Chemin de croix sur l'île de Vis © Stjepan Tafra - Shutterstock.com.jpg
Brocante de Britanski ©  Ivica Drusany - Shutterstock.com.jpg

Des liens forts entre l’Église et l’État

Sur le plan politique, des liens étroits entre l’Église et l’État existent objectivement. Dans l’histoire de la gouvernance, ils ont appuyé des orientations conservatrices et nationalistes, une large partie du clergé prenant ouvertement parti pour la droite traditionaliste et identitaire.

En signant quatre accords d’intérêt mutuel avec le Vatican, entre 1996 et 1998, Franjo Tuđman, président de la République de 1992 à 1999, reconnaissait officiellement l’importance historique et culturelle du christianisme en Croatie. L'ère communiste fut très répressive à l’encontre des religieux, considérés comme opposants au régime. Après l’effondrement du bloc de l’Est et la fin de l’idéal communiste, le catholicisme a repris une place significative dans la vie civile. Aujourd’hui, malgré le désintérêt et l’athéisme des différents dirigeants, l’Église peut peser sur des questions éducatives, familiales, sur les orientations d’ordre général ou éthique. On a pu le constater lors des manifestations contre le mariage gay, anti-avortement ou dernièrement contre la théorie du genre.

Des minorités religieuses ou laïques bien présentes

La répartition des religions en Croatie compte aussi les chrétiens orthodoxes (11 %), surtout représentés par la communauté serbe de Krajina où de Slavonie orientale, les Hongrois protestants (0,3 %) et quelques milliers de juifs pratiquants. Après les judéo-chrétiens, la communauté musulmane (1,3 %) est principalement originaire de Bosnie-Herzégovine, de Macédoine et du Kosovo. Vivant dans les Balkans depuis des siècles, les musulmans parlent le serbo-croate, ce qui contribue à une relative bonne intégration.

Même si la majorité de la population est d'obédience chrétienne, une tendance anticléricale, héritage du collectivisme socialiste, persiste dans la fonction publique, les professions libérales, et globalement chez les intellectuels. Cette forme de pensée laïciste, notable dans les médias, s’exprime aussi dans les institutions culturelles et de façon plus délicate dans l’enseignement. À l’école, la famille s’en mêle et des débats réactionnaires s’agitent, notamment sur la question de l’éducation sexuelle, qui reste un tabou chez de nombreux traditionalistes. Mais globalement, dans sa quête de coexistence confessionnelle, de cohésion sociale, la Croatie évolue pacifiquement entre conservatisme des idées et pragmatisme moderne, respect réciproque des pratiques religieuses, initiatives communautaires et actions citoyennes laïques.

Fêtes calendaires, pèlerinages, le tourisme religieux attire des croyants du monde entier

Si l’Épiphanie, les fêtes de Pâques, de l’Assomption, de la Toussaint, la veillée de Noël ou la Saint-Étienne sont très suivies à l’église par une assemblée multigénérationnelle, les processions des saint protecteurs comme la Saint-Blaise (3 février) à Dubrovnik ou la Saint-Domnius (7 mai) à Split donnent lieu à de grands rassemblements. Certains sanctuaires et lieux de pèlerinage, nombreux sur tout le territoire, sont si célèbres que l’on vient de loin pour y participer. En ce sens, on peut parler de tourisme religieux, comme à Marija Bistrica, Vepric, Sinj, Solin, Ludbreg, Aljmaš, Voćin, Trsat, Karlovac et Biskupija, sans oublier Međugorje, lieu d’apparition de la Vierge, localisé en Bosnie-Herzégovine voisine. Dražen Kutleša, l’évêque de Poreč et de Pula, responsable de ce secteur d’activité au sein de la Conférence des évêques de Croatie, estime que son pays dispose là d’une ressource insuffisamment développée… Plusieurs agences réceptives proposent circuits et hébergements sur place. Par exemple, Meridian, un tour-opérateur basé à Podgora (Split), s’est spécialisé sur ce segment porteur.