Les plages de l'île sont superbes © Charles-Henry THOQUENNE - Shutterstock.com .jpg
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Faune

Des nombreuses espèces endémiques qui habitaient l’île, demeure le cardinal de Rodrigues, un petit oiseau aux plumes jaunes autour de la tête et grises sur le reste du corps. Subsiste également une chauve-souris frugivore que l’on peut observer dans plusieurs secteurs, notamment la forêt de Fond-la-Digue près de Port Mathurin : la grande roussette de Rodrigues, seul mammifère endémique encore représenté.

En dehors de ces deux espèces qui ont su résister au temps et aux hommes, on compte des variétés rares d’oiseaux de l’océan Indien, comme les fous, les frégates, les yéyés (sternes brunes), les mariannes, les goélettes blanches (nombreuses aussi à Saint-Brandon) et les macouas. Ces oiseaux vivent pour la plupart dans les réserves naturelles de l’île aux Cocos et de l’île aux Sables, à l’ouest de l’île.

Rodrigues a aussi connu son dodo, un peu différent de l’espèce mauricienne : le Dronte de Rodrigues ou solitaire. Incapable de voler et plutôt empoté comme son comparse de l’île voisine, lui aussi massacré par les colons, le solitaire présentait une chair bien meilleure que celle du dodo – d’où son extermination inéluctable.

Les grosses tortues de terre qui peuplaient l’île ont également été massacrées par les colons français au cours du XVIIIe siècle, car leur viande servait à ravitailler les navires de passage à Maurice.

Flore

La flore de Rodrigues, autrefois luxuriante, a beaucoup souffert de la déforestation et de l’érosion des sols. De nombreuses espèces de plantes endémiques ont disparu en raison de l’action de l’homme et des dégâts causés par le pâturage extensif du bétail. Avec la déforestation, l’île est devenue aride et sèche.

Les arbres et arbustes les plus répandus sont les vacoas, souvent en bord de littoral, les arbres à limon, les citronniers, les filaos, les arbres du voyageur, les aloès et les vétivers. Pousse aussi une plante spécifique à l’île, appelée « vieille fille », qui n’est ni une grand-tante ni une institutrice en retraite, mais une sorte de petit arbuste aux fleurs roses que l’on utilise en infusion ! La citronnelle est courante et sert à la réalisation de délicieuses tisanes, toujours servies avec du miel local.

L’île compte une trentaine d’arbres et d’arbustes endémiques, parmi lesquels trois variétés de palmiers : le latanier jaune, le palmiste bouteille de Rodrigues et le palmiste blanc.

Zones protégées et réserves

La plus grande réserve de l’île, François Leguat Reserve Rodrigues, se situe dans le sud-ouest, à Anse Quitor, où un vaste espace est entièrement consacré à la protection des écosystèmes rodriguais. Aménagé pour le tourisme, il offre un aperçu très instructif de la flore et de la faune d’avant la colonisation. Cet ambitieux projet a vu le jour en 2007 et demandé des années de préparation parallèlement à l’élevage programmé de centaines de tortues. Sur place, les espèces exotiques ont été supprimées pour permettre le seul développement des plantes endémiques. Des centaines de tortues terrestres en provenance d’Aldabra aux Seychelles, cousines les plus proches des tortues d’origine, ont été réintroduites. Il faut savoir qu’à l’état vierge, avec près de 300 000 tortues, Rodrigues abritait la densité la plus élevée de tortues terrestres au monde. Elles sont désormais plus de 4 000 sur ce terrain percé de nombreuses grottes calcaires qui se visitent aussi.

Contrairement à la réserve de François Leguat, les autres zones terrestres préservées ne bénéficient d’aucun aménagement en dehors de quelques sentiers de balade. Il s’agit de la Réserve de Grande Montagne (30 ha) et de celle d’Anse Quitor (34 ha).  

En mer, seuls certains îlots sont partiellement protégés, comme l’île aux Cocos et l’île aux Sables (tous deux à l’Ouest) pour leur dense faune aviaire. Rodrigues compte également un parc marin dans le secteur d’Anse Mourouk et de Port Sud-Est.

Rodrigues, île écologique

Si trop peu d’espaces sont encore protégés et que le constat de départ est alarmant (puisque Rodrigues fait partie des îles dont l’environnement d’origine a été le plus dégradé par les siècles de colonisation), l’île n’en reste pas moins un paradis du tourisme vert. Les véhicules à moteur étant très peu nombreux et les usines quasi inexistantes, aucune pollution ne souille l’air. L’habitat est dispersé et les produits frais cultivés sans pesticides. Le travail remarquable de certaines ONG, et notamment du WWF, a permis de faire prendre conscience de l’enjeu environnemental non seulement à la population locale, mais aussi aux touristes qui ne sont plus à la seule recherche de plages paradisiaques, mais aussi d’une nature préservée. Ainsi, depuis le 1er janvier 2020, pour limiter les déchets plastiques véritables fléaux des îles, Rodrigues est devenue une île sans produits plastiques et polystyrènes jetables. Finis les couverts ou les pailles que l’on pouvait retrouver sur les plages. Multipliant les encouragements pour que ses citoyens deviennent des acteurs écoresponsables, Rodrigues s’emploie à devenir une île écologique.

Criques et plages pour jouer les Robinsons

La nature est ici XXL. Contrairement aux plages de Maurice, celles de Rodrigues, tout aussi superbes, sont le plus souvent désertes. Criques, anses, vastes étendues de sable blanc bordées d’une végétation luxuriante, etc., les spots pour amateurs de bronzette et baignades en solitaire sont multiples, particulièrement sur la côte est où s’alignent les plages les plus idylliques. Sauf devant les hôtels (à Anse Mourouk, Anse Ally et Pointe Coton) et au niveau de Trou d’Argent (crique la plus médiatisée), on s’y trouve souvent seul, un peu effaré que de tels espaces ne soient pas davantage pris d’assaut, et toujours ému de pouvoir bénéficier, quelques heures ou quelques jours durant, d’une bribe de paradis à l’autre bout du monde… Baladirou, Fumier, Saint-François, Graviers, Baie de l’Est sont autant de toponymes qui évoquent l’océan, le sable, la tranquille torpeur d’un après-midi passé sous les filaos, sans transats ni vendeurs de paréos. Bien entendu, cette image paradisiaque est la cible des promoteurs et hôteliers en quête de nouveaux points de chute spectaculaires pour les touristes qui ne seront bientôt plus les seuls Robinsons échoués à 650 km à la ronde de tout autre terre… Pour le moment, on respire !