Vers -20 000 ans

Les premiers habitants de Namibie

Les San (Bushmen), premiers habitants de l’Afrique australe, vivaient essentiellement de chasse et de cueillette, se déplaçant en petits groupes sur de vastes territoires. Il est difficile de dater précisément l’arrivée des premiers San en Namibie, mais certaines de leurs peintures rupestres découvertes dans le désert du Namib auraient plus de 20 000 ans (une peinture est datée de 27 000 ans, sur le site d’Apolo, près de la rivière Orange, dans le sud du pays).

Vers -1300 ans

Les Nama, un sous-groupe de Khoi-Khoi, vinrent du Nord-Est et s’établirent au centre de la Namibie jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Les colons hollandais du Cap les surnommèrent les Hottentot. Ceux que l’on appelle les « hommes rouges » (Awa-Khoin) sont aujourd’hui estimés à 80 000, essentiellement regroupés dans les régions de Hardap et de Karas.

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Vers -900 ans

Les Damara (ou Nû-Khoi, signifiant « le peuple noir »), sans doute originaires de l’ouest du Soudan, s’établirent dans le pays, où ils furent subordonnés aux Nama. Si l’apparence physique des Damara tend à les rattacher aux Bantous (peuples originaires d’Afrique de l’Ouest), leur langue est un dialecte proche de celui des Nama et leur culture différait en tout point du mode de vie bantou fondé sur l’agriculture et l’élevage.

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XVe siècle

La migration des Bantous

Certaines tribus bantoues, originaires de la région des Grands Lacs en Afrique de l’Est, émigrèrent vers l’Afrique australe. Le groupe le plus important est celui des Owambo, qui gagnèrent le fleuve Okavango, puis s’établirent au nord d’Etosha Pan vers 1450. Leurs techniques traditionnelles leur permirent de développer la culture du maïs, mais aussi le travail du métal et du bois, l’usage de la houe en fer et l’élevage du bétail. Des divisions au sein des Owambo donnèrent lieu à l’établissement de différentes tribus ayant chacune une identité politique et un territoire précis. Ces dissensions prirent fin au milieu du XVIe siècle, quand les Owambo, s’étant sédentarisés, s’installèrent dans les plaines fertiles, au nord d’Etosha Pan. Les Owambo représentent toujours dans le pays l’ethnie majoritaire (44 % de la population). L’Owamboland connaît une densité de population élevée, avec une moyenne de 20 habitants au kilomètre carré, pouvant atteindre par endroits 60 habitants au kilomètre carré.

1750 -1800

Les Kavango s’établirent sur les rives du fleuve Kwando, puis plus à l’ouest, au bord de l’Okavango, entre 1750 et 1800. Leur économie se fondait essentiellement sur la pêche. Les Sud-Africains les avaient appelés les Capriviens, un nom dépourvu de toute connotation africaine mais emprunté au chancelier allemand Caprivi chargé de fixer les étranges frontières de la bande de Caprivi, laquelle prolonge le plateau namibien sur des centaines de kilomètres vers l’intérieur de l’Afrique centrale. Les Kavango sont aujourd’hui 140 000, sur un territoire de 43 417 km2.

1850 - 1870

Le mouvement migratoire des Herero vers le centre de la Namibie donna lieu à des affrontements avec les Nama. Certains groupes herero furent repoussés et condamnés à s’installer au nord de Sesfontein. Leurs conditions de vie déclinant, ces groupes subsistèrent à l’aide de la chasse et de la cueillette, mode de vie extrêmement dévalorisant chez les peuples de pasteurs. On leur donna le nom de Tjimba, signifiant « oryctérope », ou « fourmilier », afin de souligner l’infériorité d’un peuple qui, à l’image des animaux, devait tirer sa subsistance du sol. Appauvris, certains Tjimba cherchèrent refuge vers le nord, en Angola, où on les surnomma Ovahimba (mendiants). Ils s’installèrent finalement dans les montagnes arides du nord de la Namibie, vivant d’élevage et se déplaçant au gré des besoins de leurs troupeaux. Leur nombre se chiffre aujourd’hui à environ 6 000 en Namibie, auxquelles s’ajoutent autour de 3 000 personnes vivant en Angola.

1850

Jacobus Coetse, en provenance d’Afrique du Sud, franchit le fleuve Orange et pénétra dans les terres intérieures de Namibie. Ce chasseur d’éléphants, originaire du Cap, ouvrit alors la voie aux commerçants et missionnaires en provenance d’Afrique du Sud et d’Allemagne. L’œuvre évangélisatrice débuta véritablement au début du XIXe siècle, avec la création de la première mission à Béthanie.

1870

La colonisation allemande

Le chef herero Maharero, voyant avec inquiétude l’arrivée de fermiers afrikaners, adressa une protestation au Cap pour tenter de mettre fin à cette affluence. Il demanda la protection de la Grande-Bretagne. Malgré l’intérêt du Cap pour ce territoire, l’idée fut transmise à Londres qui se contenta d’annexer le port de Walvis Bay en 1878. Ce fut finalement l’Allemagne, arrivée tardivement dans la course à la colonisation de l’Afrique, qui annexa le pays lors de la conférence de Berlin en 1884, et lui donna sa nouvelle dénomination : le Sud-Ouest africain.

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1903

Les Nama se révoltèrent en masse contre le pouvoir colonial, bientôt rejoints par les Herero qui massacrèrent 150 Allemands lors de la rébellion de janvier 1904. Les troupes allemandes prendront leur revanche en août 1905, lors d’une tragique bataille à Waterberg menée par Lothar von Trotha. C’est l’un des premiers génocides du siècle. Les Herero sont contraints de quitter le Waterberg qui leur sert de base. Ils se réfugient dans l’Omaheke. Les troupes allemandes vont alors occuper les points d’eau de ce désert, exterminant les Herero par milliers en les laissant périr de soif. Aujourd’hui, ceux-ci réclament des indemnisations aux Allemands, que Berlin a toujours refusé de payer, avançant les sommes versées à la Namibie après l’indépendance. Un premier pas dans cette direction a été fait à l’occasion des célébrations du centenaire de la bataille quand le gouvernement allemand a pour la première fois demandé pardon pour ses crimes.
75 % des Herero y laisseront la vie, plus de 3 000 seront faits prisonniers et environ 12 000 iront se réfugier dans l’aride Kalahari et le Bechuanaland (l’actuel Botswana).

1905

Le 26 août 1905, le gouvernement allemand proclama des lois draconiennes à l’encontre des Herero (interdiction d’acheter du bétail et des terres, port obligatoire de laissez-passer, délivrés uniquement à ceux qui travaillaient sur les fermes des Blancs). Samuel Maharero, qui périt au cours de son exil au Botswana, fut enterré à Okahandja le 26 août 1923. Cette date, aujourd’hui reconnue comme le jour des Herero, réunit chaque année plusieurs centaines de membres de cette communauté pour une cérémonie de commémoration.

1906

La découverte de diamants à Grassplatz, à l’est de Lüderitz, déclencha une véritable fièvre à travers l’Afrique et jusqu’en Europe.

1910

L’Allemagne décréta le sud du désert du Namib, entre Lüderitz et le fleuve Orange, Sperrgebiet, zone strictement interdite d’accès. Les droits d’exploitation diamantifère furent alors octroyés à la compagnie allemande Deutsche Diamant Gesellschaft.

1915

Peu après le début de la Première Guerre mondiale, l’armée sud-africaine, sous commandement britannique, envahissait la colonie allemande avec l’aide des populations africaines, qui voyaient dans cette invasion leur seul espoir de libération. Le général sud-africain Jan Smuts porta le coup fatal à la Schutztruppe en mai 1915, à Khorab (au sud d’Otavi).

1920

Le mandat sud-africain

La SDN déclarait le 17 décembre 1920 le Sud-Ouest africain sous mandat, confié à Sa Majesté britannique, mais exercé en son nom par le gouvernement de l’Union sud-africaine.

1928

L’arrivée massive de Sud-Africains allait faire monter la population blanche à 28 000 personnes (estimée aujourd’hui à 100 000) – soit un dixième de la population totale à l’époque – auxquelles on redistribuera les terres exploitables. Une commission, nommée pour étudier les possibilités de travail dans les réserves créées pour les populations noires et pour apporter des solutions à leur reclassement, recommanda d’exclure tout campement indigène des zones réservées à l’agriculture blanche.

1936

Par exemple, les Nama ne disposaient plus que de 170 000 ha, soit un vingtième de leur territoire d’origine. La maigre végétation ne leur permettant plus de nourrir leurs troupeaux, ils furent nombreux à accepter de partir travailler sur les fermes des Blancs ou dans les mines.

1945

Après avoir remplacé la Société des Nations (SDN) par l’Organisation des Nations unies (ONU), les signataires de la charte des Nations unies décidèrent qu’une commission des mandats serait chargée de veiller aux intérêts des territoires sous tutelle. Toutes les puissances mandataires acceptèrent, sauf l’Afrique du Sud, qui voulait intégrer le Sud-Ouest africain en tant que cinquième province de son territoire.

1948

Le parti nationaliste, nouvellement au pouvoir en Afrique du Sud, déclarait de fait le Sud-Ouest africain comme cinquième province de l’Union.

1950

La nouvelle politique introduisait le principe de l’apartheid ; les relations entre l’Afrique du Sud et l’ONU se détériorèrent, pour non-respect du mandat.
La lutte pour l’indépendance débute avec la formation par un groupe de travailleurs du Cap, émigrés du Sud-Ouest africain, de l’Owamboland People’s Organisation, qui sera le noyau de la future SWAPO (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain). Les Namibiens en exil ouvrirent des bureaux dans huit capitales étrangères (Moscou, Alger, Scandinavie, etc.). La SWAPO, parmi d’autres partis d’opposition, fut reconnue par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) dans les années 1960 comme représentante du peuple namibien.

1966

Le 27 octobre, une résolution de l’assemblée générale de l’ONU mettait fin au mandat de la SDN en déclarant : « L’Afrique du Sud n’a aucun droit sur l’administration du territoire […]. Le Sud-Ouest africain passe donc désormais sous la responsabilité directe de l’ONU. » Les Nations unies formèrent un conseil chargé d’administrer le pays, désormais nommé Namibie, jusqu’à son indépendance.

1973

Le Conseil de sécurité de l’ONU décidait à l’unanimité de mettre fin au dialogue avec l’Afrique du Sud et de prendre des mesures pour obtenir l’indépendance de la Namibie. La SWAPO fut reconnue par l’ONU comme la représentante officielle du peuple namibien et, en 1978, un groupe de contact occidental élabora un plan d’indépendance de la Namibie.

1990

La paix fut confirmée lors de l’adoption de la première Constitution de ce nouvel État, le 9 février 1990. Sous la surveillance d’observateurs étrangers, les élections portèrent à la présidence Sam Nujoma, le chef historique de la SWAPO, devenue entretemps le principal parti d’une démocratie parlementaire pluraliste.

Le début de la jeune république

Le 21 mars 1990, la Namibie accédait officiellement au statut d’État indépendant. Le port de Walvis Bay demeura une enclave sud-africaine jusqu’en 1994.
Se dotant d’une des Constitutions les plus démocratiques au monde, la Namibie tente d’emprunter la voie de la sagesse. Elle a été la première nation au monde à y inscrire la protection des écosystèmes et l’utilisation durable de ses ressources.

2004

Sam Nujoma ne peut plus se représenter au poste de président. La Constitution de la Namibie prévoit un maximum de deux mandats, il en a déjà effectué trois, ce qui a suscité la controverse. La SWAPO détermine un nouveau candidat aux élections présidentielles : il s’agit d’Hifikepunye Pohamba, son ancien ministre de l’Agriculture. Les deux hommes sont très proches. L’opposition parlera d’un quatrième mandat déguisé de Nujoma. Celui-ci abandonne ses fonctions en mars 2005 tout en se maintenant à la présidence du parti. Les élections de novembre 2004 donnent une large majorité à Pohamba : 76 % des votants se prononcent pour lui. En 2009, il est réélu avec là encore plus de 75 % des voix.
Les missions du nouveau gouvernement sont nombreuses. D’un côté il s’agit de combattre la corruption, de l’autre de réaliser les objectifs de la Vision 2030. Cette dernière ambitionne de considérablement améliorer les conditions de vie des Namibiens en s’appuyant sur trois piliers : l’économie, la santé et l’éducation. Continuer la lutte contre le sida se trouve au cœur de cet effort. Il faut des résultats immédiats dans ce domaine qui, au-delà de la catastrophe humaine, plombe l’économie du pays.

2005

Le président Hifikepunye Pohamba reçoit le président chinois lors de sa tournée en Afrique. Les échanges entre les deux pays s’intensifient. L'un des gros projets du futur est la réalisation d'une centrale nucléaire envisagée pour 2015-2020. Actuellement plus de 50 % des besoins namibiens en électricité sont pourvus par l'Afrique du Sud, une dépendance énergétique qui commence à diminuer depuis l'interconnexion entre la Zambezi et la Zambie en novembre 2011.

2014

L'année est marquée par les élections présidentielles et l'arrivée assurée d'un nouveau président puisque Hifikepunye Pohamba ne peut briguer un troisième mandat consécutif. C'est donc son Premier ministre Hage Geingob qui se présente pour la SWAPO avec un franc succès puisqu'il est élu dès le premier tour avec plus de 86 % des suffrages exprimés. Il prend ses fonctions le 21 mars 2015.

2017 - 2019

En novembre 2017, Geingob est élu chef du parti SWAPO et a été largement réélu aux élections de novembre 2019, pour un second mandat de cinq ans. La SWAPO a conservé une solide majorité à l’Assemblée nationale (avec 63 sièges sur 96), maintenant ainsi une hégémonie politique en vigueur depuis l’indépendance. Mais pour la première fois, la SWAPO a perdu quatorze sièges, reflétant ainsi la frustration et le mécontentement de la population, notamment face à la persistance d’inégalités qui sont parmi les plus fortes au monde. La question non résolue de la redistribution des terres à l’avantage des populations noires « autochtones » reste centrale et cristallise encore tous les débats sur les divisions communautaires. Voulant éviter des dispositions pouvant effrayer de potentiels investisseurs internationaux, le président Geingob doit trouver un délicat équilibre entre les pressions exercées par les cadres de la SWAPO, une partie de l’électorat et un contexte économique difficile.

2021

Au mois de mai, après de difficiles négociations, l’Allemagne reconnaît officiellement avoir commis un génocide à l’encontre des Herero et Nama et a promis une aide au développement de 1,1 milliard d’euros sur trente ans.

2022

La hausse de la production de diamants et le début du rebond touristique en fin d’année 2021 alimentent la reprise de l’économie frappée par la crise liée à la pandémie.