Mille et un écosystèmes
La Colombie possède une végétation tropicale débordante, grâce à une position géographique unique au nord de l'Amérique du Sud, à la jonction de l'Amérique centrale. Bordée par deux océans, elle est connectée à l'isthme de Panamá par une épaisse jungle. C'est dans ce dénommé tampon du Darién que les espèces animales et végétales migrent dans les deux sens depuis trois millions d’années. A cela s'ajoute le relief accidenté de la Colombie, traversée par trois grandes cordillères. Cette topographie confère au pays des conditions privilégiées pour accueillir une mosaïque de milieux naturels qui abritent une faune diverse. La Colombie est le 3e pays au monde avec le plus d'animaux tous groupes confondus et le 4e en ce qui concerne les mammifères et les reptiles. Jaguars, pumas, ocelots, pécaris, tatous, paresseux et toutes sortes de singes abondent dans les forêts et savanes. L'ours à lunettes et le tapir pinchaque hantent les solitudes humides des hauts plateaux du páramo. Le jungle du Pacifique abrite la grenouille la plus vénéneuse au monde, la rana dorada venenosa dont un seul microgramme de venin peut tuer jusqu'à 10 personnes en quelques secondes ! Les marais et les rives des grands fleuves sont fréquentés par une multitude d'oiseaux aquatiques, mais aussi par les crocodiles et les anacondas. Pour des images exceptionnelles sur la biodiversité du pays, le documentaire Colombia Magia Salvaje (2015) est une petite perle à visionner. On le trouve sur YouTube, ou en DVD sur place, dans les magasins de l'enseigne Éxito qui a coproduit le film.
Le royaume des Orchidées et des Bromélaciées
La Colombie est le pays qui compte le plus d'orchidées au monde. Il en existe 4 270 espèces, dont plus du tiers sont endémiques. Elles sont de toutes les tailles et de toutes les couleurs, plus belles les unes que les autres. On les trouve surtout dans les forêts andines. La Cattleya trianae, surnommée « Fleur de mai », est la fleur nationale de Colombie. Son nom rend hommage au grand botaniste colombien José Jerónimo Triana (1828-1890). Parmi les différentes espèces du genre Cattleya, la trianae est celle qui compte le plus de couleurs, avec 70 tonalités différentes ! Medellín, la « ville de l'éternel printemps », qui accueille le siège de la Société colombienne d'étude des orchidacées, est souvent présentée comme la « capitale sud-américaine des orchidées ».
Les Broméliacées sont une autre famille de plantes très courante en Colombie. Comme les orchidées et les fougères (1 633 espèces), on les trouve principalement dans les enchanteresses « forêts de nuage » (bosques de niebla), présentes entre 1 600 m et 3 000 m, où chaque arbre constitue un véritable jardin botanique en soi. La plupart des espèces sont épiphytes, c'est-à-dire qu'elles poussent sur d'autres plantes qui lui servent de support. Leurs racines aériennes ou leurs feuilles pointues leur permettent d'absorber l'eau de pluie et l'humidité présente dans l'atmosphère. Certaines espèces poussent au sol, c'est le cas de l'Ananas comosus, dont les fruits nous délectent.
Des palmiers géants
Quand on parle de palmiers en Colombie, on a l’embarras du choix, c’est le pays qui compte le plus d'espèces au monde (258). Ils figureront certainement sur vos photos de la côte Caraïbe, et ils ne manqueront pas non plus d'illustrer vos souvenirs de la région du café. C'est en effet dans l'Eje Cafetero que l'on trouve le célèbre Palmier de cire (Palma de cera), l’arbre national de Colombie. Pouvant dépasser les 60 m de hauteur, le Céroxyle de Quindío est le plus grand palmier au monde. Comme son nom l'indique, il pousse naturellement dans le département de Quindío, entre 2 500 et 3 000 m d'altitude. Si la magnifique Vallée de Cocora, près de Salento, est célèbre pour ses palmiers de cire, c'est loin d'être le seul endroit pour les admirer. Bien moins touristique, la finca La Carbonera, à Tochecito, entre Salento et Ibagué, offre la plus grande concentration de palmiers de cire au monde. Il y en aurait environ 600 000 spécimens ! On peut s'y rendre depuis Salento en Jeep, ou à vélo pour les plus courageux. Beaucoup de palmiers de cire ont été plantés dans les parcs et jardins du pays, et notamment à Bogotá, au jardin botanique ou au Parque de la 93. Menacé de disparition, cet arbre aujourd'hui protégé peut vivre jusqu'à 300 ans. Certains datent de bien avant l'arrivée en Colombie d'un certain Alexandre von Humboldt (1769-1859), qui fut le premier à les étudier, en 1801.
En mer et dans les fleuves
Avec ses 2 900 km de côtes, la Colombie fait le bonheur des plongeurs, des pêcheurs ou des surfeurs. Un voyage sur la côte caraïbe est l'occasion d'observer une multitude de poissons colorés, mais c'est surtout en rejoignant l'archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina, et sa bien nommée « mer aux sept couleurs », que les plongeurs en prendront plein les yeux. Dans la réserve de biosphère Seaflower, l'île volcanique de Providencia est un trésor caché pour les adeptes de la plongée sous-marine, ou du simple snorkeling. Située sur la troisième barrière de corail au monde, ses eaux cristallines permettent d'observer facilement une myriade de poissons colorés, raies mantas, tortues géantes et même requins de récif. En parlant de requins, l'île de Malpelo, dans le Pacifique cette fois, est surnommée la capitale mondiale de la plongée avec des requins. Le cadre est beaucoup plus hostile autour de ce rocher escarpé, à 500 km des côtes, où l'on ne peut se rendre que dans le cadre de croisières de plongée. Des groupes de centaines de requins-marteaux s'y baladent, mais aussi des requins-soyeux, des requins-baleines (le plus gros poisson au monde), en plus des raies aigles, des poissons volants et des bancs de tons. Mais le roi ici, c'est le requin féroce. Malpelo est l'un des rares endroits au monde où on peut espérer approcher ce requin à la denture menaçante, qui peut atteindre cinq mètres de long. Il vit dans les grandes profondeurs et ne remonte qu'à certains moments de l'année, quand les eaux de surface sont froides. Une autre île du Pacifique attire également les plongeurs : Gorgona. Située au large de Guapí, cette île très sauvage, connue pour avoir servi un temps de pénitencier (« l'Alcatraz colombien ») et pour abriter 4 espèces de serpents mortels, est aussi un excellent spot de plongée. On y voit dauphins, tortues marines, cachalots et baleines à bosse, qui viennent s'accoupler dans la zone entre juin et octobre. Mais pas besoin de quitter la côte pour voir les baleines. Ces géants des mers (30 tonnes pour 14 m de long en moyenne) s'approchent du continent à la même période, et surtout entre juillet et septembre. On peut admirer leurs sauts spectaculaires depuis la plage, non loin de Buenaventura, à Ladrilleros, Juanchaco et La Barra, mais aussi dans le Chocó. Le parc national naturel d’Ensenada de Utría, entre El Valle et Nuquí, est l’un des endroits préférés des baleines pour mettre bas, tout comme la baie de Cupica, au nord de Bahía Solano. Après le plus grand mammifère marin, rendez-vous dans les fleuves des bassins de l’Amazone ou de l’Orénoque, pour observer le plus grand dauphin d'eau douce. Le dauphin rose, ou tonina, est un animal aussi fascinant que mystérieux, à l'origine de nombreuses légendes. On peut le voir dans le lac de Tarapoto à côté de Puerto Nariño, ou dans les eaux poissonneuses de Puerto Carreño (Vichada), à la confluence des fleuves Meta et de l'Orenoque.
Le paradis des oiseaux et des papillons
La Colombie est le pays qui possède la plus grande variété d'oiseaux au monde. Ses 1 963 espèces recensées en 2021 (20 % des espèces recensées sur terre) représentent plus que les espèces d'Amérique du Nord et d'Europe réunies ! Les aras et autres perroquets multicolores, les toucans au bec surdimensionné et les minuscules colibris sont nombreux. La Colombie mise de plus en plus sur le tourisme des oiseaux, le birdwatching qui attire des voyageurs passionnés, prêts à tout pour photographier l'oiseau rare. Et la Colombie en compte beaucoup, avec pas moins de 80 espèces endémiques ! Les sites d'observation sont nombreux : Chocó, Valle del Cauca, Amazonie, Sierra Nevada de Santa Marta et Eje Cafetero, entre autres. Les conditions géographiques, alimentaires, l'habitat et l'époque de l'année influent sur la localisation des oiseaux. A Guide to the Birds of Colombia et sa version en espagnol Guía ilustrada de la Avifauna Colombiana sont considérées comme la référence pour les birdwatchers. Le site www.birdsofcolombia.com est également une excellente source d'information pour les passionnés.
La Colombie abrite également le plus d'espèces de papillons au monde : 3 642 espèces de papillons et 2085 sous-espèces ont été recensées par le Musée d'histoire naturelle de Londres en 2021, soit 20 % de toutes les espèces de lépidoptères connues actuellement sur la planète. Le plus célèbre d'entre eux est sans doute le morpho, un très grand papillon (12 à 20 cm d'envergure) que l'on voit fréquemment en forêt le long des cours d'eau. Avec ses ailes d'un magnifique bleu métallique, il est facile à reconnaître !
Des animaux dans le porte-monnaie !
Observez vos pièces de monnaie : depuis 2012, le peso colombien nous présente quelques espèces emblématiques de Colombie ! L'ours à lunettes, qui se cache dans les forêts humides andines, figure sur la pièce de 50 $. Le frailejón, la plante endémique du páramo, apparaît sur la pièce de 100 $, tandis que l'Ara macao, magnifique perroquet aux couleurs rouge, jaune et bleu du drapeau colombien, vaut le double : 200 $. La « grenouille de verre », au poitrail translucide à travers lequel on peut voir les poumons, les intestins et même les battements de cœur de l'amphibien, a droit à la pièce de 500 $. Enfin, la pièce de 1 000 $ rend hommage à la Caretta caretta, l'une des cinq espèces de tortues marines (sur sept dans le monde) qui fréquentent les côtes colombiennes.
