Les musique et danses traditionnelles

Chaque ethnie possédant ses traditions musicales propres, il est plutôt aisé de dresser une cartographie musicale de la Namibie. Dans le nord, territoire constitué de régions essentiellement rurales, la musique remplit souvent une fonction d’activité sociale. Par exemple, chez les Ju’/hoansi – les San – on trouve des chants de guérison particulièrement impressionnants où les voix sont accompagnées d’un ensemble de tambours et de battements de mains. Dans la même région, est également pratiquée l’ondjongo, la danse de mariage des Himba accompagnée de forts battements de mains et caractérisée par ses rythmes complexes. Dans les régions du centre, où se situe la capitale Windhoek, on peut entendre de la boeremusiek, musique de bal afrikaner (vestige de l’ère coloniale), aussi présente en Afrique du Sud et notamment jouée au concertina (sorte d’accordéon). Chez les communautés nama, la danse nama stap est installée comme une pratique traditionnelle essentielle de leur identité. Exécutée en cercle et appelant des pas glissants et flottants, la nama stap est une pratique très courtoise et agréable à observer. Enfin, chez les Herero, il est coutume que les femmes chantent et dansent l’outjina lors des cérémonies de mariage. Côté instruments, la plupart des ethnies accompagnent leurs chants traditionnels de percussions comme le tambour, de kalimba (piano à pouce), de harpes ou d’otjihumba, un arc à bouche maintenu entre les dents et frappé d’une baguette en bois.
Une excellente manière d’obtenir un large panorama sur la musique traditionnelle namibienne est d’écouter les enregistrements de l’University of Namibia Choir, réputé pour ses interprétations de musiques traditionnelles namibiennes en différents langages. Un petit succès local qui a permis au chœur de participer à plusieurs festivals dans le monde et mettre ainsi en lumière la musique namibienne. Autrement, lorsqu’on est de passage dans le pays, les danses et musiques traditionnelles accompagnent souvent les soirées dans les camps comme à l’Etosha Safari Camp, situé à 10 km d’Anderson Gate, ou à l’Onkoshi, niché lui à l’intérieur du parc d’Etosha.

La musique populaire

Les styles de musique populaire varient eux aussi selon les ethnies et les régions du pays. Par exemple, chez le peuple herero on trouve l’oviritje, inspirée de musique traditionnelle et chantée en otjiherero. Originellement vocale, l’oviritje a été modernisée dans les années 1960 par Kareke Henguva, grand innovateur qui introduisit du clavier. Après lui, le genre a été popularisé par des groupes comme The Wild Dogs et leur tube Kaondeka puis par Bullet ya Kaoko, groupe d’Opuwo qui lui a donné une seconde jeunesse en lui insufflant le groove du kwaito (le rap sud-africain). Autre genre populaire, le ma/gaisa – plus connu en tant que damara punch – est une musique dérivée de la tradition damara et principalement chantée en khoekhoegowab. Phura Duwe, l’inventeur du genre, est de facto considéré comme le roi du ma/gaisa. D’autres artistes aimés de la catégorie sont Stanley, Dixon et Damara Dikding. Enfin, du côté du peuple de langue oshiwambo, le shambo est la musique de danse par excellence. Créé à la fin des années 1990 par Yoba Valombola, Setson et leur groupe Mighty Dread Band, le genre mélange la musique traditionnelle oshiwambo – à l’époque largement popularisée par des guitaristes comme Kwela ou Kangwe Keenyala – à d’autres styles namibiens et chante l’amour, la guerre la paix, l’unité, le respect… Un des grands innovateurs du genre fut Kwiku réputé pour son mélange de shambo et de kwassa kwassa.
Le shambo, comme les styles précédemment mentionnés, sont présentés de temps à autres sur la scène du Centre culturel franco-namibien. Ce lieu culturel de partage et d’apprentissage propose aussi expositions et concerts, l’occasion d’entendre de bons groupes namibiens.

Les musiques actuelles

Moins connue que celle de sa voisine sud-africaine, la scène namibienne de musiques actuelles est pourtant frémissante. On pourrait d’ailleurs l’explorer via la carrière de Gazza, artiste hyperpopulaire en Namibie (il fait partie des records de vente), dont la musique convie les genres les plus écoutés et joués du pays comme le kwaito, le reggae ou le hip-hop. Le premier, le kwaito, est un import sud-africain, sorte de hip-hop hypersyncopé des townships de Johannesburg, gorgé de house et de basses. Il a trouvé en Namibie une forme propre, plus portée sur la fête que son cousin sud-africain. Le trio Matongo Family est considéré comme le pionnier du kwaito dans le pays après l’avoir introduit à la fin des années 1990. Après eux, de grands noms comme The Dogg et EES ont participé à faire du kwaito un carton national.
Presque aussi populaire que le rap, le hip-hop s’est bien développé dans le pays, porté par une jeunesse qui y trouve un véhicule pour transmettre ses messages. Parmi les plus recommandables, citons Jericho, un des MC les plus aimés et les plus connus, Shikololo, rappeur autochtone ou le groupe Black Vulcanite, très remarqué pour ses messages et ses clips. Pour conclure ce trio de tête, le reggae est lui aussi un des styles les plus écoutés de Namibie. Introduit dans les années 1970, le genre trouve rapidement ses icônes locales comme Ras Sheehama rejoint par la suite par des artistes comme Petu et Ngatu.
Côté pop et folk, citons la chanteuse Shishani, figure montante, qui s’impose peu à peu sur la scène internationale avec son mélange de traditions musicales afro-américaines et africaines, ainsi qu’Elemotho, musicien et « activiste musical » (selon ses termes) qui emmène la tradition vers de nouveaux territoires et a collaboré avec des pontes comme Youssou Ndour, Erykah Badu ou The Wailers.
Sans surprise, l’activité musicale est particulièrement concentrée à Windhoek. On y trouve notamment un festival intéressant, le /Ae //Gams Arts and Cultural Festival, en juin ou septembre, qui convertit la ville en temple de la culture contemporaine, et quelques scènes comme le Club London, assez branché et programmant de tout – kizomba, électro, hip-hop, pop, rock, etc. –, ou The Wolfshack, bon repère pour les concerts.