire, est l’Eglise spiritiste. 2 % des Brésiliens déclarent en être adeptes. Allan Kardec a cherché à unir la philosophie, la science et la religion, pour mieux comprendre le monde matériel et métaphysique.

10 % des Brésiliens sont athées ou ne déclarent suivre aucune religion particulière. Malgré le processus de sécularisation de la société brésilienne, l’athéisme reste minime. Même dans les partis politiques les plus marqués à gauche, la religion reste un sujet délicat, car elle imprègne les cœurs et les esprits, au-delà des idéologies.

Des cultes afro-brésiliens très présents

Enfin, les cultes afro-brésiliens sont des héritages africains du Brésil. Un peu moins de 2 % des Brésiliens déclarent en être adeptes officiellement. Il est possible que certains pratiquent ce culte en parallèle avec la religion catholique. Certains esclaves étaient musulmans, mais de nombreux autres étaient animistes ou polythéistes. Les cultes afro-brésiliens allaient se constituer par syncrétisme des différentes pratiques religieuses originaires d’Afrique. Les communautés issues de l’esclavage devaient se cacher des « maîtres » et de la redoutable Eglise catholique pour pratiquer leur culte. Pour ne pas disparaître, les cultes afro-brésiliens allaient se fondre dans le culte chrétien des saints et du christ (avec les Orixas). Ces cultes sont habituellement regroupés en deux branches principales, le candomblé et l’umbanda, mais ils sont beaucoup plus nombreux. Le candomblé est un culte bahianais à l’origine alors que l’umbanda se serait développé dans les communautés afro-brésiliennes du Sudeste brésilien, en particulier à Rio et São Paulo. On peut dégager comme caractéristiques communes le culte des orixás (dieux africains assimilés à des saints chrétiens), les transes au cours desquelles les membres du terreiro (lieu du culte) sont « visités » ou chevauchés par l’esprit de leur orixás, qui est de fait leur saint protecteur ainsi que le syncrétisme avec la religion catholique. Ce sont deux Français, le sociologue Roger Bastide et le photographe-ethnologue Pierre « Fatumbi » Vergé qui ont permis au Brésil de se réapproprier sa mémoire africaine en présentant au Brésil et au monde de remarquables études et expositions sur les cultes et les lieux de cultes afro-brésiliens au Brésil, à une époque (les années 1950-60) où toute manifestation des origines africaines du pays était honnie.