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Faune terrestre, aérienne et marine

La fosse du lac Enriquillo est sans aucun doute l’attraction majeure de la région sud-ouest : c’est le plus grand lac salé du monde. En effet, ses eaux, qui ont un taux de salinité particulièrement élevé, sont encore plus salées que celles de la mer. Le lac, au milieu duquel flotte l’Isla Cabritos, se situe à environ 40 m au-dessous du niveau de la mer, et cette zone – le Parque nacional Lago Enriquillo e Isla Cabritos – constitue la réserve la plus importante au monde de crocodiles américains. Aux côtés de ces reptiles paresseux évoluent les flamants roses et deux espèces d’iguanes de roche somnolant au son du clapotis des vagues et des moteurs de bateaux. Les agoutis sont représentés par le plagidontia et le solénodon, un mammifère insectivore et nocturne, possédant un nez allongé, des oreilles rondes et une longue queue, qui peut peser jusqu’à 1 kg et qui se rencontre dans les forêts d’altitude du pays. Ces espèces sont malheureusement en voie d’extinction. Côté serpent, aucune espèce n’est venimeuse en République dominicaine. Dans la famille des reptiles, citons, à côté des crocos, les geckos que l'on croise fréquemment, ainsi que d’étonnants lézards à queue bleu électrique. La mygale, appelée cacata, est une araignée de bonne taille qui est plus effrayante que véritablement dangereuse et qu'on ne rencontre que dans le campo et dans les zones de montagnes humides. Les chauves-souris ont quant à elles colonisé massivement les nombreuses grottes du pays.

Les ornithologues seront ravis par la diversité de la faune avicole. De multiples espèces d’oiseaux au chant éclatant et au plumage bigarré peuplent les régions de plaine et de montagne. De nombreuses variétés tropicales cohabitent avec les oiseaux migrateurs qui viennent passer l’hiver dans les îles. 300 oiseaux ont été recensés sur les terres dominicaines (27 sont endémiques). Les parcs nationaux en protègent un certain nombre, comme des espèces de colibris, plus connus sous le nom d’oiseau-mouche, dont les battements d’ailes sont si rapides qu’ils peuvent voler sur place. Citons ici le rossignol, la perruche, la cigogne palmière, la colombe, le todier à bec étroit, la buse à queue rousse, le tyran quiquivi, le pélican et de nombreuses espèces d'échassiers. Les entomologistes, eux non plus ne seront pas déçus. En effet, les papillons et les insectes abondent dans les montagnes comme dans les vallées.

Les récifs coralliens abritent de nombreuses variétés de poissons tropicaux, tous plus colorés et plus étonnants les uns que les autres, aux formes et aux mœurs étranges : le poisson-perroquet vert et bleu grignote inlassablement les coraux ; l’épine dorsale du poisson-chirurgien bleu à queue jaune est particulièrement coupante ; le spectaculaire baliste des Caraïbes, aux couleurs somptueuses, change de couleur quand il se sent approché et raffole des oursins ; le poisson-coffre (Lactophrys triqueter) est couvert de plaques polygonales, protégé par sa carapace rigide ; le poisson-ballon (ou diodon) aux dents redoutables, se gonfle d’importance en aspirant de l’eau et hérisse ses nageoires quand il se sent menacé, espérant décourager ses adversaires. Prenez garde à ne pas confondre le longiligne poisson-trompette avec une algue ondulante et passez saluer le poisson-écureuil : de couleur rouge, il se rencontre dans les cavernes et ouvre de grands yeux noirs, signal attestant sa préférence pour les endroits à faible luminosité. Les poissons-anges sont aussi présents : le poisson-ange bleu, vert et jaune, le poisson-ange gris, et le poisson-ange français au corps noir bordé de jaune et irisé de fines rayures appartiennent à la même famille. Le poisson-ange royal est un des plus beaux poissons de récifs, avec sa robe à rayures phosphorescentes. Le poisson-bourse jaune se reconnaît lui à sa silhouette plate en forme de losange. Le poisson-scorpion (Scorpaena plumieri), hérissé d’épines venimeuses, est difficile à dénicher à cause de son camouflage et de son attitude statique sur le corail. Les gobies sont quant à eux de minuscules poissons qui se cachent dans les anfractuosités du corail. Poisson-papillon (rayé blanc et noir), poisson volant, capitaine à tête de cochon, poisson-lune, poisson-épieu, demoiselle chromis (noir avec de petites taches bleues), sergent-major (rayé jaune et noir), girelle paon (à tête bleue), bancs ondulants de carangues (bleues, noires, jaunes ou gros yeux) ou de calmars nageant gracieusement en déployant leurs tentacules, la liste est interminable… Toute cette joyeuse faune marine évolue dans le décor somptueux de récifs coralliens tapissés de gorgones-plumes (dont les branches soyeuses ondulent sous l’effet des courants), de spirographes dépliant leurs bras, d'anémones colorées et d'étoiles de mer.

Côté gros gabarits, les plus belles espèces, dont le poids peut dépasser 100 kg, naviguent en eaux profondes. Les dauphins vivent le long des zones côtières et sont les principaux représentants des mammifères marins. Les lamantins, les tortues, les careys et les baleines à bosse, qui arrivent dans les eaux chaudes de la baie de Samaná pour s’accoupler et se reproduire en hiver, sont des espèces protégées. Les raies, l’espadon, les daurades ou coryphènes casqués et le barracuda souvent solitaire abondent en eaux profondes. Les nageurs seront rassurés d’apprendre qu’il y a peu de requins, tandis que les plongeurs seront fascinés par le spectacle du ballet des marlins bleus, des tortues marines, des mérous et des barracudas. De nombreux crustacés, crabes, langoustes, homards et crevettes, ainsi que des oursins blancs et noirs aux longues épines vivent également dans les eaux dominicaines. De nombreux coquillages, dont le lambi, conque au coquillage orangé, qui servait aux Taïnos pour communiquer et se déplace par bonds successifs, mais aussi les strombes, les turritelles et les olives réticulées feront la joie des collectionneurs. Le « dollar des sables » est un oursin plat dont la coquille perforée s’échoue sur les plages.

Flore sauvage et flore domestiquée

Si la nature dominicaine est opulente, grâce à l’eau abondante des rivières et des précipitations, elle n’est jamais oppressante. On trouve environ 8 000 espèces de plantes, de fleurs et d'arbres en République dominicaine, dont 1 800 espèces endémiques, principalement des orchidées et des palmiers, soit trois fois plus qu’en Europe. Plantes locales, dont la situation insulaire favorise l’apparition, plantes pantropicales, subtropicales et paléotropicales, la nature dominicaine est riche d’une palette de couleurs éclatantes. Dans les régions montagneuses, les forêts tropicales sont riches en essences précieuses, comme l’acajou et le cèdre. Les flamboyants déploient tout au long de l’été leurs magnifiques ramures aux fleurs d’un rouge phosphorescent. Les forêts de conifères, abondantes en montagne, composent des paysages aux airs européens. Palmiers nains et fougères arborescentes croissent à profusion dans les sous-bois. Les régions arides de la République dominicaine sont quant à elles couvertes d’une végétation subtropicale de bosquets et de steppe sèche, de broussailleux, d’arbustes épineux, d’agaves et de cactus.

La mangrove pousse en abondance dans les eaux calmes et basses des lagunes, formant une impénétrable bordure côtière. Situé entre mer et terre, c’est un écosystème particulier où l’on rencontre quatre types d’arbres : les palétuviers rouges, noirs, blancs et gris. Le palétuvier rouge ou mangle rouge est l’arbre principal de la mangrove. Ses racines émergeant de l'eau forment un enchevêtrement impénétrable et lui permettent de respirer et de se fixer solidement dans le sol salé, instable et vaseux. Elle assure la protection des côtes, la purification de l’air et de l’eau, et constitue un refuge pour la faune, lieu privilégié de reproduction et d’alimentation des alevins, des larves des jeunes poissons qui profitent de la richesse en plancton du milieu. Les huîtres de palétuviers, les mollusques, les éponges se développent en colonies sur les racines de la mangle rouge. De nombreux oiseaux vivent dans les palétuviers, à l’abri des prédateurs.

Au nombre des espèces emblématiques du pays, citons ici le cocotier, un palmier originaire d’Asie du Sud-Est. L’arbre aux cent usages atteint la région des Antilles par le biais de noix protégées par une épaisse écorce très résistante, poussées par les courants marins. Cet arbre est une véritable bénédiction pour les locaux. Sa noix nourrit et soigne, ses palmes sont tressées en paniers, en chapeaux, en cordes, en matelas, en toits, ses troncs servent de poutres. Le frangipanier, arbre trapu à feuilles caduques, est également une espèce connue en République dominicaine : il dresse ses fleurs en plumet au bout de ses rameaux. La Rose de Bayahibe est endémique de la côte Est et est devenue la fleur nationale de la République dominicaine en 2011 : elle figure sur les billets de banque et sur les timbres postaux.  Le bananier est essentiel lui aussi. Connue depuis le début du XVIe siècle, la banane se décline en trois variétés principales : la très grosse banane, appelée plantain ; la petite banane (ou banane-pomme) qui ne se rencontre que sur les marchés locaux ; et la banane courante, que l'on retrouve sur nos marchés européens.

Les plantes domestiques, fruits et légumes, sont elles aussi légion. Si le manioc, la goyave, le tabac, le coton, le poivron et l’ananas étaient cultivés dans l’île bien avant l’arrivée des Espagnols, de nombreuses plantes tropicales ont été introduites par les colons. La canne à sucre est originaire de Nouvelle-Guinée. Elle a voyagé en Orient, en Espagne et aux Canaries avant de s’imposer dans les îles des Caraïbes au XVe siècle. Sur 15 mois, la canne se multiplie à partir de boutures, puis développe deux types de racines : les unes pour se nourrir d’eau et de sels minéraux, les autres pour fixer la tige. Puis la hampe florale commence à grandir. Avant la coupe, la zafra, on brûle rapidement la canne pour éclaircir le feuillage et tuer les parasites. Chaque bouture produit une touffe de 5 à 20 tiges qui peuvent atteindre 4 m de hauteur. Les plantations de canne à sucre s’étendent à l’infini dans les plaines du nord et de l’est.

Les fleurs tropicales sont partout présentes. Les orchidées constituent une famille importante de la flore dominicaine, comptant à elles seules plus de 300 variétés aux riches couleurs et aux formes délicates. Beaucoup d’entre elles sont protégées, et seules sont autorisées à l’exportation les orchidées portant un certificat attestant que la variété n’est pas en voie d’extinction. Partout fleurit le bougainvillé, connu localement sous le nom de trinitaria, fleur nationale et symbole de la guerre de Restauration. Hibiscus et héliconias poussent à l’état sauvage. Anthurium, pomme d’eau, liane orchidée, oiseau de paradis, jasmin, grappes rouges de l’alpinia, vert et jaune des massifs de croton, épis rigides du balisier… Toutes les fleurs tropicales ornementales poussent à foison.

Une nature menacée

Parmi les animaux en danger, citons la cotica, petit oiseau qui mesure de 28 à 31 cm et possède un plumage vert brillant appelé en créole cotorra verde. Son front est blanc et ses joues sont piquetées de taches noires. Son ventre est rouge et sa queue parsemée de quelques plumes également rouges. Habitant les forêts, et d’une manière générale les endroits riches en fruits, elle fait son nid dans les troncs secs. Pendant la nidification, elle se révèle très courageuse et défend jalousement son territoire. La cotica a une capacité étonnante à reproduire le langage humain, au point d’être devenue la mascotte nationale. Peu farouche, elle se domestique très facilement, et on la retrouve en cage dans les jardins des particuliers et des hôtels. Derrière ses grilles, elle joue un rôle d’animal familier charmant et décoratif. Son succès a bien failli causer sa perte et l’extinction de l’espèce qui est aujourd’hui protégée.

Le hutia, qui appartient à la famille des Capromyidae, est une espèce de petit rongeur herbivore en danger d’extinction. Autrefois abondants dans les îles, les hutias furent décimés par le déboisement, la chasse et l’introduction du bétail et des animaux domestiques tels que le chien. Le hutia se nourrit de fruits et, à l’occasion, ne dédaigne pas un petit reptile qui passe à proximité de ses mâchoires. Il vit pendant une douzaine d’années et connaît une vie sociale active. Il s’organise en groupe et pratique volontiers un toilettage commun, avant l’accouplement.

Le solenodon appartient quant à lui à la famille des Solenodontidae. Insectivore nocturne, il possède des dents pointues et une salive venimeuse. Il ressemble à une musaraigne, mais en plus grand, avec un os dans le museau, qu'il a très long. Mesurant près de 70 centimètres de long du museau à la queue, les solenodons ont la réputation d'être irascibles. Les mangoustes, les chiens et les chats, introduits sur l'île pour chasser les rats, ont pratiquement éradiqué l'espèce

Le lamantin, autrefois abondant aux embouchures de rivières, est aujourd’hui en voie de disparition. Cet énorme mammifère marin est herbivore et « broute » les algues, d'où son surnom de vache de mer. Ici, il est simplement appelé manati, et vit dans les endroits peu profonds. Adulte, il atteint jusqu’à 3 m et peut peser jusqu'à 500 kg. Une de ses particularités est d'être polyphyodonte, c'est-à-dire que ses dents se renouvellent tout au long de sa vie. Ce phénomène est courant chez les reptiles et les poissons, mais très rare chez les mammifères. Sans prédateur naturel, le manati est pourtant gravement menacé par la pollution, la pêche, les moteurs de bateaux et surtout le refroidissement des eaux… La colonisation des côtes dominicaines a pratiquement éradiqué l’espèce. Il en reste néanmoins quelques beaux spécimens sur la côte de Barahona ainsi que dans le nord du pays, dans une réserve naturelle près de Punta Rucia où vous pourrez les observer. Avec leur chant qui ressemble à une douce complainte et les mamelles des femelles placées sous leurs nageoires, les lamantins seraient, dit-on, à l'origine du mythe des sirènes.

Côté flore, le pays a décidé de protéger quelques-unes de ses essences. En Haïti, la déforestation a pris des allures de catastrophe nationale, et le pays souffre durement de la désertification qui s'ensuit. Sensibles au sort de ce pays mitoyen, les autorités dominicaines encadrent très étroitement la taille des arbres dans toute la République. Non contentes d’attribuer les permis de coupe au compte-gouttes, les autorités demandent de replanter des arbres de la même espèce dans des espaces réglementés. Le nombre varie selon l’espèce, ainsi pour tout palmier abattu il faut en replanter dix, pour un flamboyant le tarif est de cinq. Quant aux essences précieuses comme le cèdre, l’acajou ou le roble, leur coupe est formellement interdite par décret présidentiel.

De nombreux facteurs – comme le tourisme qui pèse un poids considérable sur les ressources naturelles, l'insularité du pays, sa dépendance vis-à-vis de l'écosystème, les investissements étrangers importants, le contre-exemple d'Haïti – pèsent désormais de tout leur poids sur la conscience écologique de la République dominicaine et devraient contribuer à la sauvegarde de sa biodiversité.