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Une dominante catholique

Depuis le tout début du peuplement, les îles ont été catholiques et le sont toujours. Environ 90 % de la population locale a adopté ostensiblement la religion catholique romaine même si les prêtres déplorent avoir perdu un peu de leur influence. Il n’est pas rare d’assister au spectacle des croyants vêtus pour l’occasion de leurs dignes habits sacrés du dimanche, se rendant à la messe où la ferveur est manifeste. L'Eglise catholique demeure l'un des moules institutionnels à partir desquels les relations sociales (notamment hommes-femmes) ont été et sont encore structurées au Cap-Vert. La percée d’autres religions, comme les adventistes, se fait incontestablement ressentir dans la société et l’on voit croître le nombre de leurs adeptes. Actuellement, il y a deux diocèses sur les îles, à savoir Mindelo et Santiago de Cabo Verde. Tant la constitution que le gouvernement garantissent la liberté de religion des Cap-Verdiens, sans oublier la séparation de l'Église et de l'État : donc il n'y a pas non plus de religion d'Etat. Toutefois, le gouvernement accorde à l'Église catholique un temps de diffusion télévisée gratuit pour les services religieux. Le mercredi des Cendres, le Vendredi saint, Pâques, la Toussaint et Noël sont déclarés jours fériés nationaux officiels, tandis que le jour où une municipalité honore son saint patron est considéré comme un jour férié à caractère local.

L’église protestante 

La seconde religion dominante est représentée par les différentes églises à caractère protestant et leurs branches, telles que les adventistes, les pentecôtistes, les baptistes, et rassemble environ 5 % de la population. L’Église nazaréenne réformiste est la plus importante de ce groupe mais elle a déjà un lourd passé, présente depuis les années 1900 à Brava, quand elle fut rapportée des États-Unis dans les bagages des émigrés de retour au pays. Ce sont eux qui ont commencé à traduire leurs gospels en créole. Les autres groupes protestants comprennent les Assemblées de Dieu, l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ou Mormons, l'Église universelle du Royaume de Dieu, dont on voit les lieux de culte se multiplier. Plus récemment, des églises brésiliennes comme le Templo Maior ou des courants comme le Racionalisme Chrétien sévissent dans les pays lusophones et ont pris position sur les différentes îles de l'archipel.

L’Église adventiste du septième jour

Cette Eglise s’est nettement renforcée au fil des ans : étant dans un pays à majorité chrétienne, les nouveaux adoptants n’ont pas eu à opérer un changement trop radical. En 2015, l'Eglise adventiste a célébré ses 80 ans de présence dans l'archipel, arrivée dans la localité de Nossa Senhora do Monte en 1935. Cette Eglise se caractérise par une très grande activité et participe à divers programmes dans le but d'apporter, certes la parole de Dieu, mais aussi d'aider les jeunes de la communauté, en les instruisant grâce à des cours de musique, d'anglais, des cours bibliques, de santé, des conférences liées à la vie sexuelle, au mariage, etc.

L’islam

Malgré la proximité immédiate des côtes africaines et de l’influence du Sénégal voisin, l’islam n’a jamais été très répandu au Cap-Vert. La construction de la première mosquée à Praia ne remonte qu’à 1990. Toutefois, la présence grandissante de ressortissants africains et l’ouverture des frontières aux pays de la CEDEAO qui a provoqué une immigration économique, porte à croire que cette religion finira par s’étendre et atteindre une présence significative. Actuellement, le nombre de musulmans s’élèverait à environ 80 000 au Cap-Vert.

La religion judaïque

L’histoire dit que les îles Santo Antão et Boa Vista ont vu s’installer des familles juives, par vagues successives, durant les siècles passés, sans toutefois apporter de précisions chronologiques. On estime que des Juifs convertis au christianisme (conversos) se trouvaient dans les îles dès le XVIe siècle. Une immigration plus récente concerne les juifs marocains venus de Gibraltar au XIXe siècle pour commercer. Cependant aucun vestige n’a subsisté, mis à part quelques inscriptions en hébreu sur les pierres tombales qui ne laissent aucun doute sur leur présence, des noms de lieux comme le village Sinagoga, ainsi que des patronymes (Benros, Pinto, Benoliel, Levy…). Les descendants de ces familles, de notables pour la plupart, fières de leur héritage, continuent d’honorer leur « judéité » par le biais d’associations ou de recherches généalogiques, mais ne pratiquent plus vraiment, faute de synagogue. Dans le cimetière catholique de Varzea de Praia, des sépultures juives ont été récemment retrouvées. Contre toute attente, c’est un musulman, en la personne de Mohamed VI, roi du Maroc, qui a financé la réhabilitation du « carré juif », inauguré en 2013, que l’on découvre aujourd’hui… N’est-ce pas là le meilleur symbole de la tolérance religieuse !?

Des croyances africaines ancestrales

Afrique oblige, ici l’on pratique – ouvertement – des cultes, des rites et autres cérémonies plus ou moins occultes, originaires du continent. Importés par les premiers habitants, fétichisme et spiritisme et anciennes traditions animistes ont survécu et sont encore très répandus : il n’est pas rare d’avoir recours à un sorcier pour guérir une maladie incurable, consulter les esprits, faire revenir un mari volage, voire… jeter un sort à son ennemi. Féticheurs et autres guérisseurs sont toujours au service d’une Afrique qui n’a jamais cessé de perpétuer ses rites séculaires.
La religion catholique a toujours côtoyé ces croyances religieuses africaines jamais disparues, bien qu'elles aient été fortement prohibées par les colons. Ainsi, les manifestations religieuses actuelles résultent de la fusion et de l'adaptation de ces deux courants spirituels. Le syncrétisme religieux fait donc partie intégrante des pèlerinages, processions et fêtes populaires de saints, rendant ces événements si spécifiques à cet archipel profondément religieux.

La communauté des Rabelados, « rebelles » de la foi

Sur l’île de Santiago, il existe une communauté un peu particulière, appelée Rabelados. Outre le fait qu’ils ne reconnaissent pas l’Etat, ils ont la particularité de rester à l’écart de la société et d’être profondément religieux. Leurs croyances datent du XVIIe siècle et sont restées intactes. La lecture de la bible, l’Ancien Testament, les prophéties, la prière et les principes qui ont guidé la vie de Jésus, font partie de leur quotidien et régissent leur vie.