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Entre Pacifique et Caraïbe

La Colombie est le seul pays d’Amérique du Sud à donner sur deux océans : le Pacifique, sur sa façade ouest, et l'Atlantique, sur sa façade nord. Le littoral pacifique (1 448 km entre le Panamá et l’Équateur) est isolé et sauvage, tandis que le littoral atlantique (1 760 km entre le Panamá et le Venezuela) est beaucoup plus peuplé et touristique, avec de grandes villes, comme Barranquilla et Carthagène. Les côtes du Pacifique sont difficiles d’accès, et peu fréquentées par les touristes, à l'exception de Bahía Solano et Nuquí, deux villages côtiers du département du Chocó, qui font le bonheur des voyageurs souhaitant pratiquer des activités nature et découvrir les cultures afro-colombiennes et indigène. Buenaventura, à quatre heures de route à l'ouest de Cali, est le plus gros port de marchandises du pays. Cette côte recèle des merveilles naturelles peu connues. Malheureusement, une bonne partie de la région est aux mains de groupes armés qui exploitent des mines d’or au milieu de la jungle, ou transportent des cargaisons de drogue par la mer... La côte caraïbe, plus ensoleillée, est l’une des régions les plus intéressantes du pays en matière d’histoire et de culture populaire, dont le carnaval de Barranquilla est l'une des expressions les plus impactantes. Au-delà de ses joyaux coloniaux (Carthagène, Mompox), les paysages fluviaux, désertiques ou montagneux de l’arrière-pays enchantent le voyageur.

Des îles lointaines

En parlant de la région caraïbe, outre une flopée d’îles au sud de Carthagène, comme les îles du Rosaire ou celles de l’archipel de San Bernardo, on oublie souvent que la Colombie possède un archipel perdu à 700 km au nord-ouest de ses côtes continentales. On est ici plus proche du Nicaragua (à 240 km) que de la Colombie, ce qui a généré quelques conflits de souveraineté sur l'espace maritime autour de ces îles. L'archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina est accessible en avion depuis Bogotá ou Carthagène. San Andrés est relativement plane et plutôt dédiée au tourisme de masse. Providencia et Santa Catalina, situées sur la troisième plus grande barrière de corail du monde, possèdent plus de relief et une culture insulaire restée très authentique. L’ouragan Iota de novembre 2020 a malheureusement bien amoché les petites îles, mais sa population résiliente est repartie de l’avant et accueille de nouveau les passionnés de plongée ou de plages de carte postale.

La Colombie possède également des îles sauvages côté Pacifique. L'île de Malpelo (à 540 km des côtes) et l’île de Gorgona (à 56 km des côtes) sont très isolées, mais ceux qui disposent d'un budget conséquent et veulent plonger au milieu d’une faune marine spectaculaire s’y sentiront vraiment au bout du monde !

Trois cordillères et des massifs isolés

C’est au nord de la Colombie que la cordillère des Andes vient terminer sa route. Elle a déjà traversé le Chili, l'Argentine, la Bolivie, le Pérou et l’Équateur. Dans le département de Nariño, au niveau du « Nœud de los Pastos », les Andes se divisent en trois cordillères, dénommées cordillère Occidentale, cordillère Centrale et cordillère Orientale. Cette région andine compte une multitude d'écosystèmes qui se sont formés au gré de l'altitude. Le biotope du páramo, entre la limite des forêts d’altitude et des neiges éternelles (entre 3 100 et 4 500 m), est caractéristique de la Colombie, qui compte près de la moitié des páramos de la planète, et le plus grand d'entre eux, le Páramo de Sumapaz, situé à 30 km au sud de Bogotá. Cette steppe d'altitude détrempée représente la principale réserve d’eau du pays. Si l'on ne craint ni l'altitude ni l'humidité, c'est vraiment un écosystème à découvrir. Certains páramos sont assez faciles d'accès, avec des sentiers balisés. C'est le cas notamment dans le parc national de Los Nevados, dans le parc national Chingaza (proche de Bogotá), ou dans le Páramo de Ocetá (près de Monguí). Les randonneurs pourront y admirer l'emblématique frailejón, plante endémique, dont il existe une cinquantaine d’espèces. Toujours dans cette région andine, mais à des étages thermiques inférieurs, on trouve des terres fertiles et bien arrosées, et des zones très peuplées. C'est là que sont situées les plus grandes aires métropolitaines du pays : celle de Bogotá (11 millions d’habitants) dans la cordillère Orientale, celle de Medellín (4 millions) dans la cordillère Centrale, et celle de Cali (3,2 millions) dans la cordillère Occidentale. La cordillère Orientale bifurque en direction du Venezuela pour se perdre dans la Guajira, au niveau de la Sierra de Perijá. Les cordillères Centrale et Occidentale s’enfoncent elles aussi dans le nord du pays, pour disparaître dans les départements de Bolívar et Antioquia. Certains des sommets sont très élevés, avec des glaciers et neiges éternelles (los nevados). On peut y faire de superbes treks, comme dans le parc national naturel de los Nevados, avec six volcans de plus de 4 500 m d’altitude, ou dans la lointaine Sierra Nevada del Cocuy, dans l’est du Boyacá, dominée par le Ritacuba Blanco qui culmine à 5 330 m.

En dehors de la région andine, quelques massifs montagneux se distinguent. Dans la région caraïbe, on trouve los Montes de María, la Serranía del Baudó, la Serranía del Darién, la Serranía de los Saltos et la Serranía de Macuira, et bien sûr l'extraordinaire Sierra Nevada de Santa Marta, considérée comme le plus haut système montagneux côtier au monde : à seulement 42 km de la mer des Caraïbes se trouvent les deux plus hauts sommets du pays, les pics Cristóbal Colón (5 775 m) et Simón Bolívar (5 774 m). Pour admirer les sommets enneigés depuis la plage, il faut s'y prendre tôt, à l’aube, avant que l’humidité ne les fasse disparaître dans les nuages le reste de la journée… Dans les plaines orientales de l’Orénoque (Llanos) apparaissent d'autres massifs n'appartenant pas à la cordillère des Andes, comme la Sierra de la Macarena et la Serranía de Chiribiquete, aux spectaculaires tepuys, des plateaux de grès aux falaises abruptes, qui émergent d’une forêt tropicale intacte. Situées à la confluence de l'Orénoque, de l'Amazonie, des Guyanes et des Andes septentrionales, ces formations évaluées à plus d'1,7 milliard d’années, sont parmi les plus anciennes au monde.

Des fleuves majestueux

De ces hautes montagnes naissent des centaines de rivières et fleuves qui parsèment le territoire. La Colombie est l’un des pays les plus riches au monde en ressources hydriques. Les rios (fleuves) ont creusé des vallées profondes entre les cordillères. C’est le cas du río Magdalena qui traverse le pays du Sud au Nord. Il prend sa source près de San Agustín (Huila), et poursuit son cours entre les cordillères Centrale et Orientale, pour se jeter dans la mer des Caraïbes, à Bocas de Ceniza, à proximité de Barranquilla. C’est le plus long fleuve de Colombie (1 540 km) et un emblème national. Comme les Colombiens aiment le raconter, c’est en effet par là que le progrès est arrivé dans le pays : depuis le port de Barranquilla, les bateaux chargés de marchandises modernes remontaient le fleuve jusque dans l’intérieur du pays. Outre les fleuves, le pays compte d’innombrables lacs et lagunes. La Laguna de Tota (Boyacá) est le plus grand lac naturel du pays. Le Lac Calima au nord de Cali, est né d’un barrage. Très venté, c'est un spot incontournable pour le kitesurf et autres sports nautiques. Les lagunes, comme la célèbre Laguna de Guatavita, naissent pour la plupart au-dessus des 3 000 m d’altitude, il faut les distinguer des ciénagas qui se forment dans les basses terres marécageuses, comme l'énorme Ciénaga Grande de Santa Marta (50 000 km²).

Le bassin de l’Orénoque et l’Amazonie

Les Llanos et l’Amazonie représentent environ 70 % du territoire national. L’Amazonie (41 % du territoire colombien), le poumon de la planète, partage ses fleuves et forêts avec le Venezuela, le Brésil, la Bolivie, le Pérou et l'Equateur. Un trésor que l’on peut découvrir facilement depuis Leticia, capitale du département d’Amazonas, à deux heures d’avion de Bogotá. La région de l’Orénoque (Los Llanos), qui se prolonge au Venezuela, est constituée de vastes plaines réparties entre les départements d’Arauca, Casanare, Meta et Vichada. On trouve dans ce « far est » colombien de grandes fermes dédiées à l’élevage, mais aussi de vastes zones naturelles, comme la Sierra de la Macarena et son fameux Caño Cristales, la « rivière aux cinq couleurs ». S'y cachent également des trésors insoupçonnés, comme les peintures rupestres millénaires du Parc national de la Serranía de Chiribiquete.

Une terre qui gronde

Située sur la ceinture de feu du Pacifique, la Colombie compte de nombreux volcans, dont quelques-uns sont actifs, comme le Puracé, le Nevado del Huila, le Nevado del Ruiz, le Nevado del Tolima, le Galeras, le Santa Isabel, etc. L'accès à certains peut être interdit en cas de risque d'éruption. C'est le cas depuis 2012 du Nevado del Ruiz (5 320 m), accessible uniquement jusqu'à 4 200 m. Ce volcan est à l'origine de la plus grave catastrophe naturelle du pays : la Tragedia de Armero. Après 160 ans de sommeil, le volcan s'est réveillé le 13 novembre 1985. L'éruption a provoqué la fonte des neiges, qui se transformèrent en gigantesques coulées de boue, cendre et rocher. Ces lahars ont enseveli plus de 25 000 habitants de la ville d'Armero et de ses environs. Vous vous souvenez peut-être des images terribles d'Omayra Sanchez, une fillette aux grands yeux noirs agonisant pendant trois jours devant des secours impuissants... Des tremblements de terre (terremotos) peuvent également se faire sentir durant quelques secondes. Rares sont ceux qui provoquent des dégâts majeurs, mais certains ont marqué l'histoire, comme celui du 25 janvier 1999 dans la région du café. D'une magnitude de 6 sur l'échelle de Richter, il détruira les trois quarts de la ville d'Armenia, faisant plus de 1 200 morts et disparus.