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Famille et place de la femme

Dans la vie sociale dominicaine, les femmes ont un rôle prépondérant. Comme dans la plupart des pays du monde, la femme dominicaine a très longtemps été cantonnée au rôle de mère au foyer en charge de l'éducation et des tâches ménagères. Bien que ce modèle perdure dans certaines franges de la société, depuis les années 1990 les cartes ont tendance à être rebattues. Ainsi, bien que la plus grande part active de la population continue d'être masculine, il n'en va pas de même dans le domaine universitaire : les femmes représentent plus des deux tiers de la population diplômée, principalement en médecine, droit et éducation. Dans la sphère politique, les choses évoluent également. Sans pour autant permettre d'atteindre une parité absolue dans les organes de gouvernance, une loi votée en 2010 a établi des quotas sur le nombre de candidates minimum que doit présenter chaque parti lors une élection. Un premier pas vers la parité.

Il convient de rappeler ici que l'avortement est une pratique strictement prohibée en République dominicaine - et ce même en cas de viol depuis une réforme du code pénal de décembre 2015 - et passible de peines de prison pour la femme ainsi que pour le corps médical impliqué dans l'opération. Malgré la pression des associations pour le droit des femmes, la très influente Eglise catholique a remporté la bataille, ce qui a permis d'intégrer dans la Constitution du pays l'interdiction formelle de l'IVG. L'avortement étant considéré comme un crime, il est pratiqué de manière clandestine – dans des conditions d'hygiène souvent déplorables –, tuant plusieurs milliers de femmes chaque année. On estime à 80 000 le nombre d'avortements illégaux annuels, un quart étant pratiqués sur des femmes de moins de 20 ans.

Comme dans toute l’Amérique latine, les 15 ans d’une jeune fille constituent une fête familiale, quasiment une initiation à laquelle toute enfant se prépare dès son plus jeune âge. Cette tradition est héritée des célébrations rituelles indiennes de la puberté qui marquaient les responsabilités maternelles pour la jeune fille et guerrières pour le garçon. Pourtant la tradition s’est perpétuée pour les seules représentantes du sexe féminin et ne connaît pas d’équivalent pour les garçons. Ainsi, à 15 ans, les filles dominicaines entrent dans la vie adulte au terme d’une grande fête qui ne manque pas d’éclat. La robe blanche et longue est choisie avec soin, les faire-part envoyés à tout ce que la famille compte de relations et les préparatifs mobilisent la famille de longs mois à l’avance. Puis vient le moment de la Fiesta de quince años qui débute par une messe, suivie de séances photo, et enfin une grande réception mondaine. C'est généralement dans les salons des grands hôtels ou dans les maisons de famille que la soirée de célébration a lieu. Comme au cours d’un mariage, le père ouvre solennellement le bal avec la quinceañera qui est désormais une fille à marier.

Éducation et protection sociale

Le système éducatif dominicain, gratuit jusqu'à 14 ans, s'organise en trois cycles : le premier, optionnel, est celui de l'educación inicial, pour les enfants de 2 à 6 ans ; le deuxième, obligatoire, est celui de l'educación básica (6 à 14 ans) ; le troisième, optionnel, celui de l'educación media (14 à 18 ans). Si l'université publique est également gratuite et accueille la majeure partie des étudiants – l'Universidad Autónoma de Santo Domingo, la plus ancienne d'Amérique latine (1538) concentre à elle seule plus de 40 % des effectifs estudiantins –, les résultats du pays sont parmi les plus mauvais au monde. Il faut dire que le budget alloué à l'éducation a toujours été le plus bas de la région. Les choses tendent toutefois à changer depuis une dizaine d'années grâce à de nouvelles subventions injectées dans le système éducatif. En 2021, le taux d'alphabétisme était de 95,17 %.

Côté protection sociale, la République dominicaine dispose d'une sécurité sociale publique depuis 1948. Elle est gratuite et universelle, et cohabite avec un système privé qui est généralement utilisé par les classes les plus aisées. Environ 55 % de la population ne possède qu'une couverture publique. Améliorer l'accès à la santé pour l'ensemble de la population constitue l'un des principaux défis du pays. En ce qui concerne la retraite, les Dominicains assignés au régime général doivent travailler au moins 30 ans ou avoir plus de 60 ans pour y prétendre. S'il existe différentes aides gouvernementales pour les personnes les plus défavorisées, aucune aide spécifiquement dédiée aux chômeurs n'a été prévue.

Droits de l'homme et homosexualité

Le pays est signataire des sept organismes dépendant de la Charte des Droits de l'Homme et du Citoyen. Cependant, la Commission interaméricaine des Droits de l'Homme s'est depuis 2010 opposée à la loi de l'Etat dominicain portant sur le changement des règles d'attribution de la nationalité dominicaine. Cette loi étant rétroactive, des dizaines de milliers de personnes ayant obtenu la nationalité dominicaine par le passé s'en sont retrouvées déchues, et en particulier des Haïtiens. Nombre de ces Haïtiens étant nés sur le territoire dominicain, ils ne possèdent pas non plus de nationalité haïtienne, ce qui fait d'eux des apatrides. Or la promulgation d'une loi ayant pour conséquence la création d'apatrides est formellement interdite par les règles internationales. A ce jour, le président Luis Abinader (élu à l'été 2020) est resté inflexible aux pressions extérieures et n'est pas revenu sur cette loi.

A la différence de certains de ses voisins caribéens, la République dominicaine ne possède pas de lois discriminantes envers la population LGBT. Globalement, l'indifférence est de mise, dans les grandes villes plus que dans les campagnes. Cependant, de nombreuses discriminations à l'embauche ou au logement sont encore reportées dans ce pays qui reste sous forte influence de l'Eglise catholique. Une marche gay est organisée chaque année début juillet à Santo Domingo, et depuis peu également à Santiago de Los Caballeros et à La Vega. Lors des élections législatives de mai 2016, le candidat Deivis Ventura a été le premier candidat ouvertement homosexuel à se présenter pour un poste au Congrès.

Prostitution, drogue et corruption

La République dominicaine est considérée comme un pays relativement sûr. Les zones les plus visitées sont sécurisées, en plus de la police nationale et de l'armée, par la police touristique (CESTUR), et les zones rurales sont sans grand danger. Il convient toutefois de respecter quelques précautions d'usage qui sont de l'ordre du bon sens dans un pays inconnu : ne pas marcher seul la nuit, éviter les signes extérieurs de richesse, s'informer avant de s'aventurer dans un quartier éloigné d'un centre touristique...

Particulièrement développée dans les zones touristiques, la prostitution est une pratique courante en République dominicaine. C'est de fait une activité lucrative pour bon nombre de jeunes femmes et hommes. Les femmes sont nommées « professionnelles » : elles chassent les clients à l'entrée des salons de massage ou dans les discothèques à grand renfort de « Mi amor ! ». Mais certaines étudiantes ou mères de famille aussi vendent leurs charmes de façon occasionnelle pour quelques milliers de pesos. Si vous êtes un homme voyageant seul, il y a fort à parier que vous dussiez en éconduire plus d'une lors de votre séjour. Les voyageuses recevront également les avances des « Sanki Panki », nom donné aux gigolos, officiant généralement sur les plages des zones balnéaires. Inutile de préciser qu'avec un taux de sida élevé, ceux qui s'adonnent aux plaisirs de la chair, qu'ils soient tarifés ou non, sont fortement encouragés à prendre leurs précautions. Le tourisme sexuel ayant fortement entaché la réputation du pays, celui-ci a pris ces dernières années (notamment sur Boca Chica) des mesures de lutte afin d'éradiquer les réseaux de prostitution clandestins, notamment de pédophilie. Caminante, une association de Boca Chica, s'occupe de venir en aide aux victimes de ce marché obscur.

Concernant les drogues, et il y en a, sachez que la simple possession de stupéfiants peut être passible d'une peine de 6 mois de prison ferme ! Le pays est en effet devenu l'une des plaques tournantes de la cocaïne au début des années 2000. Cela s'explique par la difficulté rencontrée par les cartels colombiens à faire transiter leur marchandise jusqu'aux Etats-Unis via le Mexique, les forçant à trouver une nouvelle zone de transit. Diverses raisons appuient le choix de la République dominicaine : un très grand nombre de vols et de bateaux entrant et sortant grâce au tourisme, les multiples nationalités visitant chaque année le pays (permettent aux trafiquants de passer inaperçus), mais aussi l'importante diaspora dominicaine présente aux Etats-Unis (qui permet de recevoir les chargements plus facilement). Cet état de fait a eu pour conséquence une augmentation alarmante de la consommation de cocaïne dans le pays mais aussi du nombre de ressortissants européens à purger une peine derrière les barreaux dominicains pour avoir tenté de faire la « mule », c'est-à-dire de sortir de la drogue du pays contre quelques milliers d'euros !

La corruption est un autre point noir du pays. Historiquement, la République dominicaine est un pays qui a souvent connu une corruption importante, avec pour point d'orgue l'ère du dictateur Trujillo. Et c'est bien pour enrayer ce phénomène structurel que le gouvernement de Danilo Medina a mis en place en 2010 le programme IPAC (Iniciativa Participativa Anti-Corrupción). Ce dernier a connu quelques succès en matière de bonne gouvernance et de transparence mais le problème reste toujours actuel. Les pots-de-vin pour l'attribution de marchés restent monnaie courante. Le rapport de 2020 de Transparency International place la République dominicaine à la 137e place sur 180 pays étudiés en termes de corruption.