Parc national de Velebit ©goran_safarek - Shutterstock.com.jpg
Parc national du Velebit © sparc - Shutterstock.com.jpg

Depuis 2013, la Croatie fait partie des nouveaux États membres d'Europe centrale et orientale. De ce fait, le pays est entré dans le réseau Natura 2000, rassemblant ainsi des sites naturels ou semi-naturels ayant une grande valeur patrimoniale (habitat, faune et flore). Une biodiversité remarquable ! Dans le massif du Velebit ou dans le parc régional Mur-Drave-Danube, qui participent au réseau international des réserves de biosphère, des zones de protection spéciale pour les grands et petits mammifères, les oiseaux, les poissons d'eau douce, les insectes, etc. abritent des trésors de naturalité, qui n'existent pas ou plus dans l'UE.

Pour les amateurs de randonnées tranquilles, les amoureux de grands espaces, soucieux de la sauvegarde environnementale, la Croatie offre quantité d'occasions de découvrir une nature intacte, apaisée. Le mont Biokovo, classé parc naturel, cache de sublimes panoramas au-dessus de la mer. Le Saint-Georges, sommet le plus élevé, culmine à 1 762 m. Ce site naturel d'altitude abrite une faune variée, chamois, loups et une grande variété d’oiseaux. Le Sjerverni Velebit, institué en parc national d'altitude en 1999, le parc national de Paklenika (région de Zadar), où l'on pratique également l’escalade, tout comme le parc naturel de Risnjak, avec ses sentiers le long de la rivière Kupa, son lac et ses belles parois, le parc naturel d’Ucka, plongeant dans le golfe du Kvarner, qui abrite des espèces d'oiseaux rares, comme le vautour griffon, autant de sites naturels magnifiques, qui certes se méritent en termes d'accessibilité mais sont très bien préservés.

Les Lacs de Plitvice sous pression

Parmi les parcs nationaux croates, le Parc national des Lacs de Plitvic fut l'un des premiers créés (8 avril 1949) et ajouté sur la liste du patrimoine naturel mondial de l'Unesco en 1979. Une merveille de la nature hydraulique malheureusement victime de son succès et donc fragilisée. Le nombre de visiteurs annuel est passé de 500 000 en 1979 à près de 2 millions cette dernière décennie. Là où l’homme avait réussi à aménager le site avec des passerelles en bois et des constructions douces, sans dénaturer le paysage, les dernières années (hors pandémie Covid19) ont transformé la zone protégée en exemple type des méfaits du sur-tourisme. Afin de baisser la pression des foules estivales, la direction du parc a mis en place un quota maximal de 5 000 visiteurs simultanés et décidé de limiter à 10 000 le nombre de visiteurs par jour. De plus, il faut contrôler les touristes qui ne respectent pas toujours les itinéraires balisés ou les interdictions de se baigner.

Autour du parc, l’appétit des investisseurs immobiliers est grandissante au risque de mettre la nature environnante en tension. Les constructions et infrastructures périphériques qui ont fleuri, ainsi que leur système d’évacuation des eaux non conformes affectent l’écosystème des lacs. Dans une moindre mesure, les mêmes effets se produisent dans le Parc national de la rivière Krka.

La mer adriatique toujours plusconvoitée

Le littoral de la Croatie et ses archipels souffrent également de ces paradoxes alors que les plages et les eaux territoriales, de bonne qualité environnementale, se classent parmi les mieux cotées dans le pourtour méditerranéen. Mais là encore, le tourisme n’est pas sans impact. Les activités nautiques non réglementées, les constructions sur des espaces marins protégés, les déchets générés par le flux de vacanciers pèsent sur la mer adriatique et sur les rivières. Les bateaux de croisière, même s’ils sont moins nombreux ces dernières années, continuent de générer de nombreuses pollutions, notamment à cause de leurs rejets de produits chimiques et d’eaux usées. Autre sujet d’inquiétude, l’entrée dans l’UE de la Croatie a eu pour conséquences d’intensifier la pêche industrielle dans ses eaux. Le déclin des poissons et des crustacés de toute sorte est particulièrement marqué dans cette région de la Méditerranée, également affectée par les changements climatiques.

Luttes pour la transition écologique

Face au tourisme de masse et ses conséquences, l'association Zelena Akcija (Action verte), qui est membre de la fédération internationale des Amis de la Terre, se mobilise contre la bétonisation des littoraux depuis une dizaine d’années. Parmi ses nombreux chevaux de bataille figure la lutte contre l’exploration gazière et pétrolière. Elle a été rejointe dans ce combat par l’association Fridays for Future – Zagreb, créée dans la foulée de l’appel pour le climat lancé par l’activiste suédoise Greta Thunberg.

L’un des gros projets contestés par les associations environnementales, le terminal de gaz naturel liquéfié flottant de l’île Krk, est entré en service en 2020. Le GNL est une énergie fossile qui émet du CO2 alors que l’installation de ce terminal d’une capacité annuelle de 2,6 milliards de mètres cubes fait craindre pour le littoral. L’Union européenne soutient ce gros projet, premier du genre en Croatie, qui est censé réduire la dépendance du pays à la Russie. Les associations écologiques estiment, elles, que l'exploitation commerciale du terminal GNL de Krk sert surtout des intérêts privés. Cependant, sur le plan des énergies renouvelables, la Croatie se mobilise. Ces dernières années, elle a inauguré des grandes centrales solaires, sur l'île de Vis, à Virje (comitat de Koprivnica-Križevci) et compte en installer d'autres sur tout le territoire.

Gestion des déchets, l’urgence d’agir

C’est l’un des gros points faibles de la Croatie en termes d’environnement. Le pays est l’un des membres de l’Union européenne les moins efficaces dans la gestion de ses déchets et peine à remplir ses objectifs de recyclage. Les centres de déchets sont très mal gérés, en particulier celui de Marišćina, dont les associations réclament la fermeture. La municipalité de Krk est sur la bonne voie, avec plus de 50 % de déchets triés. A contrario, la situation à Zagreb reste préoccupante. La capitale, qui jouit de beaux écrins de verdure (Botanicnki Vrt), allées vertes historiques, deux lacs artificiels), abrite 25 % de la population croate. À elle seule, elle génère un tiers des déchets du pays. En termes de tri et de recyclage, au niveau européen, la ville fait figure de mauvais élève. Mais les temps changent. La municipalité a été remportée en mai 2021 par Tomislav Tomašević, candidat de la coalition gauche-verts et fervent défenseur de l'écologie. Il a promis de s’attaquer à la décharge de Jakuševac, cette montagne de déchets de plus de 800 tonnes aux portes de Zagreb. Énorme défi !

D'autres initiatives remarquables ont vu le jour. Souvent, les îles montrent l'exemple en réduisant les déchets ou en refusant les véhicules polluants. Sur l’île de Zlarin, les élus furent les pionniers dans la lutte contre le plastique à usage unique. Les magasins, restaurants, associations et autorités locales y ont signé une déclaration s’engageant à réduire l'utilisation de ces matières toxiques. Les organisateurs de festivals également se montrent plus vertueux en contrôlant l'usage des gobelets, alors que la grande distribution cherche des solutions au problème du suremballage des produits alimentaires.