Cratère du Pico do Fogo © Daboost - Shutterstock.com.jpg

Au sud de la... Macaronésie ?!

Tout le monde connaît la Polynésie mais est-ce aussi évident de placer sur une carte la Macaronésie ? Comme son équivalent du Pacifique, l’appellation regroupe différents archipels. En constatant que cette entité comprend les îles du Cap-Vert, les îles Canaries, les Açores et Madère, nous comprenons qu’il s’agit ici de plusieurs groupes d’îles qui se trouvent géographiquement au même endroit, à savoir disséminées dans l’Atlantique Nord-Est, à l’ouest de l’Europe et de l’Afrique. Ces « îles Fortunées » possèdent plusieurs caractéristiques géologiques, biologiques et climatiques communes. D’origine volcanique, ces archipels n’ont jamais été rattachés à aucun continent, et présentent donc un taux d’endémisme animal et végétal particulièrement élevé. Elles ont aussi pour point commun des bribes de leur histoire et des liens culturels.

Composition de l’archipel

Le Cap-Vert est un groupe d'îles qui émerge au large des côtes du Sénégal et de la Mauritanie dans l’Atlantique oriental, entre les parallèles 14º et 18º Nord et les méridiens 16º et 22º Ouest, à environ 500 km du continent africain. L'archipel en forme de flèche se compose de 18 îles, dont 10 sont habitées et plusieurs îlots et rochers inhabités, divisés en deux groupes par leur emplacement par rapport aux vents dominants :
Le groupe Barlavento, au nord, composé des îles de Santo Antão, São Vicente, Santa Luzia (inhabitée), São Nicolau, Sal et Boa Vista. Appartiennent également à ce groupe les îlots de Branco et Raso.
Le groupe Sotavento regroupe les îles de Maio, Santiago, Fogo et Brava, une différentiation géographique qui est aussi administrative.
Une autre façon de diviser les îles est longitudinalement, celles de l’Est étant extrêmement plates, tandis que le reste est montagneux. Côté hauteurs, il y a une variation manifeste entre le sommet de Fogo qui affiche plus de 2 800 m et la maigre colline de 390 m qui sert de point culminant à Boa Vista.

Le Cap-Vert en chiffres

L'archipel du Cap-Vert couvre une superficie totale de 4 033 km². La plus grande île fait 990 km² (Santiago) et la plus petite est celle de Santa Luzia qui affiche seulement 35 km². Brava est l’île habitée la plus petite avec une superficie de 64 km². Les eaux territoriales du Cap-Vert dépassent 58 000 km², une superficie largement supérieure à celle de l'archipel lui-même, ce qui constitue un potentiel de richesses inépuisables.

Formation géologique

Ses îles sont d'origine volcanique et présentent donc un relief très accidenté et un aspect aride et desséché. Plusieurs théories controversées tentent d’expliquer leur création mais on estime qu’elle serait due aux phases éruptives qui s’étaleraient du Jurassique au Crétacé, du moins pour la partie émergée. La théorie de volcanisme de point chaud (dit hot spot) est celle que les spécialistes retiennent en majorité, c’est-à-dire le résultat des percées de la croûte terrestre par du magma issu de l’activité tectonique du fond de l’océan. On avance même que les basaltes de la péninsule du Cap-Vert au Sénégal soient des vestiges de la première éruption du point chaud atlantique. Ce qui est certain, c’est que l’ensemble forme une « bosse » (vers -2 000 m) sur les fonds océaniques environnants. Au fil du temps, des éruptions régulières finiront de façonner les îles, sans compter les centaines de volcans qui parsèment ses fonds marins. La durée exceptionnelle de cette formation, de plus de 26 millions d’années et les variations minérales qui en résultent, en font une mine d’or pour les passionnés de géologie : coulées de basalte, dont certaines ressemblent à des tuyaux d’orgue, cendres, pierre ponce, lapilli, autant de projections volcaniques qui sont visibles un peu partout sur les îles. À noter que certaines îles connaissent encore des phénomènes récurrents de micro-sismicité.

Des montagnes et des vallées sur les îles du Barlavento

Les îles montagneuses peuvent être accidentées, parfois sans aucune achada, ou terrain plat. Dans la plupart de ces îles, on observe une prédominance de paysages montagneux à l'intérieur, alternant avec des vallées plus exubérantes (ribeiras) où l'agriculture est pratiquée, tant bien que mal. Le littoral est accidenté et parfois inaccessible.

De véritables déserts sur les îles du Sotavento

Les îles de Sal, Boa Vista et Maio, situées dans la partie orientale, font exception à la règle, elles sont plates, érodées, recouvertes d’épineux et d’une steppe aride, ourlées de longues plages de sable fin et d’une eau cristalline. Tout porte à croire que ce sont les plus anciennes de l’archipel car elles présentent des couches sédimentaires claires datant du quaternaire, parfois même remplies de fossiles. Plusieurs zones ont des caractéristiques désertiques et nous rappellent que nous sommes en Afrique, à quelques encablures de la Mauritanie. Des dunes immobiles ou errantes et les sables ont été déposés durant des millénaires par le vent du Nord qui a façonné des espaces isolés et sauvages, riches en végétaux endémiques.

Des stratovolcans

Fogo et São Vicente sont les deux îles-volcans répertoriées. Fogo fut probablement un volcan de 4 000 m d’altitude il y a 25 000 ans, avant de s’effondrer et de laisser un cône secondaire de 2 829 m de haut que l’on peut voir aujourd’hui. Ses secousses et mouvements sont réguliers et constants, le volcan de Fogo étant lié au plancher océanique de la zone de fracture Vema. Ses dernières éruptions majeures (de type strombolien) ont eu lieu en 1975 et 1995 et indiquent que le risque est présent et qu’une surveillance constante est indispensable. Elle est d’ailleurs assurée par un service de l’état, chargé de l’analyse et de la veille. La dernière en date s’est produite en 2014, consommant les villages de Portela et Bangaeira et l’on peut encore voir des fumerolles au Pico Pequenho. Plus loin dans le temps, les archives attestent qu’en 1785 l’éruption du volcan a duré plus d’un mois sans discontinuer et que l’île de Maio s’est retrouvée sous une couche de cendres de 30 centimètres.
Il faut aussi rappeler que São Vicente aussi est un stratovolcan (en sommeil) effondré sur lui-même dont la caldeira forme la baie océanique et le port naturel de Baia Grande. Santo Antão est lié à sa voisine et on y trouve de petites sources d’eau chaude, tiède, voire même gazeuse, qui témoignent de son origine volcanique, comme dans la vallée de Paul ou au Tope Coroa. Au Sud de l’île, on distingue à l’horizon le volcan marin Nola dont le sommet affleure à peine quelques dizaines de mètres sous la surface…

Des plages à profusion

Difficile de trouver ailleurs une telle variété de plages, les unes plus splendides que les autres, surtout sous un aspect encore préservé et sauvage. Les amateurs de calme et de solitude l’auront compris, c’est ici qu’ils trouveront leur bonheur, en particulier à Maio, Boa Vista et Sal. Loin des endroits surpeuplés, on se prélasse, on se détend, on marche sur des kilomètres de sables qui arborent des tons allant du plus blanc au plus noir selon le lieu. Faites votre choix !