iStock-939019246.jpg
shutterstock_1012749799.jpg
iStock-1315554982.jpg

Une terre de caractère

Différentes thèses s’opposent au sujet de la formation des îles qui composent l’arc antillais. Effondrement d’une partie de l’Amérique centrale ou émergence de terres suite à des mouvements souterrains, on retiendra parmi les théories que de profondes crevasses, dont certaines avaient une activité volcanique, se sont formées au fond des mers et que l’une d’elles donna naissance à Hispaniola. Aujourd'hui, la République dominicaine partage l’île Hispaniola avec Haïti (située dans la partie occidentale). Elle en occupe les deux tiers, ce qui représente une superficie de 48 734 km², une surface sensiblement égale à celle de la Suisse. Elle possède 1 288 km de côtes, dont plus d'un tiers de plages et la frontière qui la sépare d’Haïti est longue de 275 km. Dans sa partie la plus longue, d'est en ouest, l'île s'étend sur 390 km, et 286 km du nord au sud. L’île est bordée par l’océan Atlantique au nord et la mer des Caraïbes au sud. Le canal de Mona, redouté de tous les marins pour ses forts courants et ses vents violents et imprévisibles, la sépare de Porto Rico à l’est. Terre de contrastes, l'île d'Hispaniola est la plus montagneuse des quatre îles des Grandes Antilles, abritant le plus haut sommet des Caraïbes : le Pico Duarte (3 175 m). En fait, pratiquement la moitié de l'île est occupée par quatre chaînes de montagnes. Elle abrite aussi le point le plus bas de l’archipel : le lac hypersalin Enriquillo, à 40 mètres sous le niveau de la mer, qui s’étend sur 260 km². Du fait de sa position dans l’arc antillais, Hispaniola fut surnommée « la clé d’entrée des Indes occidentales » par le roi Philippe II d’Espagne. Les Haïtiens quant à eux disent d’elle qu’elle est une mâchoire de crocodile prête à claquer sur la queue de Cuba.

Le relief et la végétation du pays sont variés. La République dominicaine est traversée par quatre chaînes de montagnes, résultat d’une suite de plissements survenus durant l’ère tertiaire. La cordillère centrale, qui se déploie sur 20 km de largeur pour 100 km de longueur, prend naissance en Haïti sous le nom de massif du Nord. Elle traverse le centre du pays et s’achève dans le sud vers San Cristóbal. Le point culminant des Antilles – le Pico Duarte, 3 175 m – se trouve au centre de cette chaîne et voisine avec le pic de la Pelona (3 087 m). La chaîne possède un haut-plateau, le Valle Nuevo, à 2 200 m d’altitude, au climat froid (jusqu’à moins 8 °C en hiver). La cordillère septentrionale sépare la plaine côtière de la vallée du Cibao, parallèlement à la cordillère centrale, de Montecrisiti à El Gran Espero (province de Maria Trinidad Sanchez). Le pic Diego de Ocampo en est le point culminant à 1 229 m. La cordillère orientale, ou Sierra del Seibo, la plus courte et la moins élevée de ces chaînes, occupe la zone est de l’île. Cacao, café et citriques sont plantés sur ses flancs. La Sierra de Bahoruco, dans la région sud-ouest, domine les côtes en s’étirant sur 70 km d’un relief abrupt. Elle occupe une superficie de 2 400 km² et culmine à la Loma del Toro, à 2 367 m d’altitude. Elle est sillonnée par les fleuves Palomino, Ito, Las Damas, Bermesi, Bahoruco et Nizaito.

Signalons également la modeste Sierra de Samaná, qui, sans être une zone montagneuse à proprement parler, s’élève à quelque 600 m d’altitude et se caractérise par des reliefs plongeant à pic dans la mer et par les douces ondulations de ses collines appelées lomas. Le pays compte aussi une étonnante formation karstique faite de cônes et de dolines, avec des cavernes, des rivières souterraines, couverte d’une forêt humide impénétrable : le sensationnel parc national des Haïtises. Les régions du nord et du centre sont quant à elles des vallées particulièrement fertiles : la vallée du Cibao constitue ainsi le principal fournisseur de produits agricoles du pays. Des milliers de grottes ponctuent le territoire dominicain, dont des dizaines sous le niveau de la mer, pour beaucoup encore inexplorées. Il existe par ailleurs deux régions sèches en République dominicaine : la zone du sud-ouest quasi désertique, où les collines désolées se déploient à l’infini, et la région de Montecristi au nord-est, où seule une végétation chétive et souvent steppique se développe.

Aires protégées et principaux parcs

Le système national des aires protégées couvre plus de 10 % du territoire dominicain. Comme dans de nombreux pays, la faune et la flore y sont préservées, et, dans d'autres parties, les hommes cohabitent plus ou moins bien avec les espèces sauvages, parfois en grand péril d'extinction. Les aires protégées sont subdivisées en plusieurs catégories : 8 areas de protección estricta (aires de protection stricte) dont 6 réserves scientifiques et 2 sanctuaires de mammifères marins. La visite de ces aires est soumise à des règles strictes ; 19 parques nacionales (parcs nationaux), dont deux sous-marins ; 15 reservas nacionales (réserves nationales) ; 19 monumentos naturales (monuments naturels) et 25 areas de manejo de hábitats/especies (aires de cohabitation hommes/animaux). On retrouve dans cette dernière catégorie plusieurs des lieux particulièrement appréciés des voyageurs, dont la Laguna Cabral et la Playa las Aguilas. Ce sont des lieux de loisirs, proches de parc naturel, soumis à des règlementations spécifiques. A ces 25 aires, il faut ajouter les 6 parcs urbains de Santo Domingo, parmi lesquels on compte le Jardin botanique.

La Direction nationale des parcs est l’administration chargée de leur gestion, et c’est auprès d’elle que l’on doit solliciter une autorisation pour les visites individuelles, le mieux étant parfois de partir avec une agence. Cet organisme possède quelques brochures et des informations sur les commodités locales et les tarifs officiels. Le secrétariat d’Etat de l'environnement et des ressources naturelles possède un site Internet très bien fait qui recense tous les parcs nationaux, aires protégées et sites naturels que recèle la République dominicaine (www.ambiente.gob.do).

Mis à part les aires de cohabitation hommes/animaux, les parcs nationaux sont des zones splendides où la nature est bien généralement bien préservée, à l'image du Parque Nacional Montecristi. Situé sur la côte nord-ouest, il s’étend sur 19,3 km² et constitue un formidable promontoire maritime, célèbre pour sa forme de chameau couché. Le Parque Nalga de Maco, dans l'ouest, déploie 28 000 hectares entre les provinces d'Elias Piña et Santiago Rodiguez. Dans cette zone montagneuse, humide et relativement froide, riche en biodiversité, on pourra faire la rencontre de nombreuses espèces endémiques d'Hispaniola, dont certaines en voie d'extinction. Au cœur de la cordillère centrale, dans la région de Constanza, on trouve le Parque Nacional Jose del Carmen Ramirez, mais aussi le Parque Nacional Armando Bermudez, plus grande réserve forestière du pays et de toute l’île.

Situés sous le niveau de la mer, les 2 600 hectares du Parque Nacional Lago Enriquillo e Isla Cabritos abritent la plus grande colonie de crocodiles américains, des iguanes et des flamants roses. Dans la même zone, on trouve le Parque Nacional Jaragua, connu pour sa végétation de forêt sèche et d’épineux. On y a découvert récemment des traces de civilisations précolombiennes. C'est également en son sein que l'on trouve la Bahia de las Aguilas (Baie des Aigles), un sanctuaire de tortues carey. Les iguanes, les flamants roses et les frégates y sont protégés. Toujours dans la région sud-ouest du pays, les différences d'altitude et les reliefs abrupts du Parque Nacional Sierra de Bahoruco lui valent d'abriter une extraordinaire biodiversité et une palette d’écosystèmes. On y recense notamment plus de 50 % des orchidées dominicaines.

Au sud de la péninsule de Samanà, dans la partie nord-est de la République dominicaine, le Parque Nacional Los Haitises attire les voyageurs comme un aimant. Ce parc est un véritable dédale végétal aux fjords profonds que des forêts de mangroves et de plantes grimpantes grignotent. Il est également le lieu de vie du boa, du lamantin, de plusieurs espèces de tortues marines, du pélican et du coq d'eau. Dans le sud-est du pays, au sud d’une ligne Bayahibe-Boca de Yuma, une péninsule de 430 km² désertique et inhabitée constitue le Parque Nacional del Este, récemment rebaptisé Parque Nacional Cotubanamá. Les grottes au parois gravées de pétroglyphes taïnos en sont la principale attraction. Au large, l’île de Saona (25 km de long pour 5 km de large) est bordée de deux villages de pêcheurs (Mano Juan et Punta Catuano) et de longues plages de sable blanc justifiant une excursion à la journée.

Dans la partie nord du pays, on trouve également un certain nombre de parcs qui méritent un passage. Le Parque Historico La Isabela correspond à la zone où fut établi le tout premier comptoir espagnol (et européen) dans le Nouveau Monde, à l’ouest de Puerto Plata. Surplombant la baie de Puerto Plata, le Parque Nacional Loma Isabel de Torres se résume à une puissante colline dont on atteint le sommet par une piste difficile ou par un téléphérique. Le Parque Nacional El Choco couvre lui 78 km² s'étirant entre les contreforts de la Cordillera Septentrional et la façade atlantique. Il inclut deux lagunes, celle de Cabarete et celle de Goleta. Grottes, rivières et étangs souterrains en sont les principaux lieux d'intérêt.

En se rapprochant de la capitale, on débusquera le Parque Submarino La Caleta, une zone sous-marine protégée abritant un nombre impressionnant d'épaves, mais aussi le Parque Montaña La Humeadora : ce petit parc de 84 km² situé dans la province de l'Alta gracia, à 10 km de San Cristóbal, est aussi surnommé The Smoky. Il a été déclaré zone interdite jusqu'en 1996, en raison de son microclimat, le plus pluvieux de la République dominicaine. Enfin, bien que de petite taille (4,4 km²), le Parque Nacional Cuevas de Bourbon o del Pomier est une réserve anthropologique au nord de San Cristóbal : une véritable encyclopédie de pierres taillées, témoignages de la civilisation préhispanique taïno.